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Bilan énergétique
de la France pour 2023
Avril 2025

6.2 La baisse de la consommation d’énergie et l’évolution du bouquet énergétique favorisent une baisse des émissions de gaz à effet de serre

La combustion d’énergie est la première source d’émissions de gaz à effet de serre. En France, en 2022, ces émissions représentent 70 % du total, hors UTCATF (Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie) et soutes internationales. Le reste provient des procédés industriels, de l’agriculture, de l’élevage et de la gestion des déchets. Les émissions liées à la combustion d’énergie s’établissent à 276 Mt CO2 éq en 2022 (figure 6.2.1). Pour 2023, ces émissions sont estimées à 258 Mt CO2 éq, soit une baisse de 6,8 %.

Entre 1990 et 2022, les émissions de GES liées à la combustion d’énergie ont diminué de 24,8 %. Après une période de relative stabilité entre 1990 et 2005, elles diminuent depuis à un rythme annuel moyen de - 2,0 %. Sur la période, les émissions de tous les secteurs diminuent, à l’exception du transport (+ 5 %).

Figure 6.2.1 : émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion d’énergie par secteur entre 1990 et 2023

(e) = estimation.
Note : les données d’émissions utilisées dans cette partie sont les émissions de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et de gaz fluorés dues à la combustion d’énergie (CRF1) rapportées à la CCNUCC sur le périmètre France et DROM appartenant à l’Union européenne. L’année 2023 est estimée.
Source : Inventaire format CCNUCC (Périmètre UE) – Citepa

En 2022, les transports représentent 46 % des émissions liées à la combustion d’énergie, l’industrie manufacturière et la construction 15 %, l’industrie de l’énergie 14 %, le résidentiel 13 %, le tertiaire 6 %, l’agriculture 4 %. Les émissions involontaires lors des activités d’extraction, de traitement et de distribution de combustibles fossiles, appelées émissions fugitives, représentent 1 % du total.

La répartition sectorielle de ces émissions a fortement évolué depuis 1990. Les émissions directes15 du transport, qui représentaient 33 % des émissions dues à la combustion d’énergie en 1990, ont vu leur part progresser de 13 points. Celle des émissions de l’agriculture augmente également de 1 point. À l’inverse, la part des émissions des autres secteurs a diminué : industrie manufacturière et construction (- 3 points), industrie de l’énergie (- 4 points), résidentiel (- 4 points), tertiaire (- 1 point).

Ces disparités entre secteurs s’expliquent par l’évolution de leur consommation d’énergie et de leur bouquet énergétique. Par exemple, les transports ont vu leur consommation d’énergie finale augmenter de 17,2 % et leur bouquet énergétique rester très largement dominé par les produits pétroliers. À l’inverse, d’autres secteurs ont connu une décarbonation partielle de leur bouquet énergétique : baisse de la part de combustibles fossiles fortement émetteurs (charbon, pétrole et, dans une moindre mesure, gaz) et hausse de la part des énergies renouvelables et de l’électricité et de la chaleur commercialisée.

En 2023, la baisse des émissions liées à la combustion d’énergie est estimée à 6,8 % et touche tous les secteurs, en particulier l’industrie de l’énergie (- 18 %) et y compris les transports (- 3 %).

15 Les émissions indirectes liées à la production d’électricité et de chaleur commercialisée ne sont pas comptabilisées dans les secteurs de consommation finale mais dans l’industrie de l’énergie. La substitution d’énergies fossiles par de l’électricité dans le bouquet énergétique d’un secteur explique donc une baisse de ses émissions directes. Toutefois, même en comptabilisant les émissions indirectes, c’est-à-dire en réaffectant les émissions de l’industrie de l’énergie aux secteurs de consommation finale, l’électrification du bouquet énergétique permet une baisse des émissions, la production d’électricité étant peu émettrice en France (nucléaire, hydraulique).

6.2.1 Émissions du rÉsidentiel

On peut distinguer deux phases dans l’évolution de émissions de GES liées à l’énergie du secteur résidentiel (figure 6.2.1.1).

De 1990 à 2006, les émissions directes du secteur résidentiel augmentent de 9,6 % et suivent l’augmentation de la consommation finale d’énergie (+ 11,3 %). Sur cette période, la consommation de produits pétroliers et de charbon, fortement émetteurs, diminue de 24,4 %, mais celle de gaz augmente de 52,6 %.

De 2006 à 2022, les émissions diminuent plus rapidement que la consommation d’énergie finale (respectivement - 46,9 % et - 12,0 %), notamment grâce à l’évolution du bouquet énergétique. La consommation d’électricité et de chaleur augmente de 18,4 %, tout comme celle d’énergies renouvelables et de déchets (+ 52,8 %). Dans le même temps, la consommation de produits pétroliers et de charbon continue à baisser fortement (- 61,0 %) et la consommation de gaz diminue de 35,7 %.

Figure 6.2.1.1 : consommation d’énergie finale et émissions directes de gaz à effet de serre du secteur résidentiel

Note : la consommation d’énergie finale des DROM n’est comptabilisée qu’à partir de 2011 alors que leurs émissions le sont dès 1990. Le chauffage représente une part importante des consommations. Les variations annuelles des émissions sont donc fortement corrélées à celles de la rigueur climatique.
Sources : SDES, Bilan de l’énergie ; Inventaire format CCNUCC (Périmètre UE) – Citepa

En 2023, la baisse des émissions du résidentiel est estimée à - 6,8 %, alors que la consommation finale diminue de 2,7 %, en lien avec la réduction importante des consommations d’énergies fossiles : la consommation finale de charbon et de produits pétroliers diminue de 12,4 %, celle de gaz de 7,3 %.

6.2.2 Émissions du tertiaire

Dans le secteur tertiaire, le découplage entre les émissions de GES et la consommation d’énergie est intervenu plus tôt que dans le résidentiel, grâce à une importante électrification du secteur. Ainsi, entre 1990 et 2010, les émissions directes du tertiaire augmentent seulement de 6,7 % alors que la consommation finale d’énergie croît de 57,7 % (figure 6.2.2.1). Sur cette période, la part des produits pétroliers et du charbon diminue de 19 points, pour atteindre 17 % en 2010. Le gaz augmente fortement et passe devant les produits pétroliers dans le bouquet du secteur (+ 7 points, pour atteindre 27 % du total). L’électricité et la chaleur conservent leur première place grâce à un forte croissance (+ 10 points), atteignant une part de 53 %. Les énergies renouvelables font leur apparition, passant de 0,6 TWh à 7,2 TWh en 2010, soit une part de 2,4 %.

Figure 6.2.2.1 : consommation d’énergie finale et émissions directes de gaz à effet de serre du secteur tertiaire

Note : la consommation d’énergie finale des DROM n’est comptabilisée qu’à partir de 2011 alors que leurs émissions le sont dès 1990. Le chauffage représente une part importante des consommations. Les variations annuelles des émissions sont donc fortement corrélées à celles de la rigueur climatique.
Sources : SDES, Bilan de l’énergie ; Inventaire format CCNUCC (Périmètre UE) – Citepa

L’année 2010 marque un pic de consommation d’énergie, notamment du fait d’un climat particulièrement rigoureux. L’année suivante se distingue à l’inverse par des températures douces, provoquant une baisse importante de la consommation d’énergie finale (- 13,7 %) et des émissions (- 25,5 %).

À partir de 2011, les émissions de gaz à effet de serre du tertiaire se stabilisent (+ 2,9 % entre 2011 et 2021), comme la consommation d’énergie finale du secteur (+ 2,4 %). Le bouquet énergétique évolue légèrement au profit du gaz (+ 5 points) et des énergies renouvelables (+ 2 points), alors que l’électricité et la chaleur diminuent de 2 points et le charbon et les produits pétroliers de 5 points.

L’année 2022 est marquée par une baisse de la consommation finale d’énergie du secteur (- 3,2 %). Les émissions diminuent encore plus rapidement (- 20,4 %), principalement du fait d’une baisse plus rapide de la consommation de gaz (- 4 points dans le bouquet énergétique final).

En 2023, la baisse des émissions du secteur se poursuit et est estimée à - 4,6 %, alors que la consommation finale d’énergie diminue de 8,2 %.

6.2.3 Émissions de l’industrie et de la construction

Comme pour les deux secteurs précédents, on distingue deux phases pour l’évolution des émissions de GES liées à l’énergie de l’industrie depuis 1990 (figure 6.2.3.1).

Entre 1990 et 2004, les émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion d’énergie de l’industrie manufacturière et de la construction augmentent plus vite que la consommation finale d’énergie du secteur (+ 16,1 %, contre 4,0 % pour la consommation d’énergie). Cela s’explique par la forte croissance de la consommation de gaz (+ 32,2 %), dont les émissions ne sont pas compensées par la moindre consommation de charbon et de produits pétroliers (- 37,9 %).

Entre 2004 et 2022, les émissions et la consommation finale d’énergie baissent fortement (respectivement - 49,9 % et - 19,0 %). La baisse de la consommation de produits pétroliers et de charbon se poursuit (- 50,3 %). La tendance s’inverse pour la consommation de gaz qui diminue (- 23,4 %), comme, dans une moindre mesure, pour la consommation d’électricité et de chaleur (- 5,7 %). Les énergies renouvelables et les déchets sont les seules énergies à augmenter (+ 35,6 %).

En 2023, la baisse des émissions du secteur est estimée à - 8,7 %, alors que la consommation finale d’énergie baisse de 6,6 %, notamment grâce à la baisse plus rapide du gaz (- 9,5 %) que de l’électricité et de la chaleur (- 7,3 %).

Figure 6.2.3.1 : consommation d’énergie finale et émissions directes de gaz à effet de serre de l’industrie manufacturière et de la construction

Note : la consommation d’énergie finale des DROM n’est comptabilisée qu’à partir de 2011 alors que leurs émissions le sont dès 1990. La consommation des autoproducteurs d’électricité et de chaleur est comptabilisée dans l’industrie dans les inventaires de gaz à effet de serre, alors qu’elle l’est dans la branche énergie dans le bilan de l’énergie.
Sources : SDES, Bilan de l’énergie ; Inventaire format CCNUCC (Périmètre UE) – Citepa