La pollution de l’air extérieur se caractérise par la présence dans l’air de gaz et de particules ayant des effets néfastes sur la santé humaine et sur l’environnement. Ces substances peuvent être rejetées directement dans l’atmosphère par des activités humaines, ainsi que par des phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques. Elles peuvent aussi se former suite à des réactions physico-chimiques entre des polluants déjà présents dans l’atmosphère. En France, la pollution de l’air est un enjeu majeur : l’exposition aux particules fines de diamètre inférieur ou égal à 2,5 µm (PM2,5) serait responsable de 7 % de la mortalité totale de la population soit près de 40 000 décès par an*.
Alors que la pollution de l’air était la principale préoccupation environnementale des Français en 2010, elle est dorénavant très largement devancée par l’enjeu climatique et les catastrophes naturelles [source : SDES, 2024]. Pour autant, 69 % des enquêtés estiment que les risques liés à la pollution atmosphérique sont élevés ou très élevés pour la population [source : IRSN, 2024].
Baisse des rejets de polluants atmosphériques
Chaque année, les rejets (ou émissions) anthropiques de divers polluants produits sur le territoire national sont estimés par secteur d’activité. Ainsi, en 2023, l’agriculture contribue pour 94 % aux émissions d’ammoniac (NH3), tandis que l’usage des bâtiments et les activités dans le secteur du résidentiel et du tertiaire sont à l’origine de 68 % des émissions de PM2,5, principalement du fait de la combustion du bois.
Part des secteurs d’activité majoritaires dans les émissions 2023 de quelques polluants
En %
Notes : estimation préliminaire des émissions 2023. L'industrie regroupe l'industrie de l'énergie, l'industrie manufacturière et la construction et le traitement centralisé des déchets ; les transports regroupent le transport routier et les autres transports (aériens, ferroviaires, fluviaux et maritimes hors transports internationaux).
Champ : France métropolitaine.
Source : Citepa, avril 2024, format Secten
Sur la période 1990-2023, les émissions ont baissé pour la majorité des polluants. Ainsi, les rejets de dioxyde de soufre (SO2) de l’industrie ont diminué de 93 %, grâce notamment à une moindre utilisation du pétrole dans la production d’électricité, à des actions d’économie d’énergie, à une meilleure efficacité énergétique et à la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles. Les rejets d’oxydes d’azote (NOx) dus aux transports ont reculé de 77 % malgré l’augmentation du trafic routier et l’accroissement du parc.
Cette tendance s’explique en grande partie par les progrès réalisés dans le secteur du transport routier tels que l’évolution des moteurs stimulée par la réglementation européenne sur les émissions des véhicules, le renouvellement du parc de véhicules ou l’équipement progressif des véhicules en pot catalytique depuis 1993. À l’inverse, les émissions de cuivre (Cu) provenant aussi des transports (usure des plaquettes de frein, usure des caténaires) ont augmenté sous l’influence de l’évolution du trafic routier sans qu’une évolution technique puisse en compenser l’effet.
En 2020, les mesures exceptionnelles de limitation des déplacements et de l’activité économique, liées à la gestion de la pandémie de Covid-19, ont amplifié les baisses déjà réalisées pour certains polluants ou ont réduit ponctuellement les émissions d’autres polluants fortement émis par les transports.
Évolution des émissions de quelques secteurs d’activité pour une sélection de polluants
En indice base 100 des émissions en 1990
(e) = estimation préliminaire.
Notes : l'industrie regroupe l'industrie de l'énergie, l'industrie manufacturière et la construction et le traitement centralisé des déchets ; les transports regroupent le transport routier et les autres transports (aériens, ferroviaires, fluviaux et maritimes hors transports internationaux).
Champ : France métropolitaine.
Source : Citepa, avril 2024, format Secten
Diminution des concentrations annuelles de polluants, sauf pour l'ozone
La qualité de l’air extérieur dépend des quantités de polluants rejetées directement dans l’air, de la formation d’autres polluants par réactions physico-chimiques entre des substances déjà présentes dans l’air, des conditions météorologiques, qui font évoluer les polluants dans l’atmosphère et favorisent leur dispersion ou leur concentration, ainsi que du transport à longue distance de polluants.
La qualité de l’air est suivie en différents points du territoire français, majoritairement dans les villes où s’observent les plus fortes concentrations de polluants auxquelles la population est susceptible d’être directement ou indirectement exposée, à proximité de sources d’émissions (trafic routier, industries), ainsi que dans des zones éloignées de ces sources (fond urbain ou rural).
Les concentrations moyennes de polluants mesurées à proximité de sources d’émissions sont supérieures à celles observées en fond urbain hormis pour l’ozone. Les concentrations moyennes d’ozone sont plus élevées en milieu rural qu’en fond urbain, compte tenu des mécanismes de formation de ce polluant. En effet, l’ozone n’a pas de source directe dans l’atmosphère et se forme exclusivement sous l’effet du rayonnement solaire lors de réactions chimiques complexes entre différents polluants, en particulier les oxydes d’azote et les composés organiques volatils. Ses teneurs dépendent des conditions météorologiques et du transport de masses d’air polluées.
Les concentrations moyennes annuelles en dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, PM10 et PM2,5 ont baissé alors que celles en ozone sont en hausse en fond urbain.
Évolution des concentrations moyennes annuelles de quelques polluants
En µg/m3
Note : la méthode de mesure des PM10 ayant évolué en 2007 afin d’être équivalente à celle définie au niveau européen, les concentrations de PM10 de la période 2000-2006 ne peuvent être comparées à celles de la période 2007-2023.
Champ : France.
Source : Geod’air, août 2024. Traitements : Ineris / LCSQA
Le pourcentage de stations de mesure où les concentrations ne respectent pas les normes réglementaires pour la protection de la santé (à respecter impérativement) a fortement diminué pour le dioxyde d’azote et les PM10. Seules les agglomérations de Paris et de Lyon présentent des dépassements réguliers de ces normes ces cinq dernières années. Le nombre de personnes exposées à ces dépassements a drastiquement diminué depuis 2018 : de 99 % en Île-de-France et de 98 % dans l’agglomération lyonnaise. En 2023, les dépassements des normes réglementaires pour la protection de la santé (à respecter impérativement) concernent en milieu urbain 2 et 5 stations de mesure respectivement pour les PM10, le dioxyde d’azote. Pour l’ozone, la norme réglementaire pour la protection de la santé (à respecter dans la mesure du possible) est dépassée pour 28 stations en fond urbain.
Évolution du pourcentage de stations de mesure pour lesquelles les concentrations ne respectent pas les normes réglementaires fixées pour la protection de la santé humaine
En %
Note : la méthode de mesure des PM10 ayant évolué en 2007 afin d’être équivalente à celle définie au niveau européen, les concentrations de PM10 de la période 2000-2006 ne peuvent de fait être comparées à celles de la période 2007-2022.
Champ : France.
Source : Geod’air, août 2024. Traitements : Ineris / LCSQA ; SDES
Des efforts financiers réalisés pour réduire nos émissions polluantes
En 2022, les moyens financiers mobilisés pour la protection de la qualité de l’air extérieur sont évalués à 7,6 milliards d’euros. De 2000 à 2016, la dépense augmente à un rythme annuel de 3 % en valeur, dans un contexte de mise en place du bonus automobile en 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement.
De 2016 à 2021, l’augmentation annuelle de la dépense est plus significative (+ 24 %) en lien avec celle des achats de véhicules faiblement émetteurs (véhicules électriques et hybrides rechargeables). En comparaison, l’évolution du PIB est de 2,9 % par an sur la même période.
Entre 2021 et 2022, la dépense de protection de l’air n’augmente que de 1,1 %, alors que le PIB croît de 5,9 %. Cette faible hausse s’explique par une baisse des ventes de véhicule hybrides rechargeables (- 10 %) dont le surcoût environnemental moyen est très élevé*.
Les administrations publiques financent 26 % de la dépense, notamment au travers d’aides de l’État pour l’acquisition des véhicules faiblement émetteurs (bonus à l’achat de voitures électriques ou hybrides rechargeables) et de chaudières à condensation. Les entreprises prennent à leur charge 54 % de la dépense et les ménages 20 %. Dans les deux cas, cela couvre la part du surcoût liée à l’achat de véhicules faiblement émetteurs non couverte par les aides de l’État, mais aussi l’installation d’équipements de filtration des fumées d’usines, l’achat de chaudières à condensation ou la partie pollution du contrôle technique des véhicules.
* Dans le cas spécifique des produits, comme les voitures « propres », dont l'objectif principal n'est pas environnemental (ici il s'agit de se transporter), mais dont les conditions d'utilisation sont meilleures pour l'environnement (pas d'émissions dans l'atmosphère), la dépense environnementale prise en compte correspond à la différence de prix (surcoût) entre celui du bien meilleur pour l'environnement (voiture électrique ou hybride rechargeable) et celui du bien « standard » équivalent (voiture thermique).
Évolution du financement de la dépense de protection de l’air extérieur
En millions d’euros courants
Champ : France.
Source : Compte satellite de l’environnement, SDES, 2024
Données
Données associées à l'article sous forme de tableaux et graphiques.
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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