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Indicateurs clés pour le suivi
de l’économie circulaire
- Édition 2021 avril 2021

Incorporation des matières premières
de recyclage dans les processus de production

Les matières premières de recyclage (MPR) proviennent des déchets qui, après une opération de recyclage matière, peuvent être réintroduits dans les processus de production en substitution totale ou partielle de matières premières vierges. Elles permettent donc une économie de ressources naturelles. Le taux d’utilisation circulaire de matières mesure la part des déchets valorisés sous forme de matière dans l’utilisation globale de matières.

Pilier

Recyclage (matière et organique)

Objectif

La loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit que certains produits et matériaux devront obligatoirement incorporer un taux minimal de matière recyclée, à l’exception des matériaux issus des matières premières renouvelables et à condition que l’impact environnemental de cette opération soit positif. Les catégories de produits et leur taux d’incorporation dans les processus de production, ainsi que leur trajectoire pluriannuelle d’évolution, seront déterminés par décret. La loi prévoit également que les éco-contributions versées par les producteurs soient modulées en fonction de critères de performance environnementale de leurs produits, et notamment de l’incorporation de matière recyclée. En outre, le pourcentage de matières recyclées effectivement incorporées devra faire l’objet d’une information auprès du consommateur.

Tendance

Le taux d’utilisation circulaire de matières progresse de 1 point entre 2010 et 2017, passant de 17,5 % à 18,6 %.

Entre 2005 et 2017, le taux d’incorporation des papiers-cartons augmente de 9 points. Celui du verre connaît la plus forte progression (+ 17 points) et celui des ferrailles diminue (- 5 points).

Le taux d’utilisation circulaire se définit comme le rapport entre l’utilisation circulaire de matériaux et l’utilisation globale des matériaux.

L’utilisation globale des matières est mesurée en additionnant la consommation intérieure de matières (DMC) et l’utilisation circulaire des matériaux. L’utilisation circulaire des matières est estimée par la quantité de déchets recyclés dans les installations de valorisation nationales, moins les déchets importés destinés à la valorisation, plus les déchets exportés vers l’étranger.

Le taux d’incorporation reflète la part de MPR incorporée dans la production ou la fabrication en France. La formule de chaque taux dépend de la disponibilité des données (cf. figure ci-dessous), mais également de certaines spécificités de filière. Il s’agit d’une moyenne nationale sur une année complète.

Source : Ademe, Bilan national du recyclage 2008-2017

Évolution des taux d’incorporation du calcin (verre), des papiers-cartons recyclés, de l’aluminium, des ferrailles et des plastiques

Sources : Eurostat pour le taux d’utilisation circulaire de matières ; Ademe, Bilan national du recyclage 2008-2017 pour les taux d’incorporation des différentes matières

Analyse

En 2017, la production nationale d’acier brut et de fonte, de papiers-cartons, de plastiques, d’aluminium et de verre atteint 35,1 millions de tonnes (Mt). En déclin sur les 12 dernières années (42,6 Mt en 2005), elle est stable par rapport à 2014. Pour les cinq matières premières de recyclage (MPR) considérées, la collecte en vue du recyclage a atteint 24,1 Mt en 2017. 16,9 Mt de MPR ont été incorporées dans la production française (on parle de taux d’incorporation). Une partie des MPR collectées en France est exportée et certaines des MPR recyclées en production proviennent d’importations.

En 2017, le taux d’incorporation des ferrailles est de 49 % dans l’acier brut produit (y compris chutes internes). La consommation de ferrailles s’est dégradée sur la dernière décennie, notamment en raison du recul de la filière électrique (principale consommatrice de ferrailles) et de la baisse du prix de la matière première qui a fortement défavorisé le recyclage des ferrailles. L’industrie papetière demeure l’une des premières industries du recyclage en France, avec une collecte et une incorporation de papiers-cartons recyclés (PCR) élevées. Depuis 2005, le taux d’incorporation de PCR continue sa progression pour atteindre 67 % en 2017. Le taux d’incorporation du calcin (verre) est passé de 39 % en 2005 à 56 % en 2017. La baisse en 2017 (59 % en 2016) est liée à la forte reprise de l’activité de verre plat et au taux d’incorporation nettement plus faible en verre plat qu’en verre creux.

Avec un taux inférieur à 7 %, les matières plastiques ont beaucoup de retard. Les engagements pris par les industriels du secteur et les objectifs donnés par les pouvoirs publics ont pour finalité de faire progresser leur taux d’incorporation.

Impact environnemental du recyclage

Parallèlement à la réalisation du Bilan national du recyclage (BNR), l’Ademe a réalisé une étude des impacts environnementaux du recyclage selon une approche d’analyse de cycle de vie. D’après celle-ci, en 2017, les filières de recyclage papiers-cartons, verre, acier, aluminium et plastiques ont permis d’éviter l’émission d’environ 18,1 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq).

Il faut noter que, dans le cas des matériaux combustibles (papiers-cartons et plastiques), un mix incinération et stockage est utilisé pour calculer le scénario de traitement final évité, suivant les taux observés pour les déchets ménagers résiduels (69 % des volumes destinés à l’incinération et 31 % destinés au stockage).

Émissions de CO2 évitées grâce au recyclage

En Mt CO2 éq

Métaux ferreux

- 13,8

Aluminium

- 3,0

Papiers-cartons

1,5

Verre

- 1,3

Plastiques

- 1,5

Total

- 18,1

Source : Ademe, Analyse du cycle de vie des flux de déchets recyclés sur le territoire français, décembre 2019

Comparaison internationale

Les matériaux recyclés ont contribué à 11,7 % de la demande de matériaux de l’Union européenne en 2017, contre 8,3 % en 2004. Les États membres présentent une fourchette de valeurs comprise entre 1,6 % (Irlande) et 29,9 % (Pays-Bas). Ceux ayant des taux très élevés ont soit des niveaux élevés de recyclage des déchets, soit de faibles niveaux de consommation intérieure de matières, soit les deux (c’est le cas des Pays-Bas et de la France).

Taux d’utilisation circulaire de matières dans l’Union européenne (UE28), en 2017

Source : Eurostat

Pour en savoir plus

 Bilan national du recyclage (BNR) 2008-2017 et ACV des flux de déchets recyclés, Ademe, décembre 2019, 142 p.
 Eurostat : taux d’utilisation circulaire de matières