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Bilan énergétique
de la France pour 2019
janvier 2021

4.4 La consommation de charbon et la dépense associée continuent de chuter

La consommation primaire de charbon suit une tendance à la baisse depuis une trentaine d’années, même si elle peut connaître parfois des rebonds, comme ce fut le cas en 2012 et 2013, puis en 2017. En effet, les autres formes d’énergie se substituent progressivement au charbon dans la plupart des secteurs consommateurs. La consommation, corrigée des variations climatiques, atteint un niveau historiquement bas en 2019, en baisse de 20 % par rapport à 2018 (figure 4.4.1). Depuis 2014, la filière fonte constitue le principal secteur d’activité consommateur de charbon en France, avec, en 2019, 55 % de la consommation totale. Elle est suivie par celui de la production d’électricité et de chaleur, qui ne représente plus que 24 % de la consommation (contre 48 % en 2012), avec un recul particulièrement important en 2019 (- 39 % sur un an). La consommation finale (essentiellement celle de l’industrie manufacturière hors hauts-fourneaux) représente, quant à elle, 17 % de l’ensemble des ressources primaires consommées en 2019 (le solde entre les ressources et la somme des consommations des différents secteurs correspondant à l’écart statistique).

La dépense totale en charbon s’élève à 2,1 Md€ en 2019, en retrait de 4 % par rapport à 2018, en euros constants. Après plusieurs années de baisse, elle avait rebondi en 2017, sous l’effet notamment de la reprise de la consommation dans la plupart des secteurs consommateurs, à laquelle s’ajoutait la remontée importante des prix (cf. 1.4). Les hauts-fourneaux, qui consomment majoritairement du coke, issu de la transformation d’un type de charbon plus onéreux que celui utilisé pour la production d’électricité et de chaleur, concentrent, à eux seuls, 67 % de la dépense totale, contre 53 % en 2012.

Figure 4.4.1 : consommation primaire de charbon (hors écart statistique) et dépense totale associée

Note : un opérateur a révisé fortement à la hausse ses productions de gaz dérivés, entraînant une rupture de série entre 2016 et 2017.
Par ailleurs, à partir de 2017, les pertes, auparavant incluses dans l’écart statistique, sont intégrées à la consommation de la filière fonte.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES, d’après A3M, COCIC, Douanes, EDF, GazelEnergie, Insee et SNCU

Outre la filière fonte, dont la consommation totale nette s’élève à 4,1 Mtep en 2019 (cf. 3.3), près de 1,6 Mtep de produits charbonniers - correspondant à une dépense de 0,3 Md€ - a été consommée par la branche énergie en 2019, à des fins de production électrique ou, de façon plus marginale, de production de chaleur vendue ensuite à des tiers (figure 4.4.2). Un peu moins de 0,6 Mtep correspond à du gaz fatal issu des cokeries et hauts-fourneaux, brûlé pour produire de l’électricité sur le site sidérurgique lui-même ou dans une centrale thermique voisine, comme c’est notamment le cas à Dunkerque. La quantité restante (1,0 Mtep) correspond pour l’essentiel à du charbon-vapeur utilisé comme combustible par des centrales thermiques à flamme.

La consommation des centrales a reculé de près de 70 % depuis 2012, reflet de la réduction progressive du parc pour des raisons environnementales et d’obsolescence. Avec l’arrêt de nombreuses tranches de production, la capacité électrique installée des centrales à charbon s’est en effet réduite de plus de moitié sur le territoire métropolitain sur la période, seuls quatre sites restant désormais en service. Au-delà de cette tendance baissière de long terme, leur consommation dépend en grande partie du climat, les centrales thermiques à charbon étant principalement utilisées comme moyens de pointe lors des vagues de froid hivernales. Leur arrêt est prévu dans les années qui viennent.

La consommation de charbon dans ce secteur, corrigée des variations climatiques, décline fortement en 2019, à 1,8 Mtep (- 38 %). En effet, la durée de fonctionnement des centrales en métropole a été fortement réduite, en raison notamment de l’augmentation du prix du certificat d’émission de CO2 ainsi que de la baisse importante du prix du gaz, rendant le charbon moins compétitif.

Les départements d’outre-mer comptent trois installations de production thermique au charbon, dont certaines tranches de production utilisent également un combustible renouvelable issu de la canne à sucre, la bagasse, durant la campagne sucrière.

Avec la chute importante de la production d’électricité à partir de charbon en métropole, la consommation des centrales ultramarines représente, en 2019, plus de la moitié des consommations des producteurs d’électricité ou de chaleur cogénérée dont c’est l’activité principale. Cette part était d’un peu plus de 10 % en 2012. Sur l’ensemble de la consommation dédiée à la production d’électricité et de chaleur, les départements d’outre-mer comptent pour 30 % en 2019, soit 11 points de plus qu’en 2018.

Dans ce contexte, la facture du secteur s’élève en 2019 à 0,3 Md€, soit, en tenant compte de l’inflation, un recul de 26 % par rapport à 2018, et de 39 % par rapport à il y a quatre ans.

Figure 4.4.2 : consommation pour la production d’électricité et de chaleur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2015

2016

2017

2018

2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

En Mtep

En M€2019

Production d'électricité et de chaleur

3,7

518

3,2

443

3,8

673

2,7

427

1,6

316

Charbon primaire

2,9

342

2,6

306

3,2

438

2,1

272

1,0

166

Gaz dérivés

0,7

175

0,6

137

0,6

236

0,6

156

0,6

150

Source : calculs SDES, d’après A3M, Douanes, Insee

La consommation finale de charbon en France s’élève à 1,9 Mt en 2019, soit environ 1,5 Mtep, ce qui représente un recul important sur un an, de 18 %, après cinq années de relative stabilité (figure 4.4.3). Ce repli global est tiré par celui des consommations dans le secteur industriel (hors filière fonte, cf. 3.3). Depuis 2012, la consommation finale a chuté de 22 %.

La dépense correspondant à cette consommation est de 0,4 Md€ en 2019. Mesurée en euros constants, elle baisse de 14 % par rapport à 2018, dans le sillage de la nette contraction des quantités physiques, qui n’est pas compensée par l’augmentation globale des prix. Par rapport à 2012, elle est en recul de 8 %.

Les usages non énergétiques du charbon représentent chaque année environ un cinquième de la consommation finale (19 % en 2019). Ils concernent en premier lieu les secteurs industriels de la chimie et de la construction mécanique puis, dans une moindre mesure, celui des produits minéraux non métalliques. Les usages énergétiques se concentrent, quant à eux, en quasi-totalité dans l’industrie, principalement dans les secteurs du ciment, de la chimie minérale et de l’agroalimentaire. Le charbon est toutefois encore très marginalement utilisé comme combustible, en général pour le chauffage, dans le résidentiel et le tertiaire, notamment dans les Hauts-de-France.

Figure 4.4.3 : consommation finale de charbon (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2015

2016

2017

2018

2019

En Mt

En M€2019

En Mt

En M€2019

En Mt

En M€2019

En Mt

En M€2019

En Mt

En M€2019

Industrie

1,6

186

1,6

183

1,7

228

1,7

265

1,4

221

Charbon primaire

1,4

126

1,3

128

1,4

163

1,5

185

1,2

144

Charbon dérivé

0,3

60

0,3

55

0,2

65

0,3

79

0,3

77

Autres usages énergétiques

0,1

18

0,1

18

0,1

23

0,1

22

0,1

20

Charbon primaire

0,1

11

0,1

12

0,1

16

0,1

15

0,1

14

Charbon dérivé

0,0

6

0,0

7

0,0

6

0,0

7

0,0

7

Usages non énergétiques

0,4

88

0,5

84

0,4

91

0,5

125

0,4

112

Charbon primaire

0,2

43

0,3

57

0,3

50

0,3

53

0,2

38

Charbon dérivé

0,2

45

0,1

27

0,1

41

0,2

73

0,2

74

Total

2,2

292

2,2

286

2,2

342

2,3

412

1,9

353

Charbon primaire

1,7

180

1,7

197

1,8

229

1,8

252

1,4

196

Charbon dérivé

0,5

112

0,4

89

0,4

113

0,5

160

0,5

157

Source : calculs SDES, d’après Insee, enquêtes EACEI et EAP