Environnement littoral et marin en métropole – Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 21/12/2022
Convoités pour leurs richesses écologiques, paysagères et culturelles ou pour leurs ressources naturelles, les milieux marins et littoraux français sont des territoires où cohabitent de multiples activités économiques. Ces activités agissent de façon directe ou indirecte sur les écosystèmes marins et littoraux et sur leurs capacités à faire face aux changements environnementaux. La stratégie nationale pour la mer et le littoral vise à concilier développement économique et préservation de l’environnement.

Des espaces aux multiples usages

En 2022, les 841 communes littorales (hors estuaire) regroupent près de 6,4 millions d’habitants et couvrent 4 % du territoire métropolitain. Avec 281 habitants par km², la densité moyenne de la population y est 2,4 fois plus importante que la moyenne métropolitaine. Cette pression démographique s’explique par un fort haliotropisme sur les façades atlantique et méditerranéenne, avec un solde migratoire élevé. Depuis la fin des années 2000, la population augmente plus rapidement dans l’arrière-pays (communes non littorales des cantons littoraux) que sur le littoral, même si les situations peuvent diverger d’une façade littorale à une autre. Ceci indique un report progressif de la population dans l’arrière-pays, du fait, entre autres, du coût élevé de l’immobilier en bord de mer. Les communes littorales disposent de plus de 8,4 millions de lits touristiques, surtout en résidences secondaires. Conséquence directe de cette pression humaine, la densité de constructions à usage d’habitation dans les communes littorales est forte comparée à la moyenne nationale.

L’économie de ces territoires est fortement liée à la consommation des ménages, résidents et touristes. La sphère présentielle regroupe ainsi les trois quarts de l’emploi salarié des communes littorales. De nombreuses activités et usages cohabitent sur le littoral et en mer : pêche, aquaculture, transport maritime, extraction de granulats marins, énergies marines renouvelables, nautisme, plaisance, tourisme, etc. Ceux-ci génèrent de nouveaux emplois mais induisent également des pressions sur les écosystèmes. À lui seul, le tourisme littoral génère près de 247 000 emplois en 2018, contre 177 000 pour l’ensemble des autres domaines d’activité maritime (produits de la mer, transport, construction navale, etc.).

Des territoires fragiles

Plus on se rapproche de la côte, plus les territoires artificialisés tiennent une place importante. À moins de 500 m du rivage, ils occupent 30 % des terres, contre seulement 8 % entre 5 000 et 10 000 m de la mer. C’est, par ailleurs, cinq fois plus que la moyenne métropolitaine de 6 % (source : CORINE Land Cover, 2018).

 

Occupation du sol en bord de mer et en France métropolitaine, en 2018
En %

_ - © SDES

Sources : SDES ; CORINE Land Cover, 2018. Traitements : SDES, 2019

 

Certains de ces territoires sont exposés aux phénomènes d’érosion côtière. Sur les 50 dernières années, environ 30 km2 de terres ont été perdues. Les départements de Charente-Maritime, de la Gironde et des Bouches-du-Rhône (Camargue) représentent, à eux seuls, plus de la moitié des surfaces perdues. De nombreux territoires font également face à l’aléa naturel de submersion marine lors de conditions météorologiques et de marées défavorables.

En 2019, 47 % des 295 masses d’eau littorales sont en bon ou en très bon état écologique (51 % des 179 masses d’eau côtières et 41 % des 116 masses d’eau de transition). C’est autant que pour l’ensemble des masses d’eau de surface – rivières et plans d’eau, lacunes, estuaires et mers côtières (44 %). S’agissant de l’état chimique (évaluation mesurant la concentration de 41 substances chimiques d’origine anthropique), 69 % de ces masses d’eau littorales étaient en bon état (substances ubiquistes comprises). Cela concerne 136 masses d’eau côtières (soit 76 %) et 68 masses d’eau de transition (soit 59 %).

 

État écologique des masses d'eau de surface, en 2018
En %

_ - © SDES

Notes : n = nombre de masses d’eau évaluées ; les masses d'eau de surface regroupent les eaux continentales (cours d'eau, et plans d’eau) et les eaux littorales (masses d'eau de transition et masses d'eau côtières).
Champ : masses d'eau de surface en France.
Sources : agences de l'eau, offices de l’eau, directions de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DOM), Office français de la biodiversité, Système d'information sur l'eau ; rapportage DCE 2019 à partir de données de 2018 pour la France entière. Traitements : SDES, 2022

 

Concernant la qualité des eaux de baignade en mer, 93,1 % des 2 056 sites contrôlés en 2021 ont une qualité « excellente » ou « bonne ».

Sur la période de 2000 à 2020, les flux des nitrates rejetés en mer demeurent stables avec une moyenne de 500 000 tonnes/an, tandis que les flux de phosphore ont diminué au début des années 2000 (- 66 % de 2000 à 2006) suite à l’amélioration des performances des stations d’épuration des eaux résiduaires urbaines et à l’interdiction de l’utilisation des phosphates dans les lessives.

Les pollutions en mer répertoriées (base PolRep) ont également chuté depuis 2000 notamment à la suite du durcissement de la législation. Les déchets marins demeurent une préoccupation environnementale majeure.


 
Répartition de la qualité des eaux de baignade en mer, en 2021
En %

_ - © SDES

Source : ministère des Solidarités et de la Santé. Traitements : SDES, 2022

 

Évolution des pollutions en mer et des flux de nutriments à la mer
En indice base 100 en 2000

_ - © SDES

Champ : France métropolitaine et eaux sous juridiction.
Sources : Cedre ; système d’information sur l’eau : base des données Naïades et banque hydro (extraction des données en juin 2022). Traitements : SDES, 2022

Des territoires avec un niveau de protection fort

La stratégie nationale pour la mer et le littoral, déclinée localement en documents stratégiques de façade avec lesquels les documents d’urbanisme doivent être compatibles, vise à concilier développement économique et préservation de l’environnement. Fin 2021, toutes les communes littorales sont couvertes par un document d'urbanisme (Scot, PLU ou cartes communales).

Le recours à la protection des espaces naturels terrestres est plus important dans les communes littorales, en partie grâce aux actions menées par le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (608 sites acquis par le Conservatoire du littoral sont recensés en France métropolitaine). Ainsi, fin 2021, toutes les communes littorales de la France métropolitaine sont couvertes par au moins un dispositif de protection (certaines communes méditerranéennes en comptabilisent plus de 10). La politique de mise en place d'aires maritimes protégées (AMP) s'inscrit également dans cette volonté de protéger durablement les milieux littoraux. En 2022, 32,5 % de l’espace maritime français est couvert par une AMP.

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2022

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