1.6 Nette baisse du prix du biodiesel en 2023
En 2023, les prix à l’importation et à l’exportation du biodiesel diminuent respectivement de 14 % et de 29 % par rapport à 2022, pour atteindre 1 735 €/tep et 1 416 €/tep en 2023. À l’inverse, celui des bioessences continue d’augmenter pour les importations, atteignant 2 052 €/tep (+ 7 % par rapport à 2022), et diminue de 22 % pour les exportations, redescendant à 1 561 €/tep (figure 1.6.1).
Figure 1.6.1 : prix moyens des biocarburants à l’importation et à l’exportation
En euros par tep
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Importations |
1 233 |
1 110 |
946 |
822 |
845 |
862 |
934 |
887 |
811 |
1 280 |
2 014 |
1 804 |
Bioessences |
1 403 |
1 239 |
1 217 |
1 016 |
873 |
944 |
1 005 |
1 027 |
1 017 |
1 262 |
1 925 |
2 052 |
Biodiesel |
1 193 |
1 096 |
926 |
799 |
843 |
858 |
930 |
872 |
781 |
1 283 |
2 011 |
1 735 |
Exportations |
1 310 |
1 257 |
1 095 |
1 066 |
1 055 |
1 066 |
972 |
989 |
1 055 |
1 478 |
1 989 |
1 441 |
Bioessences |
1 324 |
1 282 |
1 116 |
1 141 |
1 135 |
1 125 |
1 081 |
1 182 |
1 243 |
1 740 |
2 013 |
1 561 |
Biodiesel |
1 172 |
1 105 |
1 015 |
895 |
965 |
1 040 |
939 |
945 |
1 008 |
1 439 |
1 986 |
1 416 |
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après DGDDI
Une fiscalité spécifique pour encourager le recours aux biocarburants |
Comme les prix des biocarburants sont supérieurs à ceux des produits pétroliers auxquels ils sont mélangés (le gazole pour le biodiesel et les supercarburants pour le bioéthanol), leur incorporation, qui vise à diminuer les émissions de CO2 du transport routier, engendre un coût pour la collectivité. Le partage de ce coût entre les consommateurs et l’État dépend de la fiscalité mise en place. Deux dispositifs fiscaux soutiennent le développement des biocarburants. Le premier est la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans les transports (Tiruert)2. Ce dispositif incitatif fixe des objectifs d’incorporation de biocarburants au-delà desquels le montant dû au titre de cette taxe est nul pour le redevable. La seconde est l’accise sur les produits énergétiques autres que les gaz naturels et les charbons3 qui possède un tarif réduit pour les carburants à haute teneur en biocarburants (ED95, B100 et E85 notamment). |
2 La Tiruert est la nouvelle dénomination, applicable depuis le 1er janvier 2022, de l’ancienne taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (Tirib).
3 Anciennement TICPE, taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques.
En 2023, le prix moyen d’approvisionnement du biodiesel (figure 1.6.3) est supérieur de 70 % à celui du gazole fossile (1 692 €/tep contre 996 €/tep) tandis que celui des bioessences est supérieur de 127 % à celui de l’essence fossile (1 730 €/tep contre 759 €/tep). L’écart de prix entre les biocarburants et les carburants fossiles augmente significativement sur un an pour les bioessences et reste stable pour le biodiesel. En effet, si les prix d’approvisionnement des carburants fossiles restent à des niveaux supérieurs à la période antérieure à la crise énergétique, ils ont diminué par rapport à l’année précédente. De même, le prix du biodiesel accuse une forte baisse, contrairement à celui des bioessences qui se maintient à un niveau particulièrement élevé. Cette différence de dynamique explique en partie la différence d’évolution du surcoût effectif associé pour les deux types de biocarburants (cf. encadré). Il continue d’augmenter jusqu’à dépasser le seuil de 6 c€/l pour les bioessences, alors qu’il redescend à 4,6 c€/l pour les biodiesels (figure 1.6.2).
Figure 1.6.2 : surcoût effectif dû à l’incorporation des biocarburants par litre de carburant
Source : SDES, Bilan de l’énergie
Méthodologie de calcul du surcoût effectif d’incorporation des biocarburants |
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Le surcoût effectif d’incorporation des biocarburants est le rapport entre le coût total d’incorporation des biocarburants et la consommation de carburants routiers. Il représente, pour un litre de carburant routier, le surcoût moyen en euros que doit payer le consommateur. Il est calculé pour chaque type de carburant (essence et gazole). Le surcoût d’incorporation se calcule comme la différence entre le prix d’approvisionnement des biocarburants et des carburants fossiles, multipliée par la part de biocarburant dans la consommation totale de carburant (fossile et bio) en France métropolitaine. Le prix d’approvisionnement est un prix implicite qui rapporte la valeur de l’approvisionnement à la quantité correspondante (figure 1.6.2). L’approvisionnement est calculé en quantité et en valeur monétaire comme la somme de la production, du solde du commerce extérieur et du déstockage net. Il est exprimé en euros par tep (figure 1.6.3). Figure 1.6.3 : approvisionnement des carburants fossiles et des biocarburants par type de carburant (en euros courants)
Note : le montant monétaire de la production est calculé à partir des prix moyens à la production dans l’Union européenne publiés dans les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO pour le biodiesel et le bioéthanol. Le prix de production des bioessences est supposé égal à celui du bioéthanol. |
À partir de ces prix d’approvisionnement, il est possible d’estimer le coût de la tonne de CO2 évitée par l’incorporation de biocarburants. L’utilisation de biocarburant plutôt que de carburant classique est censée diminuer les émissions de CO2 entre 50 % (seuil de durabilité fixé par la législation européenne) et 100 %. Si l’on rapporte le surcoût du biocarburant par rapport au carburant classique aux émissions ainsi évitées, le coût de la tonne de CO2 évitée s’élèverait ainsi en 2023 entre 222 €/tCO2 et 443 €/tCO2 pour le biodiesel, et entre 317 €/tCO2 et 635 €/tCO2 pour les bioessences (figure 1.6.4). Ce coût augmente pour les bioessences du fait de l’augmentation de l’écart de prix entre le carburant fossile et le carburant renouvelable. À l’inverse, il diminue pour le biodiesel du fait de la baisse plus importante dans l’absolu du prix du biodiesel par rapport à celui du diesel fossile. Les coûts estimés ici ne prennent pas en compte les émissions indirectes liées au changement d’affectation des sols ou à l’exploitation des produits agricoles et seraient supérieurs si c’était le cas.
Figure 1.6.4 : coût de la tonne de CO2 évitée par l’incorporation des biocarburants
Source : SDES, Bilan de l’énergie, d’après CPDP, DGDDI