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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

4.1 La consommation finale diminue mais la dépense se maintient à un niveau élevé dans un contexte de hausse des prix de l’énergie

La consommation d’énergie primaire de la France progresse de 1,6 % en 2023 et s’établit à 2 525 TWh (figure 4.1.1). La reprise de la production nucléaire et donc la plus forte consommation de chaleur nucléaire expliquent cette progression alors même que la consommation finale d’énergie diminue notamment sous l’effet des prix élevés de l’énergie et des appels à la sobriété. Corrigée des variations climatiques, la hausse est également de 1,6 %. Les températures pendant la période de chauffe, mesurées par le nombre de degrés-jours unifiés (DJU), ont en effet été très similaires à celles de 2022 (figure 4.1.2). Par rapport à 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de consommation d’énergie (voir encadré), la consommation primaire a baissé de 16,3 % à climat corrigé.

Figure 4.1.1 : consommation primaire totale et par usage

Note : les pertes de transformation, de transport et de distribution intègrent la consommation d’énergie des entreprises du secteur de la transformation pour leur usage propre ainsi qu’un écart statistique.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

Figure 4.1.2 : nombre de degrés-jours unifiés de la période de chauffe

Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après Météo-France

La hausse de la consommation primaire en 2023 provient de celle des pertes de transformation, de transport et de distribution d’énergie. Ces dernières (qui correspondent à la différence entre la consommation primaire et la consommation finale, à l’écart statistique près) augmentent de 13,2 % à climat corrigé, en raison principalement de la reprise de la production nucléaire et des pertes de chaleur induites (cf. 2.2.2). Celles-ci sont particulièrement importantes puisque seul un tiers de la chaleur produite par l’énergie nucléaire est convertie en électricité. La consommation finale d’énergie s’établit à 1 615 TWh en données réelles, dont 119 TWh pour les usages non énergétiques. Ceux-ci, majoritairement concentrés dans l’industrie et la pétrochimie, diminuent de 1,9 % en 2023. La consommation finale à usage énergétique diminue de 4,1 % et s’établit à 1 496 TWh en données réelles (cf. 5.1).

La consommation primaire évolue différemment selon les formes d’énergie (figure 4.1.3). Les énergies renouvelables électriques (hydraulique, éolien, photovoltaïque) voient leur consommation progresser de 24,6 % sur un an, sous l’effet de la croissance des capacités installées et de conditions météorologiques plus favorables (la production hydraulique avait été fortement affectée par la sécheresse en 2022). La consommation de chaleur nucléaire progresse de 7,3 % avec le redémarrage des réacteurs qui avaient été mis à l’arrêt pour maintenance en 2022. La consommation d’énergies renouvelables (EnR) thermiques et déchets progresse également (+ 3,1 %), portée par les pompes à chaleur et le biogaz. À l’inverse, les consommations primaires de gaz naturel et de charbon diminuent fortement (respectivement - 11,9 % et - 22,9 %). La consommation primaire de pétrole est quasi stable (+ 0,3 %), la croissance de l’activité des raffineries compensant la baisse de consommation finale dans le transport. Le bouquet énergétique primaire se compose de 39 % de nucléaire (+ 2 points par rapport à 2021), 30 % de pétrole, 13 % de gaz (- 3 points en un an), 11 % d’EnR thermiques et déchets, 5 % d’EnR électriques et 2 % de charbon.

Figure 4.1.3 : consommation primaire par forme d’énergie

Note : la consommation d’énergie nucléaire correspond à la quantité de chaleur dégagée par la réaction nucléaire (qui est ensuite convertie en électricité), déduction faite du solde exportateur d’électricité.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

Le bouquet énergétique final reste, quant à lui, dominé par le pétrole (figure 4.1.4). En 2023, les produits pétroliers représentent ainsi 39 % de la consommation finale à usage énergétique, devant l’électricité (27 %), le gaz (18 %), les énergies renouvelables et les déchets (13 %), la chaleur (3 %) et le charbon (0,4 %). Sur le long terme, la part des énergies fossiles dans le bouquet énergétique tend à diminuer depuis 1990 au profit de l’électricité et, depuis le milieu des années 2000, également au profit des énergies renouvelables.

Figure 4.1.4 : consommation finale à usage énergétique par forme d’énergie

Note : la chaleur n’est isolée que depuis 2000.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

Dans un contexte de prix élevés de l’énergie, et malgré la baisse de consommation finale, les ménages, entreprises et administrations ont dépensé 230 Md€ en 2023 pour satisfaire leurs besoins en énergie, soit un niveau similaire à celui de 2022 (figure 4.1.5). Elle se maintient donc à un niveau élevé, supérieur de près de 20 % à celui de 2021. Les produits pétroliers représentent toujours la part la plus importante de la dépense, mais celle-ci diminue de 5 points, à 45 %, entre 2022 et 2023. Ils sont suivis par l’électricité qui voit sa part dans la dépense progresser de 7 points, pour atteindre 37 %. Ces proportions sont supérieures aux parts respectives de ces deux formes d’énergie dans la consommation finale en raison de prix moyens plus élevés que les autres formes d’énergie.

Figure 4.1.5 : consommation finale en énergie, tous usages confondus (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En Md€2023

En TWh

En Md€2023

En TWh

En Md€2023

En TWh

En Md€2023

En TWh

En Md€2023

Charbon (hors hauts-fourneaux)

14

0,4

13

0,3

14

0,4

11

0,5

10

0,4

Produits pétroliers

773

98,7

686

72,4

749

92,2

720

114,6

693

102,2

Gaz naturel

341

21,3

319

18,2

347

22,1

297

27,9

273

27,4

Énergies renouvelables et déchets

185

5,7

171

4,9

196

7,2

192

9,4

200

8,6

Électricité

432

61,1

411

60,7

433

65,5

415

69,2

398

85,3

Chaleur

43

2,9

42

2,6

48

3,5

46

4,4

42

3,8

Consommation finale (hors charbon des hauts-fourneaux)

1 787

190

1 641

159

1 787

191

1 681

226

1 615

228

Dépense nationale en énergie (y compris charbon des hauts-fourneaux)

192

160

192

228

230

Source : SDES, Bilan de l’énergie

Au sein de la dépense nationale en énergie, le coût des importations nettes et des variations de stocks de produits énergétiques représente 67 Md€ (figure 4.1.6). Il diminue de 41 % par rapport à 2022 sous l’effet des baisses de prix sur les marchés internationaux. Les taxes énergétiques (nettes des subventions aux EnR) s’établissent à 39 Md€. Elles progressent de 20 % sur un an en raison de la baisse des subventions aux EnR qui deviennent négatives, les prix sur les marchés ayant été plus élevés que les prix fixés dans le cadre des obligations d’achat (cf. 3.4). La TVA non déductible est quasi stable, à 18 Md€, la hausse des prix compensant la baisse de la consommation finale. Le solde, soit 106 Md€, correspond à la rémunération d’activités réalisées sur le territoire national, principalement la production d’électricité et d’EnR, la gestion des réseaux de gaz et d’électricité, la distribution des carburants et le raffinage de pétrole. Elle progresse de 65 % sur un an, en lien avec la reprise de l’activité des centrales nucléaires et des raffineries.

Figure 4.1.6 : décomposition de la dépense nationale en énergie

Source : SDES, Bilan de l’énergie

Les objectifs de réduction de la consommation d’énergie de la France

La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et celle relative à l’énergie et au climat de 2019 ont fixé comme objectifs de diviser par deux la consommation finale d’énergie à horizon 2050 et de réduire la consommation primaire d’énergies fossiles de 40 % en 2030 par rapport à 2012.

La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) relative à la France continentale, dans sa deuxième version adoptée en avril 2020, donne des cibles intermédiaires de réduction de la consommation d’énergie par rapport à 2012, et les décline par forme d’énergie (figure 4.1.7) :

– consommation finale d’énergie : - 7,5 % en 2023 et - 16,5 % en 2028 ; la baisse réalisée atteint 8,5 % en 2023 ;

– consommation primaire de gaz naturel : - 10 % en 2023 et - 22 % en 2028 ; la baisse réalisée atteint 15,9 % en 2023 ;

– consommation primaire de pétrole : - 19 % en 2023 et - 34 % en 2028 ; la baisse réalisée atteint 15,8 % en 2023 ;

– consommation primaire de charbon : - 66 % en 2023 et - 80 % en 2028 ; la baisse réalisée atteint 63,1 % en 2023.

La 3e PPE qui fixe des objectifs en matière de production et de consommation d'énergie sur la période 2025-2035 est en cours de finalisation. La consultation du public s'est achevée le 5 avril 2025.

Figure 4.1.7 : baisses de consommations réalisées et attendues dans la PPE

Champ : France continentale. La consommation d’énergie à usage non énergétique est exclue.
Sources : SDES, Bilan de l’énergie ; décret du 21 avril 2020 relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie