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La biodiversité en France – Synthèse des connaissances en 2024

Environnement
Publié le 20/01/2025
La biodiversité englobe l’ensemble du monde vivant à trois niveaux : la diversité génétique, celle des espèces et celle des écosystèmes. Avec ses départements et territoires d’outre-mer, la France est présente dans les quatre grands océans. Son patrimoine naturel est riche de 22 775 espèces endémiques, soit 11 % des 212 033 espèces françaises inventoriées. Cela lui confère une grande responsabilité internationale.

Des pressions humaines de plus en plus fortes sur la biodiversité

L’Homme utilise les ressources naturelles pour subvenir à ses besoins. Il dépend étroitement des écosystèmes naturels qui lui procurent nourriture, matériaux, énergie, régulent les réserves d’eau et le climat, et qui sont source de bien-être et d’activités touristiques. La pression subie par les écosystèmes est telle que beaucoup d’habitats naturels et d’espèces sont aujourd’hui en déclin.

Selon la troisième évaluation des habitats naturels, 20 % seulement des habitats d’intérêt communautaire présents en France métropolitaine sont dans un état favorable sur la période 2013-2018, avec des disparités relativement fortes entre les territoires. Lors de la précédente évaluation, portant sur la période 2007-2012, 22 % des habitats d’intérêt communautaire étaient alors dans un état favorable.

Selon la dernière évaluation nationale des sites humides emblématiques, 41 % des sites humides étudiés ont vu leur état se dégrader entre 2010 et 2020.

 

État de conservation des habitats d’intérêt communautaire par région biogéographique, sur la période 2013-2018
En %

© SDES

Note : résultats tous habitats confondus (297 évaluations).
Champ : France métropolitaine.
Sources : rapportage DHFF ; Patrinat (OFB-CNRS-MNHN), janvier 2020. Traitements : Patrinat ; SDES, 2020

 

En 2023, 16 % des espèces évaluées dans la Liste rouge nationale sont éteintes ou menacées. En France métropolitaine, entre 1989 et 2023, les populations d’oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles et des milieux bâtis ont baissé de 44 % et celles des milieux forestiers de 5 %. Entre 2006 et 2021, la population des chauves-souris les plus communes a diminué de 43 %.

En outre-mer, le constat est similaire. Au cours des années les plus récentes, 31 % des sites fréquentés par les tortues marines ont vu leurs activités de ponte diminuer.

 

Proportion d’espèces éteintes ou menacées dans la Liste rouge nationale en 2023
En %

© SDES

Note : groupes taxonomiques considérés = mammifères, oiseaux nicheurs (hors espèces visiteuses strictes ou nicheuses probables), reptiles, amphibiens, poissons d'eau douce, poissons récifaux, requins, raies et chimères (Sélaciens), crustacés terrestres et d'eau douce, papillons de jour, phasmes, mantes, coléoptères, chauves-souris, abeilles, mollusques d'eau douce, coraux constructeurs, flore vasculaire. La liste des groupes évalués dépend des territoires.
Sources : listes rouges pour la France métropolitaine et ultramarine, PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) ; UICN, Comité français, décembre 2022. Traitements : SDES, septembre 2023

 

L’une des principales causes de ces évolutions est la dégradation des milieux naturels. Ainsi, près de 60 000 hectares de prairies, pelouses et pâturages naturels ont été perdus par artificialisation entre 1990 et 2018 en France métropolitaine [source CORINE Land Cover]. Les pratiques agricoles intensives de même que la déprise agricole et la fermeture des espaces ouverts menacent la biodiversité.

Le changement climatique affecte aussi la biodiversité. L’acidification des océans qui en résulte menace notamment les récifs coralliens. Selon le dernier bilan de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) portant sur l’état de santé corallien de plus de 200 stations de surveillance, la situation des récifs coralliens reste contrastée entre les territoires français. Soumis à une forte pression démographique et largement anthropisés, les territoires des Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy, Saint-Martin) et de l’océan Indien (Mayotte, La Réunion), aux superficies plus réduites, abritaient des coraux considérés dans un état dégradé dans 62 % des stations en 2020. À l’inverse, plus isolés, moins densément peuplés mais plus vastes, les territoires du Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Polynésie française et Clipperton) et les îles Éparses se portaient mieux, avec un état dégradé du corail dans seulement 30 % des stations. Ces disparités se sont renforcées au cours des dernières années : entre 2015 et 2020, le corail a connu une dégradation dans 33 % des stations des Antilles françaises, de Mayotte et de La Réunion contre 15 % des stations du Pacifique.

Parmi les autres facteurs d’érosion de la biodiversité figurent les espèces exotiques envahissantes qui sont responsables dans 53 % des extinctions des espèces ultramarines*.

* Espèces exotiques envahissantes, UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Les actions en faveur de la biodiversité

Face aux pressions et menaces pesant sur les écosystèmes, de nombreuses initiatives sont engagées à tous les niveaux. Des mesures de protection ont ainsi été mises en place sous l’impulsion de stratégies de création d’aires protégées.

En mars 2024, la France métropolitaine compte 6 690 espaces protégés articulés autour de 17 outils de protections terrestres. Parmi ceux-ci figurent les protections fortes au sens de la SNAP* comprenant les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles (nationales, régionales ou de Corse) et les arrêtés de protection (de biotope, de géotope ou d’habitats naturels), ainsi que les réserves biologiques.

En 2024, ces dispositifs couvrent 8 783 km2 (soit 0,95 % de l’emprise terrestre et maritime de la France métropolitaine. Si on inclut les départements et collectivités d’outre-mer, cette proportion passe à 4,2 % du territoire français). D’autres catégories de dispositifs de préservation (protection conventionnelle comme les parcs naturels régionaux, actions de maîtrise foncière, réseau européen Natura 2000) complètent cet arsenal.

* Décret n° 2022-527 du 12 avril 2022 pris en application de l'article L. 110-4 du Code de l'environnement et définissant la notion de protection forte et les modalités de la mise en œuvre de cette protection forte.

 

Évolution des surfaces terrestres et maritimes couvertes par certains types d’aires protégées entre 1998 et 2023
En surface (km2)

© SDES

Note : les protections réglementaires regroupent les cœurs de parcs nationaux, les réserves naturelles (nationales, régionales ou de Corse), les réserves nationales de chasse et de faune sauvage, les réserves biologiques (intégrales et dirigées) et les arrêtés de protection (biotope, géotope et d'habitats naturels).
Les surfaces prises en compte pour les sites Natura 2000 correspondent aux surfaces cumulées ZSC et ZPS : la forte hausse des surfaces couvertes par le réseau Natura 2000 entre 2016 et 2020 s’explique par la création de 12 aires marines.
Champ : France métropolitaine
Sources : base des espaces protégés, INPN, PatriNat, mars 2024 et base de données Natura 2000, INPN, PatriNat, décembre 2023. Traitements : SDES, 2024

 

La situation de certaines espèces s’améliore grâce, entre autres, à la mise en place de plans nationaux d’action (PNA). En 2024, 74 PNA étaient en vigueur en France (55 en France métropolitaine et 19 en outre-mer). C’est notamment le cas d’espèces semi-aquatiques, comme la loutre ou le castor d’Europe, qui occupaient en 2020 62 % du territoire métropolitain (hors Corse), ou des oiseaux d’eau hivernants, dont les populations ont progressé de 152 % entre 1980 et 2024.

 

Répartition de la présence de la loutre d’Europe et du castor d’Europe entre 2011 et 2020

© SDES

Note : en maille 10 x 10 km.
Source : SFEPM, juillet 2022. Traitements : SDES, Tour du Valat, mars 2024

 

Emblématiques des interactions entre l’Homme et la nature, le loup gris, le lynx boréal et l’ours brun, trois espèces protégées inscrites sur la Liste rouge nationale des espèces menacées (respectivement vulnérables, en danger et en danger critique) ont recolonisé certains massifs montagneux après avoir complètement disparu du territoire métropolitain. L’ours brun demeure toutefois l’espèce la plus vulnérable, avec 83 individus détectés au minimum dans le massif pyrénéen en 2023.

Cette reconquête engendre cependant des conflits avec le secteur du pastoralisme, d’où l’instauration d’un système d’indemnisation des attaques de troupeaux (environ 4 millions d’euros annuels d’indemnisation dont au moins 1 million au titre des pertes indirectes) et l’autorisation, à titre dérogatoire, de l’abattage d’un quota de loups (jusqu’à 21 % de prélèvement de la population lupine).

 

Évolution de la proportion du territoire métropolitain sur lequel chaque espèce de grands prédateurs est régulièrement présente
En %

© SDES

Source : OFB, réseaux loup-lynx et ours brun. Traitements : OFB, juillet 2022

 

Chaque année, la protection de la biodiversité bénéficie de financements dédiés. En 2022, 3,6 milliards d’euros ont été consacrés à différentes opérations telles que la restauration de milieux naturels, la réintroduction d’espèces menacées ou la gestion d’espaces protégés. Ces fonds sont principalement issus de financements publics. L’État, les agences de l’eau et les collectivités locales contribuent à près des deux tiers (62 %), suivis par les entreprises (20 %) et les ménages et associations (12 %). L’Union européenne participe également à hauteur de 6 %, via des fonds européens, tels que le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

Depuis la crise sanitaire de 2020, les dépenses allouées à la biodiversité ont augmenté, enregistrant une hausse record de 15 % en 2021, suivie d’une croissance moindre mais encore élevée de 3,8 % en 2022 en euros courants. Cette progression a été largement soutenue par les financements publics, en particulier dans le cadre du plan France Relance.

Certaines dépenses dans d'autres domaines de la protection de l'environnement, comme la protection des sols et des eaux ou la gestion des déchets, contribuent également à la protection de la biodiversité, même si elles ne sont pas directement identifiées comme telles.

 

Évolution du financement des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages
En millions d’euros courants

© SDES

Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Une mobilisation citoyenne

La prise de conscience et la mobilisation de la société progressent également. Le nombre de citoyens s’engageant dans des programmes de sciences participatives sur la biodiversité a fortement augmenté, passant de 20 000 participants actifs en 2011 à plus de 132 000 en 2023 (avec un léger ralentissement depuis 2020 probablement lié au Covid-19).

L’objectif de ces programmes est notamment d’obtenir des données sur la nature et la biodiversité, de produire des outils de sensibilisation et d’éducation à la nature et de former une communauté pour mobiliser les citoyens autour d’enjeux liés à la biodiversité.

Données

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