datalab
Bilan énergétique
de la France pour 2020
janvier 2022

5.6 Industrie : baisse de la consommation énergétique

Le secteur de l’industrie comprend ici l’industrie manufacturière, y compris agroalimentaire, et la construction. La consommation de charbon des hauts-fourneaux, considérés comme faisant partie du secteur de la transformation d’énergie par convention statistique internationale, est exclue de la consommation d’énergie physique de l’industrie (et traitée en conséquence dans la partie 3) mais incluse dans la dépense. Par ailleurs, on distingue les usages énergétiques de l’énergie de ses usages non énergétiques, c’est-à-dire de l’utilisation des molécules comme matière première. Les usages non énergétiques sont traités en détail, énergie par énergie, dans la partie 4 du bilan.­ La consommation à usage non énergétique s’établit à 146,0 TWh en 2020. La grande majorité de ces consommations à usage non énergétique concerne l’industrie chimique, avec en tête la consommation de produits pétroliers (96,2 TWh, production de plastique notamment), puis de gaz naturel (12,0 TWh, principalement pour la synthèse d’engrais). 

La consommation finale à usage énergétique réelle de l’industrie et de la construction s’établit, quant à elle, à 301,6 TWh en 2020. Dans un contexte de chute de la production industrielle de 11 % provoquée par la crise sanitaire, elle diminue très fortement par rapport à 2019 (- 6,2 % en données réelles et - 5,2 % corrigée des variations climatiques) - (figure 5.6.1). Entre 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de la consommation d’énergie, et 2019, elle avait baissé à climat constant de 0,8 % en moyenne annuelle.

Par secteur, les évolutions sont contrastées. C’est dans la sidérurgie, qui pèse 6 % de la consommation énergétique industrielle (figure 5.6.2), et dans les matériels de transport (3 % de la consommation) que la consommation baisse le plus (respectivement - 19,9 % et - 16,3 %). La consommation se replie aussi (- 7,0 %) dans le secteur des produits minéraux non métalliques et, dans une moindre mesure, dans la chimie-pétrochimie (- 3,2 %), qui est le premier secteur consommateur, avec près du quart de la consommation finale industrielle. La consommation est stable en 2020 dans le secteur des produits alimentaires, boissons et tabac, qui représente un cinquième de la consommation d’énergie.

En 2020, le bouquet énergétique final (figure 5.6.1) est dominé par le gaz (38 %) et l’électricité (35 %). Viennent ensuite les produits pétroliers (10 %), les énergies renouvelables et les déchets (7 %), la chaleur commercialisée (6 %) et le charbon (3 %). Cependant, en incluant les consommations des hauts-fourneaux, la part du charbon passerait à 12 %.

À climat constant, la consommation finale de gaz naturel à usage énergétique diminue par rapport à 2019, à 120,4 TWh (soit - 3,2 %). Quasiment tous les secteurs sont concernés par cette baisse, et particulièrement les métaux non ferreux (- 31,1 % en données réelles), la sidérurgie (- 21,8 %), les matériels de transport (- 20,8 %) et, dans une moindre mesure, les produits minéraux non métalliques (- 5,0 %). La consommation est stable dans les industries agroalimentaires et croît légèrement dans le secteur de la chimie et pétrochimie et les industries extractives.

La consommation finale d’électricité est particulièrement affectée par la crise sanitaire, diminuant de 8,0 % à climat constant, pour s’établir à 106,9 TWh. Tous les secteurs sont concernés par cette baisse. Elle est principalement portée par les secteurs de la sidérurgie (- 22,2 % à données réelles), des matériels de transport (- 12,1 %), des machines (- 11,4 %) et des produits minéraux non métalliques (- 9,2 %). Elle est moindre dans les industries agroalimentaires (- 4,1 %), la chimie-pétrochimie (- 3,3 %) et les métaux non ferreux (- 1,4 %).

La consommation finale de produits pétroliers fléchit en 2020, de 3,1 % à climat constant, à un rythme plus important que celui observé depuis 2012 (- 1,9 % par an en moyenne).

La consommation finale d’énergies renouvelables et de déchets est quasiment stable (- 0,4 %) à climat constant.

La consommation finale de chaleur commercialisée baisse de 5,3 % à climat constant. Cette baisse est portée par le secteur de la chimie-pétrochimie (- 11,7 %). À l’inverse, la consommation de l’agroalimentaire augmente de 17,8 %.

La consommation finale de charbon (hors hauts-fourneaux) diminue de 12,9 %. Elle chute encore plus fortement dans les hauts-fourneaux (- 25,8 %), non pris en compte dans la consommation finale industrielle (cf. 3.3).

La dépense énergétique totale (figure 5.6.3) de l’industrie (y compris hauts-fourneaux) s’élève, en 2020, à 13,2 milliards d’euros, en baisse de 16,7 %, en euros constants, sur un an. La diminution est plus forte pour le gaz (- 25,2 %) que pour l’électricité (- 7,0 %), du fait de la chute du prix du gaz et de la hausse de celui de l’électricité (cf. 1.3.2 et 1.7.2).

La facture en électricité représente, à elle seule, près des trois cinquièmes de la dépense totale (59 %) et celle en gaz naturel un cinquième (20 %), alors que ces deux énergies ont une part presque identique dans la consommation finale énergétique.

Figure 5.6.1 : consommation finale énergétique de l’industrie

* Données disponibles à partir de 2007 uniquement.
Note : conformément aux conventions statistiques internationales relatives à la comptabilité physique de l’énergie, les hauts-fourneaux sont exclus de la consommation finale.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : calculs SDES

Figure 5.6.2 : répartition par secteur de la consommation finale énergétique de l’industrie en 2020

Note : les secteurs présentés sont des agrégats de la classification NAF. Toutefois, les hauts-fourneaux ont été exclus de la sidérurgie, conformément aux conventions internationales sur les statistiques de l’énergie.
Source : calculs SDES

Figure 5.6.3 : consommation finale énergétique de l’industrie par énergie (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2016

2017

2018

2019

2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

En TWh

En M€2020

Produits pétroliers

32,7

1 351

29,8

1 516

31,6

1 840

31,8

1 743

30,7

1 323

Gaz naturel

130,2

3 946

122,5

3 663

127,9

4 090

122,1

3 465

115,7

2 592

Charbon et dérivés :
hors hauts-fourneaux

11,5

188

12,1

234

12,7

271

10,3

227

9,0

161

Charbon et dérivés : hauts-fourneaux

39,5

1 047

44,1

1 271

44,6

1 340

41,2

1 429

30,6

813

Énergies renouvelables et déchets*

21,1

112

19,8

123

21,5

148

21,3

131

21,2

127

Électricité

117,7

8 107

116,7

7 821

116,9

7 985

115,7

8 351

105,8

7 771

Chaleur commercialisée

20,3

551

21,3

590

18,8

577

20,3

546

19,2

453

Total (hors hauts-fourneaux)

333,5

14 255

322,3

13 947

329,4

14 911

321,4

14 463

301,6

12 426

Dépense totale
y compris hauts-fourneaux

15 301

15 217

16 251

15 892

13 238

* Pour la valorisation monétaire des énergies renouvelables et déchets, seuls le bois-énergie et les biocarburants sont pris en compte.
Note : conformément aux conventions statistiques internationales relatives à la comptabilité physique de l’énergie, les hauts-fourneaux sont exclus de la consommation finale. Dans le cadre du bilan monétaire, ils sont en revanche inclus dans l’industrie et dans la dépense nationale en énergie.
Source : calculs SDES