Émissions de gaz à effet de serre et empreinte carbone en 2020

Environnement
Publié le 24/03/2022
Dans le cadre des négociations sur le climat, les parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques se sont accordées sur la nécessité de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre (GES). L’Union européenne s’est ainsi fixée en 2014 un objectif de réduction des émissions de GES de 40 % entre 1990 et 2030, révisé à 55 % dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe de 2021. La France s’est dotée d’une stratégie nationale bas-carbone et de budgets carbone afin de mettre en œuvre la transition vers une économie sobre en GES.
As a result of climate negotiations, parties to the United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC) agreed on the need to significantly reduce greenhouse gas (GHG) emissions. In 2014, the European Union set a target to reduce GHG emissions by 40% between 1990 and 2030. This target was revised to 55% under the 2021 European Green Deal. France has adopted a national low-carbon strategy and carbon budgets to plan the transition to a low-carbon economy.

Les émissions de GES en france et dans le monde

Malgré l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 visant à contenir la hausse des températures en deçà de 2 °C d’ici 2100, les émissions mondiales de GES s’accroissent pour atteindre le niveau record de 52,4 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2019. Ce niveau s’établit à 59,1 tonnes en tenant compte des changements d’affectation des sols et de la déforestation. Elles ont progressé de 1,4 % en moyenne par an depuis 2010, après une progression moyenne de 1,1 % par an de 1990 à 2010. Le ralentissement économique lié à la pandémie devrait engendrer, en 2020, une baisse de 7 % des émissions mondiales de CO2. L’augmentation de la température moyenne mondiale, à la fin du siècle, dépend des émissions futures. Compte tenu des émissions passées, quels que soient les scénarios d’émissions à venir, les + 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle seront atteints vers 2030. Même si la totalité des engagements actuels, pris par les États dans le cadre de l’Accord de Paris, étaient mis en œuvre, la température mondiale moyenne en 2100 risque d’être d’au moins + 2,7 °C par rapport à l’ère préindustrielle (Rapport 2020 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, UNEP DTU Partnership, 2020).

En 2020, les émissions totales françaises de GES sont estimées à 396 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 éq) contre 441 Mt CO2 éq en 2019. Cette diminution historique des émissions (- 10 % par rapport à 2019) est liée à la crise sanitaire, qui s’est accompagnée de fortes réductions de l’activité et des déplacements. Les transports ont contribué à la moitié de cette baisse (- 22 Mt CO2 éq), les périodes de confinement de la population correspondant aux mois où la réduction des émissions est la plus importante (- 27 % en avril 2020). Les transports demeurent cependant la plus importante source de GES (29 % des émissions totales hors utilisation des terres, leur changement d’affectation et la foresterie – UTCATF). Le secteur agricole, principal émetteur de méthane (CH4) avec l’élevage et de protoxyde d’azote (N2O) avec l’utilisation d’engrais, est responsable de 21 % des émissions totales de GES. La part de l’industrie manufacturière dans les émissions totales de GES est de 19 %, proche de celle du secteur du résidentiel/tertiaire (18 %). La part relevant du secteur de l’énergie est de 10 % et celle du traitement des déchets de 4 %.


Sur la période 1990-2020, les émissions de GES hors UTCATF sur le territoire national ont baissé de 27 % (graphique 1). Hors effets liés à la pandémie de 2020, cette diminution résulte surtout de la réduction des émissions dans l‘industrie. Elles ont été divisées par 2 depuis 1990 : - 51 % pour l’industrie de l’énergie et - 47 % pour l’industrie manufacturière. Les secteurs résidentiel/tertiaire et l’agriculture ont également diminué leurs émissions sur cette même période : respectivement - 24 % et - 10 %. La baisse des émissions des transports (- 8 % entre 1990 et 2020) est exclusivement liée à la crise sanitaire, les émissions des transports ayant progressé de 10 % entre 1990 et 2019. La diminution globale des émissions s’est accompagnée d’une réduction de la quantité de CO2 émise par unité de valeur ajoutée (- 47 % entre 1990 et 2019).
 
 

Graphique 1 : évolution des émissions de gaz à effet de serre en France et objectifs de réduction


En millions de tonnes CO2 équivalent

Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les Outre-mers appartenant à l’UE. - © Sources : Citepa, inventaires des GES au format Secten, 2021 ; MTE, projet de stratégie nationale bas-carbone révisée, 2020

 

L’empreinte carbone de la France

Dans une économie mondialisée, il est important de tenir compte des émissions liées à l’ensemble des biens et des services consommés, y compris lorsque ces biens et services ont été produits à l’extérieur du territoire national. En agrégeant les émissions directes des ménages (logements, voitures), celles de la production intérieure (hors exportations) et celles associées aux produits importés, l’empreinte carbone permet d’élargir le suivi des émissions de GES au contenu carbone des échanges extérieurs. Sur la période 1995-2020 (estimation provisoire), l’empreinte carbone (CO2, CH4 et N2O) a diminué de 15 % (- 7 % entre 1995 et 2019). Les émissions intérieures ont sensiblement diminué (- 24 % entre 1995 et 2019 et - 31 % entre 1995 et 2020), tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues (+ 23 % entre 1995 et 2019 et + 12 % entre 1995 et 2020). En 2020, ces dernières représentent la moitié de l’empreinte carbone (graphique 2).
 
 

Graphique 2 : comparaison de l’empreinte carbone et de l’inventaire national


En millions de tonnes CO2 équivalent (échelle de gauche) – En tonnes de CO2 équivalent par personne (échelle de droite)

(e) = estimations provisoires.
Note : l’empreinte et l’inventaire portent sur les trois principaux GES (CO2, CH4, N2O) hors UTCATF. -
© Champ : périmètre « Kyoto » soit la France métropolitaine et les Outre-mers appartenant à l’UE.
Sources : Citepa ; AIE ; FAO ; Douanes ; Eurostat ; Insee. Traitements : SDES, 2021

 

Une politique de réduction des émissions de GES

En adoptant la loi relative au climat et à l’énergie du 8 novembre 2019, la France s’est fixée pour objectif « de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % entre 1990 et 2030 et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en divisant les émissions de gaz à effet de serre par un facteur supérieur à six entre 1990 et 2050 ». Les trajectoires d’atténuation des émissions sont déclinées dans la stratégie nationale bas-carbone. L’objectif de neutralité carbone vise la compensation des émissions incompressibles (environ 80 Mt CO2 éq par an) par les puits constitués par les terres agricoles, les forêts et des solutions technologiques nouvelles (capture et stockage de carbone). Cette ambition fait écho au Pacte vert pour l’Europe de 2021 qui vise la neutralité climatique de l’Union européenne à l’horizon 2050, en menant notamment des actions pour décarboner le secteur de l’énergie, rénover les bâtiments, aider les entreprises à innover dans le domaine de l’économie verte ou déployer des modes de transports plus propres.

La baisse des émissions de GES nécessite, outre des comportements individuels plus sobres, des investissements orientés vers une amélioration de l’efficacité énergétique dans l’ensemble des secteurs d’activité et un développement massif de la production d’énergie d’origine renouvelable. L’institut de l’économie pour le climat (I4CE) évalue le montant des investissements en France en faveur du climat. En 2020, ces investissements, provenant des ménages, des entreprises et des administrations publiques, sont estimés à 45 milliards d’euros (Md€), dont 14,7 Md€ dans le secteur de la rénovation énergétique des logements et 10,6 Md€ dans celui des infrastructures de transport. Des investissements sont également réalisés en faveur des véhicules bas-carbone (8,1 Md€) de l’électricité renouvelable et dans une moindre mesure, en faveur du biométhane et de chaleur renouvelable (graphique 3).
 
 

Graphique 3 : émissions de GES et investissements pour la transition énergétique, par secteur, en 2019


En millions de tonnes CO2 équivalent (échelle de gauche) – En milliards d’euros (échelle de droite)

Champ : périmètre « Kyoto » soit la France métropolitaine et les Outre-mers appartenant à l’UE. - © Sources : I4CE, panorama des financements climat 2020 ; Citepa, inventaire au format Secten, 2021

 

21 fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication "Bilan environnemental de la France - Édition 2021" qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

21 fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2021

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