Les émissions de GES dans le monde
Malgré l’adoption de l’Accord de Paris en 2015 visant à contenir la hausse des températures nettement en deçà de 2 °C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts en vue de limiter cette augmentation à 1,5 °C, la concentration atmosphérique en CO2 s’accroît d’année en année pour atteindre 423 parties par millions (ppm) début 2024. Le seuil moyen pour ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement se situe à 450 ppm.
En 2023, les émissions mondiales de GES, hors utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF), se sont établies au niveau record de 53 gigatonnes (Gt) équivalent CO2, en hausse de 1,9 % par rapport à 2022. Les émissions proviennent : pour 66 % de la combustion d’énergie fossile, pour 8 % de fuites liées à l’extraction de pétrole, gaz ou charbon, pour 9 % de procédés industriels (ciment, chimie, acier, etc.), pour 14 % de l’élevage ou des cultures et pour 2 % du traitement des déchets. En 2020, en lien avec la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid 19, les émissions mondiales ont diminué de 3,8 %. Depuis, les émissions de GES ont augmenté pour désormais dépasser les niveaux enregistrés en 2019 avant la crise sanitaire. Depuis 1990, les émissions ont progressé de 62 %. Compte tenu des émissions passées, et quels que soient les scénarios d’émissions à venir, les températures continueront d’augmenter jusqu’au milieu du siècle et le réchauffement de + 1,5 °C et de + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle sera vraisemblablement atteint au cours du XXIe siècle. Même si la totalité des engagements actuels, pris par les États dans le cadre de l’Accord de Paris, étaient mis en œuvre, la température mondiale moyenne en 2100 risque d’être comprise entre + 2,3 °C et + 3,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Les émissions de GES en France
En 2023, les émissions territoriales totales françaises de GES sont estimées à 373 millions de tonnes équivalentes CO2 (Mt CO2 éq), hors UTCATF, contre 396 Mt CO2 éq en 2022. Elles diminuent de 5,8 % par rapport à 2022 et restent en deçà du niveau constaté en 2019 (- 13,1 %) avant la crise sanitaire. Les transports demeurent la plus importante source de GES (34 % des émissions totales). Le secteur agricole, principal émetteur de méthane (CH4) avec l’élevage, et de protoxyde d’azote (N2O) avec l’utilisation d’engrais, est responsable de 20 % des émissions totales de GES. La contribution des autres secteurs est de 17 % pour l’industrie manufacturière, de 16 % pour le secteur du résidentiel/tertiaire, de 9 % pour la production d’énergie et de 4 % pour le traitement des déchets.
La SNBC fixe des budgets d’émissions moyennes annuelles, par période de 5 ans, à respecter. Le budget carbone 2019-2023, hors UTCATF, est respecté : les émissions moyennes annuelles (400 Mt CO2 éq/an en moyenne) sont en deçà du budget carbone prévu (420 Mt CO2 éq/an en moyenne). En tenant compte de l’UTACTF, le budget carbone est dépassé (+ 115 Mt CO2 éq cumulées sur la période 2019-2023). Depuis 2020, l’estimation de la capacité d’absorption des GES par le secteur de l’UTCATF (forêts en particulier) a quasiment été divisée par deux par rapport à la décennie 2010-2019 (- 43 %).
Sur la période 1990-2023, les émissions de GES hors UTCATF sur le territoire national ont baissé de 31 % (graphique 1). Cette diminution résulte principalement de la réduction des émissions dans l’industrie. Elles ont été divisées par plus de deux depuis 1990 : - 55 % pour l’industrie de l’énergie et - 54 % pour l’industrie manufacturière. Le secteur résidentiel/tertiaire a également sensiblement réduit ses émissions depuis 1990 (- 37 %). L’agriculture baisse également ses émissions de - 18 % sur cette même période. Seul le secteur des transports a vu ses émissions progresser depuis 1990 (+ 3 %). La diminution globale des émissions s’est accompagnée d’une réduction de la quantité de GES émise par unité de valeur ajoutée (- 48,5 % entre 1990 et 2022).
Évolution des émissions de gaz à effet de serre en France
En millions de tonnes CO2 équivalent
(e) = estimations provisoires.
Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE.
Source : Citepa, inventaires des GES au format Secten, avril 2024
L’empreinte carbone de la France
Dans une économie mondialisée, il est important de tenir compte des émissions liées à l’ensemble des biens et des services consommés, y compris lorsque ces biens et services ont été produits à l’extérieur du territoire national. En agrégeant les émissions directes des ménages (logements, voitures), celles de la production intérieure (hors exportations) et celles associées aux produits importés, l’empreinte carbone permet d’élargir le suivi des émissions de GES au contenu carbone des échanges extérieurs.
En 2023, l’empreinte carbone (CO2, CH4 et N2O) de la France est estimée à 644 Mt CO2 éq. Après une hausse de 1990 à la crise financière de 2008, le niveau de l’empreinte baisse tendanciellement depuis. Entre 2019 et 2020, l’empreinte carbone avait connu une chute historique de 10,3 %, en lien avec la crise sanitaire. En 2021, avec la fin des restrictions des déplacements et la reprise de l’activité économique et du commerce international, l’empreinte carbone avait sensiblement rebondi de + 7,4 %, puis était restée globalement stable en 2022 (+ 0,8 %). En 2023, l’empreinte carbone repart à la baisse et atteint 9,4 tonnes par personne contre 10,3 tonnes en 2019.
Sur la période 1990-2023, l’empreinte carbone a diminué de 13 %. Les émissions intérieures ont sensiblement diminué (- 39 %), tout comme celles des ménages (- 20 %), tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues (+ 13 %). En 2023, les émissions associées aux importations représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone (56 %).
Évolution de l’empreinte carbone de la France
En millions de tonnes CO2 équivalent (échelle de gauche) – En tonnes de CO2 équivalent par personne (échelle de droite)
Note : pour l’empreinte carbone, les données de 1990 à 2009 sont rétropolées à partir du calcul de l’année 2010, et les données 2022 et 2023 sont provisoires.
Champ : France et Saint-Martin ; GES (CO2 + CH4 + N2O + gaz fluorés).
Sources : Insee ; Eurostat ; Citepa ; Douanes ; OCDE. Traitements : Insee et SDES, 2024
En 2021, l’alimentation (produits agricoles et produits transformés par l’industrie agroalimentaire) représente 24 % de l’empreinte de la France, essentiellement à travers la consommation en carburant. L’habitat est responsable de 23 % de l’empreinte, en lien avec le chauffage au gaz et au fioul, ainsi que la construction. Les déplacements (fabrication et combustion de carburants, construction des équipements et des infrastructures) constituent 22 % de l’empreinte, tandis que 21 % sont associés aux services publics (santé, enseignement, administration) et aux services marchands (hôtellerie-restauration, loisirs, etc.) au bénéfice des ménages. Enfin, les 11 % restant de l’empreinte carbone sont associés à la production de biens divers (vêtements, informatiques, meubles, etc.).
Une politique de réduction des émissions de GES
En adoptant la loi relative au climat et à l’énergie du 8 novembre 2019, la France s’est fixée comme objectif de réduire les émissions de GES pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 en les divisant par un facteur supérieur à six entre 1990 et 2050. Les trajectoires d’atténuation des émissions sont déclinées dans la stratégie nationale bas-carbone. L’objectif de neutralité carbone vise la compensation des émissions incompressibles par les puits constitués par les terres agricoles, les forêts et des solutions technologiques nouvelles (capture et stockage de carbone). Cette ambition fait écho au Pacte vert pour l’Europe de 2021 qui vise la neutralité climatique de l’Union européenne à l’horizon 2050, en menant notamment des actions pour décarboner le secteur de l’énergie, rénover les bâtiments, aider les entreprises à innover dans le domaine de l’économie verte ou déployer des modes de transport plus propres.
La baisse des émissions de GES nécessite, outre des comportements individuels plus sobres, des investissements orientés vers une amélioration de l’efficacité énergétique dans l’ensemble des secteurs d’activité et un développement massif de la production d’énergie décarbonée.
L’institut de l’économie pour le climat (I4CE) évalue le montant des investissements en France en faveur du climat. En 2022, ces investissements, provenant des ménages, des entreprises et des administrations publiques, sont estimés à 100 milliards d’euros (Md€), en augmentation de 12 % par rapport à 2021. La hausse des prix des équipements est responsable de la moitié de cette augmentation. Ces financements concernent les infrastructures, équipements et véhicules de transport bas carbone (33,9 Md€), la performance énergétique dans les bâtiments neufs (23,7 Md€), la rénovation énergétique des bâtiments (22,1 Md€) et la production d’énergie décarbonée (20,1 Md€).
Investissements favorables au climat, par secteur en 2022
En milliards d’euros
Source : I4CE, Panorama des financements climat – Édition 2023, novembre 2023
Données
Données associées
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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