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Bilan énergétique
de la France pour 2022
mai 2024

4.3 Gaz naturel : baisse marquée de la consommation mais envolée des prix et de la dépense

4.3.1 Consommation et dépense totales

En 2022, le contexte géopolitique a créé une forte tension sur l'offre mondiale de gaz naturel. Cela a engendré une envolée des prix et des risques de ruptures d'approvisionnement. Face à cette situation, les appels à la sobriété des autorités ont favorisé une baisse de la consommation, aidés en cela par des températures particulièrement clémentes. Parallèlement, les centrales à gaz ont été sollicitées à la suite de l'arrêt pour maintenance de nombreux réacteurs nucléaires et en raison d'une production hydraulique limitée par la sécheresse.

Dans ce contexte, la consommation de gaz diminue de 8,6 % entre 2021 et 2022, passant de 475 TWh à 434 TWh (figure 4.3.1.2). Depuis 2011, seule l'année 2014 a vu une consommation plus faible. Elle était alors de 422 TWh.

En revanche, malgré la baisse de la consommation, les dépenses en gaz naturel augmentent fortement, passant de 23,8 à 33,6 milliards d'euros 2022, soit une augmentation de 41 % sur un an. Les hausses de prix varient selon le niveau de consommation des clients finaux et les types de contrats. Les plus gros consommateurs sont les plus touchés car leurs contrats sont plus sensibles aux prix sur les marchés de gros. Les acteurs qui ont dû renouveler leurs contrats au moment où les prix étaient les plus élevés sont les plus affectés.

Figure 4.3.1.1 : consommation totale (hors pertes) de gaz naturel par secteur

* PCS = pouvoir calorifique supérieur.
Source : SDES, Bilan de l'énergie, d'après données locales de consommation de gaz, enquête annuelle sur la production d'électricité, enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid, données du Citepa 

Figure 4.3.1.2 : consommation de gaz naturel et dépense associée

* PCS = pouvoir calorifique supérieur.
Source : SDES, Bilan de l'énergie

4.3.2 Branche énergie

Avec une consommation de 103 TWh (+ 16 % par rapport à 2021), la branche énergie représente 24 % de la consommation de gaz en 2022 (figure 4.3.2.1). La consommation pour la production d'électricité et de chaleur passe de 82 TWh en 2021 à 98 TWh en 2022, soit une augmentation 19 %. Pour la seule production d'électricité, la consommation de gaz passe de 40 à 60 TWh, ce qui explique l'augmentation de la consommation de la branche. Cette hausse est due au recours accru aux centrales électriques au gaz pour pallier les pertes de productions électriques nucléaire et hydraulique.

En tant que gros consommateur de gaz, le secteur énergétique connaît une forte augmentation de ses dépenses, qui passent de 3,3 à 7,3 milliards d'euros, soit une augmentation de 124 % sur un an.

Figure 4.3.2.1 : consommation de gaz naturel de la branche énergie (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2018

2019

2020

2021

2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

Transformation en électricité ou chaleur

75

2 033

93

1 990

85

1 493

82

3 012

98

6 942

Branche énergie hors transformation

10

247

8

124

7

85

7

264

6

404

Branche énergie

85

2 280

100

2 114

92

1 578

89

3 276

103

7 347

* PCS = pouvoir calorifique supérieur.
Source : SDES, Bilan de l'énergie

4.3.3 Consommation finale à usage énergétique

Avec 319 TWh en 2022, l'utilisation du gaz naturel pour usage énergétique représente un peu moins des trois quarts de la consommation (figure 4.3.3.1). Mis à part le secteur des transports, la consommation de gaz naturel baisse dans tous les secteurs. Globalement, la consommation diminue de 17 % et les dépenses augmentent de 26,8 % mais, là encore, les variations de prix sont très inégales suivant les acteurs (cf. 1.3). Un climat plus favorable explique en partie la baisse de cette consommation. En effet, corrigée des variations climatiques, la baisse est de 6 %.

Le secteur de l'industrie représente 28 % de la consommation, avec 120 TWh utilisés en 2022. Sa consommation baisse de 9,1 % entre 2021 et 2022. Les plus gros consommateurs étant concentrés dans ce secteur et ces acteurs étant plus sensibles au prix de gros, la hausse des prix du marché explique en partie la réduction de cette consommation. En effet, les dépenses sont en forte augmentation, passant de 4,9 à 8,3 milliards d'euros entre 2021 et 2022, soit une progression de 67,1 %. Elles atteignent le niveau historique le plus élevé depuis plus de dix ans. Alors que la consommation redescend au niveau historique de 2020, année marquée par les confinements à la suite de la pandémie, la dépense triple entre 2020 et 2022.

Avec 4,1 TWh, la consommation de gaz naturel dans le secteur des transports représente un peu moins d'1 % de la consommation en 2022. Sa consommation est en constante augmentation depuis 2018 où elle était de 2,2 TWh. Le développement des véhicules au gaz dans les domaines des transports terrestres explique cette évolution. Les dépenses augmentent fortement entre 2021 et 2022, passant de 141,6 à 309,4 millions d'euros, soit une hausse de 118,5 %.

La consommation de gaz du secteur tertiaire diminue de 16,4 %, passant de 84 TWh à 70 TWh, alors que les dépenses augmentent de 26,3 %. Cette hausse moins importante que dans l'industrie s'explique par le fait que les entreprises de ce secteur sont de plus petits consommateurs, moins sensibles à la volatilité des prix du marché de gros. La consommation corrigée des variations climatiques baisse, quant à elle, de 5 %. L'appel à la sobriété et la hausse des prix sont sans doute des facteurs qui ont contribué à cette diminution.

Avec une hausse de la dépense de 7,4 %, le secteur résidentiel est moins impacté. Cela est notamment dû à la baisse de la consommation dans ce secteur et au fait que les ménages ont été protégés par le bouclier tarifaire et l'inertie des contrats passés encore en cours signés à des prix moins élevés, notamment à prix fixe. La baisse de la consommation est de 18,6 %, avec 123 TWh en 2022. Comme pour le secteur tertiaire, la baisse de la consommation n'est pas uniquement due aux températures clémentes puisque la consommation corrigée des variations climatiques baisse aussi de 7 %.

Pour le secteur de l'agriculture et de la pêche, la consommation de gaz passe de 2,6 TWh à 2,2 TWh, soit une baisse de 17,0 %, alors que les dépenses sont en hausse de 35,3 %.

Figure 4.3.3.1 : consommation finale de gaz naturel à usage énergétique (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2018

2019

2020

2021

2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

Industrie

134

3 950

132

3 634

119

2 730

132

4 949

120

8 268

Transports

2,2

63,3

2,1

74,0

2,5

76,4

3,5

141,6

4,1

309,4

Tertiaire

83

3 490

81

3 495

74

3 014

84

3 920

70

4 952

Résidentiel

150

10 716

147

11 256

144

10 413

151

10 915

123

11 727

Agriculture-pêche

2,6

96,3

2,6

97,7

2,5

86,7

2,6

109,9

2,2

148,7

Total

372

18 315

365

18 557

342

16 320

373

20 036

319

25 405

* PCS = pouvoir calorifique supérieur.
Source : SDES, Bilan de l'énergie

4.3.4 Consommation finale à usage non énergétique

L'utilisation non énergétique du gaz naturel représente environ 3 % de la consommation de gaz. Cette consommation baisse de 15 % entre 2021 et 2022, passant de 13 TWh à 11 TWh (figure 4.3.4.1). Elle est exclusivement réalisée par l'industrie chimique et pétrochimique qui utilise le gaz comme matière première. Cette baisse pourrait en partie être rapprochée de la baisse d'activité de ce secteur : l'indice de production industrielle de l'Insee baisse de 8 % dans le secteur de la chimie en 2022.

Figure 4.3.4.1 : consommation finale de gaz naturel à usage non énergétique (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2018

2019

2020

2021

2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

En TWh PCS*

En M€2022

Chimie

15

352

14

226

13

142

13

482

11

817

* PCS = pouvoir calorifique supérieur.
Source : SDES, Bilan de l'énergie