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Environnement littoral et marin en France – Synthèse des connaissances en 2024

Environnement
Publié le 03/02/2025
Convoités pour leurs richesses écologiques, paysagères et culturelles ou pour leurs ressources naturelles, les milieux marins et littoraux français sont des territoires où cohabitent de multiples activités économiques. Ces activités agissent de façon directe ou indirecte sur les écosystèmes marins et littoraux et sur leurs capacités à faire face aux changements environnementaux. La stratégie nationale pour la mer et le littoral 2024-2030 vise à concilier développement économique et préservation de l’environnement.

Des espaces aux multiples usages

Les communes littorales (hors estuaire) hébergent 8 millions d’habitants permanents, soit 12 % de la population française. Parmi eux, 6,4 millions habitent sur le littoral métropolitain et près de 1,6 million sur le littoral des départements et régions d’outre-mer (DROM). La densité moyenne de la population sur le littoral métropolitain, estimée à 281 habitants par km², est 2,4 fois plus importante que la moyenne métropolitaine*. Cette pression démographique s’explique par un fort haliotropisme sur les façades atlantique et méditerranéenne, avec un solde migratoire élevé.

Les territoires littoraux des DROM, à l’exception de la Guyane (6 hab/km²), sont tout autant densément peuplés, en particulier en Martinique et à La Réunion (plus de 350 hab/km²). Depuis la fin des années 2000, la population augmente plus rapidement dans l’arrière-pays que sur le littoral, même si les situations peuvent diverger d’une façade à une autre. Ceci indique un report progressif de la population dans l’arrière-pays, du fait, entre autres, du coût élevé de l’immobilier en bord de mer.

En 2023, les communes littorales métropolitaines disposent de plus de 8,5 millions de lits touristiques, surtout en résidences secondaires. Conséquence directe de cette pression humaine, la densité de constructions à usage d’habitation dans les communes littorales est forte comparée à la moyenne nationale.


L’économie de ces territoires est fortement liée à la consommation des ménages, résidents et touristes. La sphère présentielle regroupe ainsi les trois quarts de l’emploi salarié des communes littorales. De nombreuses activités et usages cohabitent sur le littoral et en mer : pêche, aquaculture, transport maritime, extraction de granulats marins, énergies marines renouvelables, nautisme, plaisance, tourisme, etc. Ceux-ci génèrent de nouveaux emplois mais induisent également des pressions sur les écosystèmes.

À lui seul, le tourisme littoral générait près de 336 700 emplois en 2019, contre 188 400 pour l’ensemble des autres domaines d’activité maritime (produits de la mer, transport, construction navale, etc.). Toutefois, l’attrait touristique et culturel des écosystèmes marins les menace. Entre 2009 et 2022, 32 300 ha d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés au sein des communes littorales riveraines de la mer en France (France métropolitaine et DROM), soit 10 % de la surface totale consommée en France, hors Mayotte (320 400 ha)**.

 

*  Données au 1er janvier 2021, calculées à partir du RP, Insee 2020.
**  Source : données de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers du 1er janvier 2009 au 1er janvier 2022, calculées à partir des fichiers fonciers mis à disposition en septembre 2023.

Des territoires fragiles

Plus on se rapproche de la côte, plus les territoires artificialisés tiennent une place importante. À moins de 500 m du rivage, ils occupent 30 % des terres, contre seulement 8 % entre 5 et 10 km de la mer. C’est, par ailleurs, cinq fois plus que la moyenne métropolitaine de 6 % (source : CORINE Land Cover, 2018).

 

Occupation du sol en bord de mer en France métropolitaine, en 2018
En %

© SDES

Sources : SDES ; CORINE Land Cover, 2018. Traitements : SDES, 2019

 

De nombreux territoires littoraux font face à l’aléa naturel d’inondation par submersion marine lors de conditions météorologiques et de marées défavorables. En France, près de 1,5 million de personnes résident dans des zones potentiellement exposées aux inondations induites par ce phénomène. 70 % d’entre elles habitent dans les communes littorales riveraines de la mer. La façade Manche Est - Mer du Nord concentre le plus grand nombre d’habitants exposés (435 300) suivie de la façade Méditerranée (233 800). S’agissant de l’exposition des logements, environ 1,1 million de logements du littoral français pourraient être affectés. Plus de la moitié de ces logements se trouve sur les façades Manche Est - Mer du Nord (354 000 logements) et Méditerranée (347 000).

 

Répartition de la population résidente dans les communes littorales riveraines de la mer et potentiellement exposée à l'aléa submersion marine, par façade, en 2021
En %

© SDES

Champ : communes littorales (hors estuaires) en France métropolitaine et départements et régions d’outre-mer, hors Mayotte.
Sources : MEDDE/DGPR et CETE Méditerranée, EAIP submersion marine 2011 ; Insee, 2021. Traitements : SDES, 2024

 

Certains de ces territoires sont par ailleurs exposés aux phénomènes d’érosion côtière. Sur les 50 dernières années, environ 30 km² de terres ont été perdues. Les zones en fort recul en France métropolitaine se concentrent dans les baies des Hauts-de-France, dans les havres du Contentin, en baie d’Audierne, sur la côte ouest d’Oléron, sur la côte sauvage et l’estuaire de Gironde, dans le nord du Médoc, autour du bassin d’Arcachon et en Camargue.

Dans ces territoires, de multiples biens et infrastructures sont exposés. Globalement, en considérant un scénario de recul de l’ensemble du linéaire naturel et un effacement de la totalité des ouvrages de protection côtiers, près de 50 000 logements actuellement localisés en dehors des zones basses pourraient être menacés par le retrait du trait de côte à l’horizon 2100. En y intégrant les zones basses du littoral qui pourrait être occupées en permanence par l’eau de mer en raison de l’élévation du niveau de la mer, le nombre de logements affectés pourrait atteindre 450 000, dont 20 000 dans les DROM.  

 

Logements potentiellement touchés par le phénomène d’érosion côtière à l’horizon 2100, par département littoral
En %

© SDES

Note : l’estimation effectuée à partir d’un scénario de recul du trait de côte sur l’ensemble du linéaire naturel intégre également l’effacement de l’ensemble des ouvrages de protection à l’échéance 2100. Ce scénario a été développé par le Cerema à partir de l’indicateur national de l’érosion côtière, et de l’étude prospective sur les enjeux atteints par le recul du trait de côte.
Sources : indicateur national de l’érosion côtière, Cerema/MTE 2018 ; Étude prospective sur les enjeux atteints par le recul du trait de côte, Cerema/MTE 2019 ; DGFiP et Cerema, Fichiers fonciers 2021. Traitements : Cerema, SDES, 2022


À la suite du décret du 10 juin 2024 pris en application de la loi Climat et résilience du 22 août 2021, 317 communes doivent adapter leurs actions en matière d’urbanisme et de politique d’aménagement en raison de ce phénomène, et notamment élaborer une carte locale d’exposition au recul de trait de côte délimitant les zones exposées au recul du trait de côte à moyen et long terme (échéances de 30 et 100 ans).

État des eaux et pollution

En 2022, 47 % des 295 masses d’eau littorales sont en bon ou en très bon état écologique (50 % des 179 masses d’eau côtières et 42 % des 116 masses d’eau de transition). C’est autant que pour l’ensemble des masses d’eau de surface – rivières et plans d’eau, lacunes, estuaires et mers côtières (44 %). S’agissant de l’état chimique (évaluation mesurant la concentration de 54 substances chimiques d’origine anthropique), 70 % de ces masses d’eau littorales sont en bon état (substances ubiquistes comprises). Cela concerne 135 masses d’eau côtières (soit 75 %) et 72 masses d’eau de transition (soit 62 %).

 

État écologique des masses d'eau de surface, en 2022
En %

© SDES

n = nombre de masses d’eau évaluées ; les masses d'eau de surface regroupent les eaux continentales (cours d'eau, et plans d’eau) et les eaux littorales (masses d'eau de transition et masses d'eau côtières).
Champ : masses d'eau de surface en France.
Sources : agences de l'eau, offices de l’eau, directions de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DROM), Office français de la biodiversité, Système d'information sur l'eau ; rapportage DCE 2022 pour la France entière. Traitements : SDES, 2023

 

Concernant la qualité des eaux de baignade en mer, 92,4 % des 2 074 sites contrôlés en 2022 ont une qualité « excellente » ou « bonne ».
 

Répartition de la qualité des eaux de baignade en mer, en 2023
En %

© SDES

Source : Ministère des Solidarités et de la Santé.
Traitements : SDES, 2024

 

Sur la période de 2000 à 2021, les flux des nitrates rejetés en mer demeurent stables avec une moyenne de 503 000 tonnes/an, tandis que les flux de phosphore ont diminué au début des années 2000 (- 66 % de 2000 à 2006) à la suite de l’amélioration des performances des stations d’épuration des eaux résiduaires urbaines et à l’interdiction de l’utilisation des phosphates dans les lessives. Les pollutions en mer répertoriées (base PolRep) ont également chuté depuis 2000 notamment à la suite du durcissement de la législation.


Les déchets marins demeurent une préoccupation environnementale majeure. Accumulés dans les océans, à la surface de la mer, le long des fonds marins et sur les plages, ils sont devenus l’une des principales menaces pour les écosystèmes marins. En France métropolitaine, l’abondance médiane de macrodéchets est estimée à 309 unités par 100 m de plage en 2023, les côtes de la Méditerranée étant les plus atteintes (496 déchets/100 m). En mer, entre 2015 et 2020, les macrodéchets flottants s’élevaient à 39 unités/km² en Méditerranée contre moins de 1 unité/km² sur les autres façades maritimes. Sur la même période, sur les fonds marins, la densité moyenne des macrodéchets allait de 68 à 510 unités/km², la Méditerranée étant la façade la plus touchée. Environ 80 % des macrodéchets retrouvés en mer sont constitués de matière plastique.

 

Évolution des pollutions en mer et des flux de nutriments à la mer
En indice base 100 en 2000

© SDES

Champ : flux de nutriments : territoires métropolitains, dont les exutoires correspondent aux espaces maritimes suivis dans le cadre de la convention Ospar et du programme Medpol de la convention de Barcelone. Polrep : espace maritime français et à proximité.
Source : Cedre ; Système d’information sur l’eau : base des données Naïades et banque hydro. Traitements : SDES, 2024

Des territoires avec un niveau de protection fort

La stratégie nationale pour la mer et le littoral 2024-2030, déclinée localement en documents stratégiques de façade avec lesquels les documents d’urbanisme doivent être compatibles, vise à concilier développement économique et préservation de l’environnement. Fin 2024, toutes les communes littorales sont couvertes par un document d'urbanisme (Scot, PLU ou cartes communales).


Le recours à la protection des espaces naturels terrestres est plus important dans les communes littorales, en partie grâce aux actions menées par le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (608 sites acquis par le Conservatoire du littoral sont recensés en France métropolitaine). Ainsi, fin 2022, 94 % des communes littorales de la France métropolitaine sont couvertes par au moins un dispositif de protection (certaines communes méditerranéennes en comptabilisent plus de 10). La politique de mise en place d'aires maritimes protégées (AMP) s'inscrit également dans cette volonté de protéger durablement les milieux littoraux. En 2024, 33,4 % de l’espace maritime français est couvert par une AMP.

Données

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

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