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Déchets alimentaires en France et dans l’Union européenne en 2023

Environnement
Publié le 30/10/2025
En 2023, 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produites en France sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Parmi ces déchets, 5,9 millions de tonnes sont considérées comme non comestibles (os, épluchures, etc.). Les autres déchets s’apparentent au gaspillage alimentaire. Ils représentent 3,8 millions de tonnes, soit près de 40 % de l’ensemble des déchets alimentaires. Avec 142 kg/habitant de déchets alimentaires, la France se situe bien au-dessus de la moyenne européenne de 130 kg/habitant.

Une production de déchets alimentaires en France supérieure à la moyenne européenne

En 2023, près de 60 millions de tonnes de déchets alimentaires, soit 130 kg/habitant (hab.), ont été produites dans l'Union européenne (UE).

Avec 142 kg/hab. de déchets alimentaires, la France se situe bien au-dessus de la moyenne européenne. Les pays déclarant produire le moins de déchets alimentaires par habitant sont l’Espagne (65 kg/hab.) et la Slovénie (78 kg/hab.) alors que ceux qui en déclarent le plus sont Chypre (286 kg/hab.) et le Danemark (261 kg/hab.).

 

Production de déchets alimentaires par stade de la chaîne alimentaire, dans les pays membres de l’Union européenne, en 2023
En kg/habitant

© SDES

Notes : Espagne, Bulgarie, Lituanie et Roumanie : données 2022.
Sources : SDES ; Eurostat

43 % des déchets alimentaires produits à domicile

En France, comme en moyenne dans l’Union européenne, la plus grosse partie des déchets alimentaires est générée par les ménages au stade de la consommation à domicile (43 %, soit 61 kg/hab. pour la France et 53 %, soit 69 kg/hab pour l’UE). Vient ensuite l’étape de la transformation (24 %), suivie de la production primaire (13 %), de la consommation hors domicile (restauration commerciale et collective) et enfin de la distribution. Cette dernière représente 9 % des déchets alimentaires.

 

Répartition des déchets alimentaires selon les étapes de la chaîne alimentaire en 2023
En %

© SDES

Sources : SDES ; Eurostat

 

Au sein des pays européens, les déchets alimentaires se répartissent de façon variable selon les stades de la chaîne alimentaire. Le stade de la production primaire représente plus de 20 % des déchets alimentaires en Espagne et en Lituanie, contre moins de 1 % en Slovénie, en Autriche et à Malte. Plus de 35 % des déchets alimentaires sont produits au stade de la transformation au Danemark, aux Pays-Bas, en Belgique et en Irlande, contre moins de 5 % au Portugal. Le stade de la distribution représente, selon les pays, entre 1 % (Roumanie) et plus de 20 % (Chypre) des déchets alimentaires. Enfin, si la Slovénie, Malte, l’Autriche et l’Irlande, se distinguent par une part importante de déchets alimentaires au stade de la restauration hors domicile (plus de 20 %), la consommation à domicile génère plus de 70 % des déchets alimentaires en Italie et en Hongrie.

Ces écarts, de même que le niveau variable du volume de déchets alimentaires par habitant, peuvent en partie provenir de différences dans les systèmes d’information des différents États membres, mais renvoient également aux spécificités de chaque pays : poids de la production agricole, type de culture prédominante, régime alimentaire, orientation vers l’exportation, proportion de résidents non permanents (touristes, étudiants, navetteurs étrangers…), pratiques plus ou moins vertueuses… Ainsi, certains pays comme la Belgique, le Danemark ou les Pays-Bas ont des quantités très élevées de déchets alimentaires par habitant au stade de la transformation en raison de l’activité de leurs industries agro-alimentaires tournées vers l’exportation d'aliments transformés (1 à 2 tonnes par habitant d’aliments transformés exportés pour ces pays, contre 365 kg/hab. pour la France) et notamment de produits à très fort coefficient de déchets (huile, viande, poisson, bière).

0,9 % de la production agricole perdue lors de la production primaire

En France, 1,3 million de tonnes (Mt) de déchets alimentaires est générée au stade de la production primaire, soit 0,9 % des aliments récoltés. Ce pourcentage varie beaucoup selon les types de production agricole.

La pomme de terre est la culture qui génère le plus de déchets alimentaires par rapport à la production (9 % de la récolte), suivie des légumes (3,2 % en moyenne) et des fruits (2 %).

Les productions animales génèrent très peu de déchets à ce stade. Certaines cultures ne génèrent aucun déchet alimentaire grâce à de la valorisation animale (cas des protéagineux).

8 % des denrées mises sur le marché jetées

En France, les déchets alimentaires issus des secteurs de la distribution et de la consommation (hors ou au domicile) représentaient, en 2022, 8 % des denrées alimentaires mises à disposition des consommateurs (selon l’estimation faite par la FAO dans le bilan alimentaire mondial). Au niveau de l’UE27, cette proportion est légèrement plus élevée, atteignant 9 % en moyenne.

 

Part des déchets alimentaires par rapport aux mises sur le marché

© SDES

Note 1 : en France, en 2022, sur les 1 034 kg/hab. des denrées alimentaires mises sur le marché dans les secteurs de la distribution ou de la consommation, la part effectivement consommée s’élève à 92 % soit 948 kg/hab.
Note 2 : secteurs sélectionnés pour les déchets alimentaires : « Distribution », « Consommation hors domicile » et « Consommation à domicile » – quantités recalculées pour 2022 ; données de la FAO non disponibles pour 2023.
Sources : SDES ; Eurostat ; FAO

Définition et mesure des déchets et du gaspillage alimentaires

Dans le cadre de la stratégie de l’Union européenne (UE) de lutte contre le gaspillage alimentaire, les États membres doivent communiquer annuellement à Eurostat, depuis 2022, leur volume de déchets alimentaires selon une méthodologie d’évaluation harmonisée.

Le règlement (CE) no 178/2002 du Parlement européen et du Conseil définit comme « denrée alimentaire » l'ensemble des denrées alimentaires depuis la production jusqu'à la consommation. Ces denrées comprennent également les parties non comestibles, telles que les os attachés à la viande destinée à la consommation humaine, les peaux de certains fruits et légumes ou les coquilles d’œufs.
Les déchets alimentaires comportent donc des parties de denrées alimentaires destinées à être ingérées par l’homme, et des parties non comestibles. Ils n’incluent pas les produits agricoles non récoltés, les denrées évacuées avec les eaux usées, celles qui sont redistribuées (notamment via le don) en vue de la consommation humaine et animale, celles qui sont mises sur le marché pour être transformées en alimentation animale, et plusieurs autres catégories listées aux paragraphes 4 et 5 de l’article 1er de la décision déléguée (UE) 2019/1597 du 3 mai 2019.

En France, le gaspillage alimentaire est défini dans le Code de l’environnement (article L541-15-4) comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire est perdue, jetée ou dégradée ». Le gaspillage alimentaire est ainsi assimilé à la fraction comestible des déchets alimentaires.

La mesure du gaspillage alimentaire, fondée sur la méthodologie fixée par l’UE et présentée ici, est différente de celle retenue par l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour estimer les pertes et gaspillages alimentaires dans une étude de 2016. Au-delà des différences de sources (extrapolations d’opérations témoins, entretiens et études nationales pour l’Ademe), l’estimation de l’Ademe prenait en compte les pertes à la récolte, les pertes non comestibles post-récolte et les déchets revalorisés en alimentation animale. Ce périmètre beaucoup plus large conduirait, en 2023, à une estimation plus de deux fois supérieure au gaspillage alimentaire mesuré ici.


Différence de champ entre la quantité de déchets alimentaires comestibles rapportée à la Commission européenne et le périmètre des pertes et gaspillage alimentaire précédemment calculé par l'Ademe (chiffres de 2023)

© SDES

Sources : Ademe ; SDES

40 % des déchets alimentaires assimilables à du gaspillage alimentaire

En France, en 2023, les déchets alimentaires sont composés à 40 % de déchets comestibles assimilés à du gaspillage alimentaire (voir encadré). Leur quantité s’élève à 3,8 Mt, soit 55 kg/hab.

La part de gaspillage au sein des déchets alimentaires varie beaucoup d’une étape à l’autre. Elle s’élève à 76 % au stade de la production primaire, quand l’aliment entier est jeté. En revanche, cette part chute à 27 % au stade de la transformation. Au stade de la distribution, les déchets comestibles représentent 37 % des déchets alimentaires. Enfin, à l’étape de la consommation, le gaspillage alimentaire constitue 49 % des déchets alimentaires dans la restauration hors domicile et 31 % de la consommation à domicile.


Gaspillage alimentaire, répartition par étape de la chaîne alimentaire en France en 2023

© SDES

Source : SDES


Avec 1,3 Mt, soit 35 % des déchets comestibles, la consommation à domicile est la principale source de gaspillage alimentaire en France.


Composition des déchets alimentaires selon les étapes de la chaîne alimentaire en France en 2023
En kg/habitant

© SDES

Source : SDES

12 % des déchets alimentaires des ménages sont des produits emballés

Sur les 4,2 Mt de déchets alimentaires générés par la consommation à domicile des ménages, 69 % sont des déchets non comestibles comme les épluchures, les os, les arêtes ou les coquilles d’œufs. Le 1,3 Mt de déchets restants, assimilés à du gaspillage alimentaire, est composé de 0,8 Mt de restes de repas et 0,5 Mt de produits encore emballés.

13,4 % (0,6 Mt) des déchets alimentaires sont compostés à domicile, en compostage individuel ou partagé. Parmi ceux-ci, un tiers, soit 0,2 Mt, est constitué des produits alimentaires non consommés.


Composition des déchets alimentaires des ménages français en 2023

© SDES

Source : Ademe (enquêtes Collecte 2023 et Modecom 2024 et enquêtes sur le compostage à domicile). Traitements : SDES

Principales mesures législatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Depuis la loi Garot de 2016, la France a établi une hiérarchie dans les actions pour la lutte contre le gaspillage alimentaire :

  1. favoriser la prévention du gaspillage ;
  2. utiliser les invendus par le don ou la transformation ;
  3. valoriser dans l’alimentation animale ;
  4. utiliser les restes alimentaires à des fins de compost pour l’agriculture ou la valorisation énergétique (méthanisation).

 

Dans le prolongement des lois EGalim de 2018 et AGEC de 2020, diverses dispositions visent à réduire le gaspillage alimentaire :

  1. fixation d’objectifs de réduction de 50 % du gaspillage (par rapport au niveau de 2015) d'ici à 2025 aux stades de la distribution alimentaire et de la restauration collective, et d'ici à 2030 aux stades de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale ;
  2. interdiction des pratiques de destruction d’aliments encore consommables pour certains acteurs de la chaîne alimentaire ;
  3. obligation de proposer une convention de don aux associations d’aide alimentaire pour certains acteurs de la chaîne alimentaire et mise en place d’un plan de gestion de la qualité du don ;
  4. obligation de diagnostic anti-gaspillage pour la restauration collective et les industries agroalimentaires ;
  5. obligation de mise à disposition des clients de contenants réutilisables ou recyclables permettant d’emporter les aliments ou boissons non consommés sur place ;
  6. mise en place d’un label national anti-gaspillage alimentaire pour certains acteurs.

Au niveau européen, la révision de la directive déchets 2008/98/CE par la directive 2025/1892, entrée en vigueur le 16 octobre 2025, fixe des objectifs contraignants de réduction des déchets alimentaires d'ici à 2030 par rapport à la moyenne 2021-2023 pour l’ensemble des États membres :

  • - 10 % pour la transformation ;
  • - 30 % par habitant pour la distribution, la restauration hors domicile et les ménages.

L'essentiel en infographie

Dans les déchets alimentaires, quelle est la part du gaspillage alimentaire ? Explications en infographie.

© SDES

Déchets et gaspillage alimentaires

Déchets alimentaires : comment se situe la France par rapport aux autres pays européens ?

en kg par habitant en 2023

  • Espagne : 65 ;
  • Slovénie : 78 ;
  • UE27 : 130 ;
  • France : 142 ;
  • Danemark : 261 ;
  • Chypre : 286.

Quelle part de nos déchets alimentaires gaspille-t-on vraiment ?

9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produites en France en 2023, soit 142 kg par habitant.
40 % de ces déchets, soit 3,8 millions de tonnes, sont du gaspillage alimentaire.

Sur les 142 kg par personne de déchets alimentaires, 87 kg sont des déchets non comestibles (os attachés à la viande, peaux de certains fruits et légumes, coquilles d’œufs...) et 55 kg sont des déchets comestibles (restes de repas, fruits et légumes dégradés, date limite de consommation dépassée...) considérés comme du gaspillage alimentaire.

Ne sont pas comptés parmi les déchets alimentaires :

  • les produits agricoles non récoltés ;
  • les denrées évacuées avec les eaux usées ;
  • les denrées redistribuées en vue de la consommation humaine et animale (dons…) ;
  • les denrées qui sont mises sur le marché pour être transformées en alimentation animale.

À quelles étapes de l’alimentation humaine le gaspillage alimentaire est-il le plus important ?

Les déchets sont générés à chaque étape de l’alimentation humaine, depuis la production jusqu’à la consommation :

  • production primaire : 14 kg par habitant de gaspillage alimentaire (76 % des déchets alimentaires) ;
  • transformation et fabrication : 9 kg par habitant de gaspillage alimentaire (27 % des déchets alimentaires) ;
  • distribution, commerces de détail : 4 kg par habitant de gaspillage alimentaire (37 % des déchets alimentaires) ;
  • consommation hors domicile (restaurants et cantines) : 8 kg par habitant de gaspillage alimentaire (49 % des déchets alimentaires) ;
  • consommation à domicile : 19 kg par habitant de gaspillage alimentaire (31 % des déchets alimentaires).

Auteur : Chrystel SCRIBE, SDES

Méthodologie

L'Union européenne et ses États membres se sont engagés à réduire de moitié, d'ici à 2030, le volume de déchets alimentaires par habitant, au niveau de la distribution comme de la consommation et à réduire les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d'approvisionnement. À cette fin, la Commission européenne a mis en place un cadre de surveillance destiné à mesurer les niveaux des déchets alimentaires dans les États membres. Depuis 2022, des données sont ainsi rapportées annuellement à Eurostat par les États membres selon une méthodologie commune à tous les pays. Les données présentées ici sont celles produites pour la France par le service statistique du ministère chargé de l’Environnement dans le cadre de la méthodologie fixée par la Commission européenne.

Les changements méthodologiques intervenus dans certaines sources utilisées pour l’estimation (dont l’enquête de l’Insee sur les déchets non dangereux) ainsi que la mobilisation de données plus récentes qu’auparavant sur la consommation à domicile, rendent ces données non comparables à celles des années précédentes (notamment estimation portant sur l’année 2021).

Pour plus de précision, consulter la notice méthodologique.

Données

Données associées à l'article sous forme de tableaux et graphiques.

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