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Des difficultés de recrutement persistent en 2022 dans le secteur de l’économie verte

Environnement
Publié le 12/12/2023
Les projets de recrutement concernant les métiers de l’économie verte représentent 18 % de l’ensemble des intentions d’embauche en 2022, soit un peu plus de 539 000 emplois. Deux tiers des offres d'emplois dans les métiers de l’économie verte sont estimés difficiles à pourvoir, notamment dans les métiers du bâtiment. Les tensions sont principalement liées à une intensité d’embauche élevée et à un décalage entre les compétences requises par les employeurs et celles dont disposent les personnes en recherche d’emploi.

Un projet de recrutement sur cinq concerne un métier de l’économie verte

En 2022, un peu plus de 539 000 projets de recrutement concernent une famille professionnelle rattachée à l’économie verte (voir méthodologie), ce qui représente 18 % de l’ensemble des intentions d’embauche sur le marché du travail.

Entre 2013 et 2017, l’évolution des besoins de recrutement dans l’économie verte est quasi identique à celle de l’ensemble des métiers. À partir de 2017, les besoins de recrutement sur les métiers de l’économie verte suivent une évolution, en proportion, nettement supérieure à l’ensemble des métiers. La baisse des projets de recrutement entre 2020 et 2021 du fait de la crise sanitaire est largement rattrapée en 2022.

En 2022, les intentions d’embauche augmentent par rapport à 2021 : de 17 % pour les métiers de l’économie verte contre 12 % pour l’ensemble des métiers. Cette hausse est particulièrement marquée dans les familles professionnelles suivantes : transports, logistique et tourisme (+32 %) ; industries de process (+ 29 %) et bâtiment et travaux publics (+ 24 %). La part des recrutements difficiles augmente par ailleurs de 12,6 points de pourcentage entre 2021 et 2022 (+ 13 points de pourcentage pour l’ensemble des métiers).

 

Évolution du nombre de projets de recrutement dans les métiers de l’économie verte

© SDES

Note : les métiers sont décrits à partir de la nomenclature des familles professionnelles (FAP).
Champ : le périmètre de l'enquête « Besoin en main-d’œuvre » (BMO) porte sur 200 FAP (sur les 225 que compte la nomenclature). France.
Source : Pôle emploi - Crédoc, enquête « Besoin en main d’œuvre » 2013-2022

Des difficultés de recrutement dans 66 % des cas

La part des projets de recrutement jugés « difficiles » reste élevée au sein des métiers de l’économie verte (66 % contre 58 % pour l’ensemble des intentions d’embauche, tous métiers confondus). Parmi ces projets, 18 % correspondent à des recrutements saisonniers (contre 30 % tous métiers confondus).

Le domaine du bâtiment rassemble 42 % des intentions d’embauche, avec des difficultés de recrutement élevées pour la grande majorité, jusqu’à plus de 85 % pour l’emploi de charpentier (bois) ou de couvreurs. Le domaine des transports, logistique et tourisme rassemble, quant à lui, 17 % des projets d’embauche, avec 81 % de difficulté de recrutement pour l’emploi des conducteurs de transport en commun sur route.

Les recrutements proposés par les professionnels de l’animation socioculturelle représentent 15 % de l’ensemble des projets et concernent principalement des contrats saisonniers (61 %). Les projets de recrutement sur des contrats saisonniers concernent également de manière importante les métiers de bûcheronnage, de l’élagage, de la sylviculture et du jardinage.

Les ouvriers de l’assainissement et du traitement des déchets ainsi que les mécaniciens et électroniciens de véhicules représentent 3 % chacun des intentions d’embauche, avec des difficultés de recrutement respectives de 39 % et 82 %.

 

Les projets de recrutement dans les principaux métiers de l’économie verte en 2022

© SDES

Note : les métiers sont décrits à partir de la nomenclature des familles professionnelles (FAP).
Champ : le périmètre de l'enquête « Besoin en main-d’œuvre » (BMO) porte sur 200 FAP (sur les 225 que compte la nomenclature). France entière.
Source : Pôle emploi - Crédoc, enquête « Besoin en main-d’œuvre » 2022

La majorité des métiers de l’économie verte sous tension

La tension sur un métier exprime les difficultés de recrutement observées sur le marché du travail. En 2022, sur les 35 métiers intégrés au périmètre de l’économie verte, 31 ont des niveaux de tension au-dessus de la moyenne (tension ou tension élevée).

Ce constat est beaucoup plus prononcé dans le domaine du bâtiment où, entre 2020 et 2022, l’indicateur de tension est resté à son niveau le plus élevé pour la majorité des métiers. Sur la même période, dans le domaine du transport, les métiers de conducteur routier et de responsable logistique (non cadre) rencontrent un niveau de tension très élevé. Certains métiers qui n’étaient pas en tension en 2020, rencontrent également des difficultés de recrutement en 2022. Il s’agit notamment des jardiniers salariés, des agents qualifiés de laboratoire, des ouvriers de l’assainissement et du traitement des déchets ainsi que des professionnels de l’animation socioculturelle.

En 2022, l’intensité d’embauche est le principal facteur de tension sur le périmètre des métiers de l’économie verte. Dans le domaine du bâtiment, ce facteur est suivi d’une inadéquation entre la formation et l’emploi recherché par les demandeurs d’emploi. Quant au domaine du transport, l’intensité d’embauche s’accompagne d’un manque de main-d’œuvre disponible.

Plusieurs facteurs sont susceptibles d’expliquer les tensions observées.

  • L’intensité d’embauche, liée à un niveau élevé de recrutement générant un besoin important de candidats. La plupart des métiers en tension du bâtiment sont concernés, tout comme les mécaniciens, les techniciens et agents de maîtrise de l’environnement ainsi que les ingénieurs du contrôle-qualité.
  • Le manque de main-d’œuvre disponible est considéré comme un facteur important pour les techniciens et agents d’encadrement d’exploitations agricoles, les techniciens et chargés d’études du BTP, les chefs de chantier/conducteurs de travaux, les ingénieurs du BTP, les techniciens des industries de process, les ingénieurs du contrôle-qualité, les conducteurs de transport en commun sur route, les ingénieurs et cadres des transports, de la logistique et de la recherche et développement.
  • La non-durabilité de l’emploi traduit l’importance des conditions d’emploi pour l’attractivité du métier. Ce facteur peut compliquer les recrutements portant sur certains métiers en tension de la forêt, du gros et second œuvre dans le bâtiment ou de la conduite.
  • Le lien formation-emploi révèle le décalage entre les compétences requises par les employeurs et celles dont disposent les personnes en recherche d’emploi. Ce décalage apparaît comme un facteur important dans la majorité des métiers en tension du bâtiment, de la forêt, et également pour les techniciens et ingénieurs de l’agriculture, les techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l'environnement, les mécaniciens, les conducteurs routiers, les ingénieurs et cadres des transports, de la logistique et de la R&D.
  • Les conditions de travail contraignantes rendent les recrutements difficiles dans les métiers de la forêt, pour les maçons, les couvreurs, les menuisiers, les électriciens, les chefs de chantier, les mécaniciens et les conducteurs.
  • L’inadéquation géographique entre la main-d’œuvre disponible et les territoires recruteurs joue également un rôle. Elle concerne davantage les métiers de la forêt, les techniciens et ingénieurs de l’agriculture, les ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, les maçons, les charpentiers, les conducteurs et les ingénieurs des transports et de la logistique.

 

Les difficultés de recrutements dans les métiers de l'économie verte en 2022

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Note : les métiers sont décrits à partir de la nomenclature des familles professionnelles (FAP). Les niveaux de tension ont été calculés par la Dares et Pôle emploi. Ils vont du niveau 1 (pas de tension) à 5 (tension élevée).
Sources : Pôle emploi ; Dares, métiers en tension

Méthodologie

Deux approches ont été développées par l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev) pour observer et mesurer l’emploi lié à l’économie verte : la première repose sur les activités des entreprises, la seconde, présentée ici, s’intéresse aux métiers des individus, en distinguant les métiers dits « verts » ou « verdissants » (voir concepts ci-après).

L’analyse des projets de recrutement et des métiers en tension se fonde sur la nomenclature des familles professionnelles (FAP), mise en place par la Dares. Les métiers de l’économie verte sont identifiés par 35 FAP, obtenues à partir de la correspondance avec les codes verts et verdissants du répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) de Pôle emploi. La nomenclature des FAP est moins détaillée que celle du Rome, utilisée pour caractériser les offres et demandes d’emploi, ou des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) de l’Insee, utilisée dans la quantification du nombre d’emplois de l’économie verte. Elle ne permet donc pas de reconstituer précisément le champ des métiers verts ou verdissants, ce qui explique que les statistiques sur les intentions d’embauches et tensions construites à partir des FAP n’opèrent pas cette distinction et ne couvrent que les « métiers de l’économie verte ».

Les sources de données mobilisées sont l’enquête « Besoin en main-d’œuvre » de Pôle emploi et les indicateurs de tension produits par la Dares et Pôle emploi. Depuis septembre 2020, la Dares et Pôle emploi ont rénové la grille d’analyse des tensions sur le marché du travail, en diffusant, d’une part, un indicateur principal qui permet de classer les métiers en fonction de leur degré de tension ; d’autre part, des indicateurs dits complémentaires, visant à comprendre le ou les facteurs à l’origine d’une éventuelle tension détectée sur un métier donné. L’indicateur synthétique de tension est un indicateur composite prenant en compte, pour chaque métier, le niveau des difficultés de recrutement anticipées par les employeurs, les offres d’emploi rapportées au nombre de demandeurs d’emploi, et la facilité qu’ont les demandeurs d’emploi à sortir des listes de Pôle emploi. Les données sont téléchargeables sur les sites de la Dares et de Pôle emploi.

 

Limites du périmètre des métiers de l’économie verte

Les diverses nomenclatures utilisées pour repérer les métiers verts et verdissants (Rome, PCS, FAP) ne permettent pas de délimiter de façon précise l’ensemble des métiers à finalité directement environnementale ou dont les compétences évoluent pour intégrer les enjeux environnementaux. En particulier, les activités agricoles ne sont que partiellement intégrées. Ainsi, les exploitants « bio » ne sont pas pris en compte, car difficilement identifiables dans les nomenclatures alors qu’ils devraient être inclus dans les métiers verts. S’agissant des métiers verdissants, les métiers de la production agricole ne sont pas intégrés tandis que la plupart d’entre eux évoluent ou sont appelés à évoluer pour intégrer les enjeux environnementaux. À l’inverse, certains métiers sont intégralement considérés comme verts ou verdissants (professionnels de l’animation socioculturelle, conducteurs routiers, ouvriers du bâtiment, par exemple) alors que les finalités environnementales peuvent ne concerner qu’une partie des professionnels de ces métiers ou qu’une part de leur activité.


Pour plus d’informations sur l’approche « métiers », se référer à la méthodologie publiée sur la page Onemev du site du MTE (rubrique Les ressources > Les méthodologies) et la liste des métiers de l’économie verte dans la FAP. 

Auteur : Guy-Stéphane AKANZA, SDES

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