760 Mt de matières consommées en 2022
La consommation intérieure de matières de la France (Domestic Material Consumption, DMC) est constituée de l’extraction intérieure de matières, augmentée des importations (majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (notamment des produits agricoles).
L’eau consommée en France, de l’ordre de 4 milliards de m3 en métropole, n’est pas comptabilisée dans la DMC.
En 2022, la DMC s’élève à 760 millions de tonnes (Mt), en baisse de 5 % par rapport à 2021 et 2019. Plus de la moitié de cette consommation est constituée de matériaux de construction (graviers et sables, granulats) nécessaires à la réalisation des infrastructures de transport et des bâtiments.
Sur longue période, la consommation intérieure de matières connaît une inflexion nette après la récession de 2008. Proche de 900 Mt au début de la décennie 2000 (914 millions de tonnes en 2007 à son point le plus haut) dans un contexte de fort dynamisme du secteur de la construction, elle fluctue autour de 780 Mt depuis 2009, avec le retour à un rythme de croissance plus modéré du BTP après la crise de 2008.
Consommation intérieure de matières, extraction intérieure, importations et exportations de matières en France depuis 1990
En millions de tonnes
Sources : Agreste/SSP ; douanes françaises ; Insee ; SDES. Traitements : SDES, 2024
Les minéraux non métalliques, 55 % matières consommées
Parmi les matières consommées (hors eau, non comptabilisée), certaines sont renouvelables comme la biomasse (produits issus de l’agriculture et de la pêche ainsi que le bois) alors que d’autres ne le sont pas : minerais (métalliques ou non) et combustibles fossiles.
Les minéraux non métalliques, utilisés principalement dans la construction, constituent plus de la moitié des matières consommées en France (55 %). Près d’un tiers de la consommation de matières est constitué par la biomasse. Les combustibles fossiles (dont 2/3 de produits pétroliers) représentent 17 % du total.
Évolution de la composition de la consommation intérieure de matières depuis 1990
En millions de tonnes
Sources : SSP, Agreste ; Douanes françaises ; Eurostat. Traitements : SDES, 2024
199 Mt de biomasse agricole extraites du territoire français
L’extraction intérieure de matières correspond aux matières extraites ou produites sur le territoire français et utilisées par l’économie. Elle s’établit à 615 Mt en 2022 (l’eau n’étant pas comptabilisée).
L’extraction de minéraux non métalliques (industriels ou utilisés principalement dans la construction : graviers, sables, ardoises, grès, granit...) constitue à elle seule 392 Mt en 2022, soit près de 64 % de l’extraction intérieure et 6 tonnes par habitant.
Les minéraux extraits sont principalement utilisés dans la construction et composés en grande partie des graviers et sables. En comparaison, l’extraction de minerais métalliques (fer, or, aluminium, uranium...) est peu élevée (près de 0,2 Mt).
Avec 199 Mt, soit 3 t/hab. extraites en 2022, la biomasse provenant de l’agriculture et de la pêche (blé, canne à sucre, fruits, fourrage, paille…) et destinée à une utilisation humaine (consommation, semences, usages industriels, transformation) ou animale (alimentation, litière), constitue le deuxième flux de matières extraites du territoire (32 %).
Elle varie entre 200 Mt et 250 Mt selon les années, en lien notamment avec les conditions météorologiques. La production de bois (grumes, bois de trituration…) est, pour sa part, stable autour d’une moyenne de 25 Mt par an, à l’exception de l’année 2000 en raison de la tempête de décembre 1999.
La production de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel), déjà faible au début des années 1970, est aujourd’hui quasi nulle, les besoins étant comblés par des importations (pétrole, gaz).
Évolution des matières extraites du territoire français depuis 1990
En millions de tonnes
Sources : SSP, Agreste ; SDES. Traitements : SDES, 2024
Parmi les matières importées, 50 % de combustibles fossiles et dérivés
Les matières importées en France sont comptabilisées sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de matières brutes (pétrole, céréales, coton brut, minerais de cuivre, fruits, liège naturel, etc.), de produits semi-finis (pré-alliages de cuivre, de zinc, gasoil, mélanges bitumineux, bois scié, copeaux de bois, etc.…) ou de produits finis (équipements de transport, marchandises en verre, préparations alimentaires diverses, tissus, jouets, vêtements, instruments de musique, etc.). Ne sont en revanche pas prises en compte les matières premières utilisées pour extraire ou produire ces biens importés (à la différence de l’approche « empreinte »).
En 2022, 370 Mt de matières ont été importées, un niveau inférieur de 5 % à celui de 2019, avant la crise sanitaire. Sur longue période, les importations ont augmenté quasi continûment entre 1990 et 2008 (+ 31 %), pour atteindre près de 380 Mt, soit 6 t/hab. en 2008. Après une forte baisse en 2009 (- 18 %) lors de la récession qui a suivi la crise financière, elles sont reparties à la hausse pour s’établir autour de 380 Mt entre 2011 et 2019. Après une forte baisse en 2020 lors de la crise sanitaire (346 Mt), elles sont revenues autour de 370 Mt.
Évolution des importations françaises par matières depuis 1990
En millions de tonnes
Source : Douanes françaises. Traitements : SDES, 2024
Les combustibles fossiles et dérivés représentent près de 50 % des importations. Ils comprennent le pétrole, le charbon et le gaz naturel, ainsi que des produits qui en sont majoritairement composés, comme les produits chimiques organiques, les plastiques sous forme primaire ou non, le caoutchouc synthétique. Le pétrole, sous sa forme brute ou raffinée (gasoil et fioul domestique), est la première matière importée, constituant près de 40 % du total des importations.
Les minerais métalliques et produits composés principalement de métal (machines et équipements de transport, dont les voitures, certains articles électroménagers…) totalisent 15 % des importations. Le fer, dont l’acier, constitue 55 % de ce flux.
L’importation de biomasse et de produits issus de la biomasse (agriculture, sylviculture et pêche) représente entre 13 % et 18 % des importations selon les années. Avec 66 Mt en 2022 et 65 Mt en moyenne sur la période 2017-2022, elle est de 60 % plus élevée qu’au cours des années 1990-1995 (41 Mt). Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent un peu moins de 15 % des importations de biomasse.
Au cours des trois dernières décennies, la part des matières brutes et semi-finies a diminué, passant de près de 60 % à un peu moins de 50 % de la masse totale des importations (48 % en 2020) pour la première, et passant de 30 % à 26 % pour la seconde. A contrario, la part des produits finis s’est accrue, représentant aujourd’hui 26 % des importations.
41 % de biomasse dans les matières exportées
Comme les importations, les matières exportées de France sont comptabilisées sous toutes leurs formes (matières brutes, produits semi-finis et produits finis). En 2022, les exportations de matières s’établissent à 224 Mt.
Sur longue période, elles augmentent tendanciellement entre 1990 et 2008 pour s’établir autour de 200 Mt en 2008. Après une forte baisse pendant la récession de 2009, elles se redressent nettement pour se situer légèrement en deçà de 240 Mt au cours de la décennie 2010, soit un niveau supérieur de 35 % à celui observé dans la première moitié des années 1990. Après la chute de 2020 dans le contexte de la crise sanitaire (214 Mt), elles repartent légèrement à la hausse sans toutefois retrouver leur niveau d’avant-crise.
La biomasse issue de l’agriculture, sylviculture et de la pêche représente le principal flux de matières et produits exportés (41 % en 2022). C’est la seule catégorie pour laquelle les exportations sont supérieures aux importations (94 Mt, contre 66 Mt en 2022). L’exportation de biomasse et produits issus de la biomasse représente entre 37 % et 42 % des exportations selon les années. Sur la période 2017-2022 (91 Mt), les exportations de biomasse sont 32 % plus élevée que sur la période 1990-1995 (69 Mt). Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent 10 % des exportations de biomasse.
Les exportations de combustibles fossiles et des produits qui en dérivent (essentiellement le pétrole raffiné, les matières plastiques et les produits chimiques organiques) représentent autour de 15 % des exportations. Les volumes exportés ont progressé de 66 % entre 1990 et 2019, avant de connaître une forte baisse en 2020 (- 20 %), passant de 43 Mt à 34 Mt. Ces volumes sont restés relativement stables depuis (35 Mt en 2022).
Les produits finis et semi-finis, qui représentaient environ 55 % de la masse totale des exportations en 1990, en représentent 68 % en 2020 (respectivement 36 % pour les produits finis et 32 % pour les semi-finis).
Au total, les matières exportées en 2020 par la France représentent près de 2,7 t/hab. de matières, soit environ 40 % de moins que pour les importations (4,4 t/hab.).
Évolution des exportations de matières premières de la France depuis 1990
En millions de tonnes
Source : Douanes françaises. Traitements : SDES, 2024
Des objectifs de baisse pour réduire les pressions sur l'environnement
Rapportée à la population nationale, la consommation intérieure de matières (DMC) rend compte de l’une des pressions exercées sur l’environnement.
Relativement stable dans les décennies 1990 et 2000, autour de 14 t/hab., la consommation intérieure de matières par habitant baisse ensuite fortement après de la récession économique de 2009, dans un contexte de moindre dynamisme du BTP. Autour de 12 t/hab. au début de la décennie 2010, elle baisse ensuite légèrement pour s’établir aux alentours de 11,7 t/hab. entre 2017 et 2019 avant de chuter à 10,7 t/hab. en 2020, en raison du ralentissement exceptionnel de l’économie suite au Covid. Elle se redresse à partir de 2021 et s’établit en 2022 à 11,2 t/hab, un niveau inférieur à la moyenne européenne de 14,2 t/hab.
La productivité matières (rapport du PIB sur la consommation de matières) permet, pour sa part, de mesurer la transition de la société vers une organisation plus économe en ressources naturelles. L’article 74 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 fixe comme objectif une hausse de 30 % de la productivité matières de la France sur la période 2010–2030. Cela revient à produire davantage de valeurs avec moins de matières premières.
En 2022, cette productivité atteint 3,14 €/kg et se rapproche de la cible 2030 (de 3,42 €/kg) ; elle est de 2,17 €/kg à l’échelle européenne.
Évolution de la consommation de matières et de la productivité matières de la France
En tonnes par habitant (échelle de gauche) et en euros par kilogramme (échelle de droite)
Note : volumes chaînés 2015
Sources : Eurostat ; SDES. Traitements : SDES, 2024
Importations et exportations apparentes par catégorie de matières
Importations et exportations apparentes par catégorie de matières
En tonnes par habitant en 2022
Source : Douanes françaises. Traitements : SDES, 2024
Méthodologie
Les volumes de matières comptabilisés dans cet article sont ceux directement utilisés pour satisfaire la demande intérieure. L’extraction de ces matières premières suppose toutefois souvent la mobilisation ou le déplacement d’autres matières non valorisées économiquement : résidus de récoltes laissés sur place, terres déplacées lors de constructions, matière inutilisée issue de l’extraction et de l’exploitation minière, etc. Ces extractions de matières non valorisées peuvent, comme les précédentes, s’accompagner d’impacts néfastes sur l’environnement.
Le calcul de la productivité matières et de la consommation matières par habitant s’appuie sur les données de PIB et de population d’Eurostat, afin de pouvoir les comparer aux valeurs européennes.
Ces mêmes indicateurs sont repris dans le tableau de bord des objectifs de développement durable (ODD) de la France, mais sont, dans ce cas, calculés en utilisant le PIB et la population fournis par l’Insee, ce qui conduit à des valeurs légèrement différentes.
Auteure : Lise COLARD, SDES
Données
Données associées sous forme de tableaux et graphiques.