5.5 Transports : une reprise progressive et contrastée
En 2021, l’usage des transports représente 31 % de la consommation énergétique finale, soit 496 TWh, dont 280 TWh sont liés aux déplacements des ménages (cf. 5.2) et 216 TWh relèvent des entreprises et administrations. Par convention statistique internationale, cette consommation exclut les soutes internationales aériennes (31 TWh) et maritimes (12 TWh).
5.5.1 Consommation par usage et par mode
La consommation énergétique finale pour les transports rebondit en 2021 après la forte baisse de 2020 (+ 12,1 % par rapport à 2020), sans revenir au niveau de 2019 (- 5,4 % entre 2019 et 2021). Le transport national de voyageurs, le plus touché par la crise sanitaire, suit cette tendance en rebondissant seulement de 9,6 % (- 13,9 % par rapport à 2019). Le trafic national de marchandises (hors oléoducs) repart sur tous les modes de transport (+ 4,9 %, après - 3,9 % en 2020) - (Bilan annuel des transports en 2021, SDES).
Les consommations du secteur (figure 5.5.1) sont dominées par le mode routier (93,9 %, soit 466 TWh), en relation avec ses parts modales dans le transport de passagers (89 %) comme de marchandises (85 %). Les vols domestiques (y compris les liaisons entre métropole et outre-mer) représentent 2,9 % de la consommation énergétique finale des transports, part qui monte à 8,6 % en incluant les vols internationaux (soutes aériennes internationales). Leur part dans la consommation énergétique continue donc à diminuer après la chute importante de 2020 (elle était de 15,3 % en 2019 et 9 % en 2020), l’aérien ayant été plus affecté par la crise sanitaire et connaissant une reprise plus progressive que les autres modes (voir infra). La part du secteur ferroviaire dans la consommation finale (1,9 %, à 8,2 TWh en 2021) est bien inférieure à ses parts modales (8,2 % pour les passagers et 10,4 % pour le fret). La consommation du transport maritime et fluvial (y compris plaisance) national représente 1,3 % de la consommation énergétique finale des transports.
Figure 5.5.1 : part de chaque mode dans la consommation finale énergétique des transports en 2021
Source : SDES, Bilan de l’énergie
5.5.2 Consommation par énergie
Le bouquet énergétique, hors soutes internationales, est largement dominé par les produits pétroliers (90,7 %), principalement à destination des transports routiers (figure 5.5.2). Il est complété par les biocarburants (6,8 %), l’électricité (1,9 %) et le gaz naturel, qui reste marginal (0,6 %).
Figure 5.5.2 : consommation finale énergétique des transports
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie
Sur la période 2012-2019, les consommations de carburants routiers sont restées globalement stables (- 0,4 % sur l’ensemble de la période), avec des croissances des parts de l’essence (+ 2,5 points) et des biocarburants (+ 1,2 point) au détriment du diesel. Après une chute importante en 2020, les ventes de carburants routiers augmentent de 12 % en 2021. Les premiers mois de l’année sont marqués par le maintien de restrictions sanitaires (limitations des déplacements, couvre-feu, confinement, etc.), allégées à partir de la fin du mois de mai. Les ventes de carburants routiers restent donc inférieures de 8 % au premier semestre 2019, avant de retrouver un niveau comparable à 2019 au deuxième semestre.
Les ventes d’essence (en excluant les biocarburants incorporés) retrouvent leurs niveaux d’avant-crise (+ 17,8 %, après une baisse de 14,3 % en 2020), à 92 TWh. Cette reprise s’explique essentiellement par celle de la circulation de voitures particulières à motorisation essence, dont le parc croît au détriment de celui des motorisations diesel. La circulation en France métropolitaine de voitures particulières, utilitaires légers et motocycles (pavillon français et étranger) augmente de 11,9 % en 2021 (en véhicules-kilomètres, hybrides incluses).
Les ventes de gazole routier (hors biocarburants incorporés) connaissent une reprise plus faible (+ 10,2 %, après - 14,6 % en 2020). Elles représentent 68 % de la consommation finale pour le transport, à 336 TWh. La circulation, qui avait fortement diminué en 2020 (- 16,8 %, tous véhicules diesel, en véhicules-kilomètres), rebondit de 5 %. La décomposition par type de véhicules montre une reprise contrastée : + 4,8 % pour les voitures et utilitaires légers, + 6,6 % pour les véhicules lourds (poids lourds, bus et cars) qui retrouvent quasiment leur niveau de 2019.
À 34 TWh, la consommation de biocarburants routiers rebondit (+ 9,5 %) après la baisse importante de 2020 (- 17,3 %), reprenant progressivement la croissance observée avant la crise sanitaire (+ 19,4 % entre 2012 et 2019) due à une hausse de leurs taux d’incorporation moyens. Ces taux en contenu énergétique atteignent 7 % pour le gazole et 8,2 % pour l’essence en 2021, contre respectivement 7,6 % et 7,7 % en 2019. La hausse du taux d’incorporation pour l’essence s’explique par l’augmentation de l’objectif fixé dans la loi de finances pour 2021 (de 8,2 à 8,6 %). À l’inverse, pour le gazole, l’objectif reste le même (8 %) et le taux continue à baisser, notamment en raison de difficultés d’approvisionnement et d’une forte hausse des prix des huiles végétales.
La consommation de carburéacteurs, qui avait chuté de 53,2 % en 2020 (soutes internationales comprises) après une forte augmentation les années précédentes (+ 13,1 % entre 2012 et 2019), rebondit faiblement (+ 7,2 %), pour atteindre 46 TWh. La reprise concerne plus le trafic intérieur (+ 23 %), moins touché par la crise, que le trafic international (+ 1,2 %). Comme pour les carburants routiers, la reprise a principalement lieu au second semestre, après la levée des restrictions sanitaires.
Les livraisons à destination des soutes maritimes internationales, principalement sous forme de fioul lourd, reprennent légèrement en 2021 (+ 11 %) après une baisse de 44 % en 2020.
La consommation d’électricité, majoritairement liée au mode ferré, s’élève à 9,5 TWh en 2021. Après une forte baisse en 2020 (- 17,3 %) due à la chute de 42 % du trafic de voyageurs dans les transports ferrés du fait de la crise sanitaire, elle rebondit sans atteindre son niveau de 2019 (+ 14 % en 2021). La consommation des véhicules à motorisation alternative (électriques et hybrides rechargeables) poursuit sa forte croissance (+ 30 % en 2020, + 87 % en 2021), pour atteindre 0,8 TWh. Avec 18,2 % des ventes en 2021, ce parc de voitures accélère sa croissance (+ 82 %), représentant 1,4 % de l’ensemble des voitures particulières en circulation (Bilan annuel des transports en 2021, SDES). L’année 2021 voit notamment la création d’un nouveau crédit d’impôt pour l’installation de bornes de recharge d’un véhicule électrique et le renforcement du malus pour les véhicules les plus émetteurs de CO2.
La consommation de gaz naturel pour le mode routier (y compris le gaz naturel porté par camion sous forme de gaz naturel liquéfié depuis les terminaux méthaniers) continue sa progression (+ 41 % en 2021), grâce notamment au développement du parc de véhicules alimentés au gaz appartenant à des flottes captives (cf. 4.3). À un niveau de 3,2 TWh, elle représente 0,6 % de la consommation finale.
5.5.3 Consommation, dépenses et taxes
La dépense énergétique du secteur des transports s’élève en 2021 à 67 Md€ (figure 5.5.3). Comme la consommation finale, la facture énergétique des transports est dominée par les produits pétroliers (95 %), en particulier à destination du transport routier. Après une chute en 2020 (- 27,4 % en euros constants), due à la forte baisse conjointe des consommations et des prix des carburants, elle repart plus rapidement que la consommation (+ 27 % contre + 12,1 % pour la consommation) en raison d’une augmentation des prix, sans atteindre son niveau de 2019. Les taxes énergétiques sur les carburants représentent 43 % de la dépense en 2021, retrouvant une part comparable à 2019. Cette part avait atteint 49 % en 2020 du fait de la baisse des cours des produits pétroliers.
Figure 5.5.3 : consommation finale énergétique des transports (hors soutes internationales) par énergie et dépense associée
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
||||||
En TWh |
En M€2021 |
En TWh |
En M€2021 |
En TWh |
En M€2021 |
En TWh |
En M€2021 |
En TWh |
En M€2021 |
|
Produits pétroliers |
486,9 |
62 623 |
476,0 |
69 634 |
475,4 |
69 261 |
401,4 |
49 975 |
450,2 |
63 589 |
Gaz naturel |
1,7 |
62 |
2,0 |
90 |
1,9 |
77 |
2,2 |
79 |
3,2 |
150 |
Énergies renouvelables et déchets (biocarburants) |
36,5 |
2 896 |
36,5 |
2 869 |
37,2 |
2 760 |
30,8 |
2 168 |
33,7 |
2 616 |
Électricité |
10,6 |
501 |
10,1 |
549 |
10,1 |
556 |
8,3 |
558 |
9,5 |
676 |
Total |
535,7 |
66 083 |
524,6 |
73 143 |
524,6 |
72 655 |
442,8 |
52 781 |
496,5 |
67 031 |
Source : SDES, Bilan de l’énergie