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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

4.4 La consommation de charbon est historiquement faible et la dépense associée chute nettement

En 2023, la consommation primaire de charbon, corrigée des variations climatiques, s’établit à 55 TWh. Elle recule de 22 % par rapport à 2022, et atteint ainsi son plus bas niveau depuis le début des observations, en dessous même de son niveau de 2020 (66 TWh) - (figure 4.4.1). La consommation de charbon est orientée à la baisse depuis une trentaine d’années, même si elle peut augmenter ponctuellement, comme en 2017 ou 2021. En effet, les autres formes d’énergie se substituent progressivement au charbon dans la plupart des secteurs consommateurs. Par rapport à 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de la consommation d’énergie (cf. 4.1), la consommation primaire de charbon baisse de 61 % à climat corrigé.

Depuis 2015, la filière fonte constitue le principal consommateur de charbon en France avec, en 2023, 64 % de la consommation totale. Elle est suivie par celle de la production d’électricité et de chaleur, qui ne représente plus que 23 % de la consommation (contre 48 % en 2012). La consommation finale (essentiellement celle de l’industrie manufacturière hors hauts-fourneaux) compte, quant à elle, pour 18 % de l’ensemble des ressources primaires consommées en 2023 (le solde entre les ressources et la somme des consommations des différents secteurs correspondant à l’écart statistique).

Après avoir atteint un niveau inédit à 3,6 Md€2023 en 2022, la dépense totale en charbon chute de nouveau nettement en 2023, à 2,5 Md€ (- 33 %), en raison de la baisse importante de la consommation et de la chute des prix (cf. 1.4). Elle reste élevée, un peu supérieure à son niveau de 2019 (2,3 Md€2023). Les hauts-fourneaux, qui consomment majoritairement du coke, issu de la transformation d’un type de charbon plus onéreux que celui utilisé pour la production d’électricité et de chaleur, concentrent à eux seuls près de 70 % de la dépense totale, contre 53 % en 2012.

Figure 4.4.1 : consommation primaire de charbon (hors écart statistique) et dépense totale associée

Note : un opérateur a révisé fortement à la hausse ses productions de gaz dérivés, entraînant une rupture de série entre 2016 et 2017. Par ailleurs, à partir de 2017, les pertes, auparavant incluses dans l’écart statistique, sont intégrées à la consommation de la filière fonte.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

Outre la filière fonte, dont la consommation totale nette s’élève à 35 TWh en 2023, 10 TWh de produits charbonniers ont été consommés par la branche énergie à des fins de production électrique ou, de façon plus marginale, de production de chaleur vendue ensuite à des tiers (figure 4.4.2). Cette quantité correspond, pour l’essentiel, à du charbon-vapeur utilisé comme combustible par des centrales thermiques à flamme. Par ailleurs, du gaz fatal issu des installations sidérurgiques est brûlé pour produire de l’électricité sur le site industriel lui-même ou dans une centrale thermique voisine, comme c’est notamment le cas à Dunkerque.

La consommation des centrales a diminué de près de 81 % depuis 2012. Cette baisse reflète la réduction progressive du parc pour des raisons environnementales et d’obsolescence. Avec l’arrêt de nombreuses tranches de production, la capacité électrique installée des centrales à charbon s’est en effet réduite de plus de trois quarts sur le territoire métropolitain sur la période. Fin décembre 2023, seules cinq unités de production, réparties sur quatre sites, à Cordemais (Loire-Atlantique) et Saint-Avold (Moselle) restent en activité.

Fin 2023, les départements et régions d’outre-mer comptent deux installations de production thermique au charbon, dont certaines tranches de production utilisent également un combustible renouvelable issu de la canne à sucre, la bagasse, durant la campagne sucrière. Ces installations sont les centrales du Moule (Guadeloupe) et du Gol (La Réunion). Les unités ultramarines sont en cours de conversion en unités 100 % renouvelable (bagasse-biomasse). La centrale de Bois-Rouge, à Saint-André (La Réunion), a été convertie totalement à la biomasse en mars 2023 et a ainsi abandonné le combustible charbonnier. À son tour, la centrale du Gol a été convertie en février 2024 et ne consomme plus de charbon.

Avec la chute importante de la production d’électricité à partir de charbon en métropole, les centrales ultramarines représentent plus de la moitié des consommations de charbon des producteurs d’électricité ou de chaleur cogénérée dont c’est l’activité principale. Cette part était temporairement passée à environ 30 % en 2021 et 2022 dans un contexte de moindre disponibilité des centrales nucléaires et de tensions sur l’approvisionnement en gaz.

Au-delà de cette tendance de long terme, la consommation des centrales thermiques à charbon en France métropolitaine est très sensible à la rigueur des températures, celles-ci étant principalement utilisées comme moyens de pointe lors des vagues de froid hivernales. En 2022, les tensions sur l’approvisionnement en gaz ont entraîné la réouverture provisoire de la centrale de Saint-Avold, qui devait être définitivement arrêtée.

La consommation de charbon des centrales, corrigée des variations climatiques, diminue d’un tiers en 2023, à 13 TWh, son niveau le plus faible depuis le début des mesures.

En effet, les centrales à charbon métropolitaines ont été nettement moins sollicitées qu’en 2022 grâce au rebond du nucléaire, à la forte augmentation de la production renouvelable et à la baisse de la consommation (cf. 3.4). Par ailleurs, la centrale de Bois-Rouge à La Réunion n’utilise plus de charbon.

La dépense pour produire de l’électricité ou de la chaleur s’élève en 2023 à 0,4 Md€. Hors inflation, la facture a diminué de 44 % en un an, en lien avec la chute de la demande et le recul des prix de l’énergie.

Figure 4.4.2 : consommation pour la production d’électricité et de chaleur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Production délectricité et de chaleur

17,9

327

15,1

228

22,1

455

17,4

634

9,7

357

Charbon primaire

12,2

188

10,4

117

16,8

309

13,1

520

6,6

214

Gaz dérivés

5,7

139

4,7

111

5,3

147

4,2

113

3,1

143

Source : SDES, Bilan de l’énergie

La consommation finale de charbon en France s’élève à 10 TWh en 2023 (figure 4.4.3), un minimum historique. Elle fléchit nettement en un an (- 9 %). Par rapport à 2019, cette consommation recule aussi sensiblement (- 29 %). Depuis 2012, la consommation finale de charbon a chuté de 45 %.

La dépense correspondante s’établit à 0,4 Md€ en 2023. Mesurée en euros constants, elle recule de 17 % par rapport à 2022, du fait de la baisse importante des prix, mais reste supérieure à celle de 2021 et 2019 (+ 8 %).

Les usages non énergétiques du charbon représentent 33 % de la consommation finale en 2023. Cette part augmente de 5 points en un an en raison de la baisse de la consommation finale énergétique, en particulier dans l’industrie. Elle était restée stable depuis près de dix ans jusqu’en 2021. Ces usages non énergétiques concernent en premier lieu les secteurs industriels de la sidérurgie, de la chimie puis, dans une moindre mesure, celui des produits minéraux non métalliques.

Les usages énergétiques se concentrent, quant à eux, en quasi-totalité dans l’industrie, principalement dans les secteurs de la chimie, des produits minéraux non métalliques (notamment la fabrication de ciments, plâtres et chaux) et de l’agroalimentaire (par exemple les sucreries). Le charbon est très marginalement utilisé comme combustible, en général pour le chauffage, dans le résidentiel et le tertiaire, notamment dans les Hauts-de-France.

Figure 4.4.3 : consommation finale de charbon (données non corrigées des variations climatiques)

En TWh

2019

2020

2021

2022

2023

Industrie

10,3

9,1

10,5

7,4

6,2

Charbon primaire

8,5

7,7

8,9

6,1

4,9

Charbon dérivé

1,8

1,4

1,6

1,3

1,3

Autres usages énergétiques

0,7

0,6

0,7

0,7

0,6

Charbon primaire

0,6

0,6

0,6

0,6

0,5

Charbon dérivé

0,1

0,1

0,1

0,2

0,0

Usages non énergétiques

3,1

2,8

3,2

3,0

3,4

Charbon primaire

1,2

1,4

1,4

1,4

1,5

Charbon dérivé

1,9

1,5

1,8

1,7

1,9

Total

14,1

12,5

14,5

11,1

10,1

Charbon primaire

10,4

9,6

11,0

8,0

6,9

Charbon dérivé

3,8

2,9

3,5

3,1

3,2

Source : SDES, Bilan de l’énergie