1.4 Les prix du charbon à l’importation et à la consommation augmentent fortement

1.4.1 prix de gros du charbon

Comme les autres produits énergétiques, le charbon fait l’objet d’échanges internationaux, soit de gré à gré, soit sur des marchés organisés, au comptant ou à terme. Deux marchés doivent être distingués : celui du charbon-vapeur et celui du charbon à coke. Le premier, aux exigences de qualité moindre que le second, s’échange en général à des prix inférieurs.

Du fait de la chute de la demande liée à la crise sanitaire, le prix du charbon avait atteint en 2020 un point bas, à 40 $ par tonne en mai, puis était reparti en hausse progressivement à partir de l’été avec la reprise économique (figure 1.4.1.1). Cette augmentation régulière se poursuit au début de l’année 2021, en lien avec la hausse de la demande : en mai, le cours s’établit à 84 $/t. À partir de juin, il augmente à un rythme plus élevé, pour atteindre en octobre un niveau record, à 238 $/t. En effet, la demande de gaz est en nette progression dans un contexte de reconstitution des stocks en prévision de l’hiver et d’une demande très soutenue en provenance des pays asiatiques. Cette croissance de la demande entraîne la hausse des cours du gaz, puis celle des cours du charbon, le gaz et le charbon étant en concurrence pour la production d’électricité dans de nombreux pays (cf. 1.3). En novembre, puis décembre, le prix du charbon retombe, pour s’établir en fin d’année à 137 $/t. Il reste élevé, soutenu par un renforcement de la demande lié à une vague de froid dans la plupart des pays européens et à des stocks de gaz bas.

Figure 1.4.1.1 : prix spot du charbon-vapeur sur le marché Anvers-Rotterdam-Amsterdam (ARA)

Note : le prix du charbon-vapeur est un prix coût, assurance et fret inclus (CAF).
Source : ICE (Intercontinental Exchange)

Le prix moyen du charbon importé en France, principalement sous forme primaire, s’élève à 19 €/MWh en 2021 (figure 1.4.1.2). Il augmente d’un tiers sur un an (+ 33 %) en raison de la reprise de la demande, revenant ainsi à son niveau de 2019. Des quantités plus faibles de charbon dérivé, essentiellement du coke, ont été importées à un prix moyen de 36 €/MWh, également en forte hausse sur un an (+ 18 %) mais restant inférieur à celui de 2019. Les prix à l’exportation du charbon dérivé, qui concernent des quantités encore beaucoup plus faibles, diminuent, à l’inverse, avec un prix moyen de 15 €/MWh.

Figure 1.4.1.2 : prix moyens du charbon primaire et du charbon dérivé à l’importation et à l’exportation

En €/MWh

Source : DGDDI

1.4.2 prix du charbon pour les consommateurs

La filière fonte (i.e. les cokeries, les hauts-fourneaux et les installations en aval de ces derniers dans les sites intégrés) a payé le charbon primaire qu’elle a consommé 17 €/MWh en moyenne en 2021. Ce prix moyen augmente de 21 % sur un an (figure 1.4.2.1), mais diminue, toutefois, de 12 % en deux ans. Les producteurs d’électricité et/ou de chaleur, exclusivement consommateurs de charbon-vapeur, ont payé ce dernier 17 €/MWh en moyenne en 2021, un prix élevé tiré à la hausse par le prix des autres énergies fossiles, gaz et pétrole. Les prix pour les autres consommateurs (industrie hors sidérurgie, résidentiel et tertiaire) se sont élevés en moyenne à respectivement 21 €/MWh pour le charbon primaire (+ 31 % sur un an, et + 11 % par rapport à 2019) et 39 €/MWh pour le charbon dérivé (en croissance de 13 % sur un an, mais en déclin de 3,6 % en deux ans). Ces derniers prix intègrent des marges de transport et d’intermédiation dans la mesure où ces acteurs, consommant moins que les entreprises sidérurgiques intégrées et les producteurs d’électricité, sont moins susceptibles d’importer eux-mêmes le charbon.

Figure 1.4.2.1 : prix moyens à la consommation du charbon primaire et du charbon dérivé par secteur

En €/MWh

Source : SDES, Bilan de l’énergie