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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

4.6 Électricité : la consommation recule, la dépense est en hausse

4.6.1 Consommation et dépense totales

À climat réel, la consommation totale d’électricité diminue de 4,0 % en 2023 (après - 3,8 % en 2022 et + 5,1 % en 2021), pour s’établir à 408 TWh (figure 4.6.1.1). À climat corrigé, la consommation d’électricité diminue dans les mêmes proportions par rapport à 2022 (- 3,9 %), soit un rythme plus soutenu que la moyenne annuelle observée depuis 2012 (- 0,74 %). En 2023, le climat a en effet été doux et comparable à celui de 2022. Les prix élevés ainsi que la poursuite des appels à la sobriété peuvent être des éléments d’explication de cette baisse. La forte hausse des prix de détail sur un an (+ 35,7 %) entraîne une très forte augmentation de la dépense en électricité, qui s’établit à 87 Md€ (+ 23,7 % par rapport à l’année précédente en euros constants).

En 2023, la hausse des dépenses en électricité s’explique par la persistance des effets de la crise énergétique amorcée fin 2021. Les prix élevés observés sur le marché de gros en 2022 ont continué d’influencer les factures payées par les consommateurs en 2023 en raison de la structure des contrats d’approvisionnement et des pratiques de couvertures des fournisseurs sur les marchés à terme. Ainsi, même si les prix sur les marchés de gros ont fortement décru en 2023 (cf. 1.7), la répercussion de cette baisse sur les contrats de fourniture en cours n’intervient pas au même rythme pour tous les contrats. Selon la structure des contrats de fourniture souscrits, les évolutions de prix pour les consommateurs finaux interviennent souvent lors des renouvellements de contrat, ce qui explique également le retard dans la transmission des prix des marchés de gros vers le marché de détail. Cette inertie tarifaire a conduit à des factures plus élevées pour les consommateurs, malgré une baisse de la consommation.

Figure 4.6.1.1 : consommation physique d’électricité et dépense associée

Source : SDES, Bilan de l’énergie

4.6.2 Consommation et dépense de la branche énergie

Au-delà des pertes sur le réseau (37 TWh) et de l’électricité utilisée pour le pompage (3,6 TWh), la branche produisant de l’énergie (raffineries, enrichissement de l’uranium…) est elle-même consommatrice d’électricité à hauteur de 10 TWh, représentant un coût de 1,8 Md€ (figure 4.6.2.1).

Figure 4.6.2.1 : usages internes de la branche énergie en électricité (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Branche électricité

9

716

9

781

9

862

10

1 228

10

1 752

Note : hors pertes, consommation propre des centrales et énergie absorbée par le pompage.
Source : SDES, Bilan de l’énergie

4.6.3 Consommation finale et dépense associée

Corrigée des variations climatiques, la consommation finale d’électricité s’était stabilisée entre 2012 et 2018. En 2023, elle diminue de 4,0 % par rapport à 2022, avec des évolutions contractées selon les secteurs. Non corrigée du climat, la consommation finale d’électricité diminue de 4,2 % en 2023, à 398 TWh, dans un contexte de prix élevés et d’appels à la sobriété (figure 4.6.3.1). La dépense associée progresse de 23,3 %, atteignant 85,3 Md€.

Le secteur résidentiel représente 38 % de la consommation finale d’électricité, ce qui en fait le plus grand consommateur. La consommation finale d’électricité corrigée du climat du secteur s’élève à 156 TWh (figure 4.6.3.2), en baisse de 4,6 TWh par rapport à 2022 (- 2,8 %). L’électricité a de nombreux usages (chauffage, fonctionnement des divers équipements électroménagers ou autres, éclairage…). Plusieurs facteurs influent sur la consommation d’électricité du résidentiel : la météo, le taux d’équipement, l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments, les prix, mais aussi les comportements de consommation (sobriété). Alors que la part du résidentiel dans la consommation d’électricité reste sensiblement la même, autour de 38 %, sa part dans la dépense diminue fortement. Elle était de 53 % en 2019, de 49 % en 2022 et de 42 % en 2023. En effet, le secteur résidentiel reste relativement épargné par l’augmentation globale des prix. Le bouclier tarifaire a limité les hausses des tarifs réglementés de vente (TRV) pour les ménages (et les petites entreprises). Ces derniers ont connu tout de même des hausses significatives en 2023 : + 15 % TTC en moyenne au 1er février et + 10 % TTC en moyenne au 1er août. Malgré la baisse de la consommation, la dépense progresse de 5,5 %.

Le secteur tertiaire consomme 126 TWh d’électricité (à climat corrigé), soit 31 % de l’électricité finale totale, et se place ainsi en deuxième position. Sa consommation diminue de 6,1 % (- 8,3 TWh) après correction des variations climatiques. La part du tertiaire dans la dépense globale d’électricité est de 35 %, ce qui représente une augmentation importante par rapport à l’année précédente où elle était de 29 %. La dépense du secteur tertiaire augmente de 46,6 % malgré une baisse de 6,5 % de la consommation. Ce secteur est celui qui a été le plus impacté par la hausse des prix de l’électricité.

Avec 103 TWh, l’industrie représente 26 % de la consommation d’électricité, se classant en troisième position. La dépense est en hausse de 31 %, pour une consommation baissant de 4,9 % (- 5,3 TWh). La part de l’industrie dans la dépense globale est de 19 %. La hausse des prix a été très disparate selon les consommateurs. Ainsi, par exemple, le prix de l’électricité pour les acteurs consommant plus de 150 GWh a baissé de 4 % en 2023, contrairement à la moyenne du secteur (+ 44 %, cf. 1.7).

La consommation d’électricité dans les transports (13 TWh), très majoritairement liée au réseau ferré, est la seule consommation sectorielle à augmenter en 2023 (+ 16 %). Au sein des transports, la consommation des véhicules électriques routiers est de 2,3 TWh et a fortement progressé en 2023 (+ 46 %, après + 77 % en 2022), les immatriculations de voitures électriques étant en hausse de 47 % par rapport à 2022. La dépense en électricité pour le transport s’élève à 1,7 Md€ (+ 33 %).

La consommation d’électricité de l’agriculture (7 TWh) diminue de 9,4 % en 2023, pour une dépense de 1,8 Md€, en hausse de 37 %.

Figure 4.6.3.1 : consommation finale d’électricité (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée

2019

2020

2021

2022

2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

En TWh

En M€2023

Industrie

116

9 229

106

8 550

112

10 077

107

12 628

102

16 562

Transports

10

605

8

606

10

767

11

1 313

13

1 747

Résidentiel

160

32 188

161

33 512

170

35 573

155

33 772

151

35 645

Tertiaire

138

17 806

128

16 860

134

17 827

134

20 141

125

29 531

Agriculture-pêche

8

1 228

8

1 176

8

1 207

8

1 341

7

1 835

Total

432

61 055

411

60 703

433

65 451

415

69 194

398

85 319

Source : SDES, Bilan de l’énergie

Figure 4.6.3.2 : évolution de la consommation finale d’électricité

Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après données locales de consommation d’électricité

La programmation pluriannuelle de l’énergie fixe un objectif de baisse de la consommation finale de l’énergie pour 2023 de 7,6 % par rapport à l’année 2012 en France continentale. Cette baisse globale de la consommation finale d’énergie passe par la réduction de la part des énergies fossiles dans notre bouquet énergétique, au profit de l’électricité et des énergies renouvelables. Si l’on considère le périmètre France entière, la consommation d’électricité corrigée des variations climatiques baisse de 8,1 % (- 35 TWh) depuis 2012. En 2023, sa part s’élève à 26 % de la consommation finale à usage énergétique comme en 2012. Cette baisse est concentrée sur la période récente. En effet, entre 2019 et 2023, elle atteint - 30 TWh. L’industrie et le tertiaire baissent de 17 TWh chacun. Ce sont les secteurs qui contribuent le plus à la baisse globale. Le transport est le seul secteur connaissant une hausse (+ 2 TWh) avec le développement des véhicules électriques.