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Chiffres clés des risques naturels
édition 2023

Risques d'origines glaciaire et périglaciaire

Fonte des glaciers dans les Alpes et les Pyrénées entre 1907 et 2021

Sources : Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS) ; Association pyrénéenne de glaciologie moraine. Traitements : Onerc

En 20 ans (entre 2002 et 2021), cinq glaciers alpins et pyrénéens suivis par le CNRS ont perdu 30 mètres équivalent eau en moyenne.

D'après la mission IGEDD/CGAAER/IGA de 2023 sur les risques d'origines glaciaire et périglaciaire, la surface des glaciers blancs français (surface englacée) serait en 2022 de l'ordre de 200 km2 dans les Alpes françaises, contre 229 km2 mesurés en 2015 avec le satellite Sentinel-2, et de 1 km2 dans les Pyrénées. La surface des glaciers français connaîtrait une régression de l'ordre de 2 % par an.

Les zones de pergélisol (sols gelés en permanence et en profondeur), notamment les glaciers rocheux, représenteraient une surface de l'ordre de 700 km2 (Marcer et al., 2017), soit environ 10 % des territoires situés à une altitude au-dessus de 2 000 mètres (Duvillard et al., 2021).

Une partie des zones couvertes de glaces, englacées, récemment déglacées, ou leurs abords directement influencés par la présence des glaciers, ou concernés par le dégel du pergélisol peut occasionner des risques d'origines glaciaire et périglaciaire. Ce phénomène va s'intensifier dans le contexte du changement climatique. En effet, le recul ou le changement thermique des glaciers peut entraîner des accumulations d'eau susceptibles de se vidanger brutalement, mais aussi des chutes de glace et/ou de matériaux provenant du glacier ou des zones périglaciaires. Une faible fréquence d'occurrence de la plupart de ces phénomènes, souvent combinée avec une forte intensité tend à en faire des aléas majeurs.

L'événement d'origine glaciaire le plus meurtrier s'est manifesté en 1892, au droit du glacier de Tête Rousse en Haute-Savoie situé entre 2 950 m et 3 260 m d'altitude. Cet événement est à l'origine de 175 morts et 20 disparus, de la destruction de 2 des 5 bâtiments de l'établissement thermal de Saint-Gervais-les-Bains et de 8 maisons au Fayet. Une poche d'eau de 110 000 m3 s'est vidangée brutalement et a entraîné un volume de 90 000 m3 de glace. L'écoulement d'eau et de glace a mobilisé des matériaux au cours de sa propagation et s'est progressivement transformé en lave torrentielle ayant déposé près d'un million de mètres cubes de matériaux en quelques minutes (vitesse moyenne de 10 à 20 m/s).

Neuf autres événements recensés en France depuis 1892 ont occasionné 21 victimes (13 décès et 8 blessés), essentiellement des alpinistes (données extraites de Da Silva Q., RTM, 2021).

Les massifs qui concentrent les territoires les plus fortement habités susceptibles d'être concernés sont la haute vallée de l'Arve (massif du Mont-Blanc avec une forte représentativité des risques liés aux glaciers blancs et lacs proglaciaires), les vallées et stations des Écrins et de la Vanoise (avec une part plus importante liée aux parois à pergélisol (ou permafrost)). Mais l'extension du pergélisol de paroi de montagne ou des glaciers rocheux va bien au-delà (Alpes-Maritimes, Hautes-Pyrénées et Alpes-de-Haute-Provence). La mission estime que moins de 20 000 habitants seraient susceptibles d'être menacés par de tels phénomènes.

Surface cumulée départementale des formes géomorphologiques associées aux risques d'origines glaciaire et périglaciaire dans les Alpes françaises

Note : pour chaque département, la surface cumulée des formes géomorphologiques suivantes est représentée : surface avec probabilité de présence de permafrost de versant > 75 % ; surface de parois avec probabilité de présence de permafrost > 50 % ; surface de glaciers blancs ; surface de glaciers rocheux actifs et inactifs ; surface de lacs d'altitude (situés au-dessus de 2 000 m).
Sources : travail cartographique à partir de données SIG : Paroi permafrost : EDYTEM 2019 ; Glaciers blancs : IGE 2015 revu Inrae 2019 ; Permafrost : EDYTEM 2018 ; Lacs d'altitude : Inrae 2019 ; Glaciers rocheux : RTM 2021

Toutes les formes géomorphologiques (péri)glaciaires sont présentes en Savoie, la surface en permafrost de versant étant cependant la plus importante. La Haute-Savoie se distingue des autres départements par une importante surface de parois à permafrost et de glaciers blancs, et par très peu de glaciers rocheux et lacs d'altitude. Comme en Savoie, les lacs d'altitude représentent une surface importante en Isère. Dans les Hautes-Alpes, la surface de glaciers rocheux actifs et inactifs est aussi importante qu'en Savoie et la surface cumulée de permafrost est la seconde après la Savoie. Le permafrost de parois et de versants, ainsi que les glaciers blancs sont quasiment absents dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes, où sont recensés essentiellement des glaciers rocheux et des lacs d'altitude.

Sensibilité aux risques d'origines glaciaire et périglaciaire dans les Alpes françaises

Note de lecture : la carte représente l'indice de sensibilité d'un département vis-à-vis des phénomènes glaciaires et périglaciaires. Plus le cercle est important, plus la sensibilité du département est grande (plus il y a d'enjeux potentiellement exposés).
Note : les couleurs dans les cercles représentent la part prise par chacun des phénomènes dans cet indice. L'indice de sensibilité a été calculé dans le cadre de l'analyse grande échelle menée dans les Alpes françaises : il se base sur une représentation simplifiée des phénomènes (zones de départ, propagation) et ne peut en aucun cas être interprété à l'échelle locale (bassin versant).
Source : analyse grande échelle menée par le RTM en 2021 pour hiérarchiser des bassins de risques au travers de leur sensibilité aux risques d'origines glaciaire et périglaciaire

Les départements de Haute-Savoie et Savoie sont les plus sensibles aux phénomènes glaciaires et périglaciaires. La sensibilité de la Savoie est très majoritairement due à l'exposition potentielle des enjeux aux phénomènes d'effondrement de paroi par dégradation du permafrost, tandis qu'elle est principalement due aux lacs et glaciers blancs en Haute-Savoie. La sensibilité des départements de l'Isère et des Hautes-Alpes est équivalente mais, là aussi, la source de sensibilité n'est pas la même : elle est très principalement liée aux parois à permafrost dans les Hautes-Alpes, alors qu'elle est répartie entre lacs glaciaires et parois permafrost en Isère. Bien que limitée, la sensibilité des Alpes-Maritimes est liée aux lacs glaciaires. Enfin, la sensibilité dans les Alpes-de-Haute-Provence demeure très faible.