5.5 Transports : une baisse de la consommation qui marque la fin de la reprise après la crise sanitaire
En 2023, l’usage des transports représente 34 % de la consommation énergétique finale, soit 513 TWh, dont 299 TWh sont liés aux déplacements des ménages (cf. 5.2) et 214 TWh relèvent des entreprises et administrations. Par convention statistique internationale, cette consommation exclut les soutes internationales aériennes (62 TWh) et maritimes (12 TWh).
Entre 2012, année de référence des objectifs nationaux de réduction de la consommation d’énergie (cf. 4.1), et 2023, la consommation finale énergétique des transports a diminué de 3,6 %. Avec l’agriculture, c’est le seul secteur à ne pas atteindre l’objectif de - 7,6 % (tous secteurs confondus) sur la période.
5.5.1 Consommation par usage et par mode
Après deux années marquées par une forte reprise post-Covid (+ 13,6 % en 2021 et + 3,4 % en 2022), la consommation énergétique finale pour les transports diminue de 2,2 % en 2023. Le transport intérieur de voyageur, moteur de la reprise en 2021 et 2022, diminue de 0,3 %. Le trafic national de marchandises (hors oléoducs) diminue fortement après avoir stagné (- 4,0 %, après - 0,9 % en 2022) - (Bilan annuel des transports en 2023, SDES).
Les consommations du secteur (figure 5.5.1.1) sont dominées par le mode routier (93,2 %, soit 478 TWh), en relation avec ses parts modales dans le transport de passagers (87 % du trafic en métropole en voyageurs-kilomètres) comme de marchandises (86 % en métropole en tonnes-kilomètres). Le transport routier des ménages représente à lui seul plus de la moitié (57,7 %) de la consommation finale énergétique des transports en France.
La part des transports ferrés dans la consommation finale (2,1 %, à 10,7 TWh en 2023) est bien inférieure à ses parts modales (11 % pour les passagers et 9 % pour le fret).
Les vols domestiques (y compris les liaisons entre métropole et outre-mer) représentent 3,2 % de la consommation énergétique finale des transports, en baisse de 0,3 point par rapport à 2022. Les vols internationaux (non comptabilisés dans le total), particulièrement touchés par la crise sanitaire, continuent leur reprise, pour atteindre 62,3 TWh en 2023 (+ 9,6 %).
La consommation du transport maritime et fluvial (y compris plaisance) national représente 1,4 % de la consommation énergétique finale des transports.
Figure 5.5.1.1 : part de chaque mode dans la consommation finale énergétique des transports et dans le transport de voyageurs et de marchandises en 2023
Note : le graphique donne la part de chaque mode dans la consommation finale énergétique des transports (hors soutes internationales) en France entière. Le tableau permet de voir la part de chaque mode dans le transport intérieur de voyageurs et le transport de marchandises en France métropolitaine.
Sources : SDES, Bilan de l’énergie ; SDES, Bilan des transports, 2023
5.5.2 Consommation par énergie
Le bouquet énergétique, hors soutes internationales, est largement dominé par les produits pétroliers (89,3 %), principalement à destination des transports routiers (figure 5.5.2.1). Il est complété par les biocarburants (7,3 %), l’électricité (2,5 %) et le gaz naturel, qui reste marginal (0,8 %).
Les consommations de carburants routiers (biocarburants inclus) diminuent de 2,5 % en 2023 après deux années de hausse post-crise sanitaire (+ 13,2 % en 2021 et + 2,1 % en 2022). Auparavant, elles avaient été quasi stables entre 2011 et 2019 (- 1,7 % sur l’ensemble de la période), avec une progression des parts de l’essence (+ 1,1 point) et des biocarburants (+ 1,7 point) au détriment du diesel (- 3,0 points).
Figure 5.5.2.1 : consommation finale énergétique des transports
Champ : jusqu’à l’année 2010 incluse, le périmètre géographique est la France métropolitaine. À partir de 2011, il inclut en outre les cinq DROM.
Source : SDES, Bilan de l’énergie
Les ventes d’essence (en excluant les biocarburants incorporés) retrouvent leurs niveaux d’avant-crise dès 2021 et continuent leur croissance en 2022 (+ 9,4 %) et en 2023 (+ 6,6 %). Cette croissance s’explique essentiellement par celle de la circulation de voitures particulières à motorisation essence, dont le parc croît au détriment de celui des motorisations diesel. La circulation en France métropolitaine de voitures particulières, utilitaires légers et motocycles (pavillons français et étranger) à essence augmente de 3,3 % en 2023 (en véhicules-kilomètres, hybrides incluses).
Les ventes de gazole routier (hors biocarburants incorporés) baissent de 6 % en 2023. Elles représentent 62,7 % de la consommation finale pour le transport, à 321,7 TWh. La circulation de véhicules diesel, qui était légèrement repartie en 2021 et 2022 (respectivement + 6,0 % et + 3,9 %), diminue de 4,8 %. La décomposition par type de véhicules montre une évolution contrastée : - 5,1 % pour les voitures et utilitaires légers, - 1,1 % pour les véhicules lourds (poids lourds, bus et cars), qui repassent légèrement sous leur niveau d’avant-crise.
Après une baisse importante liée à la crise sanitaire en 2020, la consommation de biocarburants routiers continue sa reprise (+ 4,1 %) en 2023, alimentée par la hausse du taux d’incorporation dans le gazole. En 2023, au niveau métropolitain, ces taux en contenu énergétique atteignent 8 % pour le gazole (7,1 % en 2022) et 8,4 % pour l’essence (9 % en 2022). Un objectif de taux d’incorporation est fixé pour l’essence et le gazole dans le cadre de la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans le transport (Tiruert). En 2023, il passe de 9,2 à 9,5 % pour l’essence et de 8,4 à 8,6 % pour le gazole. Depuis 2022, un taux est également fixé pour le biokérosène (1 %).
En incluant les soutes internationales, la consommation de carburéacteurs augmente de 4,9 % en 2023, après une hausse de 58,9 % en 2022. Malgré cette progression, elle reste largement en dessous de son niveau de 2019 (86,7 % du volume). La consommation d’énergie du trafic intérieur diminue de 9,7 %, alors que celle due au trafic international poursuit sa croissance (+ 9,6 %).
Les livraisons à destination des soutes maritimes internationales, principalement sous forme de fioul lourd, diminuent de 10,3 % après deux années de reprise (+ 13,5 % en 2021, + 5,6 % en 2022), atteignant un niveau inférieur de 38,4 % à celui de 2019.
La consommation d’électricité, majoritairement liée au mode ferré, s’élève à 12,9 TWh en 2023, en hausse de 16 % par rapport à 2022. Cette croissance est portée par celle de la consommation du ferré (+ 12,7 %) et par celle des véhicules routiers à motorisation alternative (électriques et hybrides rechargeables). La consommation d’électricité pour le routier poursuit sa forte croissance (+ 29,5 % en 2020, + 109,1 % en 2021, + 77,4 % en 2022 et + 46,7 % en 2023), pour atteindre 2,3 TWh. Avec 25,7 % des immatriculations en 2023, les voitures particulières électriques et hybrides rechargeables continuent leur croissance, passant de 2,2 % du parc en 2022 à 3,1 % en 2023 (Bilan annuel des transports en 2023, SDES).
La consommation de gaz naturel pour le mode routier (y compris le gaz naturel porté par camion sous forme de gaz naturel liquéfié depuis les terminaux méthaniers) continue sa progression (+ 14,6 % en 2023), notamment grâce au développement du parc de poids lourds alimentés au gaz. À un niveau de 4,2 TWh, elle représente 0,8 % de la consommation finale énergétique des transports.
5.5.3 Consommation, dépenses et taxes
La dépense énergétique du secteur des transports s’élève en 2023 à 88 Md€ (figure 5.5.3.1). Comme la consommation finale, la facture énergétique des transports est dominée par les produits pétroliers (91 %), en particulier à destination du transport routier. Elle décroît plus rapidement que la consommation (- 7 %, contre - 2 % pour la consommation) en raison d’une baisse des prix après la flambée de 2022 (cf. 1.2). Les taxes énergétiques représentent, comme en 2022, 34 % de la dépense dans les transports en 2023.
Figure 5.5.3.1 : consommation finale énergétique des transports (hors soutes internationales) par énergie et dépense associée
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
En TWh |
En M€2023 |
|
Produits pétroliers |
481,7 |
76 205 |
405,0 |
54 808 |
460,5 |
69 287 |
473,9 |
86 286 |
458,6 |
80 134 |
Gaz naturel |
1,9 |
85 |
2,2 |
86 |
3,1 |
149 |
3,7 |
317 |
4,2 |
394 |
Biocarburants |
37,2 |
3 399 |
30,9 |
2 632 |
34,0 |
4 431 |
36,0 |
6 571 |
37,7 |
5 416 |
Électricité |
10,1 |
605 |
8,3 |
606 |
9,7 |
767 |
11,1 |
1 313 |
12,9 |
1 747 |
Total |
530,9 |
80 294 |
446,5 |
58 132 |
507,3 |
74 635 |
524,6 |
94 487 |
513,3 |
87 691 |
Source : SDES, Bilan de l’énergie