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Environnement, consommation d’énergie et mobilités en 2022

Environnement
Publié le 23/02/2023
Depuis les années 1990, le ministère chargé de l’Environnement mène de manière régulière des enquêtes quantitatives pour connaître les actions individuelles que les Français privilégient afin de protéger l’environnement. En suivant la prise en considération de l’environnement dans la vie quotidienne des ménages, ces enquêtes permettent de saisir les progrès et les points de blocage en la matière. Qu’il s’agisse de faire des économies d’énergie ou de changer ses modes de déplacement, ces formes d’implication individuelle reflètent l’appropriation des problèmes environnementaux par les Français. Elles montrent également le chemin qu’il reste à parcourir pour mobiliser plus largement la société au service de la protection de l’environnement.

Le renouveau des pratiques de sobriété énergétique

Dans un contexte marqué par de nombreux appels à la sobriété énergétique, 40 % des Français déclarent fin 2022 baisser systématiquement le chauffage ou la climatisation à leur domicile pour réduire leur consommation d’énergie. C’est une progression de 6 points par rapport à l’année précédente, même si cette proportion reste encore inférieure à celle observée dans la première moitié de la décennie 2010 (44 %). De même, la part des enquêtés déclarant ne « jamais » agir de la sorte se révèle historiquement basse en 2022 (12 %, soit 3 points de moins que la moyenne observée entre 2008 et 2020).

Les habitants de l’unité urbaine parisienne déclarent moins fréquemment agir pour maîtriser leur consommation énergétique : 28 % déclarent ne jamais baisser leur chauffage ou seulement occasionnellement, soit 5 points de plus que les enquêtés vivant loin des grandes agglomérations. Au-delà des motivations propres à chacun, il est possible qu’une partie de ces répondants vivent en appartement avec un mode de chauffage collectif, avec une moindre possibilité de maîtriser directement leur consommation.

 

Régulation thermique du logement, évolution entre 2009 et 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2022.

 

De manière similaire, la vigilance à l’égard des veilles électroniques a connu un net rebond en 2022 après avoir régressé au cours des dix dernières années. En effet, alors que la moitié des enquêtés déclaraient au début de la décennie 2010 « toujours couper le mode veille de leurs appareils électroniques », ils étaient moins d’un quart à agir de la sorte en 2021. Dans le même temps, la part des enquêtés affirmant ne jamais éteindre les appareils en veille s’était stabilisée autour de 23 % depuis la moitié des années 2010 alors qu’elle était de l’ordre de 15 % au début de la décennie. Fin 2022, les incitations à la sobriété des usages énergétiques semblent avoir mis un coup d’arrêt à ce désengagement progressif. Ainsi, la proportion de ménages déclarant toujours couper le mode veille augmente de 4 points, alors que ceux déclarant ne jamais le faire diminue dans la même proportion (- 4 points).

 

Extinction du mode veille des appareils électroniques, évolution entre 2009 et 2022
En %

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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2022.

 

Fin 2022, une différence significative est observée selon la composition du ménage et l’âge des enquêtés. Une large part des foyers composés de quatre personnes ou plus déclarent en effet n’éteindre les veilles que rarement ou jamais (47 %) alors que les enquêtés vivant seuls répondent davantage les éteindre fréquemment (toujours ou souvent) – (64 %). De même, 35 % enquêtés âgés de 60 ans et plus déclarent éteindre systématiquement les appareils en veille, soit 12 points de plus que les moins de 50 ans.

La voiture, principal moyen de déplacement pour se rendre au travail

Trois quarts des Français âgés de 18 ans et plus déclarent se déplacer régulièrement pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études. Parmi eux, 55 % disent utiliser principalement une voiture ou un deux-roues motorisé pour effectuer ce type de trajet. Dans un contexte marqué par la crise sanitaire, ce mode de déplacement avait légèrement progressé en 2020, au détriment de l’utilisation couplée de transports en commun et d’un véhicule motorisé. Deux ans plus tard, la part des déplacements motorisés a reculé de 3 points, tandis que les modes de transport dont l’impact environnemental est moindre (marche, vélo, transports en commun) ont atteint leur plus haut niveau depuis la création du baromètre.

Prépondérant en milieu rural, l’usage quotidien d’un véhicule motorisé s’impose comme une nécessité du fait des distances à parcourir et de l’absence d’une offre de transports en commun adéquate. Ainsi, plus de deux tiers des enquêtés résidant à distance des principaux grands pôles urbains ont recours à une voiture ou une moto pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études. La situation dans les grandes agglomérations s’avère bien différente. C’est tout particulièrement le cas dans l’agglomération parisienne où moins d’un tiers des enquêtés utilisent un véhicule motorisé au quotidien. D’autres différences notables s’observent entre les ménages constitués de quatre personnes ou plus (60 %) et les personnes vivant seules (51 %).

 

Utilisation des modes de transports quotidiens, évolution entre 2009 et 2022
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Note : le graphique se concentre exclusivement sur les enquêtés qui sont amenés à se déplacer pour rejoindre leur lieu de travail ou d’études (soit 73 % des Français).
Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2022.

Marche, vélo et transports en commun, des modes de déplacement plus fréquents chez les jeunes citadins

Dans le prolongement logique de ce qui a été observé ci-dessus, le recours à la marche, au vélo et/ou aux transports en commun pour effectuer le trajet domicile-travail/études est surtout le fait de personnes vivant dans de grandes agglomérations : 56 % dans l’unité urbaine de Paris et 34 % dans les pôles urbains de plus de 100 000 habitants.

Les jeunes sont également les principaux utilisateurs de ces modes de déplacement pour se rendre sur leur lieu d’études ou de travail. Entre 2009 et 2020, cette tendance est globalement restée identique. En effet, les choix opérés en matière de déplacements quotidiens se révèlent plus influencés par le cycle de vie des enquêtés (âge) que de la génération à laquelle ils appartiennent (année de naissance). Tout au long de la période étudiée, près de 31 % des moins de 30 ans déclaraient se rendre sur leur lieu de travail ou d’études en marchant, à vélo et/ou en transports en commun.

À partir de 30 ans, cette part connaît un recul subit (- 10 points), puis décline doucement tout au long de la vie active (- 5 points entre 30 et 59 ans). À 60 ans, une nouvelle étape est franchie avec une chute de 7 points, liée aux premiers départs à la retraite. Durant les années suivantes, l’arrêt de la vie professionnelle explique que la part modale de ces modes de transport ne représente plus que 5 % chez les rares enquêtés encore en situation d’activité. Du point de vue générationnel, les enquêtés nés à partir des années 1970 déclarent recourir davantage aux modes actifs de déplacement (vélo, marche) ou au transports en commun que leurs aînés au même âge. En revanche, peu de différences s’observent entre les générations plus anciennes.

 

Marche, vélo et transports en commun : répartition selon l’âge et la génération
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2020.

 

En comparant plus globalement la situation des mobilités actives et des transports en commun en 2009 et en 2022, aucun changement substantiel n’apparaît clairement dans l’enquête. C’est tout particulièrement vrai concernant la marche à pied.

Concernant le recours, exclusif ou combiné, du vélo pour effectuer les trajets domicile-travail/études, la part modale a plus que doublé en l’espace de 13 ans mais reste cependant limitée en valeur absolue (7 %). De plus, cette progression semble s’être en partie opérée au détriment de l’usage exclusif des transports en commun. Dans un contexte marqué par la crise sanitaire, c’est essentiellement au cours des trois dernières années que le recours au vélo a connu une importante progression.  

 

Part des modes actifs et transports en commun utilisés au quotidien : comparaison entre 2009 et 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2022.

Difficile d’imaginer un quotidien sans voiture

En 2022, plus de trois Français sur cinq continuent de se montrer pessimistes quant à l’éventualité d’un quotidien sans voiture. Depuis que cette question est posée dans le baromètre, la part des enquêtés considérant qu’il serait à l’avenir de plus en plus facile d’effectuer ses déplacements quotidiens sans voiture a fluctué avant de retrouver son niveau initial de 2008.

Parmi les plus optimistes, on trouve notamment les habitants des grandes agglomérations (54 %), les cadres supérieurs et les femmes (41 %). Les enquêtés âgés de moins de 40 ans et plus se montrent également davantage confiants (42 %) quant à la possibilité d’un avenir où les voitures seraient moins présentes. À l’opposé, les ruraux et les personnes vivant en périphérie des petites et moyennes agglomérations semblent nettement plus sceptiques.

 

Abandon envisageable de la voiture, évolution de l’opinion entre 2008 et 2022
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2008-2022.

 

Interrogés pour savoir comment ils perçoivent l’idée de « moins utiliser sa voiture », les enquêtés reconnaissent qu’il s’agit là d’une action qu’ils mettent peu en œuvre car ils la jugent difficile ou relativement peu efficace pour protéger l’environnement. C’est plus fréquemment le cas hors des agglomérations : un enquêté rural sur quatre juge compliqué de moins utiliser la voiture au quotidien, contre un sur huit dans l’agglomération parisienne.  

Se passer de sa voiture au quotidien pourrait toutefois être perçu moins difficile qu’auparavant : à l’exception des agglomérations de plus de 100 000 habitants, les ménages sont moins nombreux en 2021 qu’en 2019 à estimer que la baisse de l’usage de la voiture est l’action la plus difficile à mettre en œuvre au quotidien pour protéger l’environnement.

 

Évolution des effets territoriaux sur l’usage de la voiture
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Note : le graphique se concentre sur le choix de la modalité « Moins utiliser sa voiture » comme première réponse donnée à la question « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre pour protéger l’environnement ? ».
Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc en janvier 2021.

Améliorer l’offre de transport en commun pour faire évoluer les pratiques

Fin 2022, 30 % des enquêtés ne voient pas ce qui pourrait les encourager à moins utiliser leur véhicule motorisé. Après avoir baissé de 7 points au cours des trois années précédentes, cet indicateur repart à la hausse cette année et retrouve son niveau de 2009.   

Disposés à utiliser les transports en commun plutôt que leur véhicule personnel, plus d’un tiers des enquêtés posent cependant des conditions : 28 % souhaiteraient que l’offre en matière de transports en commun s’améliore et 10 % voudraient qu’ils soient moins chers. Avant d’opter pour un usage plus régulier du vélo, 11 % des enquêtés semblent attendre que des pistes cyclables plus nombreuses et plus sécurisées soient ouvertes à la circulation. Dans un contexte pourtant marqué par le renchérissement des carburants, la part des Français considérant qu’une augmentation du coût d’utilisation de leur véhicule pourrait les inciter à moins l’utiliser est restée relativement stable entre 2021 et 2022 (10 %) et n’augmente pas sensiblement sur longue période.

À l’instar de ce qui a été évoqué dans les précédentes questions sur la mobilité, les ruraux ne semblent pas envisager la possibilité d’un quotidien sans véhicule motorisé, contrairement aux habitants de l’agglomération parisienne. De même, les enquêtés les plus âgés conçoivent plus difficilement que les autres de se passer à l’avenir des avantages procurés par leur voiture.

En milieu rural, un tiers des personnes interrogées souhaiteraient une meilleure desserte de leur lieu de résidence par les transports en commun. Cette condition est aussi un facteur crucial pour les familles et pour les enquêtés les plus diplômés. Étroitement liée au niveau de vie, la question de la tarification des transports en commun est plus fréquemment évoquée par les personnes sans activité professionnelle (16 %).  

Davantage disposés à recourir au vélo, les enquêtés habitant dans les grandes agglomérations (hors Paris) attendent à 15 % une extension et une sécurisation des réseaux cyclables avant de renoncer à leur véhicule personnel.


Motivations pour renoncer à l’usage quotidien de son véhicule personnel
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Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2022.

Méthodologie

Les données présentées ici s’appuient sur deux dispositifs d’enquête du service statistique du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (SDES) :

  • La Plateforme environnement est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de l’Insee (dispositif Camme), cette plateforme comprend une série de 20 questions posées chaque année (au mois de novembre) à un échantillon de 1 800 individus environ représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et des pratiques environnementales dans la société française.

    Par nature, les pratiques recueillies dans le cadre de cette enquête sont des pratiques déclarées. Elles sont donc susceptibles d’être surévaluées par rapport aux pratiques effectives des ménages, compte tenu du mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. L’individu interrogé tend ainsi à répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée.

    Pour cette raison, plus que les niveaux, ce sont les évolutions des réponses au fil du temps ou les disparités entre catégories qui sont les plus riches d’enseignements. Des modifications ayant été apportées au questionnaire en 2012 et en 2020 pour améliorer les connaissances sur ces sujets, la profondeur temporelle des analyses varie selon les items.
     
  • Le Baromètre « société et environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français pour l’environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES. Ce baromètre est réalisé dans le cadre du dispositif d’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » par le Credoc. Ces données sont collectées en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.

Auteur : Eric Pautard, SDES

Données

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Consulter les résultats des enquêtes

Afin de permettre une consultation élargie des résultats de la « Plateforme environnement » du SDES, un outil de visualisation des données est mis à disposition. Il est ainsi possible de connaître l’ensemble des réponses données par les enquêtés depuis 2009. Cette datavisualisation permet de prendre connaissance des résultats en s'intéressant à la série complète (évolutions depuis 2009) ou à la dernière année en cours. La consultation des questions se fait par thématique.
L’application de datavisualisation offre par ailleurs l’opportunité de consulter les résultats en fonction de l’âge des enquêtés, de leur genre, de leur niveau d’études, de leur catégorie socioprofessionnelle, du niveau de vie de leur ménage et du type d’agglomération où se situe leur lieu de résidence.


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