Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 15 % : les émissions intérieures se sont réduites de 31 % tandis les émissions associées aux importations se sont accrues de 12 %. Compte tenu de l’augmentation de la population, l’évolution de l’empreinte carbone rapportée au nombre d’habitants diminue plus fortement (- 25 %) entre 1995 (11,0 t CO2 éq/personne) et 2020.
Avertissement
Dans le prolongement du rapport du Haut conseil sur le climat d'octobre 2020 sur l'empreinte carbone, une expertise de la méthodologie de calcul de l'empreinte a été menée et se poursuit. À la suite de cette expertise, la méthode d’estimation des émissions associées aux produits des activités extractives a été modifiée en 2021, la méthode précédemment utilisée ne permettant pas de corriger de façon satisfaisante la forte volatilité des prix concernant ces produits. L’intensité en CO2 et CH4 des branches activités extractives (NACE B) étrangères est désormais définie en référence aux analyses en cycle de vie et l’évolution de l’intensité est corrigée des variations du cours du prix du pétrole brut (voir « Méthodologie de calcul de l’empreinte carbone de la France » en téléchargement dans cet article). Cette révision méthodologique a conduit à diminuer sensiblement les émissions importées de CH4 sur l’ensemble de la série.
En 2020, l'empreinte carbone est estimée à 552 millions de tonnes équivalent CO2
En 2020, selon des estimations provisoires, l’empreinte carbone est estimée à 552 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq). La forte réduction de l’activité et des déplacements avec la crise sanitaire a largement contribué à la baisse de l’empreinte en 2020 (- 9 % par rapport à 2019).
Les émissions associées aux importations représentent un peu plus de la moitié (49 %) de l’empreinte. Elles proviennent :
- des biens et services importés et destinés à la demande finale intérieure (114 Mt CO2 eq) ;
- des matières premières ou des produits semi-finis importés et consommés par l’appareil productif intérieur (154 Mt CO2 eq).
Le reste de l’empreinte carbone (51 % en 2020) est composé d’émissions intérieures :
- 102 Mt CO2 eq émises directement par les ménages ;
- 182 Mt CO2 eq associées à la production intérieure de biens et services destinées à la demande finale française hors exportations.
Par rapport à 1995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 15 %. Les émissions intérieures ont nettement baissé (- 31 %) tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues (+ 12 %). Après une progression entre 1995 et le milieu des années 2000, le niveau de l'empreinte amorce une décroissance sur la dernière décennie.
En 2020, l’empreinte carbone par personne est de 8,2 tCO2 eq (estimation provisoire). Compte tenu de l’augmentation de la population, l’évolution de l’empreinte carbone rapportée au nombre d’habitants diminue significativement (- 25 %) entre 1995 (11,0 t CO2 eq/personne) et 2020 (8,2 t CO2 eq/personne). Entre 1995 et 2005, l’empreinte carbone par personne s’est maintenue à un niveau légèrement supérieur à 11 t CO2 eq, avant d’amorcer une décroissance.
En 2017, année pour laquelle le dernier calcul dit « détaillé » est disponible, l’empreinte carbone est estimée à 633 MtCO2 eq, soit un niveau proche de celui de 1995 (650 Mt CO2 eq). Rapportée à la population, l’empreinte carbone par personne est estimée, pour l’année 2017, à 9,5 t CO2 eq.
(e) = estimations provisoires.
Note : l'empreinte carbone couvre les trois principaux gaz à effet de serre : le CO2, le CH4 et le N2O ; données non-corrigées du climat. En 2021, la méthodologie a été ajustée afin de mieux tenir compte de l'évolution des coûts du pétrole brut, du gaz et du charbon ; l'ensemble de la série a ainsi été révisée, l’essentiel des ajustements portant sur les émissions importées de CH4.
En 2020, l’empreinte carbone est composée pour 76 % de CO2, 16 % de CH4 et 8 % de NO2 (estimation provisoire).
(e) = estimations provisoires.
Note : En 2021, la méthodologie a été ajustée afin de mieux tenir compte de l'évolution des coûts du pétrole brut, du gaz et du charbon ; l'ensemble de la série a ainsi été révisée, l’essentiel des ajustements portant sur les émissions importées de CH4.
Autres producteurs d'empreinte carbone et comparaisons européennes
Les modalités de calcul de l’empreinte carbone ne sont ni normées ni standardisées à l’échelle internationale. L’approche développée par le SDES est fondée sur une modélisation macro-économique input/output également mobilisée par la plupart des organismes statistiques internationaux. Les sources de données et hypothèses retenues pour l’élaboration des modèles de calcul sont propres à chaque producteur.
Les comparaisons internationales reprennent les résultats de l’OCDE qui couvrent uniquement le CO2 d’origine énergétique et ceux issus du modèle « Exiobase » qui portent sur l’ensemble des GES.
- L’empreinte carbone de la demande finale estimée par l’OCDE (CO2 d’origine énergétique uniquement)
L’OCDE calcule une empreinte carbone, en s’appuyant sur un périmètre de GES plus restreint (CO2 énergétique uniquement) que celui de l’indicateur français (CO2, CH4, N2O). La méthodologie de calcul de l’empreinte n’est pas non plus identique à celle de la France.
Selon les estimations de l’OCDE, en 2015 (année la plus récente disponible), l’empreinte carbone de la France (6,9 tonnes de CO2/habitant) est inférieure à la moyenne européenne (7,8 tonnes de CO2/habitant). En 2015 l’empreinte carbone de l’Allemagne calculée par l’OCDE était de 10,4 tonnes de CO2/habitant et la moyenne mondiale s’établissait à 4,4 tonnes de CO2/habitant.
L’estimation de 2015 de l’OCDE pour la France (6,9 tonnes de CO2/habitant) est un peu inférieure à l’estimation du SDES pour la même année : 7,3 tonnes de CO2/habitant. À noter que le SDES tient compte du CO2 issu de la combustion d’énergie et de celui issu des procédés industriels alors que l’OCDE estime l’empreinte carbone pour le CO2 issu de la combustion d’énergie uniquement.
- L’empreinte carbone de la demande finale estimée à l’aide du modèle « Exiobase » (tous GES)
« Exiobase » est un ensemble de statistiques économiques et environnementales développé par des laboratoires de recherche internationaux. Cette base de données est destinée à modéliser les empreintes environnementales de nombreux pays. La méthodologie de calcul de l’empreinte n’est pas non plus identique à celle de la France.
Selon les estimations obtenues à l’aide d’« Exiobase » en 2016, l’empreinte carbone de la France (9,6 tonnes de CO2 eq/habitant) est inférieure à la moyenne européenne (11 tonnes de CO2 eq/habitant). En 2016, l’empreinte carbone de l’Allemagne calculée avec « Exiobase » était de 14,4 tonnes de CO2 eq/habitant et la moyenne mondiale s’établissait à 6,2 tonnes de CO2 eq/habitant.
L’empreinte carbone pour la France estimée à l’aide du modèle « Exiobase » (9,6 tonnes de CO2 eq/habitant) est à comparer au résultat du SDES estimé pour la même année : 9,1 tonnes de CO2 eq/habitant. À noter que le calcul du SDES porte sur le CO2, CH4 et N2O qui couvrent 96 % des GES alors que le modèle « Exiobase » couvre la totalité des GES.
Comparaison des estimations d'empreinte carbone de la France
La comparaison entre l’estimation d’empreinte du SDES et les estimations issues d’« Exiobase » et de l’OCDE montre une forte similarité des évolutions de l’empreinte, tant sur le périmètre des trois GES que pour le CO2 seul. Les niveaux sont en revanche variables selon les modèles, les différences pouvant s’expliquer notamment par le champ couvert (émissions de CO2 énergétique seulement pour l’OCDE, par exemple) mais aussi par un niveau de désagrégation sectorielle différent selon les modèles.
La hausse tendancielle de la part des émissions importées est également commune aux trois modélisations.
Sources des données et méthodologie du calcul
Le calcul de l’empreinte carbone par le Service des données et études statistiques du Ministère de la Transition écologique (SDES) couvre le CO₂, le CH₄ et le N₂O qui représentent 96 % (en équivalent CO2) des sept GES pris en compte pour le protocole de Kyoto. Le champ géographique porte sur la France métropolitaine et les outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Mayotte et Saint-Martin), soit le « périmètre Kyoto ».
L’empreinte est calculée à partir d’une méthode d’analyse input/output étendue à l’environnement, promue par Eurostat et l’OCDE. Elle permet d’exprimer un niveau d’émissions en fonction de la demande finale. L’empreinte carbone est calculée pour l’ensemble des composantes de la demande finale intérieure (consommation des ménages, des administrations publiques, des institutions sans but lucratif au service des ménages et la formation brute de capital fixe).
- Pour les années 1995, 2000, 2005, 2010 à 2017 :
L’empreinte carbone résulte d’un calcul détaillé fondé sur la combinaison de Tableaux Entrées-Sorties symétriques (TES symétriques) de la Comptabilité nationale avec des comptes environnementaux d’émissions de GES ventilés par branches d’activités (Naméa Air) selon la nomenclature des activités économiques française (NAF). Les émissions de GES associées aux importations résultent du calcul input/output précité appliqué aux données économiques et environnementales de l’UE. Les conditions de production des pays exportateurs sont estimées par zone géographique, le modèle utilisé distinguant 18 zones géographiques dans le monde.
Les émissions de GES des pays hors UE résultent d’un ajustement des intensités en émissions des différentes branches d’activités des différentes zones exportatrices comparées à celles de l’UE (intensité en CO2 du kWh pour la production d’électricité, intensité en CH4 ou N2O de la valeur ajoutée de l’agriculture, et intensité en CO2, CH4 et N2O du PIB pour les autres branches d’activités, sources AIE et FAO).
Pour les activités extractives étrangères, l’intensité en émission des branches est déterminée en se référant aux analyses en cycle de vie. Afin de supprimer un effet prix lié à la volatilité des prix, l’intensité de référence est corrigée des variations du cours du pétrole brut.
Les statistiques d’importations françaises par branches d’activités et par pays exportateurs permettent de ventiler les émissions importées en fonction de leur zone géographique d’origine.
- Pour les années 2018 à 2020 :
L’empreinte carbone fait l’objet d’une « estimation provisoire » en raison de l’indisponibilité des Tableaux Entrées-Sorties pour les années récentes. En 2020, cette méthode d’estimation provisoire a été affinée pour mieux tenir compte de l’évolution de l’intensité en GES des économies. L’estimation se fonde ainsi sur les évolutions en valeur de la demande finale, des importations et de l’intensité en émission de la production de la France et de l’UE. Les évolutions de la demande et des importations sont ventilées en 64 branches pour 2018 et 2019 et en 38 branches pour 2020. Pour 2020, seules sont disponibles des estimations agrégées relatives aux intensités d’émission pour la France ; pour l’UE, ce sont les données relatives aux intensités d’émission de l’année 2019 qui sont appliquées. Pour ces estimations, la structure de l’appareil productif national et celle des pays exportateurs (coefficients techniques des branches d’activités) sont celles issues du dernier calcul détaillé, soit 2016. Les estimations d’empreinte reposant sur des estimations provisoires peuvent donner lieu à des révisions sensibles lorsque les données détaillées deviennent disponibles.
Méthodologie : Comparaison de l’empreinte carbone avec l’inventaire national
Deux méthodes complémentaires permettent d’apprécier les pressions d’un pays sur le climat :
> les inventaires nationaux qui calculent des quantités de GES physiquement émises à l’intérieur du pays (approche territoriale) par les ménages (voitures et logements) et les activités économiques (consommation d'énergie fossile, procédés industriels et émissions de l'agriculture) ;
> l’empreinte carbone qui est un calcul des GES induits par la demande finale intérieure du pays (consommation finale et investissements).
> Pour en savoir plus, consulter la publication " Chiffres clés du climat – France, Europe et Monde – édition 2022, CGDD, octobre 2021, pp. 28-29."
Données
Consulter les données détaillées sur le calcul de l'empreinte carbone.
Méthodologie
Notice méthodologique et données d'explications à consulter :