La biodiversité en France – Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 12/12/2022
La biodiversité englobe l’ensemble du monde vivant à trois niveaux : la diversité génétique, celle des espèces et celle des écosystèmes. Avec ses départements et territoires d’outre-mer, la France est présente dans les quatre grands océans. Son patrimoine naturel, riche de 21 234 espèces endémiques (présentes uniquement sur un territoire, soit 11 % des 192 219 espèces françaises inventoriées), lui confère une grande responsabilité internationale.

Des pressions humaines de plus en plus fortes sur la biodiversité

L’Homme utilise les ressources naturelles pour subvenir à ses besoins. Il dépend étroitement des écosystèmes naturels qui lui procurent nourriture, matériaux, énergie, régulent les réserves d’eau et le climat, et qui sont source de bien-être et d’activités touristiques. La pression subie par les écosystèmes est telle que beaucoup d’habitats naturels et d’espèces sont aujourd’hui en déclin.

Selon la troisième évaluation des habitats naturels, 20 % seulement des habitats d’intérêt communautaire présents en métropole sont dans un état favorable sur la période 2013-2018, avec des disparités relativement fortes entre les territoires. Lors de la précédente évaluation, portant sur la période 2007-2012, 22 % des habitats d’intérêt communautaire étaient alors dans un état favorable. Selon la dernière évaluation nationale des sites humides emblématiques, 41 % des sites humides étudiés ont vu leur état se dégrader entre 2010 et 2020.

 

État de conservation des habitats d’intérêt communautaire par région biogéographique, sur la période 2013-2018
En %

_ - © SDES

Note : résultats tous habitats confondus (297 évaluations).
Champ : France métropolitaine.
Sources : rapportage DHFF ; Patronat (OFB-CNRS-MNHN), janvier 2020. Traitements : Patronat ; SDES, 2020

 

En 2022, 17 % des espèces évaluées dans la Liste rouge nationale sont éteintes ou menacées. En métropole, entre 1989 et 2021, les populations d’oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles ont baissé de 36 %, celles des milieux bâtis de 33 % et des milieux forestiers de 2 %. Entre 2006 et 2021, la population des chauves-souris les plus communes a diminué de 43 %.

 

Proportion d’espèces éteintes ou menacées dans les listes rouges nationales
En %

_ - © SDES

Notes : groupes taxonomiques considérés = mammifères, oiseaux nicheurs (hors espèces visiteuses strictes ou nicheuses probables), reptiles, amphibiens, poissons d'eau douce, requins, raies et chimères (sélaciens), crustacés terrestres et d'eau douce, papillons de jour, phasmes, mantes, coléoptères, flore vasculaire ; la liste des groupes évalués dépend des territoires.
Sources : listes rouges pour la France métropolitaine et ultramarine, Patronat (OFB-CNRS-MNHN) ; UICN, Comité français, décembre 2021. Traitements : SDES, avril 2022

 

L’une des principales causes de ces évolutions est la dégradation des milieux naturels. Ainsi, près de 60 000 hectares de prairies, pelouses et pâturages naturels ont été perdus par artificialisation entre 1990 et 2018 en métropole. Les pratiques agricoles intensives de même que la déprise agricole et la fermeture des espaces ouverts menacent la biodiversité.

Le changement climatique affecte aussi la biodiversité. L’acidification des océans qui en résulte menace notamment les récifs coralliens. Selon le dernier bilan de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) portant sur l’état de santé corallien de plus de 200 stations de surveillance, la situation des récifs coralliens reste contrastée entre les territoires français. Soumis à une forte pression démographique et largement anthropisés, les territoires des Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Sain-Barthélémy, Saint-Martin) et de l’océan Indien (Mayotte, La Réunion), aux superficies plus réduites, abritaient des coraux considérés dans un état dégradé dans 62 % des stations en 2020. À l’inverse, plus isolés, moins densément peuplés mais plus vastes, les territoires du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Polynésie française et Clipperton) et les îles Éparses se portaient mieux, avec un état dégradé du corail dans seulement 30 % des stations. Ces disparités se sont renforcées au cours des dernières années : entre 2015 et 2020, le corail a connu une dégradation dans 33 % des stations des Antilles françaises, de Mayotte et de la Réunion contre 15 % des stations du Pacifique.

Autre facteur d’érosion de la biodiversité, 60 des 100 espèces considérées mondialement comme les plus envahissantes sont déjà présentes dans les départements et territoires d’outre-mer.

Les actions en faveur de la biodiversité

Face aux pressions et menaces pesant sur les écosystèmes, de nombreuses initiatives sont engagées à tous les niveaux. Des mesures de protection ont ainsi été mises en place sous l’impulsion de stratégies de création d’aires protégées.

En mars 2022, la France métropolitaine compte 5 990 espaces protégés articulés autour de 17 outils de protections terrestres. Parmi ceux-ci figurent les protections réglementaires (ou protections fortes) comprenant les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles (nationales, régionales ou de Corse), les arrêtés de protection (de biotope, de géotope ou d’habitats naturels), ainsi que les réserves biologiques. D’autres catégories de dispositifs de préservation (protection conventionnelle comme les parcs naturels régionaux, actions de maîtrise foncière, réseau européen Natura 2000) complètent cet arsenal.

 

Évolution des surfaces terrestres et maritimes couvertes par certains types d’aires protégées, en France métropolitaine
En surface (km²)

_ - © SDES

Note : les protections réglementaires regroupent les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles (nationales, régionales ou de Corse), les réserves biologiques (intégrales et dirigées) et les arrêtés de protection (biotope, géotope et d'habitats naturels).
Les surfaces prises en compte pour les sites Natura 2000 correspondent aux surfaces cumulées ZSC et ZPS : la forte hausse des surfaces couvertes par le réseau Natura 2000 entre 2016 et 2020 s’explique par la création de 12 aires marines.
Champ : espaces terrestres et maritimes.
Sources : MNHN (SPN) ; INPN (bases espaces protégés et Natura 2000). Traitements : SDES, 2022

 

La situation de certaines espèces s’améliore grâce, entre autres, à la mise en place de plans nationaux d’action (PNA). C’est notamment le cas d’espèces semi-aquatiques, comme la loutre ou le castor, ou des oiseaux d’eau hivernants, dont les populations ont progressé de 131 % entre 1980 et 2022. Emblématiques des interactions entre l’Homme et la nature, le loup, le lynx et l’ours brun, trois espèces protégées inscrites sur la Liste rouge nationale des espèces menacées (respectivement vulnérables, en danger et en danger critique) ont recolonisé certains massifs montagneux après avoir complètement disparu du territoire métropolitain. L’ours brun demeure toutefois l’espèce la plus vulnérable, avec 70 individus dans le massif pyrénéen en 2021 (+ 9 % par rapport à 2020).

Cette reconquête engendre cependant des conflits avec le secteur du pastoralisme, d’où l’instauration d’un système d’indemnisation des attaques de troupeaux (4 millions d’euros en 2020) et l’autorisation, à titre dérogatoire, de l’abattage d’un quota de loups loups (jusqu’à 174 loups en 2023).

 

Évolution de la proportion du territoire métropolitain sur lequel chaque espèce de grands prédateurs est régulièrement présente
En %

_ - © SDES

Source : OFB, réseaux loup-lynx et ours brun. Traitements : OFB, juillet 2022

 

En 2020, les moyens financiers directement affectés à la protection de la biodiversité atteignent 2,5 milliards d’euros. Ces dépenses concernent, par exemple, des opérations de réhabilitation de zones naturelles, des programmes de réintroduction d’espèces menacées ou la gestion d’aires protégées. Les moyens financiers augmentent régulièrement sous l’impulsion des pouvoirs publics. Représentant plus de la moitié des financements, les collectivités locales et les agences de l’eau ont consacré 1,4 milliard en 2020 pour la protection de la biodiversité, contre 468 millions en 2000.

 

Évolution du financement des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages
En millions d’euros courants

_ - © SDES

Note : révision des séries de financement sur la période 2000-2019, suite à l’intégration des dépenses et du financement de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) dans le périmètre du compte de dépenses.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2022

Une mobilisation citoyenne

La prise de conscience et la mobilisation de la société progressent également. Le nombre de citoyens s’engageant dans des programmes de sciences participatives sur la biodiversité a fortement augmenté, passant de 20 000 participants actifs en 2011 à plus de 121 000 en 2021 (avec un léger ralentissement entre 2020 et 2021 probablement lié au Covid). L’objectif de ces programmes est notamment d’obtenir des données sur la nature et la biodiversité, produire des outils de sensibilisation et d’éducation à la nature et former une communauté pour mobiliser les citoyens autour d’enjeux liés à la biodiversité.

Données

Données associées à l'article

Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2022

Aller plus loin