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La pollution chimique des cours d’eau et des plans d’eau en France de 2000 à 2020

Environnement
Publié le 23/06/2023
Représentant une menace pour la production d’eau potable, la santé humaine et la biodiversité, la pollution chimique est largement surveillée dans les cours d’eau et plans d’eau de France. Les dispositifs de surveillance s’améliorent et permettent de dégager certaines tendances de long terme. Ainsi, une amélioration s’observe depuis 2000 pour des composés d’azote et de phosphore impliqués dans les phénomènes d’asphyxie des eaux de surface. À l’inverse, les pesticides et les autres substances dangereuses continuent de présenter de forts cumuls de pressions toxiques sur de vastes territoires et sur toutes les catégories de cours d’eau.

Chemical pollution of rivers and lakes in France from 2000 to 2020

Chemical pollution poses a threat to drinking water production, human health and biodiversity, and is widely monitored in France's rivers and lakes. Monitoring systems are improving, enabling us to identify certain long-term trends. Since 2000, an improvement has been observed for some nitrogen and phosphorus compounds implicated in the surface waters asphyxiation process. On the contrary, pesticides and other hazardous substances continue to exercice high accumulations of toxic pressures over vast territories and in all categories of watercourse.

L'essentiel en infographie

Découvrez le nouvel indice, l'IPTC, mesurant l'intensité des pressions toxiques cumulées qu'un cocktail de substances exerce sur les organismes aquatiques.

© SDES

La pollution chimique des cours d’eau : un nouvel indice pour mesurer l’effet cocktail des polluants

Un nouvel indice, l'IPTC, mesure l'intensité des pressions toxiques cumulées qu'un cocktail de substances exerce sur les organismes aquatiques. L'IPTC est « fort » quand il dépasse 1. Dans ce cas, des effets néfastes sur l'environnement sont possibles ou hautement probables.

L'IPTC est fort sur 50 % des stations de surveillance pour les pesticides (IPTC calculé sur 64 pesticides) et est fort sur 70 % des stations de surveillance pour les autres substances dangereuses, telles que HAP, COV, etc. (IPTC calculé pour 15 autres substances dangereuses).

 

Évolution du nombre de stations dont l'IPTC est fort entre 2008 et 2020 :

  • Pesticides : - 10 %

Principale source : agriculture

  • Autres substances dangereuses : - 38 % (évolution stable)

Principales sources : résidentiel, industrie, transports

 

Évolution de la part des stations dont l’IPTC est supérieur à 1 pour les pesticides et les autres substances dangereuses entre les période 2008-2010 et 2018-2020 :

Globalement, les situations sont plus dégradées au Nord qu'au Sud depuis 2008.

 

Évolution des concentrations de 3 polluants dans l'eau entre 2000 et 2020 :

  • Azote ammoniacal (NH4+) : - 61 %

Principales sources : agriculture, résidentiel

  • Nitrate (NO3-) : + 6 %

Principale source : agriculture

  • Phosphore (P) : - 53 %

Principales sources : agriculture, résidentiel, industrie

Résumé

— Origines et enjeux de la pollution chimique de l’eau
De nombreuses activités industrielles, agricoles et domestiques rejettent des substances chimiques dans les milieux aquatiques, susceptibles de dégrader la qualité des eaux. De telles substances sont retrouvées dans les cours d’eau, les plans d’eau, les nappes d’eau souterraines, les eaux littorales et marines. Les progrès réalisés dans l’analyse chimique de l’eau mettent en évidence qu’elles sont souvent présentes en mélanges complexes d’hydrocarbures, de résidus de médicaments, de pesticides, de métaux lourds, de matières plastiques, etc. Ces polluants constituent une menace pour la production d’eau potable, la santé humaine et la biodiversité. Par ailleurs, les effets « cocktail », liés à leur présence simultanée en grand nombre, sont encore peu connus.

— La surveillance des pollutions chimiques de l’eau
Toutes les régions hydrographiques de métropole et d’outre-mer sont couvertes par des réseaux de surveillance physico-chimiques des cours d’eau et des plans d’eau, dont la densité a sensiblement augmenté depuis les années 2000. Ces réseaux, gérés par plusieurs centaines d’intervenants aux objectifs variés, produisent des millions d’analyses physico-chimiques mises à disposition dans une base de données publique. Les résultats d’analyses couvrent une large gamme de polluants, où les pesticides sont majoritaires. Les performances analytiques des laboratoires se sont améliorées mais demeurent dispersées. Parfois, le faible nombre d’années de suivi d’un même point de surveillance limite les possibilités d’étude de tendance à long terme.

— Excès d’azote et de phosphore, deux facteurs de risque d’eutrophisation en baisse
L’eutrophisation des cours d’eau, favorisée par des excès d’azote et de phosphore, induit des pertes de biodiversité aquatique. Les progrès réalisés en matière d’assainissement des eaux usées et de gestion d’effluents d’élevage ont permis de réduire d’environ deux tiers les concentrations dans les cours d’eau et les flux à la mer d’azote ammoniacal depuis les années 2000. Dans le cas des nitrates, une légère augmentation est observée. Pour les composés phosphorés, les concentrations et les flux à la mer ont baissé environ de moitié sur la même période.

— Pesticides, de forts cumuls de pressions toxiques sur toutes les tailles de cours d’eau
Les pesticides utilisés en milieu agricole et non agricole contaminent la quasi-totalité des eaux de surfaces en France. Les principales substances présentes à des niveaux quantifiables sont les herbicides et leurs produits de dégradations en métropole, les insecticides et leurs métabolites en outre-mer. Depuis 2008, des baisses de concentration ont été observées sur plusieurs pesticides considérés individuellement. Elles ont contribué à améliorer le respect des normes de qualité environnementale à l’échelle du territoire. Pour autant, considérés en mélange au sein des prélèvements d’eau et non substance par substance, les pesticides continuent de présenter de forts cumuls de pressions toxiques sur la moitié des stations de surveillance. Aucune catégorie de cours d’eau n’est préservée.

— Autres substances dangereuses pour l’environnement : une situation dégradée sur de vastes territoires
De nombreuses substances issues de procédés de fabrication industriels ou composant des produits de la vie quotidienne ont des propriétés toxiques. Parmi elles, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les médicaments sont les plus fréquemment quantifiés dans les cours d’eau. Celles qui sont peu persistantes et non accumulables dans les organismes vivants respectent mieux leur norme de qualité. Toutefois, considérées en mélanges, ces substances dangereuses hors pesticides présentent des cumuls de pressions toxiques particulièrement élevés sur l’ensemble des cours d’eau et plans d’eau de la plupart des territoires.

Données

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