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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

3.4 Hausse prononcée de la production d’électricité, tirée par le nucléaire et l’hydraulique

3.4.1 Production nette d’électricité

La production d’électricité, nette de la consommation des auxiliaires et des pertes dans les transformateurs des centrales, s’établit à 503 TWh en 2023 (figures 3.4.1.1 et 3.4.1.2). Elle augmente de 10,7 % par rapport à 2022 et atteint un niveau proche de celui de 2020.

Cette hausse s’explique surtout par celle de la production nucléaire (+ 14,7 %, à 320 TWh) en raison de la plus grande disponibilité du parc (cf. 2.2.2). La production d’électricité nucléaire représente 63,7 % de la production d’électricité en France en 2023. De plus, la production hydraulique augmente sensiblement (+ 18,9 %, à 61 TWh), après une année 2022 marquée par une sécheresse historique. Les précipitations nettement plus abondantes en 2023 ont augmenté le débit des cours d’eau et alimenté davantage les stocks hydrauliques. La production éolienne est également très dynamique en 2023 (+ 32,1 %) en raison de la forte augmentation des capacités installées et des conditions de vent très favorables, notamment en fin d’année. Enfin, le photovoltaïque continue de se développer : + 11,2 % en 2023. En conséquence, la production thermique classique, qui permet de faire face à une baisse de la production renouvelable et nucléaire ou de répondre à un pic de demande, diminue de 25,0 % en 2023, pour s’établir à 50 TWh.

Figure 3.4.1.1 : production nette d’électricité

* Y compris énergie marémotrice.
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après RTE, EDF et producteurs d’électricité

Figure 3.4.1.2 : production nette d’électricité

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Production nucléaire

379

335

361

279

320

dont Arenh

120

5 729

126

5 832

126

5 766

126

5 590

127

5 317

Production hydraulique*

61

67

64

51

61

dont hydraulique sous OA

6

556

7

600

6

541

4

430

3

346

dont subventions OA

255

308

4

- 405

- 316

Production éolienne

35

40

37

38

50

dont éolien sous OA

32

3 235

39

3 907

35

2 963

32

3 534

36

3 844

dont subventions OA

1 720

2 174

150

- 2 348

- 3 448

Production photovoltaïque

12

13

15

20

22

dont photovoltaïque sous OA

12

4 084

13

3 979

15

4 173

19

4 952

23

4 650

dont subventions OA

3 513

3 507

2 940

1 500

43

Production thermique renouvelable et géothermie

10

10

11

11

12

dont sous OA

8

1 241

8

1 288

9

1 431

8

1 463

7

1 820

dont subventions OA

829

880

737

24

494

Production thermique non renouvelable

49

44

45

56

38

dont sous OA

12

2 650

12

2 461

12

3 182

11

3 976

10

2 650

dont subventions OA

1 890

1 724

1 829

1 898

584

Autre (Interconnexion**)

49

36

90

198

86

dont subventions

8

- 6

48

145

20

Production subventionnée hors OA en ZNI***

2

1 003

3

923

2

932

3

984

4

1 088

dont subventions

717

646

574

581

580

Total production France entière

547

510

532

455

503

Subventions totales (y compris interconnexions et charges de péréquation dans les ZNI)

8 931

9 234

6 282

1 394

- 2 042

* Y compris énergies marines.
** Interconnexion : correspond à l’électricité achetée via la liaison à courant continu Italie-Corse-Sardaigne.
*** ZNI = zones non interconnectées au réseau d’électricité métropolitain continental. Elles incluent la Corse, les DROM ainsi que les îles du Ponant et Chausey.
Note : ne sont valorisées monétairement dans ce tableau que les productions sous obligation d’achat (OA) ou bénéficiant de compléments de rémunération, ainsi que la production d’origine nucléaire vendue dans le cadre du mécanisme de l’Arenh.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

Nucléaire

En raison d’une plus grande disponibilité du parc nucléaire, la production nette d’électricité nucléaire augmente de 14,7 % en 2023, à 320 TWh (cf. 2.2.2). La disponibilité du parc s’est améliorée par rapport à l’année 2022, marquée par les multiples arrêts pour maintenance et contrôles à la suite de la découverte d’un problème de corrosion dans les circuits de refroidissement de la centrale de Civaux à l’automne 2021. Cependant, la production nucléaire reste à un niveau bas (- 15,6 % par rapport à 2019).

Dans le cadre du dispositif d’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), un peu plus d’un tiers de la production nucléaire, soit 127 TWh, a été rachetée à EDF par les fournisseurs alternatifs ainsi que par les gestionnaires de réseaux pour la couverture de leurs pertes, pour un montant de 5,3 Md€. Un cinquième, soit 27 TWh, ont été cédés pour compenser les pertes liées au transport d’électricité, dont la plus grande partie vient de la dissipation de chaleur par effet Joule.

Hydraulique

La production hydraulique nette (y compris énergies marines et pompages) progresse nettement en 2023 (+ 18,9 %) et s’établit à 61 TWh (cf. 2.2.3) du fait de conditions hydrologiques plus favorables après une année 2022 de production historiquement basse. La production hydraulique en 2023 constitue ainsi plutôt un retour à une situation moyenne qu’à une année de forte production hydraulique.

Un peu moins de 4,2 TWh (6,9 % de la production) sont produits par des stations de transfert d’énergie par pompage (Step) qui permettent de stocker de l’électricité en pompant l’eau d’une retenue inférieure à une retenue supérieure pour la turbiner en sens inverse ultérieurement.

En 2023, 3 TWh sont produits dans le cadre de contrats d’obligation d’achat ou compléments de rémunération. Auparavant, le tarif d’achat concernait les installations de moins de 12 MW. Depuis le 30 mai 2016, et au 31 décembre 2023, ne sont éligibles à de nouveaux contrats d’obligation d’achat que les installations de moins de 500 kW. Un complément de rémunération en guichet ouvert est possible pour les installations de moins de 1 MW et sur appel d’offres pour les installations de puissance comprise entre 1 et 4,5 MW. Comme en 2022, les charges de l’État pour cette filière sont négatives en 2023 (- 316 M€). Les prix garantis par les contrats d’obligation d’achat sont devenus inférieurs aux prix de gros en 2022 et 2023, ce qui a entraîné des résiliations anticipées de contrat. Le nombre de résiliations est moindre en 2023.

Éolien

Grâce à la progression des capacités installées, la production éolienne progresse de 32,1 % en 2023 et s’établit à 50 TWh (cf. 2.2.3). Après s’être envolés en 2022, les prix de gros de l’électricité restent en 2023 à un niveau nettement supérieur à celui des années précédentes. En conséquence, les subventions à la filière éolienne dans le cadre du dispositif des obligations d’achat et des compléments de rémunération sont négatives, à - 3,4 Md€. En effet, les compensations aux opérateurs se fondent sur la différence entre un tarif fixé à l’avance et le prix de marché. Les prix de gros de l’électricité ayant dépassé le tarif en 2023, les producteurs éoliens concernés ont vendu leur production en dessous du prix de marché.

Solaire photovoltaïque

La production solaire photovoltaïque progresse en 2023 (+ 11,2 %) et s’établit à 22 TWh en raison de l’augmentation de la puissance du parc consécutive à un rythme d’installation nettement accéléré (cf. 2.2.3). Le champ couvert par cette production inclut la production photovoltaïque autoconsommée qui s’élève à 0,9 TWh en 2023. L’État, via les dispositifs d’obligation d’achat et de compléments de rémunération soutient particulièrement les différentes formes de production photovoltaïques (autoconsommation et vente en totalité). Cependant, en 2023, les montants des subventions attribués à la filière solaire tombent à leur niveau le plus bas depuis 2012, soit 43 M€. Cela s’explique, comme pour l’éolien, par le différentiel entre le prix de marché et le tarif fixé à l’avance.

Thermique classique

L’ajustement de l’offre à la demande d’électricité est, pour l’essentiel, assuré par la filière thermique classique à partir de combustibles fossiles ou renouvelables, dont les moyens de production peuvent être démarrés ou stoppés très rapidement selon les besoins. En 2023, la production thermique diminue de 25 % et s’établit à 50 TWh (figure 3.4.1.3). En effet, dans un contexte de hausse des productions d’origine nucléaire et hydraulique, les installations thermiques classiques, utilisées comme moyens de pointe pour ajuster l’offre à la demande, ont été davantage sollicitées que l’année précédente.

Le rendement électrique moyen des centrales, qui rapporte la production d’électricité à la consommation de combustibles nécessaire à cette production, est très différencié selon le combustible utilisé. En 2023, il s’élève à 64 % pour le gaz naturel, 43 % pour la biomasse, 41 % pour le biogaz, 42 % pour les produits pétroliers, 32 % pour les déchets ménagers. Ces derniers sont consommés principalement par des incinérateurs dont le but premier est la destruction des déchets et non la conversion énergétique. À l’inverse, les centrales fonctionnant au gaz naturel, en particulier celles qui sont dédiées à la production d’électricité seule, affichent en moyenne le meilleur rendement, convertissant plus de la moitié de l’énergie contenue dans le combustible en électricité. En effet, la transformation de gaz en électricité est aujourd’hui essentiellement assurée (hors cogénération) par des centrales à cycle combiné, plus efficaces d’un point de vue énergétique que les centrales thermiques traditionnelles. Les centrales de cogénération qui produisent à la fois de la chaleur et de l’électricité à partir de la biomasse ou des déchets tirent les rendements électriques de ces combustibles à la baisse. Leur efficacité globale reste néanmoins plus importante car le rendement de la production de chaleur y est conventionnellement fixé à 85 %. Les rendements énergétiques apparents sont dispersés, en particulier dans le cas du biogaz, dont la teneur en méthane peut être très variable, et de la biomasse, dont la composition et le taux d’humidité ne sont pas très homogènes (figure 3.4.1.4). Le pouvoir calorifique de ces combustibles est estimé avec beaucoup plus d’imprécision et les différences de rendements apparents témoignent vraisemblablement des différences de pouvoirs calorifiques non pris en compte. Pour le gaz naturel et le pétrole, les faibles rendements sont principalement observés lorsque ces combustibles sont mélangés avec des déchets ou des gaz de raffineries (qui sont classés parmi les produits pétroliers mais peuvent contenir d’autres gaz).

Les centrales thermiques utilisant des énergies renouvelables et de récupération (biomasse, biogaz, déchets) ainsi que celles de cogénération peuvent bénéficier, sous conditions, du mécanisme d’obligation d’achat ou de celui des compléments de rémunération. La production électrique dans le cadre de ces dispositifs s’est élevée à 16 TWh en 2023, et a été subventionnée à hauteur de 1,1 Md€.

Figure 3.4.1.3 : production thermique classique nette par type de combustibles

* EnRt = énergies renouvelables thermiques.
Lecture : en 2023, 28 TWh d’électricité ont été produits par combustion de gaz naturel, dont 11 TWh à l’aide d’un procédé de cogénération.
Source : SDES, Bilan de l’énergie, enquête annuelle sur la production d’électricité

Figure 3.4.1.4 : répartition des combustibles par tranche de rendement en 2023

Lecture : en 2023, 45 % de la consommation de produits pétroliers pour produire de l’électricité a été réalisée dans des centrales avec un rendement énergétique compris entre 40 et 50 %.
Note : la taille des ronds est proportionnelle au poids du combustible par tranche de rendement dans la consommation totale de ce combustible pour produire de l’électricité. En cas d’utilisation de plusieurs combustibles par une centrale, la production est répartie entre ces derniers en proportion : une centrale consommant plusieurs combustibles apparaît ainsi dans plusieurs ronds sur la même tranche.
Champ : centrales thermiques.
Source : SDES, enquête annuelle sur la production d’électricité

Sur l’ensemble des filières de production, ce sont, au total, 79 TWh d’électricité qui sont vendus pour un montant de 13,3 Md€ aux acheteurs obligés. Les subventions de l’État dans le cadre des mécanismes d’obligation d’achat et de compléments de rémunération sont négatives en 2023 (- 2 Md€). En effet, les compensations aux opérateurs se fondent sur la différence entre un tarif fixé à l’avance et le prix de marché. Les prix de gros de l’électricité ayant dépassé les tarifs fixés en 2023, les producteurs éoliens et hydrauliques concernés ont reversé à l’État la différence entre le prix du marché et le prix prévu à l’avance dans leur contrat.

Par ailleurs, des compensations, de l’ordre de 2,2 Md€ en 2023, sont accordées par l’État aux producteurs situés dans les zones non interconnectées (les îles françaises dont l’éloignement géographique empêche ou limite une connexion au réseau électrique continental) dans le cadre de la péréquation géographique tarifaire6. Ces compensations visent à ne pas répercuter les surcoûts de production (liés aux contraintes plus fortes pour assurer l’équilibre entre offre et demande du fait du caractère insulaire du territoire) sur le tarif moyen de vente au client final, et ainsi à garantir que celui-ci soit similaire à celui de la France continentale.

Principales installations de production d’électricité en France par filière

Figure 3.4.1.5 : sites nucléaires, situation au 31 décembre 2023

* REP : réacteur à eau pressurisée.
** EPR : réacteur pressurisé européen.
*** La centrale du Bugey est en circuit mixte.
Source : DGEC

6 Il est fait l’hypothèse, dans le compte présenté ici, que la totalité du surcoût est liée à la production alors qu’en réalité une partie provient de la gestion du réseau. Les activités de production, distribution et fourniture d’électricité étant, par dérogation au droit européen, intégrées dans les zones non interconnectées, il n’est en effet pas possible d’identifier séparément les deux composantes.

Figure 3.4.1.6 : puissance hydraulique (hors pompages, y compris énergies marines) raccordée au réseau au 31 décembre 2023

Source : SDES, Bilan de l’énergie, enquête annuelle auprès des producteurs d’électricité

Figure 3.4.1.7 : puissance éolienne raccordée au réseau au 31 décembre 2023
En MW

Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après raccordements Enedis, RTE, EDF-SEI, CRE et les principales ELD

Figure 3.4.1.8 : puissance photovoltaïque raccordée au réseau au 31 décembre 2023
En MW

Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après raccordements Enedis, RTE, EDF-SEI, CRE et les principales ELD

Figure 3.4.1.9 : centrales au gaz naturel, situation au 31 décembre 2023

Source : RTE

Figure 3.4.1.10 : centrales à charbon et au fioul, situation au 31 décembre 2023

Source : RTE

3.4.2 Transport et distribution d’électricité

Le réseau d’électricité, qui permet son acheminement depuis les lieux de production jusqu’à ceux de consommation, se compose de deux niveaux : le réseau de transport et le réseau de distribution. Le réseau de transport, géré par RTE sur le territoire continental, comprend les lignes à très haute tension (« HTB »). En 2023, il atteint une longueur totale d’environ 106 000 km. Le réseau de transport permet d’acheminer la très grande majorité de l’électricité produite au réseau de distribution et à quelques très gros consommateurs. Les réseaux de distribution, auxquels sont raccordés la grande majorité des consommateurs et la quasi-totalité des petits producteurs, comprennent les lignes à moyenne et basse tension (« HTA » et « BT »), d’une longueur cumulée de plus de 1,4 million de kilomètres. Enedis est le gestionnaire d’un réseau couvrant 95 % des clients du territoire continental, une centaine d’entreprises locales de distribution se répartissant le reste. EDF SEI, acteur intégré (également producteur et fournisseur), gère les réseaux des zones non interconnectées, sauf à Mayotte où la gestion est assurée par Électricité de Mayotte.

Transport et distribution confondus, la rémunération des gestionnaires de réseaux pour leurs missions s’élève à 16,3 Md€ en 2023 (figure 3.4.2.1). Cette somme, payée par les consommateurs via le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe), comprend notamment la valeur des pertes physiques d’électricité sur les réseaux, qui doivent être achetées sur le marché par les gestionnaires (cf. 1.7.2). Ces pertes se sont élevées à 37 TWh en France en 2023, entraînant une charge de 5,3 Md€ pour les gestionnaires. Nette de la valeur de ces pertes (qui, in fine, constitue une rémunération des producteurs), une rémunération de 11,0 Md€ en 2023 a donc été perçue par les gestionnaires de réseaux afin de financer le développement, la maintenance et l’exploitation des réseaux ainsi que les missions associées (relève/comptage, mise en service, dépannage, mise à disposition de données, etc.). Le coût du réseau pour les consommateurs, y compris les pertes, augmente très légèrement, de 0,1 % en 2023, en lien avec la baisse des volumes de consommation (- 3,0 %).

Les réseaux de distribution et le réseau de transport contribuent respectivement à hauteur de 75 % et 25 % au coût total d’acheminement de l’électricité en 2023.

Les coûts unitaires en 2023 sont supérieurs aux valeurs de 2022 sur les réseaux de transport. Le coût unitaire de l’usage des réseaux de distribution diminue (- 9 %) alors que le coût unitaire des pertes associées augmente (+ 59 %) sur la même période.

Figure 3.4.2.1 : utilisation des réseaux d’électricité

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Réseau de transport

436

4 847

418

4 480

438

4 715

420

2 305

406

4 035

dont pertes

11

521

11

550

11

598

10

516

11

1 201

Réseaux de distribution

399

11 831

385

11 857

404

12 491

387

13 980

373

12 264

dont pertes

27

1 359

25

1 347

28

1 776

25

2 571

25

4 131

Utilisation des réseaux

472

16 678

452

16 337

475

17 206

454

16 284

440

16 299

dont pertes

38

1 880

36

1 897

39

2 373

35

3 087

37

5 332

Lecture : le réseau de transport a acheminé 406 TWh d’électricité en 2023 et a perçu pour cela une rémunération de 4 035 M€, dont 1 201 M€ correspondent à l’achat de 11 TWh dissipés lors de ce transport.
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après les gestionnaires de réseaux