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Bilan énergétique
de la France pour 2019
janvier 2021

4.5 La consommation d’énergies renouvelables et de déchets poursuit sa progression, à climat constant

4.5.1 Consommation totale

La consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets s’établit à 351 TWh en 2019 et se répartit en 104 TWh d’énergies hydraulique, éolienne et photovoltaïque converties en électricité, 68 TWh de combustibles (principalement de la biomasse et des déchets) brûlés pour produire de l’électricité ou de la chaleur destinée à être commercialisée, 1 TWh de biométhane injecté dans les réseaux et enfin 178 TWh consommés directement par les utilisateurs finaux.

Tous usages confondus, la consommation d’énergies renouvelables et de déchets augmente de 1,9 % sur un an (+ 24,6 % depuis 2012). Cette hausse s’explique principalement par la poursuite du développement de la production éolienne et des pompes à chaleur, qui est néanmoins compensée par un recul de la production hydraulique dû à des conditions pluviométriques moins favorables qu’en 2018 (cf. 2.2.3). À climat constant, la croissance de la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets, entamée depuis une dizaine d’années, s’établit à 1,7 % en 2019 (figure 4.5.1.1). Si l’on exclut l’hydraulique, dont les fluctuations, fortement dépendantes de la pluviométrie, ne sont pas corrigées dans le présent bilan, la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets progresse de 4,9 %, soit un rythme comparable aux années précédentes. La consommation d’énergies renouvelables thermiques et de déchets pour la production d’électricité et de chaleur augmente en particulier de 2,7 %, et la consommation finale de 2,5 % (toujours à climat constant).

Figure 4.5.1.1 : consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets par secteur

* Hors hydraulique, éolien, photovoltaïque, énergies marines.
** Y compris énergies marines.
Note : la consommation de déchets urbains pour la production d’électricité et de chaleur par cogénération n’est pas isolable jusqu’en 1994 et est incluse jusqu’à cette date dans le poste « Production de chaleur seule ».
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DOM.
Source : calculs SDES

La consommation finale (178 TWh en données non corrigées des variations climatiques) correspond aux consommations de combustibles et chaleur primaire provenant de sources renouvelables ainsi que de déchets, destinées à tout usage autre que la production électrique et la production de chaleur commercialisée à des tiers. Le secteur résidentiel en représente, à lui seul, 59 %, suivi du transport (21 %), de l’industrie (12 %), du tertiaire (5 %) et de l’agriculture (2 %).

Environ 106 TWh d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets sont consommés pour le chauffage dans le secteur résidentiel, en nette hausse de 4,1 % sur un an en données réelles et de 3,5 % après correction des variations climatiques. Sur ces 106 TWh, 71 % sont issus de la combustion de bois, 27 % sont extraits des pompes à chaleur et 2 % sont produits par les capteurs solaires thermiques installés chez les particuliers. Après une période de croissance dans les années 2000, la consommation de bois de chauffage connaît un moindre dynamisme ces dernières années, conséquence du recul des ventes d’appareils de chauffage au bois depuis 2013 (hormis une progression forte des poêles à granulés et une progression des poêles à bûches) et de la diminution régulière de la consommation de bois par ménage équipé d’un appareil de chauffage au bois (du fait notamment de l’amélioration de l’efficacité de ces derniers) - (cf. 4.5.2). À l’inverse, les pompes à chaleur, en particulier celles aérothermiques, qui nécessitent un moindre investissement, continuent de se développer fortement dans le résidentiel, grâce notamment aux mesures incitatives pour remplacer les appareils de chauffage aux énergies fossiles.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets par le secteur tertiaire demeure modeste, à 9 TWh en 2019. Elle augmente de 3 % sur un an, en données réelles ainsi qu’à climat constant. Cette consommation, principalement à des fins de chauffage, se répartit entre les filières biomasse solide (34 %), pompes à chaleur (29 %), incinération de déchets (15 %), biogaz (15 %), biocarburants (4 %, correspondant au gazole non routier utilisé marginalement par le secteur tertiaire), géothermie (2 %) et solaire thermique (2 %).

La consommation finale dans l’industrie – pour 71 % de la biomasse solide, 21 % des déchets industriels, 5 % des biocarburants (principalement du gazole non routier) et 3 % du biogaz – s’élève, quant à elle, à 21 TWh en 2019, en diminution de 1,8 % sur un an. L’industrie du papier-carton reste fortement consommatrice de biomasse (6,5 TWh), notamment de liqueur noire, résidu issu de la fabrication du papier kraft et constituant une source d’énergie facilement mobilisable et peu onéreuse.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques dans les transports progresse nettement en 2019 et atteint 37 TWh (cf. 4.5.3), en raison notamment du relèvement des objectifs d’incorporation de la taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (Tirib) et de la hausse de la consommation de carburants essence contenant une forte part de bioéthanol, tels que l’E85 ou le SP95-E10.

4.5.2 Bois-énergie

En 2019, la consommation de bois-énergie s’élève à 108 TWh, en hausse de 0,4 % par rapport à 2018, pour une dépense associée d’environ 2,2 Md€ (figure 4.5.2.1). Celle-ci augmente de 3,4 % sur un an, en raison principalement de l’augmentation du coût payé par les ménages, lié notamment à la hausse du prix des bûches et des granulés (cf. 1.5). Depuis 2015, la hausse de la dépense résulte notamment de la consommation croissante de bois-énergie par les installations de cogénération et de production de chaleur (cf. 2.2.3). Elle se répartit ainsi en 1,6 Md€ dans le secteur résidentiel (soit 72 % du total), 0,5 Md€ dans le secteur énergétique pour la production d’électricité et de chaleur, et un peu moins de 0,1 Md€ dans le secteur tertiaire et dans l’industrie. Cette dépense prend en compte l’achat de bois hors des circuits commerciaux (environ un quart de la consommation en bois-bûche des ménages), mais n’inclut pas l’auto-approvisionnement en bois (environ 40 % de cette même consommation).

Figure 4.5.2.1 : consommation primaire de bois-énergie par secteur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2015

2016

2017

2018

2019

En TWh

En M€2019

En TWh

En M€2019

En TWh

En M€2019

En TWh

En M€2019

En TWh

En M€2019

Consommation primaire totale

100

2 085

110

2 229

107

2 236

107

2 135

108

2 181

Production d'électricité et de chaleur

12

277

16

384

17

389

19

431

19

457

Industrie

9

91

10

80

9

74

10

84

9

72

Résidentiel

75

1 646

80

1 693

77

1 699

74

1 547

75

1 574

Tertiaire

3

71

3

72

3

73

3

73

3

77

Agriculture-pêche

2

0

2

0

2

0

2

0

2

0

Note : la consommation primaire de bois-énergie (hors liqueur noire) s’élève à 108 TWh en 2019, pour une dépense correspondante de 2,2 Md€.
Source : calculs SDES

4.5.3 Biocarburants

La consommation de biocarburants s’établit à 3,5 Mtep en 2019, dont 2,8 Mtep de biodiesel et 0,7 Mtep de bioéthanol. La consommation de biocarburants poursuit sa hausse en 2019, prolongeant ainsi plusieurs années de croissance soutenue (+ 29 % par rapport à 2012), liée notamment au relèvement progressif des objectifs d’incorporation de la taxe Tirib. La dépense associée, qui progressait nettement depuis 2015, diminue en 2019 de 3,5 % en euros constants. Hors prise en compte des coûts de distribution et des taxes (affectés par convention dans le présent bilan aux produits pétroliers avec lesquels ils sont mélangés), les dépenses de biodiesel s’élèvent à 2,3 Md€ (- 6,4 % par rapport à 2018 en euros constants), et celles de bioéthanol à 0,6 Md€ (+ 9,4 %).

Figure 4.5.3.1 : consommation de biocarburants et dépense totale associée

Source : calculs SDES, d’après DGDDI et FAO

Comme les prix des biocarburants sont supérieurs à ceux des produits pétroliers auxquels ils sont mélangés (le gazole pour le biodiesel et les supercarburants pour le bioéthanol), leur incorporation engendre un coût pour la collectivité. Ce surcoût peut être estimé à 0,9 Md€ en 2019 (figure 4.5.3.2). Celui-ci est en recul, de 11 % par rapport à 2018 (en euros constants), en raison principalement d’un recul du coût de l’approvisionnement en biodiesel.

Figure 4.5.3.2 : surcoût d’incorporation des biocarburants

Source : calculs SDES, d’après DGDDI et CPDP