La pollution des eaux superficielles et souterraines en France - Synthèse des connaissances en 2022

Environnement
Publié le 12/12/2022
Les milieux aquatiques font l’objet de multiples pressions liées aux activités humaines, agricoles, industrielles et domestiques. En 2019, 43,1 % (contre 41,4 % en 2010) des masses d’eau superficielle françaises affichaient un bon ou très bon état écologique. 66,9 % des masses d’eau superficielle et 70,7 % des masses d’eau souterraine présentaient un bon état chimique (contre 51,2 % et 58,9 % en 2010). Même si la situation s’améliore, la pollution des eaux de surface et souterraine induit d’importants coûts de prévention, de protection et de restauration, pour assurer la pérennité des usages et en premier lieu, la production d’eau destinée à la consommation humaine.

Pesticides et qualité des eaux de surfaces et souterraines

En 2020, les ventes de produits phytopharmaceutiques (ou pesticides) s’élèvent à plus de 65 000 tonnes de substances actives. Plus de 95 % sont destinées à un usage agricole, faisant de la France le deuxième utilisateur de pesticides en Europe et le huitième rapporté à l’hectare. Sur la période 2018-2020,19 départements totalisent plus de la moitié de la quantité de substances actives achetées, et en premier lieu, la Gironde suivie de la Marne, de la Somme, du Pas-de-Calais et de l’Hérault.

La surveillance de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines met en évidence une présence de pesticides dans la plupart des sous-bassins. Les concentrations les plus élevées sont mesurées dans les zones de grandes cultures, d’arboriculture et de viticulture. Seuls les territoires montagneux ou constitués de surfaces agricoles moins traitées, telles que les prairies permanentes, sont moins exposés à ces contaminations.

 

Les achats de substances actives en moyenne triennale par département, sur la période 2018-2020

© SDES

Note : les quantités de substances actives enregistrées sous forme de bilan de vente ne sont pas prises en compte (soit 2 962 t de substances non prises en compte sur les 65 869 t de substances vendues au total en 2020). De plus, les codes postaux de 274 t de substances achetées n’ont pas été renseignés.
Source : Banque nationale de données des ventes des distributeurs de produits phytosanitaires (BNV-D), données de 2018-2019 au code postal acheteur extraites le 26 novembre 2020 et données 2020 extraites le 25 novembre 2021.
Traitements : OFB, 2021 et SDES, 2022.

 

Taux de stations dont l’IPTC-pesticides dépasse 1 sur la période 2018-2020

© SDES

 Note : le cumul des pressions toxiques exercées par les pesticides est considéré comme élevé lorsque l’IPTC (indice des pressions toxiques cumulées) dépasse 1.
Champ : cours d'eau et plans d'eau.
Sources : Eaufrance ; Ineris. Traitements : SDES, 2022.

 

Pour un pesticide considéré individuellement, un risque de toxicité pour l’écosystème apparaît lorsque sa concentration dans l’eau dépasse sa concentration sans effet prévisible sur l’environnement (PNEC) ou sa norme de qualité environnementale (NQE), c’est-à-dire quand son quotient de danger « concentration / (PNEC ou NQE) » dépasse 1. L’indice des pressions toxiques cumulées (IPTC) mesure l’intensité des pressions toxiques qu’un mélange de pesticides exerce sur les organismes aquatiques. Il est calculé comme la somme des quotients de danger de chaque pesticide présent en mélange dans un échantillon d’eau. Les pressions toxiques cumulées sont considérées comme « fortes » lorsque l’indice dépasse 1, car la survenue d’effets néfastes sur l’environnement est soit hautement probable, soit possible mais à confirmer par une expertise complète ; inversement, le cumul des pressions peut être considéré comme « faible » quand l’indice est compris entre 0 et 1.
Sur la période 2018-2020, près d’une station sur deux présente un IPTC supérieur à 1 à l’échelle de la métropole, les situations les plus dégradées étant observées sur la moitié nord.

D'autres substances dangeureuses dégradent la qualité des eaux

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques figurent parmi les autres substances dangereuses qui dégradent le plus les eaux superficielles (indéno-pyrène, benzo-fluoranthène, etc.). Ces molécules proviennent de produits pétroliers utilisés sur tout le territoire, comme ceux présents dans les revêtements des routes ; elles sont également émises à grande échelle dans les suies de fumées des véhicules roulant au diesel et à l'essence, des chaudières au fioul et/ou au bois. Dans les eaux souterraines, les composés organiques volatils comme le trichloréthylène, le perchloréthylène ou le tétrachloréthylène, sont, après les nitrates et les pesticides, la troisième source de dégradation ; ces substances sont utilisées comme solvants par les industries chimiques et mécaniques et pour le nettoyage à sec des textiles.

Évolution de la quantité de nitrates et de phosphates

Les milieux aquatiques accumulent les surplus résultant de la fertilisation minérale et organique des cultures. Après avoir beaucoup augmenté entre les années 1970 et 1990, la quantité totale d’azote vendue, ramenée à l’ensemble des surfaces fertilisables, a fluctué autour de 85 kg par hectare de surface fertilisable entre le début des années 1990 et la fin des années 2010 (contre 57 kg pour la campagne 1972-1973). Depuis la campagne 2018/2019, la tendance est à la baisse avec une quantité qui passe en dessous des 70 kg par ha (kg/ha) fertilisable (69 kg lors de la campagne 2020-2021). Les plans d’aide aux agriculteurs, les actions mises en œuvre dans les zones vulnérables et les mesures visant à mieux valoriser les effluents d’élevage (modernisation des bâtiments, plans d’épandage) permettent progressivement de lutter contre le lessivage des nitrates. Pour autant, les teneurs en nitrates sont en légère augmentation (8 %) dans les eaux de surface entre 2000 et 2020.

 

Tendance d’évolution des teneurs en nitrates dans les cours d’eau en métropole, de 2000 à 2020

En mg/L

© SDES

 Note : la concentration moyenne, exprimée en mg d’azote/litre, augmente de 8 % entre 2000 et 2020. Les points représentent la concentration moyenne mensuelle à l’échelle du territoire, les lignes rouges représentent la tendance de long terme et son intervalle de confiance à 95 %.
Champ : cours d'eau et plans d'eau.
Sources : Eaufrance ; Ineris.
Traitements : SDES, 2022.

 

Entre les campagnes 1972-1973 et 2018-2019, l’utilisation des engrais phosphatés a été divisée par 4, pour atteindre 7,4 kg/ha en 2018.

D’importants investissements ont par ailleurs été réalisés pour la rénovation des stations d’épuration urbaines. Ces mises aux normes et l’interdiction des phosphates dans les lessives ont été rapidement suivies d’effets : les teneurs en phosphates ont été divisées par 2 dans les cours d’eau en quinze ans.

La baisse de la teneur en phosphates dans les eaux de surface est plus marquée que celle des nitrates. La concentration moyenne diminue ainsi de 37 % entre 2000 et 2019.


Tendance d’évolution des phosphates dans les cours d’eau en métropole, de 2000 à 2020

En mg/L

© SDES

 Note : la concentration moyenne, exprimée en mg de phosphore/litre, baisse de 50 % entre 2000 et 2020. Les points représentent la concentration moyenne mensuelle à l’échelle du territoire, les lignes rouges représentent la tendance de long terme et son intervalle de confiance à 95 %.
Champ : cours d'eau et plans d'eau.
Sources : Eaufrance ; Ineris.
Traitements : SDES, 2022.

 

Entre les campagnes 1972-1973 et 2020-2021, l’utilisation des engrais phosphatés a été divisée par 4, pour atteindre 7,2 kg/ha lors de la campagne 2020/2021. D’importants investissements ont par ailleurs été réalisés pour la rénovation des stations d’épuration urbaines. Ces mises aux normes et l’interdiction des phosphates dans les lessives ont été rapidement suivies d’effets : les teneurs en phosphates ont été divisées par 2 dans les cours d’eau en quinze ans. La baisse de la teneur en phosphates dans les eaux de surface est plus marquée que celle des nitrates. La concentration moyenne diminue ainsi de 50 % entre 2000 et 2020.

La dégradation de la qualité de l'eau, première cause de fermeture des captages

En 2022, l’alimentation en eau potable de la population française est assurée par près de 37 700 captages ou ouvrages de prélèvement dans les eaux souterraines. Chaque année, ce patrimoine se réduit du fait de l’abandon de certains équipements. Ainsi, sur la période 1980-2021, 12 600 captages d’eau potable ont été fermés.

La première cause d’abandon sur cette période incombe à la dégradation de la qualité de la ressource en eau (32,9 % des situations). Les autres motifs concernent la rationalisation des réseaux de production et de distribution (24,4 %), des problématiques administratives (14,4 %), des débits de production trop faibles (9,2 %), des dégradations trop importantes des équipements (9,4 %) ou l’impossibilité d’assurer la protection de la ressource (5,7 %). La cause de l’abandon n’est pas connue pour 4 % des cas.

Parmi les captages abandonnés en raison de la dégradation de la qualité de la ressource, 40,7 % le sont du fait de teneurs excessives en nitrates et/ou pesticides, 24,1 % pour des raisons de microbiologie, 7,6 % du fait de présence d’arsenic, 6,6 % pour des excès de turbidité de l’eau et 20,2 % à cause d’autres paramètres en excès (hydrocarbures, sulfates, solvants, fer, manganèse, sélénium, fluorures et fluor, etc.).

 

Évolution du nombre de captages d’alimentation en eau potable fermés sur la période 1980-2021 et leurs principaux motifs d’abandon
En nombre de captages

© SDES

Champ : France métropolitaine. Eaux souterraines.
Source : Système d’information sur l’eau. Traitements : SDES, 2022.

L’assainissement des eaux usées : le premier poste de dépenses pour lutter contre la pollution de l’eau

Les ménages, les entreprises et les administrations publiques financent de nombreuses actions pour lutter contre la pollution des eaux superficielles et souterraines en France. L’assainissement des eaux usées, la prévention et la surveillance des pollutions des sols et des masses d’eaux ou la dépollution des sites et sols pollués sont des actions directement engagées pour éviter ou réduire cette pression. En 2020, ce sont ainsi 15,4 milliards d’euros qui ont été consacrés à ces objectifs (hors eaux marines). L’assainissement des eaux usées représente le principal poste de dépenses pour lutter contre la pollution des masses d’eau en France (86 % du total).

 

Évolution des dépenses engagées pour lutter contre les pollutions des eaux superficielles et souterraines (hors eaux marines)
En milliards d’euros courants

© SDES

Note : par rapport à l'édition précédente, les montants des dépenses de protection de l'environnement ont été révisés à la baisse en avril 2023, sur la période 2000-2020, à la suite d'une réévaluation des dépenses dans les domaines de la gestion des déchets et des eaux usées.
Champ : France.
Source : Compte satellite de l'environnement, 2022. Traitements : SDES, 2022.

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Fiches thématiques pour dresser le bilan environnemental de la France

Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2022 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.

Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.

Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.

Consulter le Bilan environnemental de la France - Édition 2022

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