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La dépense de protection de la biodiversité et des paysages en 2022

Environnement
Publié le 14/04/2025
En 2022, 3,5 milliards d’euros ont été consacrés à la protection de la biodiversité en France, soit une hausse de 3,8 % en euros courants par rapport à l’année précédente. Cette progression, portée notamment par les investissements pour la restauration des milieux aquatiques, marque une reprise post-Covid. Toutefois, l’effet de l’inflation est significatif : hors inflation, la hausse se limite seulement à 0,5 %. Les associations de protection de la nature jouent un rôle central dans ces efforts, mobilisant près de 1 milliard d’euros pour la préservation de la biodiversité. Par ailleurs, les acteurs publics locaux (collectivités et agences de l’eau) assurent environ la moitié du financement total.

La dépense intérieure de protection de la biodiversité mesure l’effort financier consenti par tous les agents économiques (État, collectivités locales, entreprises et ménages) sur le territoire national pour protéger et préserver la biodiversité et les paysages.

3,5 Md€ en faveur de la biodiversité

En 2022, 3,5 milliards d’euros (Md€) ont été alloués pour la protection de la biodiversité sur le territoire national, soit 0,1 % du produit intérieur brut (PIB).

La protection de la biodiversité et des paysages représente 6 % des dépenses totales de protection de l’environnement en France (63,7 Md€). À titre de comparaison, la gestion des déchets (34 %) et le traitement des eaux usées (22 %) dominent largement les dépenses environnementales. Il est important de souligner que les actions menées dans plusieurs domaines de la protection de l’environnement, tels que la gestion des déchets ou la protection des sols et des eaux, contribuent également à la préservation de la biodiversité, même si chaque dépense est ici comptabilisée selon son objectif principal.

 

Répartition des dépenses de protection de l'environnement par domaine en 2022
En milliards d'euros (Md€) et en %

© SDES

* Hors activités de récupération et transformation des déchets en matières premières de recyclage.
** Hors maîtrise de l'énergie et production d'énergie à partir de sources renouvelables. 
Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

1 Md€ investi, soit 28 % du total

Les dépenses dites « courantes » représentent la majeure partie des dépenses, atteignant 2,5 Md€ en 2022 (72 % du total), contre 1 Md€ pour l’investissement (28 %).


Les dépenses courantes incluent par exemple :

  • les frais de rémunération des personnels des établissements publics, comme l’Office français pour la biodiversité (OFB) ou le Conservatoire du littoral ;
  • les frais de fonctionnement des services dédiés à la biodiversité et les dépenses d’entretien et d’intervention (entretien des aménagements, subventions aux organismes publics et privés pour des programmes de préservation d’espèces) ;
  • les dépenses engagées par les associations en faveur d’initiatives de protection de la biodiversité (rémunération, coût d’achat, frais de fonctionnement, etc.) ;
  • la consommation de capital fixe qui représente la dépréciation du stock d’actifs (usure, obsolescence, dommages).

Les dépenses d’investissement comprennent par exemple :

  • la construction d’aménagement en faveur de la biodiversité (construction de passages à faune) ;
  • les acquisitions de terrains (en vue de la protection de la flore et de la faune qu’ils abritent) ;
  • les opérations de restauration de sites (réhabilitation de carrières après exploitation restauration des milieux aquatiques, etc.).

 

Répartition des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages par nature en 2022
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

Note :  l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

1,3 Md€ pour la sauvegarde des espèces et des espaces

En 2022, 1,3 Md€ a été consacré à des actions de protection des espèces (0,6 Md€) et des espaces protégés (0,7 Md€).

La protection des espèces recouvre notamment la mise en œuvre de plans de restauration et de réintroduction d’espèces menacées, la protection des grands prédateurs (loup, ours et lynx) ou la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Les actions menées par la police de l’environnement pour prévenir et réprimer les atteintes à l’environnement sont également comptabilisées dans ce domaine. Les dépenses allouées pour protéger les espaces protégés regroupent en particulier la gestion des parcs nationaux ou du réseau Natura 2000 et la création d’aires protégées, terrestres ou marines dans l’Hexagone ou dans les outre-mer.

À ces dépenses s’ajoute 0,9 Md€ de dépenses transversales engagées par les associations de protection de la nature (hors opérations de réhabilitation des milieux aquatiques), avec le soutien financier des autres agents économiques. Ces actions couvrent une diversité d’objectifs, allant de la préservation des espèces à la gestion d’espaces sensibles, en passant par la sensibilisation et l’éducation à la protection de la nature, sans qu’il soit possible de les répartir dans les catégories précédentes.

Les opérations de réhabilitation des milieux aquatiques ont mobilisé 0,7 Md€, comprenant à la fois des dépenses publiques et privées pour restaurer la continuité écologique, réhabiliter les cours d'eau et les milieux humides et protéger la biodiversité aquatique.

En 2022, les entreprises (industrie, agriculture et transport) ont alloué 0,6 Md€ (16 %) à la protection de la biodiversité, principalement pour prévenir et réduire les impacts de leurs activités (protection des continuités écologiques, prévention de la pollution, etc.), réparer les dommages causés aux paysages et à la biodiversité (réhabilitation de mines ou de carrières, restauration de la continuité écologique, etc.) ou compenser des atteintes à la biodiversité (création de barrières vertes et paysagères par exemple).

Le développement de la connaissance et de la recherche sur la biodiversité et les paysages reste un poste de dépense limité, avec 0,1 Md€ engagé en 2022. Ce domaine comprend les systèmes d’information sur la biodiversité et les programmes d’inventaires nationaux, tels que l’inventaire national du patrimoine naturel (INPN) ou l’inventaire des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff). Toutefois, en raison de la difficulté d’identifier précisément certaines dépenses, une partie des actions liées à l’amélioration des connaissances peut être comptabilisée dans d’autres postes budgétaires, notamment ceux relatifs aux actions transversales des associations de protection de la nature, à la conservation des habitats, à la gestion des espaces protégés ou encore à la réduction des pressions sur la biodiversité.

 

Répartition des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages par domaine en 2022
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

(1) Les dépenses de connaissances comptabilisent les moyens engagés par le ministère chargé de l’Environnement pour des inventaires ou des atlas de la biodiversité, et par l’OFB et les parcs nationaux français. Faute de données détaillées, les dépenses engagées par les collectivités locales et les entreprises pour la connaissance sont regroupées dans les domaines de la conservation des habitats et des espèces, la création et la gestion des espaces protégés, ainsi que celui de la maîtrise des pressions
Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Un soutien majeur des acteurs publics locaux

Les dépenses en faveur de la biodiversité reposent essentiellement sur les acteurs publics locaux (collectivités locales et agences de l’eau).

En 2022, les collectivités locales ont alloué près d’un milliard d’euros à la protection de la biodiversité, soit plus d’un quart du financement total (27 %). Une partie de ces fonds a été allouée sous forme de subventions aux associations de protection de la nature (196 millions d’euros – M€).

Cependant, en tant que porteurs de projets, leur contribution directe à la biodiversité est encore plus importante, grâce à leurs compétences et à leur implication dans toutes les politiques locales. Leurs dépenses directes ont atteint plus d’un milliard d’euros en 2022 (hors subventions versées aux associations et à d’autres entités), avec un soutien financier des agences de l'eau à hauteur de 248 M€. Les collectivités locales mettent ainsi en œuvre au niveau local différentes actions en faveur de la réhabilitation des milieux aquatiques (443 M€), de la gestion des espaces protégés (412 M€) et de la conservation des habitats et des espèces (213 M€).

Les agences de l’eau subventionnent de nombreux projets locaux ciblés sur la restauration et la gestion des milieux aquatiques. Elles contribuent également largement au financement de l’OFB. En 2022, elles ont ainsi soutenu les actions en faveur de la biodiversité à hauteur de 715 M€ (20 % du financement total), dont 356 Md€ à destination de l’OFB.

À l’échelle nationale, l’État (hors agences de l’eau) a contribué à hauteur de 15 % au financement de la protection de la biodiversité en 2022. Ces fonds soutiennent des projets tels que les plans de réintroduction d’espèces et de protection des grands prédateurs (loup, ours et lynx), la mise en œuvre de stratégies nationales, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (stratégie nationale dédiée) ou les actions portées par l'OFB.

Les dépenses des acteurs privés pour la biodiversité sont portées par les entreprises. En 2022, elles ont engagé 701 M€ pour la protection de la biodiversité, soit 20 % du financement total. En tant que porteurs de projet, elles ont mobilisé 683 M€, financés à hauteur de 22 % par des fonds européens, dans le cadre de la mise en œuvre des mesures agro-environnementales.

Les ménages ont également contribué financièrement à hauteur de 441 M€, représentant 12 % des dépenses totales en 2022. Ces chiffres comprennent également la part d’autofinancement des associations de protection de la nature, estimée à moins de 70 M€. Cet effort financier prend principalement la forme de dons ou de cotisations auprès d’associations de protection de la nature. En tant que porteurs de projet, ces associations ont alloué 974 M€ en faveur de la biodiversité, répartis entre 868 M€ pour des actions transversales et 84 M€ pour des opérations de réhabilitation des milieux aquatiques, avec le soutien financier des autres agents économiques, notamment les administrations publiques et les entreprises.

L’Union européenne apporte également un soutien financier pour des projets en faveur de la biodiversité, réalisés par le secteur public ou privé. L’essentiel des financements européens est orienté vers la mise en œuvre des mesures agro-environnementales via le fonds européen agricole pour le développement rural (Feader). Dans une moindre mesure, d’autres programmes territoriaux sont également soutenus, comme le programme européen de financement LIFE-Nature qui a pour ambition d’accompagner la mise en place des directives « habitats » et « oiseaux ».

 

Panorama des transferts financiers en faveur de la biodiversité et des paysages en 2022
En millions d’euros (M€) et en %

© SDES

(1) Le financement « Ménages » inclut à la fois le financement des ménages et l’autofinancement des associations.
(2) La destination « Amélioration de la connaissance » comprend les dépenses engagées par le ministère chargé de l’Environnement pour des inventaires ou des atlas de la biodiversité, ainsi que celles effectuées par l’OFB et les parcs nationaux français. Faute de données détaillées, les dépenses engagées par les collectivités locales et les entreprises pour la connaissance sont regroupées dans les domaines de la conservation des habitats et des espèces, la création et la gestion des espaces protégés, ainsi que celui de la maîtrise des pressions.
Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Une évolution marquée par l’inflation

Après un rebond marqué en 2021 (+ 15,1 % en euros courants par rapport à 2020), la croissance des dépenses dédiées à la protection de la biodiversité s’est nettement ralentie en 2022, avec une progression de + 3,8 % en euros courants.

L’investissement reste un moteur essentiel, avec une hausse de 7,1 % en 2022 en euros courants après une augmentation exceptionnelle de 21,3 % en 2021. Cette dynamique est notamment portée par l’intensification des efforts de restauration des milieux aquatiques, soutenus en grande partie par les agences de l’eau.

Cependant, cette reprise s’opère dans un contexte de forte inflation, marqué par la hausse des coûts des matériaux et de l’énergie. En euros constants, la progression des dépenses est quasi nulle, l’inflation absorbant en grande partie l’augmentation, qui se limite à + 0,5 % en termes réels.

Depuis 2000, les dépenses consacrées à la protection de la biodiversité ont plus que doublé en euros courants, passant de 1,5 Md€ en 2000 à 3,5 Md€ en 2022. Sur cette période, elles ont progressé en moyenne de 3,9 % par an en euros courants (+ 2,4 % hors inflation). Cette évolution s’inscrit dans le cadre des politiques publiques en faveur de la biodiversité, avec la mise en œuvre des stratégies nationales pour la biodiversité et des opérations de réduction des pressions environnementales. Ces dispositifs ont permis de maintenir un effort financier soutenu, garantissant une progression constante des dépenses de protection de la biodiversité.

La progression des dépenses de protection de la biodiversité devrait se poursuivre avec l’adoption récente du règlement européen n° 2024/1991 relatif à la restauration de la nature, qui vise à rétablir des conditions optimales de conservation pour les écosystèmes. Dans ce cadre, la France, à l’instar des autres États membres de l’Union européenne, s’est engagée à mettre en œuvre des mesures de restauration efficaces couvrant au moins 20 % des superficies terrestre et maritime de l'UE d'ici à 2030. D'ici à 2050, des actions devront être déployées pour restaurer l’ensemble des écosystèmes nécessitant une intervention.

 

Évolution des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages entre 2000 et 2022
En indice base 100 (2000) et en millions d'euros (M€)

© SDES

Note : l’évolution des dépenses totales en volume est calculée à partir des dépenses totales en euros courants auxquelles on retire l’inflation, afin de refléter leur progression réelle depuis 2000. La conversion en volume s’effectue en appliquant un coefficient correspondant au rapport entre le PIB en euros courants et le PIB en volume (hors inflation). 
Champ : France.
Sources : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024 ; Insee, comptes nationaux, 2024

Un financement public prépondérant

Principaux contributeurs au début des années 2000, les entreprises ont vu le poids de leur financement se replier progressivement pour se stabiliser autour de 20 % depuis 2010.

A contrario, le champ d’action des agences de l’eau en faveur de la biodiversité s’est consolidé au fil du temps. La loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 a notamment conforté la politique des agences de l’eau en faveur de la restauration des milieux naturels humides. Celles-ci représentent environ 20 % de la dépense depuis cette date, contre 2 % au début des années 2000.

Depuis les années 2010, les collectivités locales et les agences de l’eau représentent près de la moitié des financements pour la biodiversité. Cette part a progressé de plus de 17 points en 22 ans, passant de 31 % en 2000 à 47 % en 2022.

La part de l’État dans le financement des dépenses de protection de la biodiversité reste sensiblement stable sur la période 2000-2022, avec une moyenne de 14 % du financement. Le financement des ménages (catégories comprenant également l’autofinancement des associations de protection de la nature) et de l’Union européenne reste stable sur toute la période.

 

Évolution de la répartition du financement des dépenses de protection de la biodiversité et des paysages entre 2000 et 2022
En %

© SDES

(1) Hors agences de l'eau.
(2) Comprend l'autofinancement des associations.
Note : l’arrondi de la somme n’est pas toujours égal à la somme des arrondis.
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l'environnement, 2024

Auteur : Élodie RICAUD, SDES

Méthodologie

La dépense de protection de la biodiversité et des paysages est l’une des composantes de la dépense intérieure de protection de l’environnement. Calculée selon les normes comptables européennes, elle fait l’objet d’une transmission annuelle à l’Office statistique européen (Eurostat), régie par le règlement (UE) n° 691/2011 relatif aux comptes économiques européens de l’environnement (modifié par le règlement (UE) n° 538/2014).

Son périmètre est établi à partir de la nomenclature statistique européenne des activités et dépenses de protection de l’environnement (CEPA pour classification of environmental activities and expenditure) sous le libellé « protection de la biodiversité et des paysages » (CEPA 6). D’autres dépenses de protection de l’environnement, notamment celles consacrées à l’assainissement des eaux usées ou à la protection des sols et des eaux, peuvent aussi avoir des effets bénéfiques sur la biodiversité. Cependant, celles-ci ne sont pas comptabilisées comme telles dans les résultats présentés ici. Dans ce cadre comptable, les dépenses enregistrées dans chacun des domaines environnementaux sont exclusives les unes des autres.

La dépense totale de protection de la biodiversité comptabilise la consommation finale et intermédiaire des agents économiques, les rémunérations des salariés, la formation brute de capital fixe (investissement et acquisitions de terrains), ainsi que la consommation de capital fixe (amortissement du capital investi).  

Les séries de données sont réévaluées chaque année, lors de la nouvelle campagne d’actualisation, en raison de l’évolution de données (arrivée tardive d’information par exemple) ou de nouvelles procédures de calcul en vue d’améliorer la qualité et la fiabilité de la dépense.

Le calcul de la dépense de protection de la biodiversité est réalisé par le Service des données et études statistiques (SDES).

De nombreuses sources sont mobilisées pour évaluer cette dépense, en particulier celles de la Direction générale de l'Aménagement, du Logement et de la Nature du ministère chargé de l’environnement, de l’Insee et de la Direction générale des Finances publiques.

La dépense est mesurée en euros courants (dit aussi en prix courants), c’est-à-dire qu’elle tient compte des prix tels qu’ils sont indiqués à une période donnée. L'évolution de la dépense inclut ainsi l'inflation.

Données

Données associées à la dépense intérieure de protection de la biodiversité et des paysages en 2022

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