2.1 Les offres d’emploi

Au cours de l’année 2020, Pôle emploi a collecté 206 000 offres d’emploi pour les métiers du transport et de la logistique (T&L). Après avoir connu une envolée en 2016 et 2017, le nombre d’offres d’emploi T&L diminue depuis 2018. La crise sanitaire liée à la Covid-19 a accentué cette tendance baissière : en 2020, les offres d’emploi chutent de 30,1 % pour les conducteurs du transport routier de marchandises (TRM) et de 29,2 % pour les métiers de la logistique en lien avec le TRM. La part des offres de contrats à durée indéterminée (CDI) augmente pour les métiers de la conduite. Les agences d’intérim demeurent prépondérantes dans l’offre d’emploi.

Les offres d’emploi de conducteurs routiers chutent de 30,1 % en 2020

Au cours de l’année 2020, près de 9 % des offres collectées par Pôle emploi en France métropolitaine concernent des métiers relevant du transport et de la logistique (T&L, voir encadré), ce qui représente 206 000 offres d’emploi.

Parmi celles-ci, le nombre d’offres d’emploi de conducteur de transport routier de marchandises (TRM) s’établit à 64 500, soit une chute de 30,1 % par rapport à l’année précédente (figure 2.1.1). Cette baisse est davantage marquée pour les emplois de chauffeur de poids lourds sur longue distance (- 34,2 %) que pour les chauffeurs-livreurs (- 21,6 %). Le contexte de la crise sanitaire a accentué la tendance à la baisse amorcée en 2018.

De même, les offres d’emploi reculent de 29,2 % pour les métiers de la logistique liés au TRM et représentent 94 000 offres. Cette baisse est particulièrement élevée pour les emplois de manutentionnaires (- 41,4 %).

Figure 2.1.1 : répartition des offres d’emploi collectées par Pôle emploi selon le métier proposé

Niveau en milliers, données brutes, évolutions en % (évolution sur 5 ans en moyenne annuelle)

	Niveau 2020	Évolutions annuelles
		2018	2019	2020	2020/2015
Personnel de conduite du TRM	64,5	- 4,4	- 10,5	- 30,1	- 0,9
Conduite de transport de marchandises sur longue distance	41,2	- 1,0	- 14,1	- 34,2	- 0,6
Conduite et livraison par tournées sur courte distance ; courses-livraisons express	23,3	- 11,7	- 2,0	- 21,6	- 1,4
Métiers de la logistique en lien avec le TRM	94,0	0,9	- 7,8	- 29,2	- 0,4
Magasinage et préparation de commandes	58,4	- 8,9	- 5,2	- 23,8	- 0,7
Manutention manuelle de charges	18,8	20,3	- 6,5	- 41,4	0,5
Conduite d’engins de déplacement de charges	16,9	13,6	- 16,8	- 30,1	- 0,6
Autres métiers du T&L	47,5	-	-	-	-
Ensemble des métiers du T&L	206,0	- 9,8	- 8,1	- 31,1	- 1,4
Ensemble des offres d’emploi	2 265,8	- 2,3	- 1,5	- 4,3	0,6

Champ : France métropolitaine.
Source : Pôle emploi-Dares, statistiques du marché du travail

39 % des offres d’emploi de conducteur TRM émanent des agences d’intérim

Les entreprises du secteur des transports et de l’entreposage ne sont pas les seuls acteurs sur le marché du transport et de la logistique (T&L). Ces fonctions sont parfois assurées directement pour leur compte propre par des entreprises d’autres secteurs. En 2020, seulement un quart des offres d’emploi T&L sont émises par des entreprises ayant pour activité principale le transport et l’entreposage. Les entreprises

du commerce déposent 12 % des offres T&L, et le secteur industriel en dépose 5 %.

Les agences d’intérim occupent une place prépondérante dans le marché du travail T&L. Depuis dix ans, elles émettent près de 40 % des offres d’emploi du secteur. En 2020, elles proposent presque autant d’offres d’emploi de conducteur TRM sur longue distance (39 %) - (figure 2.1.2) que le secteur des transports (42 %).

Figure 2.1.2 : répartition des offres d’emploi collectées par Pôle emploi selon le métier proposé en 2020

Lecture : 20 % des offres d’emploi du secteur des transports et de l’entreposage concernent les conducteurs TRM longue distance (tore intérieur). 42 % de ces offres d’emploi de conducteurs TRM sont émises par le secteur des transports, 39 % par les agences d’intérim et 19 % par d’autres secteurs d’activité (section de tore extérieur).
Champ : France métropolitaine.
Source : Pôle emploi-Dares, statistiques du marché du travail

La part d’offres d’emploi en CDI progresse pour les conducteurs TRM

Parmi l’ensemble des offres T&L proposées par Pôle emploi en 2020, 78 600, soit 38,1 %, correspondent à des contrats à durée indéterminée (CDI) - (figure 2.1.3).

Dans la conduite de TRM longue distance, la part de CDI offerts est de 50,6 %, en progression de 2 points par rapport à 2019 et de 12,3 points depuis 2017. Pour les chauffeurs-livreurs, la part de CDI offerts s’élève à 52,9 %, en hausse de 0,6 point par rapport à 2019 et de 3,3 points depuis 2017.

C’est pour les conducteurs d’engins et de déplacement de charges que l’offre de CDI est la plus faible (12,1 %).

Hormis pour le personnel de conduite du TRM, les contrats « courts » (un à six mois) demeurent les plus nombreux, mais leur part recule depuis 2015. Enfin, les offres de contrats « très courts » (moins d’un mois) continuent de diminuer sur les cinq dernières années, y compris pour les métiers peu qualifiés de la manutention ou du magasinage (figure 2.1.4).

Figure 2.1.3 : répartition des offres d’emploi collectées par Pôle emploi selon le contrat de travail proposé en 2020

Champ : France métropolitaine.
Source : Pôle emploi-Dares, statistiques du marché du travail

Figure 2.1.4 : évolution du nombre d’offres de contrats « très courts » en fin d’année par métier

Champ : France métropolitaine.
Source : Pôle emploi-Dares, statistiques du marché du travail

Un marché du travail moins tendu pour les conducteurs de poids lourds

En 2020, les indicateurs de tension des métiers de conducteurs de poids lourds du T&L diminuent fortement (figure 2.1.5). Les circonstances exceptionnelles liées à l’épidémie de Covid-19 fragilisent l’analyse de l’évolution de ces indicateurs entre 2019 et 2020. Ils reflètent davantage le brutal retournement du marché du travail survenu entre mars et juin 2020 qu’un relâchement des tensions sur le recrutement de salariés.

Figure 2.1.5 : évolution des tensions dans les métiers en lien avec le TRF

* Comprend les conducteurs d’engins de déplacement de charges, les magasiniers et préparateurs de commandes et les manutentionnaires qualifiés.
Note : depuis fin 2021, les tensions sur le marché du travail sont mesurées à l’aide d’un indicateur synthétique prenant en compte trois dimensions : les difficultés de recrutement anticipées par les employeurs ; le nombre d’offres d’emploi rapportées au nombre de demandeurs d’emploi ; la facilité des demandeurs d’emploi à retrouver un emploi et ainsi à sortir des listes de Pôle emploi.
Lecture : entre 2019 et 2020, l’indicateur synthétique de tension sur le marché du travail du métier de conducteur routier est passé de 1,21 à 0,76.
Champ : France hors Mayotte.
Source : Pôle emploi-Dares, métiers en tension

Parmi l’ensemble des familles professionnelles (FAP) répertoriées par la Dares, le métier de conducteur routier reste dans le premier quart des métiers les plus en tension (figure 2.1.6). Le niveau de tension très élevé est principalement lié au lien formation-emploi, traduisant le besoin d’une main-d’œuvre disposant de qualifications spécifiques, ainsi qu’à des conditions de travail plus contraignantes que dans d’autres métiers (voir Note méthodologique sur les indicateurs de tension).

Figure 2.1.6 : facteurs à l’origine des tensions sur le métier de conducteur TRM en 2020

Échelle de 1 (faible intensité) à 5 (très forte intensité)

	Indicateur de tension (discrétisé)	Intensité d’embauches	Lien formation-emploi	Manque de main-d’œuvre disponible	Non-durabilité de l’emploi	Conditions de travail contraignantes	Inadéquation géographique
Conducteurs et livreurs sur courte distance	3	2	1	1	3	5	1
Conducteurs routiers	5	3	4	3	3	4	3
Ouvriers qualifiés du magasinage et de la manutention	2	2	1	2	5	4	2

Note : l’indicateur de tension, discrétisé en 5 modalités, est accompagné de six indicateurs complémentaires pour tenir compte des divers facteurs à l’origine des tensions. Ils permettent d’identifier les causes possibles des tensions et des difficultés de recrutement : fréquence élevée des besoins de recrutement, conditions de travail ou d’emploi peu attractives, manque de main-d’œuvre disponible, décalage entre les compétences requises par les recruteurs et celles détenues par les personnes en recherche d’emploi, ou désajustement géographique entre la demande et l’offre de travail.
Lecture : en 2020, pour les conducteurs routiers, l’indicateur synthétique de tension est très élevé (intensité maximale 5, en rouge). Les principales causes de ce niveau élevé sont le lien formation-emploi (niveau 4 en orange) et les conditions de travail contraignantes (4). Les autres facteurs sont d’une intensité moyenne (niveau 3, en jaune).
Champ : France hors Mayotte.
Source : Pôle emploi-Dares, métiers en tension

Toutefois, l’enquête trimestrielle de conjoncture de l’Insee auprès des entreprises du TRF montre que, fin 2020, les difficultés de recrutement sont à un niveau très inférieur au pic atteint en 2019 (figure 2.1.7), le secteur n’ayant pas encore retrouvé une activité suffisante.

Figure 2.1.7 : part des chefs d’entreprise déclarant rencontrer des difficultés de recrutement

* Y compris courrier, hors Poste.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, enquête de conjoncture dans les services

Les métiers « transport et logistique » (T&L)

Le marché du travail « transport et logistique » est défini à partir des métiers concernés par les offres et les demandes d’emploi gérées par Pôle emploi. Le service des données et études statistiques (SDES) en a retenu 39 et les a agrégés en 6 groupes. Les métiers sont transversaux aux secteurs d’activité. Par exemple, la conduite de poids lourds sur longue distance peut aussi être exercée dans une entreprise du commerce ou de l’industrie. Le changement de la nomenclature des métiers de Pôle emploi fin 2009 perturbe la continuité des séries statistiques d’ensemble, en particulier du fait des « autres métiers du T&L ». Dans la rédaction de cette fiche, la notion de métiers correspond à celle de groupe de métiers.