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Environnement, consommation d’énergie et mobilités en 2023

Environnement
Publié le 18/10/2024
Dans leur vie quotidienne, les Français s’emploient à agir en faveur de l’environnement en faisant des économies d’énergie ou en changeant leurs modes de déplacement. Récemment, un regain de vigilance a, par exemple, été observé en matière de sobriété énergétique. Ces formes d’implication individuelle reflètent l’appropriation des problèmes environnementaux par les Français. Pour autant, l’évolution des pratiques se révèle plus compliquée dans certains domaines comme les déplacements quotidiens, notamment dans les territoires où l’offre de transports en commun est réduite, ce qui montre le chemin qu’il reste à parcourir pour mobiliser plus largement la société au service de la protection de l’environnement. Point sur les résultats des enquêtes réalisées en 2023.

Depuis les années 1990, le ministère chargé de l’Environnement mène de manière régulière des enquêtes quantitatives pour connaître les actions individuelles que les Français privilégient afin de protéger l’environnement. En suivant la prise en considération de l’environnement dans la vie quotidienne des ménages, ces enquêtes permettent de saisir les progrès et les points de blocage en la matière.

Progression des pratiques de sobriété énergétique

Dans un contexte marqué par une forte inflation des prix de l’énergie, 44 % des Français déclarent fin 2023 baisser systématiquement le chauffage ou la climatisation à leur domicile pour réduire leur consommation d’énergie. C’est une progression de 4 points par rapport à l’année précédente et le niveau le plus élevé depuis 2015. 

De même, la part des enquêtés déclarant ne « jamais » agir de la sorte se révèle historiquement basse en 2023 (10 %, soit 5 points de moins que la moyenne observée entre 2009 et 2022). 

Les habitants de l’unité urbaine parisienne déclarent moins fréquemment agir pour maîtriser leur consommation énergétique : 25 % déclarent ne jamais baisser leur chauffage ou seulement occasionnellement, soit 5 points de plus que les enquêtés vivant hors des grandes agglomérations. Au-delà des motivations propres à chacun, il est possible qu’une partie de ces répondants vivent en appartement avec un mode de chauffage collectif, avec une moindre possibilité de maîtriser directement leur consommation. 

 

Régulation thermique du logement, évolution entre 2009 et 2023
En %

© SDES

Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2023

Difficile d’envisager un quotidien sans voiture

En 2023, près de trois Français sur cinq continuent de se montrer pessimistes quant à l’éventualité d’un quotidien sans voiture. Depuis que cette question est posée dans le baromètre, la part des enquêtés considérant qu’il serait à l’avenir de plus en plus facile d’effectuer ses déplacements quotidiens sans voiture a fluctué avant de retrouver son niveau initial de 2008.

Parmi les plus optimistes, on trouve notamment les habitants des grandes agglomérations (59 %), les femmes (48 %) et les cadres supérieurs (47 %). Les enquêtés âgés de moins de 40 ans et plus se montrent également davantage confiants (42 %) quant à la possibilité d’un avenir dans lequel les voitures seraient moins présentes. À l’opposé, les ruraux et les personnes vivant en périphérie des petites et moyennes agglomérations semblent nettement plus sceptiques (15 %).  

 

Abandon envisageable de la voiture, évolution de l’opinion entre 2008 et 2023
En %

© SDES

Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2023

 

Interrogés pour savoir comment ils perçoivent l’idée de « moins utiliser sa voiture », les enquêtés reconnaissent qu’il s’agit là d’une action qu’ils mettent peu en œuvre, car ils la jugent difficile ou relativement peu efficace pour protéger l’environnement. 

C’est plus fréquemment le cas hors des agglomérations : un enquêté rural sur trois juge compliqué de moins utiliser la voiture au quotidien, contre un sur six dans l’agglomération parisienne.  


Se passer de sa voiture au quotidien semble même perçu plus difficile qu’auparavant : les ménages sont plus nombreux en 2023 qu’en 2021 à estimer que la baisse de l’usage de la voiture est l’action la plus difficile à mettre en œuvre au quotidien pour protéger l’environnement.

 

Évolution des effets territoriaux sur l’usage de la voiture entre 2021 et 2023

© SDES

Note : le graphique se concentre sur le choix de la modalité « Moins utiliser sa voiture » comme première réponse donnée à la question « Au quotidien, quelles sont les deux actions que vous avez le plus de difficultés à mettre en œuvre pour protéger l’environnement ? »
Source : SDES, baromètre « société et environnement » de l’enquête « Conditions de vie et aspirations » réalisée par le Credoc en janvier 2023

De fortes attentes en matière de transports en commun

Fin 2023, 27 % des enquêtés ne voient pas ce qui pourrait les encourager à moins utiliser leur véhicule motorisé. Après un léger rebond en 2022, cet indicateur atteint son plus bas niveau. En l’espace de dix ans, il a en effet connu une baisse progressive de 10 points.   

Pour renoncer à l’usage quotidien de leur véhicule personnel, 30 % des enquêtés souhaiteraient que l’offre en matière de transports en commun s’améliore et 12 % voudraient qu’ils soient moins chers. Avant d’opter pour un usage plus régulier du vélo, 12 % des enquêtés semblent attendre que des pistes cyclables plus nombreuses et plus sécurisées soient ouvertes à la circulation. Dans un contexte pourtant marqué par l’inflation, la part des Français considérant qu’une augmentation du coût d’utilisation de leur véhicule pourrait les inciter à moins l’utiliser a baissé de 2 points entre 2022 et 2023 (8 %).

Assez logiquement, les ruraux semblent plus difficilement envisager la possibilité d’un quotidien sans véhicule motorisé (36 %), que les habitants de l’agglomération parisienne (21 %). 
En milieu rural, un tiers des personnes interrogées souhaiteraient une meilleure desserte de leur lieu de résidence par les transports en commun. Étroitement liée au niveau de vie, la question de la tarification des transports en commun est plus fréquemment évoquée par les personnes sans activité professionnelle (18 %).  

Davantage disposés à recourir au vélo, 16 % des enquêtés de moins de 50 ans attendent une extension et une sécurisation des réseaux cyclables avant de renoncer à leur véhicule personnel. Cette proportion est deux fois moins importante chez les enquêtés âgés de 60 ans et plus (8 %).

 

Motivations pour renoncer à l’usage quotidien de son véhicule personnel
En %

© SDES

Source : SDES, plateforme environnement de l’enquête de conjoncture auprès des ménages (Camme) réalisée par l’Insee, 2009-2023

Méthodologie

Les données présentées s’appuient sur deux dispositifs d’enquête du service statistique du ministère de la Transition écologique (SDES) : la Plateforme Environnement et le Baromètre « Société et Environnement ».

  • La Plateforme environnement est un dispositif de suivi barométrique initié par le SDES en 2008. Adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages de l’Insee (dispositif Camme), cette plateforme comprend une série de 20 questions posées chaque année (au mois de novembre) à un échantillon de 1 800 individus environ représentatif de la population résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Les questions visent à suivre l’évolution des préoccupations et des pratiques environnementales dans la société française.
     
  • Le Baromètre « société et environnement » est l’outil de suivi historique des préoccupations et pratiques environnementales des Français. Initié en 1995 par l’Institut français pour l’environnement (Ifen) et piloté depuis 2008 par le SDES. Ce baromètre est réalisé dans le cadre du dispositif d’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » par le Credoc. Ces données sont collectées en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les DROM-COM. Ce baromètre est réalisé tous les deux ans en début d’année impaire.

    Par nature, les pratiques recueillies dans le cadre de cette enquête sont des pratiques déclarées. Elles sont donc susceptibles d’être surévaluées par rapport aux pratiques effectives des ménages, compte tenu du mécanisme dit de « désirabilité sociale » fréquemment observé dans les enquêtes d’opinions centrées sur des sujets comme l’environnement pour lesquels il existe souvent une adhésion consensuelle. L’individu interrogé tend ainsi à répondre en adéquation avec ce qu’il juge être une valeur ou une attitude socialement valorisée. 

    Pour cette raison, plus que les niveaux, ce sont les évolutions des réponses au fil du temps où les disparités entre catégories qui sont les plus riches d’enseignements. Des modifications ayant été apportées au questionnaire en 2012, en 2020 et en 2023 pour améliorer les connaissances sur ces sujets, la profondeur temporelle des analyses varie selon les items.

Auteur : Eric Pautard, SDES

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