4.1 Baisse de la consommation primaire à climat constant
La consommation primaire baisse en 2019 en données réelles (- 1,4 %), à 245,3 Mtep (figure 4.1.1). Corrigée des variations climatiques (CVC), elle diminue très légèrement plus (- 1,5 %). En effet, les besoins de chauffage sont un petit plus importants en 2019 qu’en 2018, du fait d’une très légère hausse de la rigueur climatique de la période de chauffe, mesurée par le nombre de degrés-jours unifiés (DJU) - (figure 4.1.2). Les besoins en climatisation ont également été plus élevés en 2019 en raison d’un été plus chaud. Sur le plus long terme, la consommation primaire CVC tend à baisser à un rythme modéré depuis le milieu des années 2000. Depuis 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de consommation d’énergie (encadré page 65), la consommation primaire a baissé de 4,1 %, soit de 0,6 % en moyenne annuelle, à climat constant.
Figure 4.1.1 : consommation primaire totale et par usage
Note : les pertes de transformation, de transport et de distribution intègrent la consommation d’énergie des entreprises du secteur de la transformation pour leur usage propre ainsi qu’un écart statistique.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES
Figure 4.1.2 : nombre de degrés-jours unifiés de la période de chauffe
Source : calculs SDES, d’après Météo-France
La consommation primaire peut être décomposée comme la somme de la consommation finale (à usage énergétique ou non) et des pertes de transformation, transport et distribution d’énergie (à l’écart statistique près). Ces dernières, corrigées des variations climatiques, s’établissent à 93,1 Mtep en 2019, diminuant ainsi de 2,4 %. Cette baisse s’explique par le recul de la production nucléaire et par celui des pertes de chaleur induites (cf. 2.2.2) et, dans une moindre mesure, par celui de la consommation de charbon de la filière fonte (cf. 3.3). Elle est toutefois atténuée par le fait que, en conséquence de la baisse de la production des centrales nucléaires et de celle des installations hydroélectriques, les centrales thermiques classiques de production d’électricité ont été davantage sollicitées, entraînant une hausse des pertes de transformation associées (cf. 3.4.1). La consommation finale à usage énergétique décroît également à climat constant, de 1,0 %, à 142,1 Mtep (cf. 5.1). Depuis 2012, la consommation finale à usage énergétique a baissé de 2,8 %, soit de 0,4 % en moyenne annuelle, à climat constant. À l’inverse, la consommation finale à usage non énergétique rebondit de 0,9 %, à 13,4 Mtep.
Les poids du nucléaire et du charbon dans le mix énergétique déclinent en 2019 (figure 4.1.3). En effet, à climat constant, les consommations primaires de ces deux formes d’énergie baissent respectivement de 3,1 % et 19,6 %. À l’inverse, les consommations primaires de gaz naturel et d’énergies renouvelables thermiques et déchets progressent respectivement de 1,5 % et 2,7 %. Le bouquet énergétique primaire CVC se compose de 40 % de nucléaire, 29 % de pétrole, 16 % de gaz, 12 % d’énergies renouvelables et déchets et 3 % de charbon.
Figure 4.1.3 : consommation primaire par forme d’énergie
Note : la consommation d’énergie nucléaire correspond à la quantité de chaleur dégagée par la réaction nucléaire (qui est ensuite convertie en électricité), déduction faite du solde exportateur d’électricité.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES
Le bouquet énergétique final CVC reste, quant à lui, dominé par le pétrole. Ce dernier subit moins de pertes lors du processus de transformation de l’énergie que la chaleur nucléaire, dont seul un tiers est converti en électricité (figure 4.1.4). Les produits pétroliers représentent ainsi 38 % de la consommation finale à usage énergétique, devant l’électricité (26 %), le gaz (21 %), les énergies renouvelables et les déchets (11 %), la chaleur (3 %) et le charbon (1 %). Conformément à la tendance observée depuis le milieu des années 2000, la part des énergies fossiles dans le bouquet baisse en 2019, au profit des énergies renouvelables.
Figure 4.1.4 : consommation finale à usage énergétique par forme d’énergie
Note : la chaleur n’est isolée que depuis 2000.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES
Au total, les ménages, entreprises et administrations ont dépensé 167,8 Md€ en 2019 pour satisfaire leurs besoins en énergie, montant en légère diminution en euros constants par rapport à 2018 (figure 4.1.5). Les produits pétroliers représentent plus de la moitié de cette dépense nationale en énergie et l’électricité près d’un tiers, loin devant les autres énergies. Ces proportions sont supérieures aux parts respectives de ces deux formes d’énergie dans la consommation finale, en raison de prix moyens plus élevés que les autres formes d’énergie.
Figure 4.1.5 : consommation finale en énergie (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
||||||
En Mtep |
En Md€2019 |
En Mtep |
En Md€2019 |
En Mtep |
En Md€2019 |
En Mtep |
En Md€2019 |
En Mtep |
En Md€2019 |
|
Charbon (hors hauts-fourneaux) |
1,4 |
0,3 |
1,4 |
0,3 |
1,4 |
0,3 |
1,5 |
0,4 |
1,2 |
0,4 |
Charbon : hauts-fourneaux |
3,6 |
1,0 |
3,4 |
1,0 |
3,8 |
1,2 |
3,8 |
1,3 |
3,5 |
1,4 |
Produits pétroliers |
69,3 |
77,5 |
67,8 |
71,3 |
68,5 |
79,4 |
66,2 |
88,2 |
65,9 |
86,6 |
Gaz naturel |
29,8 |
18,7 |
31,2 |
18,1 |
30,4 |
17,6 |
30,2 |
18,9 |
29,5 |
18,4 |
Énergies renouvelables et déchets |
13,7 |
4,4 |
14,8 |
4,6 |
14,8 |
4,8 |
14,9 |
4,7 |
15,3 |
4,6 |
Électricité |
37,4 |
52,9 |
38,1 |
52,3 |
37,8 |
52,0 |
37,6 |
52,5 |
37,1 |
53,9 |
Chaleur |
3,3 |
2,2 |
3,7 |
2,3 |
3,8 |
2,4 |
3,6 |
2,5 |
3,7 |
2,5 |
Consommation finale (hors hauts-fourneaux) |
155,0 |
155,9 |
157,0 |
148,9 |
156,7 |
156,7 |
153,8 |
167,3 |
152,8 |
166,4 |
Dépense nationale en énergie (y compris hauts-fourneaux) |
156,9 |
149,9 |
157,9 |
168,6 |
167,8 |
Note : conformément aux conventions statistiques internationales relatives à la comptabilité physique de l’énergie, les hauts-fourneaux sont exclus de la consommation finale. Dans le cadre du bilan monétaire, ils sont en revanche inclus dans l’industrie et dans la dépense nationale en énergie.
Source : calculs SDES
Au sein de la dépense nationale en énergie, le coût des importations nettes de produits énergétiques représente 39,4 Md€, les taxes énergétiques (nettes des subventions aux énergies renouvelables) 37,8 Md€ et la TVA non déductible 14,8 Md€ (figure 4.1.6). Le solde, soit 75,8 Md€, correspond à la rémunération d’activités réalisées sur le territoire national, principalement la production d’électricité et d’énergies renouvelables, la gestion des réseaux de gaz et d’électricité, la distribution des carburants et le raffinage de pétrole. La dépense nationale en énergie, qui a atteint un pic en 2012 à 180,5 Md€2019, est quasiment stable en 2019 par rapport à 2018 (- 0,5 %). Le montant d’impôts collectés (y compris TVA) baisse de 2,1 % en euros constants, dans un contexte de gel des taux nominaux des principales taxes énergétiques. La contribution à la dépense nationale des échanges extérieurs diminue également du fait de la baisse des cours internationaux des énergies fossiles. Les revenus captés par les entreprises nationales augmentent à l’inverse de 3,9 %, en raison notamment de l’augmentation de la valorisation de la production d’électricité liée à la hausse, au cours de l’année 2018, des prix à terme pour une livraison en 2019.
Figure 4.1.6 : décomposition de la dépense nationale en énergie
Source : calculs SDES
Les objectifs de réduction de la consommation d’énergie de la France |
La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et celle relative à l’énergie et au climat de 2019 ont fixé comme objectifs de diviser par deux la consommation finale d’énergie à horizon 2050 et de réduire la consommation primaire d’énergies fossiles de 40 % en 2030, par rapport à 2012. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) relative à la France continentale, dans sa deuxième version adoptée en avril 2020, donne des cibles intermédiaires de réduction de la consommation d’énergie par rapport à 2012, et les décline par forme d’énergie :
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