5.4 Tertiaire : consommation d’énergie en baisse et augmentation des dépenses en électricité
En 2023, la consommation énergétique réelle du secteur tertiaire s’établit à 229 TWh, en baisse de 8,2 % par rapport à 2022, et atteint son niveau le plus bas depuis plus de 20 ans. Le climat a été doux et comparable à celui de 2022. Corrigée des variations climatiques (CVC), l’évolution de la consommation est donc similaire (- 7,8 %) - (figure 5.4.1). Le prix élevé de l’électricité et du gaz et la poursuite des appels à la sobriété peuvent être des éléments d’explication de cette baisse de la consommation. Le tertiaire est le secteur qui a connu les plus fortes hausses de prix en 2023 (cf. partie 1). Ainsi, en 2023, la persistance des effets de la crise énergétique amorcée en 2021 explique la hausse de la dépense (+ 9,2 Md€), portée par celles en électricité (+ 9,4 Md€) et en gaz (+ 1,1 Md€).
Figure 5.4.1 : consommation finale énergétique du secteur tertiaire
* Données disponibles à partir de 2007 uniquement.
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie
En 2023, corrigée du climat, la consommation d’électricité, qui représente plus de la moitié du bouquet énergétique du tertiaire, diminue de 6,1 % tandis que la valeur ajoutée des services marchands augmente de 1,2 %. Depuis 2012, la consommation d’électricité du tertiaire diminue en moyenne de 1,2 % par an. La consommation de gaz naturel (un quart du bouquet) diminue encore plus fortement (- 9,1 %), une baisse bien supérieure au rythme des dernières années (- 0,6 % en moyenne annuelle depuis 2012). La consommation de produits pétroliers diminue à un rythme annuel de - 3,2 % depuis 2012 et représente 11,4 % de la consommation corrigée du climat en 2023. Même la consommation d’énergies renouvelables (EnR) décroît en 2023 (- 0,9 %), alors qu’elle progressait à un rythme annuel de + 5,8 % en moyenne depuis 2012. La consommation des EnR dans le tertiaire couvre la consommation renouvelable des pompes à chaleur (25,5 %), de la biomasse (28 %), des déchets (25,5 %) et du biogaz (13,9 %). Enfin, la consommation de chaleur commercialisée via des réseaux baisse de 5,7 %.
La valeur ajoutée du tertiaire augmente de 1,7 % en moyenne par an depuis 2000, à un rythme supérieur à celle du reste de l’économie. Malgré une très légère baisse, de 0,1 point en 2023, la part du tertiaire dans la valeur ajoutée de l’économie progresse globalement régulièrement, passant de 53 % en 2000 à 59 % en 2023. Entre 2000 et 2010, la consommation d’énergie du tertiaire progresse au même rythme (+ 1,8 % par an), soutenue par l’évolution de la consommation de l’électricité (+ 2,8 % par an). Par la suite, la consommation se stabilise jusqu’en 2018, année à partir de laquelle la consommation d’énergie commence à décroître (- 3 % en moyenne par an), sans doute sous l’impulsion de l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments (cf. 6.1). La reprise d’activité après les crises sanitaire et énergétique n’a pas conduit à une augmentation de la consommation d’énergie.
Depuis 2012, année de référence des objectifs nationaux, la consommation d’énergie finale dans le tertiaire baisse de 25,3 TWh (- 9,6 %) en données corrigées du climat. L’intégralité de la baisse a été réalisée entre 2019 et 2023. Au-delà des objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie, le décret tertiaire (article 175 de la loi Élan de 2018) impose une réduction progressive de la consommation d’énergie dans les bâtiments à usage tertiaire. Celle-ci doit ainsi se réduire de 40 % en 2030 par rapport à 2010.
En 2023, le secteur tertiaire a dépensé 39,6 milliards d’euros pour sa consommation finale d’énergie, soit une hausse de 30,1 % en euros constants par rapport à 2022 (figure 5.4.2), malgré la baisse de la consommation de toutes les énergies. L’augmentation de la facture s’explique par la hausse des prix de l’électricité et du gaz entraînée par la crise énergétique.
Figure 5.4.2 : consommation finale énergétique du secteur tertiaire (données non corrigées des variations climatiques) et dépense associée
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
EnTWh |
EnM€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
|
Produits pétroliers |
30,9 |
2 861 |
32,4 |
2 372 |
27,5 |
2 274 |
31,5 |
4 026 |
26,6 |
2 766 |
Gaz naturel |
72,6 |
3 969 |
66,1 |
3 374 |
75,3 |
4 090 |
63,1 |
5 064 |
56,9 |
6 114 |
Charbon |
0,4 |
10 |
0,4 |
8 |
0,4 |
10 |
0,4 |
15 |
0,3 |
13 |
Énergies renouvelables et déchets |
9,2 |
117 |
9,4 |
104 |
10,6 |
112 |
11,3 |
131 |
11,3 |
158 |
Électricité |
137,8 |
17 806 |
127,6 |
16 860 |
133,5 |
17 827 |
133,6 |
20 141 |
124,9 |
29 531 |
Chaleur commercialisée |
9,3 |
843 |
9,5 |
805 |
10,6 |
966 |
9,7 |
1 076 |
9,1 |
1 022 |
Total |
260,2 |
25 605 |
245,4 |
23 522 |
257,9 |
25 280 |
249,6 |
30 453 |
229,1 |
39 604 |
Note : le bilan monétaire ne prend pas en compte les aides attribuées via le guichet d’aide.
Source : SDES, Bilan de l’énergie
Plus précisément, la dépense en électricité progresse de 46,6 % et celle en gaz naturel de 20,7 %. La dépense d’EnR, qui n’inclut que la dépense en biomasse et en biocarburants, augmente, quant à elle, de 20 %. La dépense de produits pétroliers diminue de 31,3 %. C’est l’unique énergie dont le prix moyen baisse en 2023.
En 2023, l’électricité concentre près des trois quarts de la dépense, contre un peu plus de la moitié de la consommation finale, du fait d’un prix relativement élevé au MWh par rapport aux autres énergies. À l’inverse, le poids du gaz naturel est plus faible dans la dépense totale que dans la consommation (respectivement 15,4 % et 24,8 %). Troisième énergie du secteur, les produits pétroliers représentent 7 % de la dépense et 11,6 % de la consommation, devant la chaleur commercialisée via des réseaux (2,6 % de la dépense totale et 4 % de la consommation).