Synthèse et données clés
La production d'énergie primaire chute en 2022
En 2022, la production d'énergie primaire française s'établit à 1 254 TWh, en baisse de 17,7 % par rapport à 2021. Cette baisse s'explique principalement par la faible production nucléaire (893 TWh, - 22,3 % en un an), qui atteint son plus bas niveau depuis 1988, en raison de l'arrêt pour contrôle et réparation de plusieurs réacteurs à la suite de la détection de problèmes de corrosion dans la centrale de Civaux. La production primaire d'énergies renouvelables (EnR) thermiques et issues de la valorisation des déchets diminue également (- 1,7 %, à 248 TWh), portée par le recul de la biomasse solide (- 6,2 %), moins consommée et produite lorsque l'hiver est doux. La production primaire d'énergies renouvelables électriques diminue aussi (- 7,9 %, à 104 TWh), la sécheresse exceptionnelle de l'été entraînant un repli marqué de la production d'électricité hydraulique (- 23,6 %). Le dynamisme des filières photovoltaïque (+ 27,8 %) et éolienne (+ 2,4 %) permet en partie de compenser la baisse de production hydraulique.
La consommation d'énergie diminue moins fortement
La consommation primaire réelle diminue de 10,2 % en 2022 et s'établit à 2 481 TWh en raison de la moindre disponibilité des réacteurs nucléaires, entraînant une baisse des pertes de chaleur induites, et de températures hivernales plus clémentes qu'en 2021. Le taux d'indépendance énergétique, ratio de la consommation et de la production primaires, diminue de 4,6 points, pour s'établir à 50,6 %.
Le déficit des échanges physiques d'énergie, à 1 334 TWh, s'accroît de 7,0 % en 2022. Pour la première fois depuis 1980, la France est importatrice nette d'électricité. La chute des approvisionnements en gaz gazeux russe à l'été entraîne une forte hausse des importations de gaz liquéfié (+ 103 %), en provenance notamment des États-Unis, et des exportations (+ 176 %) vers les pays voisins, avec des flux inhabituels de l'ouest et du sud de l'Europe vers l'est et le nord.
La consommation finale à usage énergétique s'établit à 1 543 TWh (- 4,5 % sur un an). Corrigée des variations climatiques, elle est quasi stable sur un an (- 0,5 %). Elle diminue dans le résidentiel, le tertiaire et l'industrie mais progresse dans les transports à la faveur de la levée totale des restrictions de circulation liées à la crise sanitaire.
De fortes hausses des prix de l'énergie
Dans un contexte de tensions internationales liées à la guerre en Ukraine et de moindre disponibilité du parc nucléaire français, les prix de l'énergie sur les marchés connaissent de fortes hausses en 2022. Malgré les mesures mises en place pour limiter la transmission des hausses de prix aux consommateurs finaux, les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises s'accroissent sensiblement en 2022 : tous secteurs confondus, les prix de l'énergie pour un usage énergétique progressent de 29,2 % sur un an. Les hausses subies varient selon les secteurs : + 58 % dans l'industrie, + 28 % dans le tertiaire, + 17 % dans le résidentiel. Les gros consommateurs, plus sensibles aux prix des marchés de gros, connaissent les hausses les plus fortes.
Les consommateurs finaux d'énergie ont dépensé 215 md€ en 2022
Au total, les ménages, entreprises et administrations ont dépensé 215,4 Md€ en 2022 pour satisfaire leurs besoins en énergie. Par rapport à 2021, cette dépense progresse de 19,4 % en euros constants, malgré la baisse de la consommation finale.
La facture moyenne d'énergie des ménages s'élève à 3 551 € en 2022, dont 1 744 € pour l'énergie du logement et 1 808 € pour les carburants. La dépense en carburants s'accroît de 27 % pour la deuxième année consécutive, sous l'effet cumulé de la reprise des déplacements à la sortie de la crise sanitaire et de l'augmentation des prix. La facture moyenne liée au logement ne progresse que de 2 % du fait de la baisse de la consommation et de l'effet du bouclier tarifaire.
Le diagramme de Sankey, outil de visualisation du bilan
Le diagramme de Sankey, représenté ci-après, illustre qu'en 2022 la France a mobilisé une ressource primaire de 2 536 TWh pour satisfaire une consommation finale (non corrigée des variations climatiques) de 1 664 TWh. La différence est constituée des pertes et usages internes du système énergétique (816 TWh au total), des importations nettes d'électricité (15 TWh), des soutes aériennes et maritimes internationales exclues par convention de la consommation finale (69 TWh). Le diagramme illustre aussi les flux des différentes formes d'énergie transformés en électricité (par exemple, 67 TWh de gaz ont été utilisés à des fins de production d'électricité). En outre, les consommations des utilisateurs finaux sont ventilées par secteur.
Ensemble des énergies – Bilan énergétique de la France en 2022 (TWh)
Note : les flux relatifs aux énergies renouvelables électriques comprennent les énergies marines, mais excluent l'accumulation par pompage.
Les énergies renouvelables thermiques recouvrent le bois, le solaire thermique, les biocarburants, le biogaz, la chaleur prélevée de l'environnement par les pompes à chaleur, etc.
L'importance des pertes dans le domaine de l'électricité tient au fait que la production nucléaire est comptabilisée pour la chaleur produite par la réaction, chaleur dont les deux tiers sont perdus lors de la conversion en énergie électrique.
La chaleur commercialisée correspond à la chaleur vendue par les réseaux et la chaleur cogénérée vendue.
Champ : France entière (y compris DROM).
Source : SDES, Bilan de l'énergie