Derniers résultats

Consommation de matières et empreinte matières - Extrait du Bilan environnemental 2024

Environnement
Publié le 16/01/2025
En 2022, la consommation intérieure apparente de matières de la France, à savoir l’extraction intérieure de matières augmentée des importations et diminuée des exportations, s’élève à 760 millions de tonnes, soit 11,2 tonnes par habitant (t/hab.). En 2022, la moyenne européenne était de 14,2 t/hab. Constituée pour moitié de matériaux de construction, la consommation française de matières a fortement baissé entre 2007 et 2014, avant de se stabiliser.

Pour satisfaire la demande en biens et services des agents économiques des Français, la France extrait des ressources naturelles de son territoire et importe des matières premières et des biens manufacturés. L’évolution de ces flux de matières – renouvelables comme la biomasse ou les ressources halieutiques ou non renouvelables comme les minéraux et les combustibles fossiles – illustre quantitativement une des pressions exercées sur l’environnement, induite par les modes de vie et de production.

Une consommation plus sobre depuis la récession de 2008

En 2022, la consommation intérieure apparente de matières (DMC, Domestic Material Consumption) de la France s’élève à 760 millions de tonnes (Mt). Elle est égale à l’extraction intérieure de matières (615 Mt) augmentée des importations (370 Mt, majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (224 Mt, notamment des produits agricoles).

À son point le plus haut de 2007, dernière année de forte croissance du secteur de la construction avant la crise économique et financière de 2008, cette consommation avoisinait 910 Mt.

 

Répartition des extractions intérieures, importations et exportations de matières de la France, par catégorie de matériaux, en 2022
En %

© SDES

Note :  la décomposition des données sur les catégories « Biomasse » et « Bois et produits dérivés du bois » est publiée par Eurostat.
Sources : Agreste ; Douanes françaises ; Insee. Traitements : SDES, 2024

 

Constituée pour moitié de matériaux de construction (graviers et sables, granulats) nécessaires à la réalisation des infrastructures de transport et des bâtiments, la consommation française de matières a fortement baissé entre 2007 et 2010 avant de se stabiliser. L’année 2021, marquée par la reprise de l’économie après la crise sanitaire, se démarque avec une augmentation à la fois du produit intérieur brut (PIB) et de la DMC, pour revenir au niveau d’avant-crise. L’année suivante est marquée par une rechute de la DMC, alors que le PIB continue d’augmenter.

La sécheresse en 2022 réduit les rendements agricoles et donc la consommation de biomasse. L’usage des minerais non-métalliques est aussi légèrement réduit, alors que la consommation de combustibles fossiles ré-augmente, tout en restant en dessous de son niveau de 2019. La consommation de minerais métalliques reste stable.

 

Évolution de la consommation intérieure apparente de matières (DMC) et du PIB en France
En indice base 100 en 1990

© SDES

Note : PIB en volume, prix chaînés, base 2020. La catégorie « Autres produits » comprend les produits importés et exportés transformés qui ne peuvent être classés dans les différentes matières, comme les vêtements, tabacs, éléments chimiques, produits pharmaceutiques, etc.
Sources : SDES ; Insee. Traitements : SDES, 2024

Une productivité matières en croissance

L’évolution de la productivité matières, à savoir le rapport du PIB sur la DMC, permet de mesurer la transition de la société vers une organisation plus économe en ressources naturelles. La France s’est fixé comme objectif d’augmenter sa productivité matières de 30 % sur la période 2010-2030, ce qui revient à produire davantage de valeurs avec moins de matières premières primaires.

En 2022, cette productivité atteint 3,1 euros par kilo (€/kg), soit une progression de 18 % depuis 2010. Elle est de 2,17 €/kg à l’échelle européenne en 2022 (1,8 en 2010) .

 

Évolution de la consommation et de la productivité matières de l’économie française
En indice base 100 en 1990

© SDES

* La consommation intérieure apparente de matières agrège, en tonnes, les combustibles fossiles, les produits minéraux et agricoles extraits du territoire national (métropole et DOM) ou importés sous forme de matières premières ou de produits finis, moins les exportations.
** En volume, prix chaînés, base 2020.
Sources : SDES ; Insee. Traitements : SDES, 2024

Une consommation de matières variable selon les pays

Les besoins en matières d’une population dépendent de facteurs démographiques, économiques et techniques. Les caractéristiques des pays, comme leur histoire, leur densité de population et leurs ressources naturelles, influent sur leur consommation de matières.

En 2022, selon les calculs du groupe international sur les ressources (IRP), la consommation intérieure de matières de l’Europe s’établit à 15,4 tonnes par habitant (t/hab.).

Elle s’est fortement accrue dans les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO), pour atteindre presque 28 t/hab. en Estonie, 21 t/hab. en Bulgarie et 19 t/hab. en Lituanie. En 2022, à l’échelle des États membres, elle est la plus faible en Italie, en Espagne et en Croatie (entre 8 et 11 t/hab.) et la plus élevée après l’Estonie en Finlande (27 t/hab.).

Hors UE, le Chili (53 t/hab.) et l’Australie (48 t/hab.) ont la plus forte consommation de matières par habitant, devant la Chine et les États-Unis (respectivement 25 et 23 t/hab.). Le Japon et l’Inde ont en revanche de faibles consommations, tout comme la plupart des pays d’Afrique*.

* La méthode de calcul de l’IRP donne des résultats légèrement au-dessus de ceux d’Eurostat, avec un écart de 0,9 t/hab. pour la France. Les résultats de l’IRP ont l’avantage d’inclure les pays hors UE comme la Chine ou les États-Unis et de pouvoir ainsi avoir une comparaison internationale plus large.

 

Comparaison internationale de la consommation de matières par habitant, en 2022
En tonnes par habitant

© SDES

Sources : IRP ; SDES, 2024

Une empreinte matières pour mieux prendre en compte l’ensemble des flux

L’empreinte matières est un indicateur plus complet que la consommation intérieure de matières pour mesurer la pression exercée par la demande intérieure de la France sur les flux de matières. Au-delà des flux extraits du territoire national et de ceux directement importés, l’empreinte matières intègre également les matières mobilisées hors de nos frontières pour produire et transporter l’ensemble des produits importés (notamment la consommation de combustibles et de minerais). La prise en compte de ces flux indirects de matières conduit à accroître la quantité de matières mobilisée par un pays.

Pour la France, l’empreinte matières est estimée à 13,4 t/hab. en 2022, contre 11,2 t/hab. pour la consommation intérieure de matières (méthode de calcul Eurostat). De façon générale, l’empreinte matières est supérieure à la consommation intérieure de matières pour les pays important davantage de matières premières qu’ils n’en exportent (Union européenne, États-Unis, Japon, etc.), alors que l’inverse s’observe dans les pays fortement exportateurs (Chili, Australie, Russie, Chine, etc.).

Données

Données associées à l'article.

Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Aller plus loin