5.3 Résidentiel : baisse de la consommation et augmentation de la dépense
En 2023, la consommation énergétique réelle du secteur résidentiel diminue de 2,7 % par rapport à 2022 et atteint 422 TWh. Corrigée des variations climatiques, la baisse est presque équivalente (- 2,7 %). Les températures en 2023 ont en effet été douces et comparables à celles de 2022. Les prix élevés de l’électricité et du gaz ainsi que les appels à la sobriété peuvent avoir incité les ménages à diminuer leur consommation énergétique pour leur logement.
À climat corrigé, la consommation d’électricité du résidentiel diminue en 2023 (- 2,8 %), à 156 TWh (figure 5.3.1). Demeurant l’énergie principale employée par les ménages, elle représente 34 % de la consommation totale d’énergie dans les logements.
Deuxième énergie utilisée par les ménages et représentant plus d’un quart de la consommation énergétique dans le résidentiel, la consommation d’énergie renouvelable (EnR) augmente à climat corrigé de 4,0 % par rapport à 2022, portée par la chaleur issue des pompes à chaleur (PAC, + 10,4 %). En 2023, les énergies renouvelables consommées dans le résidentiel sont composées à 59 % de bois, 38 % de chaleur issue des PAC (cf. 2.2.3) et 3 % d’énergie solaire thermique.
Troisième énergie utilisée par les ménages, le gaz représente 25 % de la consommation d’énergie du logement. Sa consommation diminue de 6,8 %, en lien sans doute avec des prix en forte hausse.
La consommation de chaleur commercialisée (i.e. distribuée via des réseaux) corrigée des variations climatiques augmente de 2,3 %, pour s’établir à 16 TWh.
Enfin, la consommation de produits pétroliers diminue de 11,7 % et représente dorénavant 8,3 % de la consommation totale.
Figure 5.3.1 : consommation finale énergétique dans le secteur résidentiel
* Données disponibles à partir de 2007 uniquement.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après les données du Ceren
Ainsi, après correction des variations climatiques, seules les consommations d’énergies renouvelables et de chaleur commercialisée progressent en 2023 dans le secteur résidentiel. L’augmentation des prix, les appels à la sobriété et, dans une moindre mesure, la transition vers des formes d’énergie plus propres expliquent en partie la baisse de la consommation des énergies traditionnelles.
La programmation pluriannuelle de l’énergie fixe un objectif de baisse de la consommation finale d’énergie pour 2023 de 7,6 % par rapport à l’année 2012 en France continentale. Pour le périmètre France entière, dans le secteur résidentiel, la baisse corrigée du climat est de 9,9 % depuis cette année de référence, soit - 50 TWh. Elle s’est fortement accélérée depuis la crise énergétique puisqu’entre 2019 et 2023 elle atteint 6,2 %. Depuis 2012, le bouquet énergétique a été profondément modifié. Avec - 45 TWh, le gaz naturel est l’énergie qui contribue le plus à la baisse. Les produits pétroliers viennent en second avec - 41 TWh. Cela s’explique notamment par la diminution du parc de logements équipés de chaudières au fioul. En hausse de 35 TWh, les énergies renouvelables se sont en partie substituées aux énergies carbonées.
Avec 312 TWh, le chauffage concentre plus des deux tiers de la consommation du résidentiel en France métropolitaine, à climat corrigé (figure 5.3.2). Les EnR représentent 41 % de la consommation de chauffage, le gaz 30 % et l’électricité 16 %.
L’électricité spécifique (qui comprend la consommation d’électroménager, d’éclairage, d’appareils audiovisuels et informatique, etc.) représente 16,1 % de la consommation d’énergie. Le reste de la consommation est réparti entre l’eau chaude sanitaire (9,1 %) et la cuisson (5,1 %), tandis que la climatisation ne représente encore qu’une faible part de la consommation d’énergie (0,5 %). Sur un an, les consommations à usage de climatisation augmentent à climat corrigé (+ 4,7 %) alors que la consommation des autres usages diminue.
Figure 5.3.2 : consommation finale énergétique dans le secteur résidentiel par usage
Note : la consommation en climatisation, qui représente 2 TWh en 2023, n’est pas visible sur ce graphique mais est bien incluse dans le total.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Ceren ; SDES, Bilan de l’énergie
Les dépenses énergétiques totales du secteur résidentiel s’élèvent à 57,8 milliards d’euros en 2023 (figure 5.3.3). Elles augmentent en euros constants par rapport à 2022 (+ 2,3 %). Cette évolution s’explique principalement par la hausse des prix de l’électricité (cf. 1.1, 1.3 et 1.7). Toutefois, les boucliers tarifaires permettent de limiter la hausse des dépenses et les chèques énergie réduisent la charge pour les ménages les plus modestes, avec un montant moyen de 138 € en 202314.
La dépense en électricité (35,6 milliards d’euros) représente en 2023 la plus forte dépense en énergie du résidentiel (61,6 %). Elle augmente de 5,5 % en euros constants par rapport à 2022. Les factures de gaz naturel s’établissent à 12,8 milliards et sont en hausse en euros constants (+ 5,1 %). Pour ces deux énergies, la baisse de la consommation n’a pas compensé la hausse des prix. Pour les produits pétroliers, la baisse des prix et de la consommation ont entraîné une forte baisse de la dépense (- 25,3 %). Elle s’établit à 5,1 milliards d’euros. Quant aux dépenses d’énergies renouvelables (2,5 milliards d’euros), elles augmentent de 25,1 %. Celles de chaleur (1,8 milliard d’euros) augmentent de 3,4 %.
Figure 5.3.3 : consommation finale énergétique dans le secteur résidentiel (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
|
Produits pétroliers |
55,1 |
6 712 |
48,5 |
5 044 |
54,8 |
6 385 |
40,7 |
6 830 |
35,7 |
5 099 |
Gaz naturel |
129,8 |
12 628 |
127,8 |
11 404 |
133,4 |
11 737 |
109,3 |
12 174 |
101,3 |
12 801 |
Charbon |
0,3 |
9 |
0,2 |
7 |
0,3 |
9 |
0,3 |
17 |
0,2 |
9 |
Énergies renouvelables et déchets* |
110,5 |
1 840 |
103,2 |
1 886 |
122,7 |
2 158 |
114,0 |
1 995 |
119,4 |
2 495 |
Électricité |
159,7 |
32 188 |
161,5 |
33 512 |
169,5 |
35 573 |
155,2 |
33 772 |
150,7 |
35 645 |
Chaleur commercialisée |
14,8 |
1 447 |
14,5 |
1 302 |
17,0 |
1 653 |
14,5 |
1 716 |
14,9 |
1 775 |
Total |
470,2 |
54 825 |
455,7 |
53 155 |
497,8 |
57 516 |
434,0 |
56 504 |
422,3 |
57 824 |
* Pour la valorisation monétaire des énergies renouvelables thermiques et déchets, seul le bois de chauffage commercialisé est pris en compte.
Note : les dépenses des ménages ne prennent pas en compte le versement des chèques énergie.
Champ : France entière (y compris DROM)
Source : SDES, Bilan de l’énergie
14 Ce montant inclut le chèque de la campagne 2023, qui s’élève à 150 euros, mais aussi tous les chèques énergie des années précédentes délivrés en 2023.