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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

4.5 La consommation d’énergies renouvelables et de déchets augmente en 2023

4.5.1 Consommation totale

La consommation primaire d’énergies renouvelables (EnR) et de déchets s’élève à 409 TWh en 2023. Elle se répartit en 209 TWh consommés par la branche énergie (pour la production d’électricité ou de chaleur) et 200 TWh consommés directement par les utilisateurs finaux, principalement pour les besoins de chauffage. Au sein de la branche énergie, la consommation d’EnR et déchets sert majoritairement à produire de l’électricité : 129 TWh pour la production d’électricité issue des filières hydraulique, éolienne et photovoltaïque et 15 TWh de combustibles (principalement de la biomasse et des déchets) brûlés pour produire de l’électricité. 41 TWh de combustibles sont également consommés pour produire simultanément de la chaleur et de l’électricité par cogénération, et 15 TWh pour produire de la chaleur. 8 TWh de biométhane sont par ailleurs injectés dans les réseaux.

Tous usages confondus, la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets augmente de 9,1 % sur un an. Cette augmentation est portée par la filière hydraulique, du fait des conditions pluviométriques de 2023 proches de la moyenne après une année 2022 chaude et très sèche, et par la filière éolienne, du fait du développement du parc et de conditions de vent favorables (cf. 2.2.3). D’autre part, des températures automnales légèrement plus basses par rapport à 2022 ont entraîné un besoin accru de chauffage des ménages qui s’est traduit notamment par l’augmentation de la consommation de bois-énergie et de chaleur renouvelable des pompes à chaleur dans le résidentiel.

Les énergies renouvelables continuent de se développer. À climat corrigé, la consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets augmente de 8,7 % en 2023. Elle a doublé depuis le milieu des années 2000 et a augmenté de 36,9 % depuis 2013 (figure 4.5.1.1). En enlevant la consommation des énergies renouvelables électriques11 (qui ne sont pas corrigées des variations de la pluviométrie, du vent ou du soleil), la consommation primaire d’énergies renouvelables thermiques et de déchets corrigée des variations climatiques augmente de 2,8 % en 2023.

Figure 4.5.1.1 : consommation primaire d’énergies renouvelables et de déchets par secteur

* Y compris énergies marines.
Note : la consommation de déchets urbains pour la production d’électricité et de chaleur par cogénération n’est pas isolable jusqu’en 1994 et est incluse jusqu’à cette date dans le poste « Production de chaleur seule ».
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

11 Hydraulique, éolien, photovoltaïque et énergies marines.

La consommation finale d’énergies renouvelables et déchets (200 TWh en 2023, en données non corrigées des variations climatiques) correspond aux consommations de combustibles, carburants et chaleur primaire provenant de sources renouvelables ainsi que de déchets, destinées à tout usage autre que la production électrique et la production de chaleur commercialisée à des tiers. Le secteur résidentiel en représente à lui seul 60 %, suivi des transports (19 %), de l’industrie (13 %), du tertiaire (6 %) et de l’agriculture (2 %).

119 TWh d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets sont consommés pour le chauffage ou l’eau chaude sanitaire dans le secteur résidentiel. Cette consommation augmente de 4,2 % sur un an du fait notamment d’un automne plus froid, après une baisse de 2,2 % en 2022, avec des températures hivernales et automnales supérieures à celles de 2021. Corrigée des variations climatiques, elle augmente toujours de 3,8 %. Sur ces 119 TWh, 59 % sont issus de la combustion de bois, 39 % sont extraits par les pompes à chaleur et 2 % sont produits par les capteurs solaires thermiques installés chez les particuliers. Après avoir progressé dans les années 2000, la consommation de bois de chauffage est plus atone ces dernières années. À climat corrigé, elle diminue de 0,3 % en 2023. Le recul des ventes d’appareils de chauffage au bois entre 2013 et 2020 (à l’exception des poêles à granulés et à bûches) et la diminution régulière de la consommation de bois par ménage équipé d’un appareil de chauffage au bois, du fait notamment de l’amélioration de l’efficacité de ces derniers, expliquent cette tendance (cf. 2.2.3). À l’inverse, les pompes à chaleur, en particulier celles aérothermiques, qui nécessitent un moindre investissement, continuent de se développer fortement dans le résidentiel, grâce notamment aux mesures incitatives pour remplacer les appareils de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles. Leur consommation renouvelable corrigée des variations climatiques augmente à un taux moyen de 12 % sur les cinq dernières années.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques dans les transports, composée de biocarburants (cf. 4.5.3), atteint 38 TWh en 2023 en données réelles. Elle augmente de 4,6 %.

La consommation finale dans l’industrie est composée pour 76 % de biomasse solide, 16 % de déchets industriels, 5 % de biogaz et 3 % de biocarburants (principalement incorporés au gazole non routier). Elle s’élève à 26 TWh en 2023 en données réelles, en hausse de 3,5 %. Le secteur de l’imprimerie et de la production de papier et de carton est le principal utilisateur d’énergies renouvelables thermiques et de déchets avec 17 TWh consommés en 2023. Ce secteur consomme en particulier de la biomasse (8 TWh), notamment de liqueur noire, résidu issu de la fabrication du papier kraft et constituant une source d’énergie facilement mobilisable et peu onéreuse.

La consommation finale d’énergies renouvelables thermiques ou issues des déchets par le secteur tertiaire demeure modeste, à 12 TWh en 2023. Elle est quasiment constante sur un an en données réelles et diminue de 0,9 % à climat corrigé. Cette consommation, principalement à des fins de chauffage, se répartit entre les filières biomasse solide (28 %), pompes à chaleur (26 %), incinération de déchets (25 %), biogaz (14 %), biocarburants (4 %, correspondant à la part renouvelable du gazole non routier utilisé marginalement par le secteur tertiaire), géothermie (2 %) et solaire thermique (1 %).

4.5.2 Bois-énergie

En 2023, la consommation primaire de bois-énergie s’élève à 111 TWh en données réelles (figure 4.5.2.1). Elle augmente de 1,8 % par rapport à 2022 en raison de températures automnales plus basses que l’année précédente. La dépense associée s’élève à 3,5 Md€ et augmente de 20 % sur un an. Elle se répartit en 2,5 Md€ dans le résidentiel (soit 72 % du total), 0,7 Md€ dans le secteur énergétique pour la production d’électricité et de chaleur et 0,3 Md€ dans les autres secteurs (tertiaire et industriel). Si la hausse du prix du bois-énergie est particulièrement importante dans l’industrie (+ 48 % en un an), la hausse globale de la dépense est tirée par l’évolution du prix du bois acheté par les ménages (+ 30 % en moyenne annuelle (cf. 1.5.2) du fait de la part importante de ce secteur dans la consommation primaire totale. Cette dépense prend en compte l’achat de bois hors des circuits commerciaux mais n’inclut pas l’auto-approvisionnement en bois (entre 30 et 40 % de la consommation de bois-bûche des ménages).

Figure 4.5.2.1 : consommation primaire de bois-énergie par secteur (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Consommation primaire totale

110

2 538

100

2 531

114

2 878

109

2 897

111

3 486

Production d'électricité et de chaleur

20

539

19

491

22

547

23

686

24

722

Industrie

9

80

9

81

9

90

12

123

12

176

Résidentiel

77

1 837

68

1 886

78

2 154

69

1 996

69

2 495

Tertiaire

3

82

3

73

3

87

3

92

3

93

Agriculture-pêche

2

0

2

0

2

0

2

0

2

0

Lecture : la consommation primaire de bois-énergie (hors liqueur noire) s’élève à 111 TWh en 2023, pour une dépense correspondante de 3,5 Md€.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

4.5.3 Biocarburants

La consommation de biocarburants s’établit à 3,5 Mtep (soit 41 TWh) en 2023, dont 2,6 Mtep de biodiesel, 0,8 Mtep de bioéthanol et 0,05 Mtep de biokérosène (figure 4.5.3.1). Elle augmente (+ 4,6 %) en raison de la progression de la consommation de biodiesel (+ 5,6 %). Du fait de la baisse des prix, la dépense associée diminue fortement en euros constants (- 13,5 %), pour s’établir à 5,9 Md€ en 202312. Hors coûts de distribution et des taxes (affectés par convention dans le bilan aux produits pétroliers avec lesquels ils sont mélangés), les dépenses de biodiesel s’élèvent à 4,4 Md€ (- 16,1 % par rapport à 2022 en euros constants, malgré une hausse de la consommation), et celles de bioéthanol à 1,5 Md€ (- 4,6 %). La consommation de biocarburants est concentrée à 92 % dans le secteur des transports, le reste étant essentiellement lié à l’utilisation d’engins agricoles et de chantier.

Figure 4.5.3.1 : consommation de biocarburants et dépense totale associée

Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après DGDDI et FAO

12 La dépense n’inclut pas celle en biokérosène, qui s’élève à 0,1 Md€.