datalab
Bilan énergétique
de la France pour 2019
janvier 2021

4.2 Stabilité de la consommation et légère baisse de la dépense en produits pétroliers

4.2.1 Consommation et dépense totales

En 2019, la consommation totale de produits pétroliers raffinés (hors biocarburants) est de 67,1 Mtep, stable par rapport à l’année précédente (- 0,3 %) - (figure 4.2.1.1). La consommation du secteur des transports routiers, qui représente 58 % de la consommation totale, est elle aussi stable (- 0,3 %). La consommation du secteur résidentiel baisse sensiblement (- 6,7 %). La dépense associée recule, à 87,2 Md€ (- 1,8 % mesurée en euros constants), après deux années de forte hausse (+ 23,6 % entre 2016 et 2018).

Figure 4.2.1.1 : consommation totale de produits pétroliers raffinés (hors biocarburants) par secteur et dépense totale associée

Note : le secteur des transports n’inclut pas les soutes maritimes et aériennes internationales.
Champ : France entière (y compris DOM).
Source : calculs SDES

Le coût des importations nettes de pétrole brut et de produits raffinés est de 30,6 Md€ en 2019. Il ne représente plus que 35 % de la dépense (taxes incluses), contre près de la moitié au début de la décennie (figure 4.2.1.2). Ce montant baisse de 3,8 % en 2019, en raison de la baisse des prix des principaux produits importés (pétrole brut, gazole et fioul domestique), faisant suite à deux années de très forte hausse (+ 22,2 % par an). La dépense servant à rémunérer des activités (de production, raffinage et transport-distribution) réalisées sur le sol national s’élève à 16,2 Md€ (à l’écart statistique près), soit 19 % du total, en légère hausse par rapport à l’année précédente (+ 1,0 %). La part restante de la dépense (46 %) correspond à la fiscalité. La taxe intérieure sur la consommation de produits pétroliers (TICPE), la taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (Tirib), la redevance affectée au stockage des produits pétroliers (CPSSP) ainsi que, dans les DOM, la taxe spéciale de consommation (TSC, qui remplace la TICPE) et l’octroi de mer s’appliquent aux produits pétroliers. En outre, la TVA s’applique au prix comprenant les autres taxations. La TICPE, qui compte pour la plus grande partie des taxes, a procuré 31,0 Md€ de recettes (nette des remboursements) en 2019. Ce montant recule faiblement (- 1,2 %) par rapport à 2018. Cela fait suite à une augmentation de plus de 6 Md€ sur quatre ans, en lien avec l’introduction et la montée en charge de la composante carbone dans les tarifs de la TICPE, désormais gelée à son niveau de 2018. La TSC a rapporté 0,5 Md€ en 2019. La TVA sur les produits pétroliers (hors part déductible pour les entreprises) s’élève à 8,8 Md€ en 2019, en repli de 1,3 %.

Figure 4.2.1.2 : décomposition de la dépense totale

Note : les soutes maritimes et aériennes internationales sont déduites des importations nettes, qui intègrent aussi les variations de stocks. Les marges comprennent celles de raffinage et celles de transport-distribution.
Source : calculs SDES

La consommation totale peut se décomposer comme la somme de la consommation à usage de production d’électricité et de chaleur (1,2 Mtep en 2019, dont plus de 70 % dans les DOM), de la consommation finale à usage énergétique (54,0 Mtep hors biocarburants ; 57,4 Mtep biocarburants inclus) et de la consommation finale à usage non énergétique (12,0 Mtep) - (figure 4.2.1.3).

Figure 4.2.1.3 : consommation par usage et par secteur (y compris biocarburants, données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2015

2016

2017

2018

2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

Production d'électricité et de chaleur

1,6

645

1,5

523

1,6

669

1,1

570

1,2

624

Consommation finale à usage énergétique

59,9

72 725

59,1

67 896

59,2

75 047

57,8

83 180

57,4

82 227

Industrie

2,9

1 488

2,8

1 313

2,6

1 474

2,8

1 806

2,8

1 718

Transports*

44,6

60 568

44,8

57 574

45,1

63 406

44,2

70 233

44,2

69 730

dont transports routiers (ménages)

26,0

39 660

26,2

38 110

26,3

41 816

25,7

46 453

25,9

46 420

dont transports routiers (autres)

16,5

19 400

16,4

18 139

16,6

20 057

16,2

21 946

16,0

21 487

dont autres transports

2,2

1 509

2,2

1 324

2,2

1 534

2,3

1 833

2,4

1 824

Résidentiel

5,5

5 653

5,2

4 923

5,2

5 471

4,7

5 792

4,3

5 502

Tertiaire**

3,4

2 593

3,0

2 064

3,1

2 450

2,9

2 712

2,9

2 707

Agriculture-pêche

3,4

2 423

3,3

2 023

3,2

2 246

3,3

2 636

3,2

2 571

Consommation finale à usage non énergétique

12,4

7 316

11,9

6 151

12,6

7 328

11,8

8 043

12,0

7 276

Industrie

12,1

5 845

11,6

4 702

12,3

6 014

11,5

6 571

11,7

5 930

Pétrochimie

9,3

3 754

8,6

2 869

9,3

3 885

8,3

4 116

8,7

3 681

Construction

2,2

755

2,3

602

2,4

847

2,5

1 122

2,5

1 060

Autres industries

0,6

1 335

0,6

1 231

0,6

1 281

0,6

1 333

0,5

1 188

Autres (dont agriculture, transports)

0,3

1 471

0,3

1 448

0,3

1 315

0,3

1 472

0,3

1 346

* Hors soutes maritimes et aériennes internationales.
** Y compris les armées.
Note : la consommation pour le trafic aérien entre la métropole et les DOM est incluse dans le secteur des transports (autres transports).
Source : calculs SDES

4.2.2 Production d’électricité et de chaleur

La consommation de cette activité ne représente plus que 1,8 % de la consommation totale de produits pétroliers raffinés. Elle augmente modérément en 2019 (+ 4,2 % par rapport à 2018), à 1,2 Mtep. En métropole, les centrales au fioul, utilisées en pointe lors des pics de demande en période hivernale, ont progressivement fermé, d’autres énergies se substituant à ce combustible, notamment pour des raisons environnementales : le dernier site fonctionnant encore au fioul-vapeur en France continentale, à Cordemais (Loire-Atlantique), a été fermé en mars 2018. La consommation de fioul dans les réseaux de chaleur est également devenue marginale. Ainsi, la consommation de produits pétroliers pour la production d’électricité et de chaleur a chuté de 35,8 % par rapport à 2012. En revanche, la consommation de fioul pour la production d’électricité reste, jusqu’à présent, élevée en outre-mer.

La facture associée s’établit en 2019 à 0,6 Md€, soit une augmentation de 9,4 % en euros constants, du fait de la hausse de la consommation et de la progression modérée des prix (cf. 1.2). Cette dépense avait chuté depuis 2012 en raison de la baisse des volumes et de l’effondrement des cours fin 2014, atteignant un minimum de 0,5 Md€2019 en 2016, soit moins de la moitié de sa valeur de 2012. Elle était ensuite repartie à la hausse, à la suite de la nette remontée des prix des produits pétroliers en 2017.

4.2.3 Consommation finale à usage énergétique

L’usage de transport concentre 63 % de la consommation totale de produits pétroliers (y compris biocarburants) en France, soit 44,2 Mtep en 2019. Sa part dans la dépense totale est encore plus élevée (77 %), les produits pétroliers utilisés pour le transport étant davantage taxés que ceux servant à d’autres usages. Le transport routier des ménages absorbe la plus grande part de cette consommation (25,9 Mtep), devant celui des entreprises (16,0 Mtep), les autres modes de transport générant des consommations beaucoup plus modestes (2,4 Mtep hors soutes internationales). Les entreprises pèsent relativement moins dans la dépense que dans la consommation physique car, outre le fait qu’une partie de la TVA est déductible, certains secteurs d’activités bénéficient d’exonérations fiscales. La dépense dans le transport est quasiment stable en 2019 (- 0,7 %), à 70 Md€. Cela traduit à la fois une faible évolution des volumes consommés (+ 0,0 %), une stabilité des prix hors taxes et un gel de la composante carbone de la TICPE à son niveau de 2018. La consommation n’a que peu fluctué depuis 2012. À l’inverse, la dépense avait connu une forte baisse entre 2012 et 2016 (- 22,6 % sur quatre ans) essentiellement liée à la chute des coûts d’approvisionnement, avant de fortement augmenter en 2017 (+ 10,1 %) puis en 2018 (+ 10,8 %) sous les effets conjugués de la hausse des prix du pétrole et de l’augmentation de la composante carbone de la TICPE.

Les consommations du secteur résidentiel (principalement du fioul domestique et, dans une moindre mesure, du GPL) reculent nettement en 2019 (- 6,7 %, à 4,3 Mtep), en raison notamment de la baisse du nombre de résidences principales chauffées par cette énergie. Le secteur tertiaire a, quant à lui, consommé 2,9 Mtep de produits pétroliers en 2019, en retrait de 1,4 % par rapport à 2018. Corrigées des variations climatiques, les consommations des secteurs résidentiel et tertiaire reculent de 6,8 % et 1,6 %, les températures hivernales ayant été très légèrement moins douces en 2019 qu’en 2018. Ces évolutions s’inscrivent dans une tendance baissière de long terme : depuis 2012, les consommations baissent en moyenne de 5,8 % par an dans le résidentiel et de 3,3 % par an dans le tertiaire. Les dépenses respectives de ces secteurs s’élèvent à 5,5 Md€ et 2,7 Md€ (- 5,0 % et - 0,2 % en 2019), la baisse de la consommation étant partiellement atténuée par une hausse modérée du prix moyen du fioul domestique.

La consommation de produits pétroliers à usage énergétique dans l’industrie (y compris la construction, comptant pour un tiers de cette consommation) est stable en 2019 (+ 0,6 %), à un niveau de 2,8 Mtep. À plus long terme, cette consommation tend à diminuer (- 1,4 % par an en moyenne depuis 2012), reflétant le recours à d’autres énergies, des gains d’efficacité énergétique et la relative désindustrialisation de l’économie. En 2019, la facture associée recule de 4,9 %, pour s’établir à 1,7 Md€.

Le secteur de l’agriculture et de la pêche consomme essentiellement du gazole non routier (distingué depuis 2011 du fioul domestique). Sa consommation s’établit à 3,2 Mtep en 2019, en léger recul par rapport à l’année précédente (- 1,0 %). La dépense du secteur, de 2,6 Md€, baisse un peu plus fortement (- 2,3 %), en raison d’une légère diminution du prix du gazole non routier. Cette valeur reste néanmoins inférieure à celles d’avant 2014, voisines de 3 Md€.

Globalement, depuis 2012, la consommation finale à usage énergétique de produits pétroliers, corrigée des variations climatiques, recule de 5,1 %, soit de 0,8 % par an en moyenne (et de 6,7 %, soit 1,0 % par an en moyenne, en excluant les biocarburants).

4.2.4 Consommation finale à usage non énergétique

Les usages non énergétiques de produits pétroliers se concentrent essentiellement dans l’industrie pétrochimique, où des alcènes sont produits par vapocraquage de coupes pétrolières, telles que le naphta ou des alcanes légers, avant d’entrer dans la fabrication de produits synthétiques (matières plastiques, cosmétiques, etc.).

La consommation finale non énergétique de produits pétroliers a augmenté légèrement en 2019 (+ 1,7 %), à 12,0 Mtep, en raison notamment de la reprise dans le secteur de la pétrochimie après des arrêts importants pour maintenance en 2018 dans deux des six vapocraqueurs français, à Lavéra (Bouches-du-Rhône) et à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime). Elle reste toutefois inférieure à son niveau de 2012 (12,7 Mtep) et à son niveau antérieur à la crise financière de 2008 (16,2 Mtep en 2007).

Environ 2,5 Mtep de bitumes sont consommées chaque année dans le secteur de la construction. Les autres produits correspondent à des lubrifiants, utilisés dans les transports, l’agriculture et l’industrie, ainsi qu’à des quantités limitées de coke de pétrole, à usage industriel.

La consommation finale non énergétique de produits pétroliers reste proche de son niveau de 2018, qui était le plus bas depuis 25 ans. La facture associée s’élève à 7,3 Md€ en 2019, repartant en baisse sensible (- 8,4 %) après deux années en forte hausse. En effet, la variation des cours du pétrole brut a également fortement impacté ces produits : la valeur monétaire de cette consommation a chuté de 42,0 % par rapport à 2012, en euros constants.

4.2.5 Consommation par produit

Le gazole routier représente près de la moitié de la consommation de produits pétroliers (y compris biocarburants) en 2019 (46 %), devant le fioul domestique et les autres gazoles (16 %), les supercarburants (13 %), puis les produits non énergétiques (10 %) et le GPL (7 %) - (figures 4.2.5.1 et 4.2.5.2). Les mêmes produits sont aussi les principaux facteurs de dépense, mais le gazole routier est encore plus prédominant qu’en énergie (56 % y compris biodiesel), et l’essence (20 % y compris bioéthanol) devance le fioul domestique (11 %), car la fiscalité sur les carburants est plus lourde que celle sur les combustibles.

En 2019, les consommations de gazole routier (y compris biodiesel) sont en baisse de 1,9 %, tandis que celles de supercarburants (y compris bioéthanol) augmentent fortement (+ 6,9 %). Le rééquilibrage progressif depuis 2013 du marché des voitures particulières neuves vers les motorisations essence modifie dans ce sens la structure de consommation des carburants routiers depuis 2016.

Figure 4.2.5.1 : consommation de produits pétroliers raffinés par type de produit (hors biocarburants)

* Les consommations de fioul domestique non destiné aux centrales électriques dans les DOM sont incluses dans le gazole non routier.
** Gaz de pétrole liquéfié (butane, propane), hors GPL carburant.
*** Autres : lubrifiants, paraffines et cires, white-spirit et essences spéciales, pétrole lampant, essence aviation, gaz de raffinerie, éthane, autres produits.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES

Figure 4.2.5.2 : consommation par type de produit (y compris biocarburants, données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2015

2016

2017

2018

2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

Gazole routier

35,2

45 442

35,2

43 015

35,1

47 311

33,9

52 091

33,3

50 601

Fioul domestique et autres gazoles

13,3

9 677

12,6

8 027

12,6

9 303

11,9

10 527

11,4

10 096

Supercarburants*

7,5

14 137

7,7

13 747

8,0

15 121

8,3

16 942

8,9

17 932

Jet kérosène

2,0

933

1,9

713

1,9

883

2,0

1 147

2,0

1 112

Gaz de pétrole liquéfié (GPL)

4,4

3 650

4,3

3 251

4,2

3 602

4,2

3 801

4,6

3 732

Fioul lourd

1,4

529

1,3

400

1,2

468

1,0

440

0,9

425

Produits non énergétiques**

7,4

5 241

7,0

4 538

7,7

5 238

6,9

5 609

7,1

5 226

Autres***

2,7

1 075

2,6

879

2,6

1 118

2,5

1 236

2,3

1 004

Total

73,9

80 685

72,5

74 570

73,4

83 044

70,7

91 793

70,6

90 127

* Y compris essence aviation.
** Naphta, bitumes, lubrifiants.
*** Coke de pétrole, pétrole lampant, autres.
Source : calculs SDES