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Bilan énergétique
de la France pour 2019
janvier 2021

3.1 La production des raffineries de pétrole diminue en volume et en valeur

Le raffinage consiste à transformer le pétrole brut en différents produits finis, énergétiques (carburants, combustibles) ou non (lubrifiants, bitume et produits destinés à la pétrochimie entre autres). Le pétrole brut est, dans un premier temps, séparé par distillation en plusieurs coupes pétrolières, les plus lourdes pouvant, dans un deuxième temps, être craquées en molécules plus légères et mieux valorisables. Les produits ainsi obtenus font ensuite l’objet de procédés d’amélioration, visant notamment à en réduire la teneur en soufre ou, pour les supercarburants, à en augmenter l’indice d’octane.

Les biocarburants produits ou importés en France sont incorporés en raffinerie ou en dépôt aux carburants non issus de biomasse. Les informations fournies ci-dessous portent sur les produits raffinés, biocarburants exclus.

Depuis plusieurs années, le raffinage en Europe doit faire face à une baisse de la demande intérieure. Cette baisse est due notamment aux politiques de lutte contre le changement climatique. De plus, il existe une inadéquation entre la structure de la demande intérieure, majoritairement tournée vers le gazole, et celle de l’offre. Par ailleurs, la concurrence internationale est intense : aux États-Unis, le gaz, utilisé par le raffinage, est nettement moins coûteux qu’en Europe, alors qu’au Moyen-Orient et en Asie les installations sont plus grandes et plus récentes pour répondre à la demande en forte croissance des pays émergents. Enfin, la réglementation environnementale européenne impose des coûts et des contraintes plus élevés que dans d’autres pays.

En France, le secteur du raffinage a été marqué par la fermeture de plusieurs installations au début de la décennie. La production nette des raffineries françaises, régulièrement supérieure à 80 Mtep par an dans les années 2000, est passée sous le seuil de 60 Mtep par an depuis 2012. Avec la fermeture de la raffinerie de Provence-La Mède fin 2016, qui a été reconvertie pour produire des biocarburants miscibles au gazole ou au carburéacteur, la France ne compte plus désormais que huit raffineries de pétrole brut (figure 3.1.1).

La raffinerie de Grandpuits en Île-de-France a par ailleurs annoncé la fin de ses activités de raffinage pour 2021, et sa reconversion vers une plateforme sans pétrole, avec une unité de production de biocarburants, une unité de bioplastiques et une unité de recyclage chimique des plastiques.

Figure 3.1.1 : raffineries de pétrole brut en 2019

Source : DGEC

La production nationale de produits raffinés, nette de la consommation propre des raffineries, s’élève, en 2019, à 50,4 Mtep, pour une consommation de matière première de 52,3 Mtep (figure 3.1.2). Elle recule nettement sur un an, pour la deuxième année consécutive (- 8,6 %, après - 6,2 % en 2018), en raison notamment de deux grands arrêts de maintenance programmés ainsi que de la baisse de la demande (cf. 4.2).

En 2019, les raffineurs ont dépensé 22,3 Md€ en pétrole brut et autres charges de raffinage, pour fournir des produits finis valorisés à 25,3 Md€. En euros constants 2019, la valeur de cette production diminue nettement par rapport à 2018 (- 13,0 %), en raison, d’une part, de la chute des quantités produites et, d’autre part, de la contraction des prix. Elle reste cependant supérieure au niveau de 2016, qui s’élevait à 21,6 Md€2019. Depuis cinq ans, cette valeur reste en dessous de 30 Md€2019, contre près de 40 Md€2019 en 2014, avant la chute des cours. En 2019, les raffineries ont dégagé un excédent de 3,0 Md€, soit 58 € pour chaque tonne équivalent pétrole de produit à distiller utilisée, contre 57 2019 l’année précédente.

Figure 3.1.2 : consommation de pétrole brut et autres charges de raffinage et production nette de produits finis des raffineries

2015

2016

2017

2018

2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

Consommation de pétrole brut et autres charges de raffinage

62,0

22 556

61,1

18 123

61,1

22 178

57,3

25 852

52,3

22 339

Production nette des raffineries

59,5

26 894

58,5

21 628

58,8

26 412

55,1

29 122

50,4

25 346

Solde

-

4 338

-

3 504

-

4 234

-

3 270

-

3 007

Note : la production est nette de l’autoconsommation des raffineries.
Le rapport entre le solde calculé ici et la consommation peut présenter des écarts avec la marge de raffinage calculée et diffusée par la DGEC, car cette dernière s’appuie non sur des données réelles mais sur un modèle théorique de raffinerie en prenant en compte en outre un ensemble plus vaste de charges (dépenses de gaz naturel notamment).
Sources : SDES, enquête auprès des raffineurs ; DGEC ; DGDDI ; SARA

Les raffineries françaises produisent principalement du gazole (33 % du total de la production en 2019), des supercarburants (19 %), des produits non énergétiques (14 %) et du fioul lourd (12 %) - (figure 3.1.3). Le fioul domestique et les autres gazoles représentent 9 % du total de la production nationale de produits raffinés, le kérosène 8 %, le GPL 3 % et l’ensemble des autres produits 2 %. Cette répartition est stable ces dernières années.

Figure 3.1.3 : production nette de produits finis des raffineries

En Mtep

2015

2016

2017

2018

2019

Production nette des raffineries

59,5

58,5

58,8

55,1

50,4

Gazole

20,8

20,5

20,6

18,1

16,4

Supercarburants*

11,8

11,8

11,9

10,9

9,8

Produits non énergétiques**

7,8

7,4

8,2

8,1

6,9

Fioul lourd

7,1

7,2

6,0

5,5

5,9

Fioul domestique et autres gazoles

5,2

4,9

4,6

5,3

4,7

Jet kérosène

4,0

3,9

4,4

4,3

4,0

GPL

1,7

1,7

1,8

1,5

1,5

Autres***

1,1

1,1

1,3

1,2

1,2

* Y compris essence aviation.
** Naphta, bitumes, lubrifiants.
*** Coke de pétrole, pétrole lampant, autres produits.
Note : la production est nette de l’autoconsommation des raffineries. À partir de 2018, les quantités correspondant à du gazole pêche et du diesel marine léger (DML) sont incluses dans le poste du fioul domestique et autres gazoles, et non plus dans celui du gazole. Celles de gazole non routier, utilisé dans l’agriculture et la construction notamment, sont regroupées avec le gazole routier dans le poste gazole, car il s’agit de fait du même produit sur le plan chimique.
Sources : SDES, enquête auprès des raffineurs ; SARA