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Bilan énergétique
de la France pour 2019
janvier 2021

1.4 Les prix du charbon à l’importation et à la consommation sont en hausse malgré une baisse des cours

1.4.1 Prix de gros du charbon

Comme les autres produits énergétiques, le charbon fait l’objet d’échanges internationaux, soit de gré à gré, soit sur des marchés organisés, au comptant ou à terme. Deux marchés doivent être distingués : celui du charbon-vapeur et celui du charbon à coke. Le premier, aux exigences de qualité moindre que le second, s’échange en général à des prix inférieurs.

Le prix du charbon-vapeur a connu une baisse quasi continue entre avril 2011 et février 2016, passant de 128 $/t à 44 $/t sur le marché spot européen (figure 1.4.1.1). Cette chute est notamment liée au développement de l’exploitation du gaz de schiste aux États-Unis et à son utilisation pour la production électrique, au détriment du charbon, ainsi qu’au repli de la demande de charbon en Chine. Ce repli peut lui-même s’expliquer par le ralentissement de la croissance économique de la Chine et sa diversification énergétique progressive. La tendance s’est toutefois inversée à partir du printemps 2016, le prix du charbon-vapeur dépassant le seuil de 100 $/t au milieu de l’année 2018. Ce rebond semble avoir été déclenché principalement par la diminution de la production chinoise à la suite de la réduction, décidée par le gouvernement en avril 2016, du nombre de jours d’activité dans les mines (de 330 jours à 276 jours par an), afin de diminuer les surcapacités et limiter la pollution locale. Néanmoins, la chute drastique et quasi continue des cours du gaz depuis le dernier trimestre 2018 (cf. 1.3) a poussé le prix du charbon fortement à la baisse, le gaz et le charbon étant en concurrence pour la production d’électricité dans la plupart des pays émergents. Ainsi, en mai 2020, le cours du charbon-vapeur est tombé sous la barre des 40 $ la tonne.

Figure 1.4.1.1 : prix spot du charbon-vapeur sur le marché Anvers-Rotterdam-Amsterdam (ARA)

Note : le prix du charbon-vapeur est un prix coût, assurance et fret inclus (CAF).
Source : ICE (Intercontinental Exchange)

Le charbon est principalement importé sous forme primaire en France et son prix moyen s’est élevé à 150 €/t en 2019 (figure 1.4.1.2). Il augmente de 10 % sur un an, tiré probablement par un double effet de structure des importations : les centrales électriques de métropole, consommant principalement du charbon-vapeur, ont en effet été très peu utilisées en 2019. Ainsi, l’importance relative des DOM dans les importations est en hausse, et les achats de charbon y sont plus chers. En outre, du fait du moindre besoin de charbon-vapeur, c’est surtout du charbon à coke, de meilleure qualité mais à un prix plus élevé, qui a été importé pour être utilisé par la filière fonte. Des quantités faibles de charbon dérivé, essentiellement du coke, ont été importées à un prix moyen de 302 €/t, également en légère augmentation sur un an (+ 3 %). Les prix à l’exportation du charbon dérivé, qui concernent des quantités beaucoup plus faibles, ont connu en revanche une forte baisse, avec un prix moyen atteignant 137 €/t, soit moins de la moitié du prix moyen de 2018.

Figure 1.4.1.2 : prix moyens du charbon primaire et du charbon dérivé à l’importation et à l’exportation

En €/t

2015

2016

2017

2018

2019

Importations

93

88

132

136

150

Charbon primaire

88

84

128

128

140

Charbon dérivé

215

201

251

294

302

Exportations

191

160

168

298

137

Charbon dérivé

191

160

168

298

137

Source : DGDDI

1.4.2 Prix du charbon pour les consommateurs

La filière fonte (i.e. les cokeries, les hauts-fourneaux et les installations en aval de ces derniers dans les sites intégrés) a payé le charbon primaire qu’elle a consommé 155 €/t en moyenne en 2019, en baisse de 4 % sur un an (figure 1.4.2.1). Les producteurs d’électricité et/ou de chaleur, exclusivement consommateurs de charbon-vapeur, ont payé ce dernier 98 €/t en moyenne en 2019. Les prix pour les autres consommateurs (industrie hors sidérurgie, résidentiel et tertiaire) se sont élevés en moyenne à respectivement 139 €/t (en hausse de 2 % sur un an) et 339 €/t (en hausse de 2 % également). Ces derniers prix intègrent probablement des marges de transport et d’intermédiation, dans la mesure où ces acteurs, consommant moins que les entreprises sidérurgiques intégrées et les producteurs d’électricité, sont moins susceptibles d’importer eux-mêmes le charbon.

Figure 1.4.2.1 : prix moyens à la consommation du charbon primaire et du charbon dérivé par secteur

En €/t

2015

2016

2017

2018

2019

Consommation filière fonte

143

147

208

200

215

Charbon primaire

104

101

177

162

155

Charbon dérivé

223

244

275

276

329

Énergie (hors filière fonte)

69

69

82

78

98

Charbon primaire

69

69

82

78

98

Consommation finale totale

130

128

151

178

189

Charbon primaire

104

109

125

137

139

Charbon dérivé

218

202

263

333

339

Source : calculs SDES