datalab
Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

2.3 La facture énergétique de la France diminue fortement

2.3.1 Pétrole brut et raffiné

Commerce extérieur de pétrole brut

Les limitations de déplacements liées à la crise sanitaire ont entraîné un recul important de la demande de produits pétroliers en 2020. En conséquence, les importations françaises de pétrole brut, très affectées par la baisse drastique de l’activité de raffinage, chutent de 32 % en 2020, à 33,9 Mtep (figure 2.3.1.1). Elles atteignent ainsi leur niveau le plus bas depuis plus d’un demi-siècle. En 2019, elles s’étaient déjà repliées pour la deuxième année consécutive (- 8,7 % par rapport à 2018, après - 7,8 %), en raison notamment de deux grands arrêts de maintenance. Au-delà des aléas conjoncturels, l’activité de raffinage en France se réduit tendanciellement depuis plusieurs années (cf. 3.1). Les importations de pétrole brut ont ainsi baissé de plus de 60 % depuis 2008.

La facture correspondante de la France s’établit à 9,8 Md€ en 2020 : elle diminue nettement (- 55,2 % en euros constants), en raison, d’une part, de la nette baisse des quantités achetées et, d’autre part, de la chute inédite des cours. Elle a été divisée par quatre depuis 2011.

Figure 2.3.1.1 : importations de pétrole brut*

2016

2017

2018

2019

2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

Importations

57,2

17 563

59,0

22 085

54,4

25 402

49,7

21 827

33,9

9 769

* Y compris de faibles quantités de condensats à destination du raffinage et de la pétrochimie, d’additifs oxygénés (non issus de biomasse) et d’autres produits à distiller.
Sources : SDES, enquête auprès des raffineurs ; DGDDI ; SARA

En 2020, la France achète 42 % de son pétrole brut auprès des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), contre un peu plus de la moitié (52 %) en 2019.

Le Kazakhstan se hisse au premier rang en 2020, avec 5,3 Mtep (16 % du total). La baisse des importations en provenance de ce pays (- 23 %) est en effet moindre que celles en provenance des quatre autres principaux pays fournisseurs de pétrole brut en 2019 (- 40 % ou plus). En particulier, les importations en provenance d’Arabie saoudite, fournisseur historique, s’effondrent de près de moitié (- 46 %), faisant reculer le pays de la première à la troisième place ; la Russie est passée de la troisième à la septième position (- 53 %, avec 3,0 Mtep), et le Nigeria a perdu deux rangs (- 46 %, avec 3,3 Mtep).

En revanche, les importations depuis les États-Unis augmentent (+ 12 %, à 4,3 Mtep) : ils passent ainsi de la sixième place en 2019 à la deuxième en 2020. Les quantités provenant de Norvège croissent dans les mêmes proportions (+ 0,4 Mtep, soit + 13 %).

Alors que l’accord international sur le nucléaire signé en juillet 2015 avait rétabli l’Iran dans le marché pétrolier, le retrait des États-Unis de cet accord en mai 2018 et le rétablissement des sanctions ont affecté les exportations de l’Iran à destination de la France : réduites de plus de moitié en 2018, elles sont devenues inexistantes en 2019 et 2020. La part de l’Afrique du Nord dans le total a diminué de 4 points, à 13,1 %, tandis que le pétrole de la mer du Nord occupe une part grandissante des importations (13,0 % ; + 5 points).

Figure 2.3.1.2 : origine des importations de pétrole brut*

En millions de tep

1973

1979

1990

2000

2010

2015

2018

2019

2020

En %

En %

Grandes zones

Moyen-Orient

98,5

71,4

96,6

32,4

32,3

11,4

14,6

12,9

10,4

5,3

15,5

Afrique du Nord

18,7

13,5

9,7

7,3

6,4

12,4

7,2

10,2

8,6

4,4

13,1

Afrique subsaharienne

15,3

11,1

11,2

14,1

7,7

8,7

13,7

7,9

8,0

5,9

17,4

Mer du Nord**

0,2

0,1

4,3

10,7

32,6

10,9

5,8

4,2

3,8

4,4

13,0

Ex-URSS

3,4

2,5

5,1

6,4

8,2

21,5

16,5

17,2

14,6

8,9

26,2

Amérique du Nord

-

-

-

2,5

-

-

1,4

1,7

3,8

4,3

12,7

Autres

1,8

1,3

1,7

1,6

0,3

0,9

0,4

0,3

0,6

0,7

2,1

Total

137,9

100,0

128,6

75,0

87,6

65,7

59,6

54,4

49,7

33,9

100,0

dont Opep***

130,5

94,7

114,3

43,9

40,7

28,2

32,6

30,0

25,8

14,3

42,2

Opep hors Irak

111,5

80,8

91,1

40,8

33,4

25,7

29,8

28,7

23,0

13,3

39,3

Principaux fournisseurs

Kazakhstan

-

-

-

-

2,1

7,0

8,0

8,3

6,9

5,3

15,6

États-Unis

-

-

-

0,1

1,6

3,8

4,3

12,7

Arabie saoudite

30,8

22,4

45,3

15,5

15,6

6,1

10,8

8,1

7,4

4,0

11,8

Norvège

0,2

0,1

1,6

6,0

21,6

7,2

4,2

3,4

3,2

3,6

10,7

Algérie

11,3

8,2

5,2

3,1

3,5

0,9

4,7

5,2

5,8

3,5

10,3

Nigeria

12,9

9,3

9,8

3,2

4,9

2,9

6,8

5,9

6,1

3,3

9,6

Russie

-

-

-

-

5,1

11,3

4,8

7,8

6,3

3,0

8,7

Angola

-

-

-

2,8

1,9

3,5

4,4

1,1

0,9

1,4

4,1

Irak

19,1

13,8

23,2

3,1

7,4

2,4

2,8

1,2

2,8

1,0

2,9

Libye

6,6

4,8

4,1

3,0

2,5

10,5

2,1

4,8

2,6

0,9

2,7

Royaume-Uni

-

-

2,7

4,8

10,1

3,4

1,6

0,8

0,6

0,8

2,3

Azerbaïdjan

-

-

-

-

0,6

3,2

3,7

1,1

1,4

0,6

1,9

Brésil

-

-

-

-

0,1

0,7

-

0,1

0,4

0,3

0,8

Ghana

-

-

-

-

-

-

-

0,4

0,4

0,1

0,4

Iran

11,1

8,0

8,0

9,2

5,3

1,8

-

3,3

-

-

-

Guinée équatoriale

-

-

-

-

-

0,6

1,0

-

-

-

-

Mexique

-

-

-

2,5

-

-

1,3

-

-

-

-

Congo

1,0

0,7

-

0,9

0,0

1,3

0,1

-

-

-

-

* Y compris de faibles quantités de condensats à destination du raffinage et de la pétrochimie, d’additifs oxygénés (non issus de biomasse) et d’autres produits à distiller.
** Royaume-Uni, Pays-Bas, Norvège et Danemark.
*** Opep : en 2020 : Algérie, Angola, Arabie saoudite, Congo, Émirats arabes unis, Équateur, Gabon, Guinée équatoriale, Irak, Iran, Koweit, Libye, Nigeria, Venezuela.
Note : le pétrole est classé dans ce tableau selon le pays où il a été extrait. Jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Sources : SDES, enquête auprès des raffineurs ; DGDDI ; SARA

Commerce extérieur de produits raffinés

Après avoir augmenté durant deux années consécutives (+ 6,5 % en 2019, après + 2,4 % en 2018), les importations de produits raffinés diminuent de 3,0 % en 2020, à 44,2 Mtep (figure 2.3.1.3). La production des raffineries est très affectée par la crise sanitaire et entraîne un effondrement des exportations, de 24,9 %, à 13,1 Mtep. Les exportations avaient déjà reculé nettement en 2019 (- 14,1 %), alors qu’elles diminuaient plus modérément depuis 2016. Le solde importateur de la France en produits raffinés continue ainsi de progresser, à 31,2 Mtep, pour atteindre un niveau historique. Les importations s’élèvent à 16,6 Md€ en 2020, contre 24,8 Md€2020 en 2019, tandis que les exportations se montent à 6,8 Md€ (10,9 Md€2020 en 2019). Les échanges extérieurs de produits raffinés contribuent à hauteur de 9,8 Md€ au déficit commercial de la France. La facture s’allège en 2020 (- 28,9 %), sous l’effet de la baisse inédite des prix, alors que le solde des échanges physiques se dégrade.

La France achète principalement du gazole et du fioul domestique. Les importations de ces deux produits, déduction faite des volumes exportés, représentent 23,9 Mtep en 2020, pour une dépense nette correspondante de 8,6 Md€. La France est également importatrice nette de kérosène (2,6 Mtep) et de gaz de pétrole liquéfié (GPL, 2,3 Mtep). À l’inverse, elle exporte essentiellement des supercarburants (0,9 Mtep, nettes des importations), et allège ainsi sa facture de 0,4 Md€ (0,5 Md€2020 en 2019). Dans une moindre mesure, elle est aussi devenue, depuis quelques années, exportatrice nette de fioul lourd (la demande intérieure pour ce produit décline régulièrement). En 2020, la France est importatrice nette de produits non énergétiques, principalement du naphta (2,9 Mtep), à destination de l’industrie pétrochimique.

L’évolution sur un an des importations est contrastée entre produits : alors que les achats de la plupart des produits pétroliers plongent (- 33,1 % pour les carburéacteurs, - 9,3 % pour le GPL, - 8,8 % pour les supercarburants, - 29,7 % pour le fioul lourd), ceux de l’ensemble gazole et fioul domestique, qui représentent la majorité du total, ainsi que ceux de naphta augmentent (respectivement + 2,7 % et + 62,7 %). Concernant les exportations, elles diminuent considérablement, d’au moins 15 %, excepté pour le GPL et les « autres produits ».

Figure 2.3.1.3 : solde importateur des produits raffinés

2016

2017

2018

2019

2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

En Mtep

En M€2020

Importations

42,0

16 793

41,8

19 968

42,8

24 195

45,6

24 801

44,2

16 616

Gazole/Fioul domestique

22,8

9 173

22,3

10 706

22,8

13 146

24,8

13 869

25,5

9 313

Supercarburants*

1,3

665

1,6

878

1,5

884

1,6

924

1,4

579

Jet kérosène

4,7

1 848

4,5

2 164

5,9

3 491

6,2

3 534

4,1

1 445

Gaz de pétrole liquéfié (GPL)

3,8

1 091

3,6

1 303

3,5

1 308

3,7

1 191

3,3

952

Fioul lourd

4,0

1 217

3,4

1 312

3,3

1 449

2,8

1 222

1,9

652

Produits non énergétiques**

4,1

1 949

5,0

2 707

4,5

2 828

5,3

2 973

6,8

2 750

Autres***

1,3

851

1,4

898

1,4

1 090

1,4

1 087

1,1

925

Exportations

20,8

9 880

20,5

11 664

20,2

12 958

17,4

10 946

13,1

6 769

Gazole/Fioul domestique

2,1

818

2,6

1 202

2,2

1 239

2,6

1 351

1,5

666

Supercarburants*

4,8

1 952

4,6

2 245

3,3

1 822

2,8

1 425

2,3

703

Jet kérosène

1,0

417

1,2

568

2,0

1 150

1,8

964

1,5

473

Gaz de pétrole liquéfié (GPL)

1,3

431

1,3

587

1,2

564

1,0

427

1,0

301

Fioul lourd

5,6

1 181

4,6

1 382

4,7

1 818

3,7

1 397

2,5

642

Produits non énergétiques**

5,1

2 963

5,2

3 443

5,9

4 056

4,6

3 174

3,2

2 061

Autres***

0,9

2 117

1,0

2 237

1,0

2 310

1,0

2 208

1,1

1 923

Solde importateur

21,2

6 914

21,3

8 304

22,6

11 237

28,2

13 855

31,2

9 847

Gazole/Fioul domestique

20,7

8 355

19,7

9 504

20,6

11 908

22,2

12 518

23,9

8 648

Supercarburants*

- 3,6

- 1 287

- 3,0

- 1 367

- 1,9

- 938

- 1,2

- 501

- 0,9

- 125

Jet kérosène

3,6

1 432

3,3

1 596

3,9

2 341

4,4

2 570

2,6

972

Gaz de pétrole liquéfié (GPL)

2,5

659

2,3

716

2,3

744

2,7

765

2,3

651

Fioul lourd

- 1,6

36

- 1,1

-69

- 1,4

-369

- 0,9

- 175

- 0,6

11

Produits non énergétiques**

- 1,0

- 1 014

- 0,2

- 736

- 1,4

- 1 228

0,7

- 201

3,6

689

Autres***

0,4

- 1 266

0,4

- 1 339

0,4

- 1 221

0,4

- 1 120

0,0

- 998

* Y compris essence aviation.
** Naphta, bitumes, lubrifiants.
*** Coke de pétrole, pétrole lampant, autres.
Note : les valeurs monétaires sont données coût, assurance et fret inclus (CAF) pour les importations, et franco à bord (FAB) pour les exportations.

Source : calculs SDES, d’après DGDDI

Les importations en produits raffinés de la France proviennent pour 44 % d’Europe (hors Russie) et pour 17 % de Russie (+ 23 %) - (figure 2.3.1.4). La part de marché de cette dernière progresse de 4 points par rapport à 2019. Celle de l’Arabie saoudite passe de 12 % à 9 %, tandis que les États-Unis, qui occupaient le deuxième rang jusqu’en 2018, représentent 8 % du total comme en 2019. Le gazole et le fioul domestique proviennent pour 44 % d’Europe (11,1 Mtep, + 4 points par rapport à 2019), pour 25 % de Russie (+ 8 points) et pour 17 % du Moyen-Orient (- 4 points). 7 % sont acheminés depuis les États-Unis (1,9 Mtep), comme en 2019, tandis que 2 % proviennent d’Inde (- 4 points sur un an). Le Moyen-Orient reste la première région d’approvisionnement en kérosène de la France, avec 49 % des importations (- 7 points par rapport à 2019). Comme en 2019, le GPL est, quant à lui, importé principalement d’Algérie (36 %), des États-Unis (27 %, soit 4 points de part de marché supplémentaire), de Norvège (16 %) et du Royaume-Uni (10 %, - 2 points). Enfin, le naphta provient d’abord d’Europe (2,3 Mtep, soit 38 % de plus qu’en 2019), d’Algérie (1,3 Mtep, contre 0,7 Mtep en 2019), puis de Russie (0,7 Mtep, + 0,5 Mtep).

Près de 70 % des exportations françaises de produits raffinés sont à destination de l’Europe en 2020 ; cette proportion diminue modérément (- 2 points). Les produits acheminés vers les États-Unis représentent 7 % des exportations, comme en 2019.

Les États-Unis concentrent 40 % des quantités de supercarburants (0,9 Mtep) exportées, part en hausse de 2 points, malgré une baisse des volumes de 13 %. La part à destination de l’Europe diminue de 5 points, pour s’établir à 20 %. Celle en direction du Nigeria continue d’augmenter fortement pour atteindre 17 %, contre 8 % en 2019 et 4 % en 2018. Comme en 2019, le fioul lourd est acheminé pour l’essentiel dans l’Union européenne (85 %).

Figure 2.3.1.4 : importations de produits pétroliers raffinés par pays en 2019 et 2020

Source : calculs SDES, d’après DGDDI

Stocks pétroliers

Entre fin 2019 et fin 2020, les stocks français de pétrole brut et d’autres charges de raffinage diminuent de 0,2 Mtep, pour s’établir à 7,2 Mtep en fin d’année (6,4 Mtep de pétrole brut et 0,8 Mtep de charges de raffinage). Ils atteignent leur plus bas niveau depuis 1995. Après deux années consécutives de baisse, les stocks de produits raffinés repartent à la hausse en 2020, à 14,0 Mtep (+ 1,3 %).

L’essentiel de ces stocks correspond aux obligations de stockage stratégique de produits pétroliers, devant couvrir au minimum 90 jours d’importations nettes.

2.3.2 Gaz naturel

Les importations de gaz naturel arrivent en France métropolitaine principalement sous forme gazeuse par un réseau de gazoducs, terrestres ou sous-marins, ou bien sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) par méthanier. Les entrées brutes de gaz naturel sur le territoire s’élèvent à 533 TWh PCS et diminuent de 15,7 % en 2020, alors qu’elles augmentaient continûment depuis 2015 (figure 2.3.2.1). Amplifiée par la chute des prix, cette diminution des entrées (cf. 1.3.1) entraîne une très forte baisse du coût des importations, qui s’établit à 6,2 Md€ en 2020 (- 43,5 % en euros constants par rapport à 2019).

Les entrées brutes par gazoduc reculent de 15,2 %, à 336 TWh. Après avoir atteint un niveau inédit en 2019, les importations de GNL se replient de 16 % et s’élèvent à 197 TWh en 2020. Le GNL regazéifié représente 37 % des entrées brutes de gaz naturel, comme l’année précédente. Le terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne réceptionne 43 % des importations de GNL, le terminal de Fos-sur-Mer en reçoit 33 % et celui de Dunkerque 24 %. Enfin, outre les injections de GNL regazéifié dans le réseau depuis les terminaux méthaniers, du GNL est également directement acheminé par camion-citerne jusqu’à certains industriels ou des stations-service. Les volumes correspondants sont encore relativement faibles (2,0 TWh).

Les sorties du territoire, sous forme gazeuse, s’effectuent aux points d’interconnexion du réseau (PIR) de gazoduc de France métropolitaine avec les réseaux étrangers, principalement espagnol (PIR Pirineos), suisse (PIR Oltingue et Jura) et belge (PIR Alveringem). Les exportations diminuent parallèlement aux importations, avec quasiment la même ampleur (- 15,6 % en 2020). Ce sont ainsi 106 TWh de gaz qui ont été réexportés en 2020, pour une recette correspondante s’élevant à 1,1 Md€.

Le solde importateur de la France en gaz naturel, net des exportations, diminue de 15,7 % en 2020, pour atteindre 427 TWh. En raison de la chute des prix du gaz, la facture correspondante recule plus fortement, de 41,9 %, pour s’établir à 5,1 Md€ en 2020.

Figure 2.3.2.1 : solde importateur de gaz naturel

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

Importations

532,8

8 865

557,7

10 218

567,2

12 558

631,9

11 034

532,7

6 228

Selon la forme de gaz

Gaz sous forme gazeuse

453,4

7 474

451,0

8 386

445,9

10 140

396,3

7 070

335,9

3 865

GNL** regazéifié

79,5

1 390

106,6

1 833

119,9

2 418

233,6

3 929

194,8

2 339

GNL** porté

n.d.

n.d.

n.d.

n.d.

1,4

n.d.

2,1

35

2,0

24

Selon le type de contrat

Court terme

96,9

n.d.

110,0

n.d.

171,7

n.d.

188,7

n.d.

153,0

n.d.

Moyen et long terme

435,9

n.d.

447,7

n.d.

395,5

n.d.

443,3

n.d.

379,7

n.d.

Exportations

43,1

714

70,1

1 278

68,7

1 467

125,1

2 190

105,6

1 094

Solde échanges extérieurs

489,7

8 151

487,6

8 940

498,4

11 091

506,8

8 843

427,1

5 134

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
** GNL : gaz naturel liquéfié. Il est soit regazéifié pour être ensuite injecté dans les réseaux de gaz, soit directement acheminé par camion-citerne à des industriels ou des stations-service.
n.d. : non disponible.
Note : les données relatives aux importations et aux exportations incluent le gaz transitant sur le territoire national. Par ailleurs, les importations de GNL diffèrent des injections dans le réseau de GNL regazéifié, l’écart correspondant à la variation des stocks des terminaux méthaniers (- 0,1 TWh en 2020).
Source : calculs SDES, d’après GRTgaz, Teréga, les fournisseurs de gaz, DGDDI

La Norvège demeure le principal fournisseur de la France en 2020 (36 % du total des entrées brutes) et reste loin devant la Russie (17 %), l’Algérie (8 %), les Pays-Bas (8 %), le Nigeria (7 %) et le Qatar (2 %). Les autres pays, dont le développement traduit une diversification des approvisionnements permise par l’importation de GNL (figure 2.3.2.2), contribuent pour 22 % au total des entrées brutes. La baisse des importations françaises de gaz naturel en 2020 est portée par la Russie (- 28 %, - 5,5 points sur l’évolution du solde global), la Norvège (- 15 %, - 5,2 points), le Qatar (- 68 %, - 2,8 points), le Nigeria (- 27 %, - 2,4 points), les Pays-Bas (- 15 %, - 1,1 point) et l’Algérie (- 4 %, - 0,3 point). À l’inverse, les achats auprès d’autres pays, dont une partie est relative au gaz pour lequel le lieu de production ne peut pas être tracé (lorsqu’il est acheté sur les marchés du nord-ouest de l’Europe par exemple), progressent de 8 % (+ 1,5 point sur l’évolution du solde global).

Figure 2.3.2.2 : origine des importations de gaz naturel

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Source : calculs SDES, enquête mensuelle sur la statistique gazière

Si l’approvisionnement français en gaz naturel est assuré, pour l’essentiel, par les importations, la gestion des stocks permet d’ajuster l’offre à la demande intérieure. Celle-ci varie fortement en cours d’année avec les besoins en chauffage (figure 2.3.2.3). En général, les stocks sont sollicités de novembre à mars, période communément appelée « hiver gazier », avant d’être progressivement reconstitués d’avril à octobre. Les stocks utiles s’élèvent à 102 TWh fin 2020, après avoir diminué de 23,6 TWh entre fin décembre 2019 et fin décembre 2020. La dépense correspondante baisse de 272 M€ (figure 2.3.2.4). Les stocks utiles avaient atteint un point haut en octobre 2019, à la suite de la réforme de la régulation du stockage de gaz.

Figure 2.3.2.3 : niveau des stocks utiles de gaz naturel (y compris GNL) en fin de mois

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Source : calculs SDES, enquête mensuelle sur la statistique gazière

Figure 2.3.2.4 : variations de stocks de gaz naturel

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

En TWh PCS*

En M€2020

Variations de stocks

4,8

79,6

9,6

183,1

- 22,5

- 514,2

- 21,8

- 389,0

23,6

271,7

* PCS : pouvoir calorifique supérieur.
Note : les variations de stocks sont comptées positivement en cas de déstockage, négativement en cas de stockage.
Source : calculs SDES, enquête mensuelle sur la statistique gazière

2.3.3 Charbon

L’approvisionnement de la France en charbon primaire repose presque exclusivement sur ses importations, qui s’élèvent à 55,4 TWh en 2020 (figure 2.3.3.1). La majeure partie de ces importations vise à répondre aux besoins d’un nombre limité de consommateurs, notamment des établissements de la filière sidérurgique et des centrales électriques à charbon, même si ces dernières tendent à être globalement de moins en moins sollicitées.

La France importe par ailleurs de faibles volumes de charbon dérivé (moins de 10 TWh chaque année). Il s’agit, pour l’essentiel, de coke venant compléter la production nationale destinée aux hauts-fourneaux et, dans une moindre mesure, de briquettes de lignite et de produits agglomérés.

Tous produits confondus, les importations de charbon, nettes des (faibles) volumes exportés, s’élèvent à 59,2 TWh en 2020. Elles diminuent de 30 % par rapport à 2019, en raison de la chute de la demande due à la crise sanitaire dans les principaux secteurs consommateurs, notamment la filière fonte (cf. 3.3). Déjà faibles en 2019, en lien avec le recul important de la demande pour la production d’électricité en métropole et celle de l’industrie hors filière fonte, les importations de charbon atteignent en 2020 leur plus bas niveau depuis plusieurs décennies.

En conséquence, la facture charbonnière de la France se contracte, à 0,9 Md€, soit un recul de près de moitié (- 47 %), du fait de la chute à la fois des quantités et des prix (cf. 1.4). Si le charbon dérivé ne représente que 7 % des quantités importées, il pèse davantage dans la facture correspondante (15 %), en raison de prix bien plus élevés que ceux du charbon primaire.

Figure 2.3.3.1 : solde importateur de produits charbonniers

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Importations

99,7

1 216

117,4

2 162

107,5

1 989

84,8

1 679

59,3

870

Charbon primaire

96,4

1 122

113,1

2 011

102,4

1 785

79,6

1 465

55,4

738

Charbon dérivé

3,3

94

4,3

152

5,0

203

5,2

214

4,0

132

Exportations

0,6

14

0,0

1

0,4

16

0,0

1

0,1

2

Charbon dérivé

0,6

14

0,0

1

0,4

16

0,0

1

0,1

2

Solde importateur

99,1

1 202

117,4

2 161

107,1

1 973

84,7

1 678

59,2

868

Charbon primaire

96,4

1 122

113,1

2 011

102,4

1 785

79,6

1 465

55,4

738

Charbon dérivé

2,7

80

4,3

151

4,6

187,7

5,2

213

3,9

130

Note : conformément à la méthodologie de l’AIE, les importations sont nettes des réexportations.
Sources : calculs SDES, d’après DGDDI ; Insee

Les cinq principaux fournisseurs de charbon de la France demeurent les mêmes qu’en 2019 (figure 2.3.3.2). La Russie reste en 2020 le plus important d’entre eux, avec 31 % de part de marché, soit 2 points de plus qu’en 2019. L’Australie vient ensuite, avec 25 %, contre 28 % un an auparavant. Elle est suivie par les États-Unis et l’Afrique du Sud, chacun représentant 12 % du total des importations. Les livraisons en provenance de la Colombie, qui reste en cinquième position, ont chuté de plus d’un tiers.

Figure 2.3.3.2 : origine des importations de charbon

Note : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES, d’après DGDDI

Fin 2020, les opérateurs ont globalement déstocké des produits charbonniers, à hauteur de 2,3 TWh (figure 2.3.3.3). Le charbon est entreposé soit dans les ports où sont réceptionnées les importations, soit directement sur les principaux sites consommateurs : centrales électriques, sites sidérurgiques ou autres sites industriels (sucreries, papeteries...). La consommation des centrales métropolitaines ayant chuté, l’autonomie correspondant à leurs stocks augmente par rapport à fin décembre 2019 (38 mois au rythme actuel annualisé de la consommation, soit 5 mois de plus qu’en 2019 et 30 mois de plus qu’en décembre 2018).

Figure 2.3.3.3 : variations de stocks de produits charbonniers

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Variations de stocks

6,7

51

- 2,2

- 110

- 1,1

- 18

0,4

- 10

2,3

23

Charbon primaire

7,4

69

- 0,5

- 45

- 1,4

- 31

0,7

2

2,4

30

Charbon dérivé

- 0,7

- 18

- 1,7

- 65

0,3

12

- 0,3

- 12

- 0,2

- 7

Note : la variation des stocks physiques est positive en cas de déstockage, négative dans le cas contraire. Sa valorisation monétaire peut être de signe opposé, en raison de prix différenciés entre produits ou, pour un même produit, entre périodes de l’année où les stocks augmentent et périodes où ceux-ci diminuent.
Sources : A3M ; DGDDI ; EDF ; GazelEnergie ; Insee

2.3.4 Bois-énergie

Auparavant exportatrice nette de bois-énergie, la France enregistre depuis quelques années un déficit commercial sur le bois-énergie. Ainsi, en 2020, les achats français, nets des quantités exportées, s’élèvent à 0,7 TWh, pour une facture correspondante de 71 M€ (figure 2.3.4.1).

En 2020, le solde monétaire du commerce extérieur reste globalement stable, les importations et les exportations diminuant respectivement de 15 et 14 M€ par rapport à l’année précédente (en euros 2020). Toutefois, sur plus longue période, le solde du commerce extérieur paraît se dégrader, en raison d’importations en hausse, notamment de granulés, et de prix à l’importation constamment supérieurs aux prix à l’exportation (cf. 1.5).

Les pays frontaliers concentrent la plupart du commerce extérieur de bois-énergie, en particulier la Belgique qui, en 2020, totalise 40 % des importations et 48 % des exportations de bois-énergie, ainsi que l’Allemagne (18 % des importations) et l’Italie (20 % des exportations).

Figure 2.3.4.1 : échanges extérieurs de bois-énergie

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Importations

2,0

78

2,3

81

2,5

104

2,7

127

2,7

112

Exportations

2,4

66

2,5

70

2,7

74

2,3

55

1,9

41

Solde importateur

- 0,4

13

- 0,2

12

- 0,2

30

0,5

72

0,7

71

Source : calculs SDES, d’après DGDDI

Figure 2.3.4.2 : échanges extérieurs de bois-énergie par pays en 2020

Source : calculs SDES, d’après DGDDI

2.3.5 Biocarburants

La France est importatrice nette de biocarburants, destinés à être incorporés au gazole (biodiesel) ou aux supercarburants (bioéthanol). Les achats français de biocarburants, nets des volumes exportés, s’élèvent à 6,8 TWh en 2020 (soit 20 % des biocarburants consommés en France), pour une facture correspondante de 0,4 Md€ (figure 2.3.5.1). Ce déficit des échanges extérieurs est très majoritairement imputable au biodiesel.

La facture diminue d’environ 54 % en 2020 en euros constants. Cette diminution résulte principalement de la baisse de la consommation de biocarburants, consécutive aux limitations de déplacements liées à la crise sanitaire, qui s’est traduite par un recul des importations de biocarburants, en particulier de biodiesel.

Dans le bilan de l’énergie, suivant les conventions statistiques internationales, les biocarburants sont considérés comme une ressource énergétique domestique dès lors que la transformation de matières premières est réalisée sur le sol national. On peut toutefois également s’intéresser au lieu de production des matières premières elles-mêmes : de ce point de vue, 26 % du biodiesel (y compris huiles végétales hydro-traitées gazole, HVHTG) et 65 % des biocarburants essence (y compris huiles végétales hydro-traitées essence, HVHTE) consommés en France sont d’origine nationale en 2020, parts qui restent relativement stables par rapport à 2019.

Les pays frontaliers concentrent la plupart du commerce extérieur de biocarburants. Ainsi, les Pays-Bas fournissent 96 % des importations françaises d’éther éthyle tertiobutyle (ETBE), tandis que les exportations françaises d’ETBE sont principalement à destination de l’Italie (42 %) et de la Grèce (30 %).

S’agissant du biodiesel (esters méthyliques d’acides gras, EMAG), les importations françaises proviennent en 2020 pour près de 87 % de Belgique (39 %), des Pays-Bas (26 %) et d’Espagne (21 %). Quant aux exportations, elles sont dirigées pour 76 % vers la Belgique (43 %), les Pays-Bas (18 %) et la Suède (16 %).

Figure 2.3.5.1 : échanges extérieurs de biocarburants

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Importations

12,6

958

16,2

1 256

16,5

1 376

18,4

1 394

12,8

870

Bioéthanol

0,9

69

0,8

72

1,0

89

1,0

88

0,7

44

Biodiesel

11,7

888

15,4

1 184

15,5

1 287

17,4

1 307

12,1

825

Exportations

4,5

353

4,9

444

8,2

690

7,3

608

6,0

510

Bioéthanol

2,4

171

1,5

124

1,9

168

0,7

65

0,4

26

Biodiesel

2,1

182

3,4

319

6,2

522

6,5

543

5,6

484

Solde importateur

8,1

605

11,3

812

8,4

686

11,1

786

6,8

360

Bioéthanol

- 1,5

- 102

- 0,7

- 52

- 0,9

- 79

0,3

23

0,3

19

Biodiesel

9,6

707

11,9

864

9,3

765

10,9

764

6,6

341

Note : s’agissant du bioéthanol incorporé « pur » (qui compte pour 73 % de la consommation de bioéthanol, le reste étant incorporé sous forme d’éther éthyle tertiobutyle - ETBE), seul le solde des échanges extérieurs est connu. Les importations de bioéthanol incorporé « pur » sont donc supposées nulles. À noter également que le commerce extérieur de biocarburants issus d’huiles végétales hydro-traitées (HVHTG et HVHTE) n’est pas connu et n’est donc pas pris en compte dans ce tableau.
Source : calculs SDES, d’après DGDDI

2.3.6 Électricité

La France est globalement exportatrice d’électricité. La production de l’année excède en effet la demande intérieure (figure 2.3.6.1). Pour autant, elle importe régulièrement de l’électricité de ses voisins, notamment aux heures de pointe en hiver, lorsque le coût marginal de l’électricité produite sur le territoire national est supérieur au prix de l’électricité importée, voire lorsque les moyens de production nationaux ne suffisent pas à répondre ponctuellement à la demande. Sur l’ensemble de l’année 2020, la France a importé 20 TWh et a exporté 65 TWh, et dégage donc un solde exportateur d’électricité de 45 TWh. Cet excédent recule de 22 % en 2020 en raison de la baisse de la production nucléaire. Le solde exportateur vis-à-vis de l’Espagne diminue de 46 %, ce qui contribue à hauteur de 7,7 points à la baisse du solde global (figure 2.3.6.2). Le solde exportateur d’électricité diminue également aux interconnexions frontalières avec l’Allemagne (- 22 %, - 5,0 points sur l’évolution du solde global), la Grande-Bretagne (- 19 %, - 3,9 points), la Belgique (- 71 %, - 3,5 points), l’Italie (- 12 %, - 2,9 points), le Luxembourg (- 14 %, - 0,3 point) et l’Andorre (- 30 %, - 0,1 point). Il progresse toutefois avec la Suisse (+ 22 %, + 1,5 point sur l’évolution du solde global).

Les recettes tirées des exportations d’électricité s’élèvent en 2020 à 1,9 Md€. Déduction faite des dépenses d’importation (0,8 Md€), il en résulte un solde net de 1,2 Md€, en recul de 43 % par rapport à l’année précédente en euros constants. Ce recul s’explique par l’effet cumulé de la baisse du solde exportateur physique et de celle des prix à l’exportation (cf. 1.7.1).

Figure 2.3.6.1 : échanges extérieurs d’électricité

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Importations

20

972

21

1 260

14

831

16

751

20

771

Exportations

61

2 103

61

2 630

76

3 784

73

2 819

65

1 941

Solde exportateur

42

1 131

40

1 370

63

2 953

58

2 068

45

1 169

Source : calculs SDES, d’après RTE, CRE, DGDDI

Figure 2.3.6.2 : contribution à l’évolution du solde exportateur d’électricité

Source : calculs SDES, d’après RTE, CRE