4.6 Électricité : la consommation recule, la dépense est en hausse
En 2022, la consommation totale d'électricité diminue de 3,8 % (après + 5,2 % en 2021 et - 4,6 % en 2020), pour s'établir à 426 TWh (figure 4.6.1). Une partie de cette baisse s'explique par un climat plus doux en 2022 et par des efforts de sobriété en fin d'année dans un contexte de prix élevés de l'énergie. À climat constant, la consommation d'électricité diminue de 1,2 % par rapport à 2021, soit un rythme plus soutenu que la moyenne annuelle observée depuis 2012 (- 0,4 %).
Malgré la baisse de la consommation, la dépense d'électricité augmente fortement par rapport à l'année précédente en euros constants (+ 9,4 %), s'élevant à 67 Md€, en raison de l'augmentation du prix moyen de l'électricité (cf. 1.7.2). Cette hausse s'explique par la crise énergétique, principalement due à la perturbation de l'approvisionnement en gaz, les préoccupations en matière de sécurité énergétique en Europe et la faible disponibilité des centrales nucléaires en 2022.
Afin d'éviter une envolée des dépenses causée par une forte hausse des prix, le Gouvernement a mis en place des dispositifs d'aide pour protéger les consommateurs : bouclier tarifaire, chèque énergie, réduction de la fiscalité sur l'électricité au niveau minimum, guichet d'aide. La limitation de la hausse du prix de l'électricité a été particulièrement efficace pour les ménages qui ont vu leur dépense diminuer, mais moins significativement que leur consommation (- 8,5 %). Cette protection a eu un effet de moindre ampleur sur les gros consommateurs plus sensibles aux aléas du marché et ne pouvant pas bénéficier de la baisse de la fiscalité puisque totalement ou partiellement exonérés. Ces derniers, principalement dans l'industrie, ont donc été les plus impactés par l'augmentation des prix (cf. 1.7.2). La hausse des prix subie par les entreprises a été plus ou moins forte selon la date de renouvellement des contrats avec les fournisseurs d'énergie et leur durée. Au total, la dépense associée à la consommation finale d'électricité dans l'industrie augmente de 26 %, contre 12 % dans le tertiaire, et diminue de 4,8 % dans le résidentiel.
Figure 4.6.1 : consommation physique d'électricité et dépense associée
Source : SDES, Bilan de l'énergie
Au-delà des pertes sur le réseau (35 TWh), de l'énergie absorbée par le pompage (7 TWh), la branche produisant de l'énergie (raffineries, enrichissement de l'uranium…) est elle-même consommatrice d'électricité à hauteur de 11 TWh (figure 4.6.2). Cette consommation représente un coût de 1,3 Md€.
Figure 4.6.2 : usages internes de la branche énergie en électricité (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
||||||
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
|
Branche électricité |
9 |
631 |
9 |
678 |
9 |
741 |
9 |
846 |
11 |
1 267 |
Note : hors pertes, consommation propre des centrales et énergie absorbée par le pompage.
Source : SDES, Bilan de l'énergie
En 2022, la consommation finale d'électricité diminue de 4,2 %, à 415 TWh, alors que la dépense globale est en hausse de 5,7 %, à 65,8 Md€ (figure 4.6.3). Une partie de l'évolution de la consommation s'explique par la douceur du climat en 2022. La hausse des prix de l'énergie et les efforts de sobriété en fin d'année ont également contribué à la baisse. Corrigée des variations climatiques, la consommation finale d'électricité diminue de 1,6 % par rapport à 2021, pour retrouver le niveau de 2020, niveau historiquement le plus bas depuis 2010 (figure 4.6.4). Du point de vue de la consommation, la crise énergétique a limité la reprise observée après la crise sanitaire.
Figure 4.6.3 : consommation finale d'électricité (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
||||||
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
En TWh |
En M€2022 |
|
Industrie |
117 |
8 363 |
116 |
8 747 |
106 |
8 114 |
113 |
9 553 |
108 |
12 074 |
Transports |
10 |
566 |
10 |
573 |
8 |
575 |
10 |
696 |
11 |
1 193 |
Résidentiel |
160 |
29 871 |
160 |
30 506 |
161 |
31 803 |
170 |
33 729 |
155 |
32 097 |
Tertiaire |
141 |
16 483 |
138 |
16 875 |
128 |
16 000 |
133 |
17 198 |
133 |
19 274 |
Agriculture-pêche |
9 |
1 145 |
8 |
1 163 |
8 |
1 116 |
8 |
1 087 |
8 |
1 202 |
Total |
437 |
56 428 |
432 |
57 865 |
411 |
57 608 |
433 |
62 263 |
415 |
65 842 |
Source : SDES, Bilan de l'énergie
Figure 4.6.4 : évolution de la consommation finale d'électricité
Champ : jusqu'à l'année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l'énergie
Le secteur résidentiel représente 38 % de la consommation finale d'électricité, ce qui en fait le plus grand consommateur. Le secteur tertiaire consomme 32 % de l'électricité finale, se plaçant ainsi en deuxième position. L'industrie est responsable de 26 % de la consommation d'électricité, se classant en troisième position.
La consommation finale d'électricité du secteur résidentiel s'élève à 155 TWh, en baisse de 15 TWh par rapport à 2021 (- 8,5 %). Cette diminution représente presque trois quarts de la baisse de la consommation finale d'électricité tous secteurs confondus. Corrigée des variations climatiques, la baisse de consommation du résidentiel est de 3,6 %. Dans un contexte d'incitation à la sobriété et d'inquiétudes sur l'approvisionnement électrique de la France (communications autour d'un risque de black-out), les ménages ont limité leur consommation d'électricité, en particulier en fin d'année (cf. encadré). En 2022, la baisse de la consommation et les mesures du bouclier tarifaire mises en place pour protéger les ménages de la hausse des prix ont permis que la dépense dans le résidentiel diminue de 4,8 %, malgré la hausse globale des prix sur les marchés.
Décalage de la période de chauffe pour l'hiver 2022 |
La baisse de la consommation d'électricité dans le secteur résidentiel s'explique partiellement par le décalage de la période de chauffe observée chez les consommateurs. La baisse de consommation dans le résidentiel a débuté dès octobre-novembre (figure 4.6.5) et ce de manière plus importante que durant les autres mois de chauffe (- 6 TWh par rapport à 2021 sur cette période de transition, alors que seulement - 4,5 TWh sur le reste de l'hiver 2022/2023). En octobre-novembre, les températures ont été particulièrement clémentes, ce qui peut expliquer le décalage de la période de chauffe. Toutefois, fin septembre 2022, les températures sont bien plus froides ; or les consommations électriques n'augmentent pas pendant cette période. Beaucoup de ménages ont sans doute hésité à allumer leur chauffage avant l'arrivée officielle de l'hiver, même en présence de températures froides dès la fin septembre. Cette réticence est souvent influencée par des perceptions culturelles et des attentes saisonnières, l'utilisation du chauffage étant associée aux mois d'hiver plus qu'à l'automne. Avec la hausse des prix de l'énergie, les ménages ont pu être incités à retarder l'utilisation et diminuer le chauffage pour économiser sur les factures, notamment au début de la période de chauffe. Cette démarche a contribué à une réduction générale de la consommation d'électricité dans les foyers durant cette période de transition. Enfin, les appels à la sobriété énergétique et les communications sur le risque de black-out électrique ont pu jouer sur le comportement des ménages. Figure 4.6.5 : évolution de la consommation sur la période hivernale Sources : Enedis ; calculs SDES |
La consommation du tertiaire stagne en données réelles et augmente de 1,4 % après correction des variations climatiques. La dépense augmente de façon plus importante, à hauteur de 12 %. Ce secteur subit en effet une importante hausse des prix de l'électricité : si les petits consommateurs ont pu bénéficier du bouclier tarifaire, les plus gros consommateurs ont été davantage exposés au prix de marché.
Dans le secteur industriel, la consommation finale est de 108 TWh ; elle diminue de 4,5 % (- 5 TWh) en données réelles et de 3,6 % à climat constant. Les secteurs industriels les plus intensifs en énergie ont été les plus touchés : la consommation de la métallurgie diminue de 13 %, celle de l'industrie chimique de 6,7 %. Les plus gros consommateurs ont vu leur dépense fortement impactée par l'augmentation des prix. Le secteur industriel est ainsi celui où la dépense a le plus fortement augmenté (+ 26 %).
La consommation du secteur des transports (11 TWh), très majoritairement liée au réseau ferré, augmente de 14 % en 2022 avec la fin des restrictions sanitaires encore en vigueur en 2021. Au sein de ce secteur, la consommation des véhicules électriques routiers progresse fortement (+ 78 %), pour atteindre 1,4 TWh. Les immatriculations de voitures électriques sont en effet en forte hausse (+ 25,1 %) par rapport à 2021.
Enfin, la consommation d'électricité de l'agriculture (8 TWh) augmente de 1,8 % en 2022.