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Bilan énergétique
de la France pour 2022
mai 2024

5.4 Tertiaire : consommation d'énergie en baisse et augmentation des dépenses

En 2022, la consommation énergétique réelle du secteur tertiaire s'établit à 243,7 TWh, en baisse de 7,9 % par rapport à 2021, et atteint son niveau le plus bas depuis plus de 20 ans. L'hiver 2022, plus doux que celui de 2021, explique en partie la baisse de cette consommation. En effet, corrigée des variations climatiques (CVC), l'évolution de la consommation est moins prononcée (- 2,4 %) - (figure 5.4.1). Cette moindre consommation s'explique aussi par une augmentation des prix de l'énergie à la suite de la crise énergétique. Les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine ont provoqué un emballement des prix sur les différents marchés de l'énergie. La moindre disponibilité du parc nucléaire français et les préoccupations en matière de sécurité énergétique en Europe ont également contribué à cette hausse. Les prix de gros ont directement influencé les prix au détail des différentes énergies. Toutefois, les entreprises du tertiaire ont pu bénéficier de mesures de protection : plafonnement ou limitation des tarifs réglementés pour les entreprises pouvant bénéficier de ces tarifs, réduction de la fiscalité sur l'électricité, guichet d'aide (cf. partie 1).

Figure 5.4.1 : consommation finale énergétique du secteur tertiaire

* Données disponibles à partir de 2007 uniquement.
Champ : jusqu'à l'année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l'énergie

En 2022, la consommation d'électricité, qui représente la moitié du bouquet énergétique du tertiaire, diminue de 0,3 %. Toutefois, corrigée des variations climatiques, elle progresse de 1,5 % tandis que la valeur ajoutée des services marchands augmente de 4,4 %. La consommation de gaz naturel (un quart du bouquet) diminue de 16,4 % (- 5,2 % corrigée des variations climatiques). La consommation de produits pétroliers diminue fortement, de 22,5 % (- 17 % corrigée des variations climatique), à un rythme beaucoup plus soutenu que ces dernières années en moyenne (- 4,6 % en moyenne annuelle depuis 2012). La consommation d'énergies renouvelables (EnR) décroît de 1 % à climat réel, mais augmente de 7 % à climat corrigé, rythme proche de celui de ces dernières années (+ 6 % en moyenne annuelle depuis 2012). La consommation des EnR dans le tertiaire couvre principalement la consommation renouvelable des pompes à chaleur (37 %), suivie de la biomasse (24 %), des déchets (23 %) et du biogaz (12 %). Enfin, la consommation de chaleur commercialisée via des réseaux baisse de 8,3 % en données réelles, mais augmente de 0,5 % après correction des variations climatiques.

Entre 2000 et 2022, la valeur ajoutée du tertiaire augmente de 1,7 % en moyenne par an, à un rythme supérieur à celle du reste de l'économie. La part du tertiaire dans la valeur ajoutée de l'économie progresse ainsi régulièrement, passant de 53 % en 2000 à 59 % en 2022. Entre 2000 et 2010, la consommation d'énergie du tertiaire progresse au même rythme (+ 1,8 % par an), soutenue par l'évolution de la consommation de l'électricité (+ 2,8 % par an). Par la suite, la consommation se stabilise jusqu'en 2018, année à partir de laquelle la consommation d'énergie commence à décroître (- 1,9 % en moyenne par an), sans doute sous l'impulsion de l'amélioration des performances énergétiques des bâtiments (cf. 5.8). La reprise d'activité après les crises sanitaire et énergétique n'a pas conduit à une augmentation de la consommation d'énergie.

En 2022, le secteur tertiaire a dépensé 28,3 milliards d'euros pour sa consommation finale d'énergie, en hausse de 21 % en euros constants par rapport à 2021 (figure 5.4.2) malgré la baisse de la consommation de toutes les énergies. L'augmentation de la facture s'explique par la hausse des prix de toutes les énergies durant l'année 2022, entraînée par la crise énergétique.

Figure 5.4.2 : consommation finale énergétique du secteur tertiaire (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2018

2019

2020

2021

2022

EnTWh

EnM€2022

EnTWh

EnM€2022

EnTWh

EnM€2022

EnTWh

EnM€2022

EnTWh

EnM€2022

Produits pétroliers

33,2

2 416

32,8

2 481

30,7

1 960

31,3

2 354

24,2

2 882

Gaz naturel

74,6

3 210

73,0

3 255

66,8

2 887

75,7

3 808

63,3

4 952

Charbon

0,4

10

0,4

8

0,4

7

0,4

9

0,4

15

Énergies renouvelables et déchets

10,9

88

11,4

96

11,5

91

13,2

100

13,1

117

Électricité

141,2

13 937

137,8

14 636

127,6

14 676

133,4

16 228

133,0

19 274

Chaleur commercialisée

9,4

683

9,3

693

9,5

701

10,6

864

9,7

1 022

Total

269,7

20 344

264,7

21 168

246,5

20 322

264,6

23 361

243,7

28 261

Note : le bilan monétaire ne prend pas en compte les aides attribuées via le guichet d'aide.
Source : SDES, Bilan de l'énergie

Plus précisément : la dépense de gaz naturel progresse de 30 % pour une consommation en baisse de 16,4 %, celle d'électricité de 18,8 % pour une consommation en baisse de 0,3 %. La dépense d'EnR, qui n'inclut que la dépense en biomasse et en biocarburants, augmente, quant à elle, de 17 %.

En 2022, l'électricité concentre un peu plus des deux tiers de la dépense, contre la moitié de la consommation finale, du fait d'un prix relativement élevé au MWh par rapport aux autres énergies. À l'inverse, le poids du gaz naturel est plus faible dans la dépense totale que dans la consommation (respectivement 18 % et 26 %). Troisième énergie du secteur, les produits pétroliers représentent 10 % de la dépense et 10 % de la consommation, devant la chaleur commercialisée via des réseaux (4 % de la dépense totale et 4 % de la consommation).