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La dépense de protection de la biodiversité et des paysages en 2021

Environnement
Publié le 12/08/2024
En 2021, 3,3 milliards d’euros sont consacrés en France à la protection de la biodiversité, soit une augmentation de plus de 14 % en euros courants par rapport à l’année précédente. Cette hausse témoigne d’une reprise des dépenses post-covid, notamment dans le domaine de la restauration des milieux aquatiques. Près de 0,8 Md€ sont mobilisés par les associations de protection de la nature pour la préservation de la biodiversité, soulignant ainsi leur rôle essentiel dans ce domaine. Les acteurs publics locaux (collectivités locales et agences de l’eau) contribuent financièrement pour environ la moitié de ces dépenses.

La dépense intérieure de protection de la biodiversité mesure l’effort financier consenti par tous les agents économiques (État, collectivités locales, entreprises et ménages) sur le territoire national pour protéger et préserver la biodiversité et les paysages.

3,3 Md€ en faveur de la biodiversité

En 2021, 3,3 milliards d’euros (Md€) ont été alloués pour la protection de la biodiversité sur le territoire national, soit 0,1 % du produit intérieur brut (PIB).

La protection de la biodiversité et des paysages représente 5 % des dépenses totales de protection de l’environnement en France (60 Md€), largement dominées par la gestion des déchets (33 %) et des eaux usées (24 %).

 

Répartition des dépenses de protection de l'environnement par domaine en 2021
En milliards d'euros (Md€) et en %

© SDES

hors activités de récupération et transformation des déchets en matières premières de recyclage.
** hors maîtrise de l'énergie et production d'énergie à partir de sources renouvelables.
Note : l'estimation des dépenses 2021 a entraîné une révision à la hausse des montants de protection de l'environnement sur la période 2000-2020, en raison de changements méthodologiques dans les domaines de la protection de l'air, de la biodiversité et des activités transversales de protection de l’environnement.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023

918 millions d'euros d'investissements

Les dépenses dites « courantes » représentent 72 % de la dépense intérieure de protection de la biodiversité, soit 2,4 Md€ en 2021, contre 28 % pour les investissements (0,9 Md€).


Les dépenses courantes incluent par exemple :

  • les frais de rémunération des personnels des établissements publics, comme l’Office français pour la biodiversité (OFB) ou le Conservatoire du littoral ;
  • les frais de fonctionnement des services dédiés à la biodiversité et les dépenses d’entretien et d’intervention (entretien des aménagements, subventions aux organismes publics et privés pour des programmes de préservation d’espèces) ;
  • les dépenses engagées par les associations en faveur d’initiatives de protection de la biodiversité (rémunération, coût d’achat, frais de fonctionnement, etc.) ;
  • la consommation de capital fixe qui représente la dépréciation du stock d’actifs (usure, obsolescence, dommages).

Les dépenses d’investissement comprennent par exemple :

  • la construction d’aménagement en faveur de la biodiversité (construction de passages à faune) ;
  • les acquisitions de terrains (en vue de la protection de la flore et de la faune qu’ils abritent) ;
  • les opérations de restauration de sites (réhabilitation de carrières après exploitation restauration des milieux aquatiques, etc.).

 

Répartition des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages par nature en 2021
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

Note : l'estimation des dépenses 2021 a entraîné une révision à la hausse des montants de protection de l'environnement sur la période 2000-2020, en raison de changements méthodologiques dans les domaines de la protection de l'air, de la biodiversité et des activités transversales de protection de l’environnement. Ce graphique ne peut pas être comparé à celui publié pour 2020, en raison des ajustements méthodologiques apportés aux données.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023

Sauvegarde des espèces et des espaces, 1/3 des actions

En 2021, plus d’un tiers de la dépense en faveur de la biodiversité (1 285 M€) est destinée à des actions de protection, d'une part des espèces (680 M€) et d'autre part des espaces protégés (605 M€).

La protection des espèces recouvre notamment la mise en œuvre de plans de restauration et de réintroduction d’espèces menacées, la protection des grands prédateurs (loup, ours et lynx) ou la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.

Les actions menées par la police de l’environnement pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement sont également comptabilisées dans ce domaine. Les dépenses allouées pour protéger les espaces protégés regroupent en particulier la gestion des parcs nationaux ou du réseau Natura 2000 et la création d’aires protégées, terrestres ou marines dans l’Hexagone ou dans les outre-mer.

À ces dépenses s’ajoutent 799 M€ de dépenses transversales engagées par les associations de protection de la nature (hors opérations de réhabilitation des milieux aquatiques), avec le soutien financier des autres agents économiques. Ces actions couvrent une diversité d’objectifs, allant de la préservation des espèces à la gestion d’espaces sensibles, en passant par la sensibilisation et l’éducation à la protection de la nature, sans qu’il soit possible de les répartir dans les catégories précédentes.

À des fins de maîtrise des pressions causées par leurs activités sur la biodiversité, les entreprises (industrie, agriculture et transport) ont alloué 576 M€ (18 %) en 2021. Ces dépenses sont destinées à prévenir et réduire les pressions causées par leurs activités (protection des continuités écologiques, prévention de la pollution, etc.), réparer les dommages causés aux paysages et à la biodiversité (réhabilitation de mines ou de carrières, restauration de la continuité écologique, etc.) ou compenser les atteintes à la biodiversité (création de barrières vertes et paysagères par exemple).

La dépense dédiée aux opérations de réhabilitation des milieux aquatiques s’élève à 482 M€ (hors dépenses engagées par les entreprises). Elle vise à restaurer la continuité écologique, à réhabiliter les cours d'eau et les milieux humides ainsi qu’à lutter contre l'érosion de la biodiversité aquatique. 

Le développement de la connaissance et de la recherche sur la biodiversité et les paysages représente une part marginale de la dépense totale (135 M€). Ce domaine comprend les systèmes d’information sur la biodiversité et les programmes d’inventaires nationaux, tels que l’inventaire national du patrimoine naturel (INPN) ou l’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff).

 

Répartition des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages par domaine en 2021
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

(1) Les dépenses de connaissances comptabilisent les moyens engagés par le ministère en charge de l’environnement pour des inventaires ou des atlas de la biodiversité, et par l’OFB et les parcs nationaux français. Faute de données détaillées, les dépenses engagées par les collectivités locales et les entreprises pour la connaissance sont regroupées dans les domaines de la conservation des habitats et des espèces, la création et la gestion des espaces protégés, ainsi que celui de la maîtrise des pressions.
(2) Cette catégorie comptabilise uniquement les moyens engagés par les administrations publiques. Les dépenses associées aux entreprises sont comptabilisées dans la maîtrise des pressions.
Note : l'estimation des dépenses 2021 a entraîné une révision à la hausse des montants de protection de l'environnement sur la période 2000-2020, en raison de changements méthodologiques dans les domaines de la protection de l'air, de la biodiversité et des activités transversales de protection de l’environnement. Ce graphique ne peut pas être comparé à celui publié pour 2020, en raison des ajustements méthodologiques apportés aux données.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023

Un soutien majeur des acteurs publics locaux

Les dépenses en faveur de la biodiversité reposent essentiellement sur les acteurs publics locaux (collectivités locales et agences de l’eau).
En 2021, les collectivités locales ont alloué 941 M€ à la protection de la biodiversité, soit plus d’un quart du financement total (29 %). Une partie de ces fonds a été allouée sous forme de subventions aux associations de protection de la nature (172 M€).

Cependant, en tant que porteurs de projets, leur contribution directe à la biodiversité est encore plus importante, grâce à leurs compétences et à leur implication dans toutes les politiques locales. Leurs dépenses directes ont atteint près d’un milliard d’euros en 2021 (hors subventions versées aux associations et à d’autres entités), avec un soutien financier des agences de l'eau à hauteur de 243 M€. Les collectivités locales mettent ainsi en œuvre au niveau local différentes actions en faveur de la réhabilitation des milieux aquatiques (395 M€), de la gestion des espaces protégés (351 M€) et de la conservation des habitats et des espèces (254 M€).

Les agences de l’eau subventionnent de nombreux projets locaux ciblés sur la restauration et la gestion des milieux aquatiques. Elles contribuent également largement au financement de l’OFB. En 2021, elles ont ainsi soutenu les actions en faveur de la biodiversité à hauteur de 630 M€ (19 % du financement total), dont 297 M€ à destination de l’OFB.

À l’échelle nationale, l’État (hors agences de l’eau) a contribué à hauteur de 14 % au financement de la protection de la biodiversité en 2021. Ces fonds soutiennent des projets tels que les plans de réintroduction d’espèces et de protection des grands prédateurs (loup, ours et lynx), la mise en œuvre de stratégies nationales, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (stratégie nationale dédiée) ou les actions portées par l'OFB.

Les dépenses des acteurs privés pour la biodiversité sont portées par les entreprises. En 2021, elles ont engagé 587 M€ pour la protection de la biodiversité, soit 18 % de la dépense totale. En tant que porteurs de projet, elles ont mobilisé 576 M€, financés à hauteur de 26 % par des fonds européens, dans le cadre de la mise en œuvre des mesures agro-environnementales.

Les ménages ont également contribué financièrement à hauteur de 450 M€, représentant 14 % des dépenses totales en 2021. Ces chiffres comprennent également la part d’autofinancement des associations de protection de la nature, estimée à moins de 60 M€. Cet effort financier prend principalement la forme de dons ou de cotisations auprès d’associations de protection de la nature. En tant que porteurs de projet, ces associations ont alloué 863 M€ en faveur de la biodiversité, répartis entre 799 M€ pour des actions transversales et 64 M€ pour des opérations de réhabilitation des milieux aquatiques, avec le soutien financier des autres agents économiques, notamment les administrations publiques et les entreprises.

L’Union européenne apporte également un soutien financier pour des projets en faveur de la biodiversité, réalisés par le secteur public ou privé. L’essentiel des financements européens est orienté vers la mise en œuvre des mesures agro-environnementales via le fonds européen agricole pour le développement rural (Feader). Dans une moindre mesure, d’autres programmes territoriaux sont également soutenus, comme le programme européen de financement LIFE-Nature qui a pour ambition d’accompagner la mise en place des directives « habitats » et « oiseaux ».

 

Panorama des transferts financiers en faveur de la biodiversité et des paysages en 2021
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

(1) Le financement « Ménages » inclut à la fois le financement des ménages et l’autofinancement des associations.
(2) La destination « Amélioration de la connaissance » comprend les dépenses engagées par le ministère en charge de l’environnement pour des inventaires ou des atlas de la biodiversité, ainsi que celles effectuées par l’OFB et les parcs nationaux français.
(3) La destination « Réhabilitation des milieux aquatiques » couvre uniquement les moyens mobilisés par les administrations publiques. Les dépenses associées aux entreprises sont comptabilisées dans la maîtrise des pressions.
(4) L'estimation des dépenses 2021 a entraîné une révision à la hausse des montants de protection de l'environnement sur la période 2000-2020, en raison de changements méthodologiques dans les domaines de la protection de l'air, de la biodiversité et des activités transversales de protection de l’environnement. Ce visuel ne peut pas être comparé à celui publié pour 2020, en raison des ajustements méthodologiques apportés aux données.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023

Des dépenses en hausse de 14 %

Après une baisse observée en 2020 (- 4,7 %), les dépenses dédiées à la protection de la biodiversité ont enregistré une reprise significative en 2021, avec une augmentation de 14 % en euros courants et de 12,1 % hors inflation. Cette reprise est marquée dans le secteur de l’investissement, qui a enregistré une croissance de 18,7 %. Les efforts de restauration des milieux aquatiques ont notamment contribué à cette reprise.

Au cours des 20 dernières années, la dépense intérieure de protection de la biodiversité a plus que doublé en euros courants, passant de 1,5 Md€ en 2000 à 3,3 Md€ en 2021. Elle progresse en moyenne de 3,9 % par an en euros courants (+ 2,4 % hors inflation) sur cette période, un rythme nettement supérieur à celui de l’inflation (+ 1,4 %/an).

 

Évolution des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages entre 2000 et 2021
En indice base 100 (2000) et en millions d'euros (M€)

© SDES

Note : le montant des dépenses courantes et en capital en prix courants est exprimé en millions d’euros courants (échelle de droite), l’évolution des dépenses en prix courants et en volume est présentée en indice base 100 en 2000 (échelle de gauche). Le déflateur du PIB est utilisé pour mesurer les dépenses en volume.
Champ : France.
Sources : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023 ; Insee, comptes nationaux, 2023

Un financement prépondérant des pouvoirs publics

Principaux contributeurs au début des années 2000, les entreprises ont vu le poids de leur financement se replier progressivement pour se stabiliser autour de 20 % depuis 2010.

A contrario, le champ d’action des agences de l’eau en faveur de la biodiversité s’est consolidé au fil du temps. La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 a notamment conforté la politique des agences de l’eau en faveur de la restauration des milieux naturels humides. Celles-ci représentent environ 20 % de la dépense depuis cette date, contre 3 % au début des années 2000.
Depuis les années 2010, les collectivités locales et les agences de l’eau représentent près de la moitié des financements pour la biodiversité. Cette part a progressé de plus de 17 points en 20 ans, passant de 31 % en 2000 à 48 % en 2021.

La part de l’État dans le financement des dépenses de protection de la biodiversité reste sensiblement stable sur la période 2000-2020, avec une moyenne de 14 % du financement.

Le financement des ménages (catégories comprenant également l’autofinancement des associations de protection de la nature) et de l’Union européenne reste limité sur toute la période.

 

Évolution de la répartition du financement des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages entre 2000 et 2021
En %

© SDES

* Comprend l'autofinancement des associations.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2023

Auteur : Élodie RICAUD, SDES

Méthodologie

La dépense de protection de la biodiversité et des paysages est l’une des composantes de la dépense intérieure de protection de l’environnement. Calculée selon les normes comptables européennes, elle fait l’objet d’une transmission annuelle à l’Office statistique européen (Eurostat), régie par le règlement (UE) n° 691/2011 relatif aux comptes économiques européens de l’environnement (modifié par le règlement (UE) n° 538/2014).

Son périmètre est établi à partir de la nomenclature statistique européenne des activités et dépenses de protection de l’environnement (CEPA pour classification of environmental activities and expenditure) sous le libellé « protection de la biodiversité et des paysages » (CEPA 6). D’autres dépenses de protection de l’environnement, notamment celles consacrées à l’assainissement des eaux usées ou à la protection des sols et des eaux, peuvent aussi avoir des effets bénéfiques sur la biodiversité. Cependant, celles-ci ne sont pas comptabilisées comme telles dans les résultats présentés ici. Dans ce cadre comptable, les dépenses enregistrées dans chacun des domaines environnementaux sont exclusives les unes des autres.

La dépense totale de protection de la biodiversité comptabilise la consommation finale et intermédiaire des agents économiques, les rémunérations des salariés, la formation brute de capital fixe (investissement et acquisitions de terrains), ainsi que la consommation de capital fixe (amortissement du capital investi).  

Les séries de données sont réévaluées chaque année, lors de la nouvelle campagne d’actualisation, en raison de l’évolution de données (arrivée tardive d’information par exemple) ou de nouvelles procédures de calcul en vue d’améliorer la qualité et la fiabilité de la dépense.

Le calcul de la dépense de protection de la biodiversité est réalisé par le Service des données et études statistiques (SDES).

De nombreuses sources sont mobilisées pour évaluer cette dépense, en particulier celles de la direction générale de l'Aménagement, du Logement et de la Nature du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, de l’Insee et de la direction générale des Finances publiques.

La dépense est mesurée en euros courants (dit aussi en prix courants), c’est-à-dire qu’elle tient compte des prix tels qu’ils sont indiqués à une période donnée. L'évolution de la dépense inclut ainsi l'inflation.

Données

Données associées à la dépense intérieure de protection de la biodiversité et des paysages en 2021 sous forme de tableaux et graphiques.

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