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La dépense de gestion des eaux usées en 2022

Environnement
Publié le 14/04/2025
En 2022, 14,1 milliards d’euros ont été consacrés à la gestion des eaux usées en France, en hausse de 0,6 % par rapport à l’année précédente soit une baisse de 2,5% hors inflation. La dépense intérieure de gestion des eaux usées est constituée à 90 % de dépenses relatives à l’assainissement collectif pris en charge par les gestionnaires des services, régies ou délégataires. L’épuration industrielle des entreprises et l’assainissement autonome pour les ménages non raccordés aux réseaux d’assainissement collectif représentent des parts marginales de la dépense, respectivement (4 % et 6 %). Via la facture d’assainissement, les ménages sont les premiers contributeurs à ce poste de dépense de protection de l’environnement, à hauteur de 46 %.

La dépense intérieure de gestion des eaux usées mesure l’effort financier pour prévenir la pollution des eaux de surface par la réduction de la charge polluante contenue dans les eaux usées rejetées dans les cours d’eau et dans l'eau de mer, ainsi que les moyens alloués au contrôle de ces pollutions.

Cet indicateur retrace l’ensemble des dépenses effectuées sur le territoire national, par tous les agents économiques (État, collectivités locales, entreprises et ménages) pour couvrir ces activités. Elles comprennent la collecte, le transport et le traitement des eaux usées, les activités de contrôle et de réglementation, mais aussi l’achat et l’entretien des équipements d’assainissements non collectifs.

14,1 Md€ pour la gestion des eaux usées

En 2022, 14,1 milliards d’euros (Md€) ont été consacrés à la gestion des eaux usées, soit 22 % des dépenses totales de protection de l’environnement en France (63,7 Md€) et 0,5 % du produit intérieur brut (PIB).

 

Répartition de la dépense de protection de l'environnement par domaine en 2022
En milliards d'euros (Md€) et en %

© SDES

 * hors activités de récupération et transformation des déchets en matières premières de recyclage.
 ** hors maîtrise de l'énergie et production d'énergie à partir de sources renouvelables.
Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Plus d'un tiers de la dépense dédiée aux investissements

La dépense intérieure de gestion des eaux usées se compose à 62 % de dépenses nécessaires à la gestion courante des services : rémunération du personnel, charges de gestion courante, prestations de services, subventions aux organismes publics et privés, etc.


Les dépenses d’investissement représentent 38 % de la dépense totale. Elles intègrent principalement le développement et la maintenance des réseaux de collecte et des stations d’épuration des eaux usées, ainsi que les études pour améliorer les processus de production, l’achat des systèmes d’assainissements non collectifs.

 

Répartition de la dépense de gestion des eaux usées par nature en 2022
En millions d'euros (M€) et en %

© SDES

Champ : France
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

90 % consacrés au service public d’assainissement collectif

En 2022, 12,6 Md€, soit 90 % des dépenses totales de gestion des eaux usées, sont dédiés au service public d’assainissement collectif. Ce service est principalement destiné aux ménages (il couvre 4/5 de la population), mais des entreprises et établissements publics y font également appel (voir encadré méthodologie). Il est réalisé en régie, c’est-à-dire directement par les collectivités locales (pour 3/5 des utilisateurs du service) ou par des entreprises spécialisées délégataires de service public.

Les actions engagées par les entreprises en interne (i.e. hors prestation de service extérieur) pour la gestion des eaux usées s’élèvent à 905 M€ en 2022, soit 6 % de la dépense. Ces dépenses couvrent à la fois des opérations de traitement des effluents, la mise en place de nouveaux procédés visant à réduire les polluants de l'eau ou les eaux usées générées lors de la production, la réutilisation de l'eau utilisée dans les processus de production, etc. et les dépenses d’investissements (acquisitions d’équipements, constructions et acquisitions de terrains pour les activités internes d’épuration et de réduction de la pollution de l’eau).

Le troisième volet de la dépense de gestion des eaux usées est celui de l’assainissement autonome (aussi appelé « non collectif »), dont la dépense est estimée à 577 M€, soit une part de 4 %. L’entretien des équipements d’assainissement non collectif (dépenses courantes) s’ajoute aux coûts de leur acquisition et installation (investissements). Ce montant correspond aux frais engagés par les ménages eux-mêmes pour le traitement des eaux usées, lorsqu’ils ne sont pas raccordés aux réseaux d’assainissement collectif.

 

Répartition de la dépense de gestion des eaux usées par domaine en 2022
En millions d'euros (M€) et en %

© SDES

Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Les ménages, financeurs à 46 %

Selon le principe du pollueur-payeur (article L.110-1 du Code de l’environnement), les pollueurs doivent supporter les coûts engendrés par la pollution résultant de leurs propres activités, y compris le coût des mesures prises pour prévenir, combattre et éliminer cette pollution, et les coûts liés à la réparation.

En 2022, les ménages sont les premiers financeurs de la dépense de gestion des eaux usées avec 6,4 Md€ versés, soit 46 % de la dépense. 91 % de ce montant porte sur le service d’assainissement collectif. Le reste de la dépense concerne l’installation et l’entretien des systèmes d’assainissement non collectif pour les ménages non reliés à ce service collectif.

En 2022, les administrations publiques ont dépensé 4,8 Md€ pour la gestion des eaux usées, soit 34 % de la dépense. Les collectivités locales (communes et établissements publics de coopération intercommunale, EPCI) contribuent pour 72 % à cette dépense (3,4 Md€). Les aides octroyées par les départements y participent à hauteur de 0,8 Md€ et celles des agences de l’eau pour 0,6 Md€ (546 M€ de subventions versées pour aider les collectivités locales à lutter contre la pollution et 56 M€ pour les industriels).

Avec un montant de 2,8 Md€, les entreprises complètent le financement de la dépense de gestion des eaux usées. 8 % de cette dépense, soit 0,2 Md€, sont consacrés aux investissements des entreprises spécialisées dans l’assainissement des eaux usées, principalement les entreprises délégataires de service public. Le reste de la dépense, soit 2,6 Md€, provient des entreprises qui ne sont pas spécialisées dans le traitement des eaux usées. Celles-ci affectent 76 % de leurs dépenses dans l’utilisation de services d’assainissement disponibles (principalement de l’assainissement collectif). Les 24 % restants consistent en leur propre traitement des eaux usées (1/3 d’investissements et 2/3 de dépenses courantes).

 

Répartition du financement de la dépense de gestion des eaux usées en 2022
En millions d'euros (M€) et en %

© SDES

(1) Entreprises dont l’activité principale concerne la gestion des eaux usées.
(2) Entreprises qui ne sont pas spécialisées dans la gestion des eaux usées.

Champ : France
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Des dépenses en hausse de 0,6 %

Entre 2021 et 2022, les dépenses de gestion des eaux usées sur le territoire national enregistrent une hausse de 0,6 % en euros courants, alors que le PIB augmente de 5,9 % sur la même période. Cette faible hausse s’explique notamment par une légère diminution des dépenses courantes (- 0,9 %) du fait principalement des entreprises industrielles. Les dépenses courantes représentent 62 % de la dépense totale. Les investissements, qui représentent 38 % de la dépense, ont augmenté de 3,2 %. Malgré cette faible croissance, la dépense totale 2022 reste la plus haute jamais enregistrée.

Sur les 22 dernières années, la dépense intérieure de gestion des eaux usées a été multipliée par 1,6 en euros courants (1,2 en euros constants), passant de 8,9 Md€ en 2000 à 14,1 Md€ en 2022. Elle progresse en moyenne de 2,1 % par an en euros courants sur cette période, un rythme supérieur à celui de l’inflation (+ 1,5 % par an).

 

Évolution des dépenses de gestion des eaux usées entre 2000 et 2022
En indice base 100 (2000) et en millions d'euros (M€) courants

© SDES

Note : l’évolution des dépenses totales en volume est calculée à partir des dépenses totales en euros courants auxquelles on retire l’inflation, afin de refléter leur progression réelle depuis 2000. La conversion en volume s’effectue en appliquant un coefficient correspondant au rapport entre le PIB en euros courants et le PIB en volume (hors inflation).
Champ : France
Sources : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023 ; Insee, comptes nationaux, 2024

Hausse du financement des ménages entre 2000 et 2022

Depuis le milieu des années 2000, la part de l’assainissement collectif des ménages dans le financement de la dépense est en constante augmentation (+ 10 points, passant de 32 % en 2005 à 42 % en 2022). A contrario, la part de financement des ménages non raccordés à l’assainissement collectif diminue sur la période (passant de 8 % à 4 %).

La répartition des financements par les autres acteurs est très variable. Ainsi, la part du financement des collectivités locales (communes et EPCI) fluctue entre 19 % et 26 %. Celle des entreprises industrielles varie entre 19 et 23 % avec des parts de financements minimales en 2007 et 2022, tandis que les agences de l’eau participent à la dépense avec une part comprise entre 4 % et 9 % (minimum de 4 % en 2022).

 

Évolution du financement de la dépense de gestion des eaux usées entre 2000 et 2022
En %

© SDES

(1) Ensemble des entreprises, à l'exclusion des entreprises spécialisées dans l'assainissement des eaux usées.
(2) Services d'assainissement des collectivités locales et des entreprises délégataires.
Note : en raison du changement de base dans les comptes nationaux (nouvelle base 2020), la répartition des dépenses d’assainissement entre les collectivités locales et les entreprises spécialisées a été modifiée sur toute la série. Cela explique les différences avec les résultats de la publication de l’année dernière.
Champ : France.
Sources : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024 ; Insee, comptes nationaux, 2024

Auteur : Fabrice GARNES, SDES

Méthodologie

La dépense de gestion des eaux usées est l’une des composantes de la dépense intérieure de protection de l’environnement. Calculée selon les normes comptables européennes, elle fait l’objet d’une transmission annuelle à l’Office statistique européen (Eurostat), régie par le règlement (UE) n° 691/2011 relatif aux comptes économiques européens de l’environnement (modifié par le règlement (UE) n° 538/2014).

Son périmètre est établi à partir de la nomenclature statistique européenne des activités et dépenses de protection de l’environnement (CEPA pour classification of environmental activities and expenditure) sous le libellé « gestion des eaux usées » (CEPA 2). Il englobe les activités et mesures visant à prévenir la pollution des eaux de surface grâce à la réduction des rejets d’eaux usées dans les eaux de surface intérieures et la mer. La dépense intègre également la collecte, le transport et l’assainissement des eaux usées avant leur rejet dans le milieu naturel, ainsi que les activités de contrôle et de réglementation. Les assainissements non collectifs sont également inclus. Les actions et activités ayant pour but la protection des eaux souterraines contre l’infiltration de polluants et la décontamination des masses d’eaux polluées en milieux naturels sont exclues, elles sont enregistrées dans un autre compte (CEPA 4).

La dépense de gestion des eaux usées se décompose en trois grandes catégories :

  • L’assainissement collectif : l'essentiel des eaux usées domestiques (ménages) et celles des entreprises raccordées aux réseaux collectifs sont collectés et acheminées vers des stations d’épuration pour y être traitées avant d’être rejetées dans le milieu naturel. Le service collectif de collecte et d'assainissement de ces eaux usées est soit directement réalisé par les services publics (on parle alors de régies), soit confié à des entreprises spécialisées dans le cadre d'une délégation de service public (on parle d'entreprises délégataires). Les investissements consistent d’une part en réseaux de collecte et de transport des eaux usées (y compris les éléments annexes : branchements, stations de pompage et de relèvement, etc.), d’autre part en stations d’épuration, y compris l’acquisition des terrains sur lesquelles elles sont implantées ;
  •  L’épuration industrielle : il s’agit de la dépense de gestion des eaux usées industrielles par les entreprises qui traitent elles-mêmes leurs effluents, à laquelle s’ajoutent les dépenses liées aux autres activités internes ayant pour objectif la réduction de la pollution de l’eau (lutte contre la pollution thermique, adoption de procédés moins polluants, etc.) et les dépenses d’investissements (acquisitions d’équipements, constructions et des acquisitions de terrains pour les activités internes d’épuration et de réduction de la pollution de l’eau) ;
  • L’assainissement non collectif (assainissement autonome) : il concerne la gestion des eaux usées par les ménages eux-mêmes, lorsqu’ils ne sont pas raccordés aux réseaux d’assainissement collectif. La dépense courante en assainissement autonome correspond à la dépense de consommation finale des ménages au titre de la vidange et de l’entretien de leurs systèmes d’assainissement autonome (fosses septiques). Les investissements correspondent aux dépenses d’acquisitions des fosses septiques par les ménages.

Les séries de données sont réévaluées chaque année, lors de la nouvelle campagne d’actualisation, en raison de l’évolution de données (arrivée tardive d’information par exemple) ou de nouvelles procédures de calcul en vue d’améliorer la qualité et la fiabilité de la dépense.

La dépense est mesurée en euros courants (dit aussi en prix courants), c’est-à-dire qu’elle tient compte des prix tels qu’ils sont indiqués à une période donnée. L'évolution de la dépense inclut ainsi l'inflation.

Données

Données associées à la dépense de gestion des eaux usées en 2022

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