Pas d’amélioration de la qualité des eaux en nitrates
Les milieux aquatiques accumulent les surplus résultant de la fertilisation minérale et organique des cultures. Après avoir beaucoup augmenté entre les années 1970 et 1990, la quantité totale d’azote vendue, ramenée à l’ensemble des surfaces fertilisables, a fluctué autour de 85 kg par hectare de surface fertilisable (kg/ha) entre le début des années 1990 et la fin des années 2010 (contre 57 kg/ha pour la campagne 1972-1973). Depuis la campagne 2018/2019, la tendance est à la baisse avec une quantité qui passe en dessous des 70 kg/ha (69 kg/ha lors de la campagne 2020-2021). Les plans d’aide aux agriculteurs, les actions mises en œuvre dans les zones vulnérables et les mesures visant à mieux valoriser les effluents d’élevage (modernisation des bâtiments, plans d’épandage) permettent progressivement de lutter contre le lessivage des nitrates.
Les nitrates sont, avec les pesticides, les polluants les plus détectés dans les eaux souterraines de l’hexagone. Sur la période 2000-2021, leurs concentrations dans les masses d’eau les plus proches de la surface sont stables. Les légères fluctuations interannuelles pouvant être observées sont en partie liées à la pluviométrie, les précipitations favorisant le lessivage des nitrates stockés dans les sols. La contamination des eaux souterraines par les nitrates présente toutefois de fortes disparités territoriales, la moitié sud de la France métropolitaine étant globalement moins affectée par le phénomène. Ainsi, pour les bassins Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Artois-Picardie et Seine-Normandie, près de 22 % des masses d’eau les plus proches de la surface présentent une concentration moyenne en nitrates supérieure à 40 mg/litre contre 7 % dans la moitié sud (Corse, Adour-Garonne, Rhône-Méditerranée).
Entre 2000 et 2020, les teneurs en nitrates sont en légère augmentation (8 %) dans les eaux de surface.
Évolution de l'indice nitrate dans les eaux souterraines de France métropolitaine
Indice base 100 en 2000
Champ : France métropolitaine ; réseau de surveillance RCS/RCO/AEP ; seules les stations de surveillance des masses d'eau les plus proches de la surface sont prises en compte dans ce calcul.
Source : système d'informations sur l'eau, base de données ADES. Traitements : SDES, 2023
Deux fois moins de phosphore total depuis 2000 dans les eaux de surface
Entre les campagnes 1972-1973 et 2020-2021, l’utilisation des engrais phosphatés a été divisée par 4, pour atteindre 7,2 kg/ha lors de la campagne 2020/2021. D’importants investissements ont par ailleurs été réalisés pour la rénovation des stations d’épuration urbaines. Ces mises aux normes et l’interdiction des phosphates dans les lessives ont été rapidement suivies d’effets : les teneurs en phosphates ont été divisées par 2 dans les cours d’eau en quinze ans. La concentration moyenne diminue ainsi de 50 % entre 2000 et 2020.
Plus d'herbicides en France métropolitaine et d'insecticides en outre-mer
En 2021, les ventes de produits phytopharmaceutiques (ou pesticides) s’élèvent à près de 67 000 tonnes de substances actives. Plus de 95 % sont destinées à un usage agricole, faisant de la France le deuxième utilisateur de pesticides en Europe et le huitième rapporté à l’hectare.
Sur la période 2020-2021,19 départements totalisent plus de la moitié de la quantité de substances actives achetées, et en premier lieu, la Gironde suivie de la Marne, de la Somme, du Pas-de-Calais et de la Charente-Maritime. La surveillance de la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines met en évidence une présence de pesticides dans la plupart des sous-bassins. Les concentrations les plus élevées sont mesurées dans les zones de grandes cultures, d’arboriculture et de viticulture. Seuls les territoires montagneux ou constitués de surfaces agricoles moins traitées, telles que les prairies permanentes, sont moins exposés à ces contaminations.
L’indice des pressions toxiques cumulées (IPTC) mesure l’intensité des pressions toxiques qu’un mélange de pesticides exerce sur les organismes aquatiques. Les pressions toxiques cumulées sont considérées comme « fortes » lorsque l’indice dépasse 1, car la survenue d’effets néfastes sur l’environnement est soit hautement probable, soit possible mais à confirmer par une expertise complète ; inversement, le cumul des pressions peut être considéré comme « faible » quand l’indice est compris entre 0 et 1.
Sur la période 2019-2021, les situations les plus dégradées sont observées sur la moitié nord de l’hexagone et en Martinique.
Les achats de substances actives en moyenne triennale par département sur la période 2020-2021
Notes : les quantités de substances actives enregistrées sous forme de bilan de vente ne sont pas prises en compte (soit 2 0182 t de substances non prises en compte sur les 69 080 t de substances vendues au total en 2021). De plus, les codes postaux de 638 t de substances achetées n’ont pas été renseignés.
Source : Banque nationale des ventes par les distributeurs, données de 2015 à 2021 au code postal acheteur, extraites de 2015 à 2019 le 26/11/2020 et de 2020 à 2021 le 17/10/2022. Traitements : OFB, 2022 et SDES, 2023
Taux de stations dont l’IPTC-pesticides dépasse 1 sur la période 2019-2021
Note : le cumul des pressions toxiques exercées par les pesticides est considéré comme élevé lorsque l’IPTC (indice des pressions toxiques cumulées) dépasse 1. Résultats provisoires.
Champ : cours d'eau et plans d'eau.
Sources : Eaufrance ; Ineris. Traitements : SDES, 2023
Les eaux souterraines sont également affectées par les pesticides que ce soit en France métropolitaine ou dans les DROM. Les territoires ultramarins sont principalement confrontés à la fois aux insecticides et herbicides. En France métropolitaine, ce sont principalement des herbicides avec leurs métabolites qui sont retrouvés dans les différentes masses d’eau souterraines.
Sur les 782 pesticides surveillés en France métropolitaine sur la période 2019-2021, 588 ont été quantifiés au moins une fois dans les eaux souterraines.
Dans les DROM, sur cette même période, sur les 689 pesticides, 160 ont été quantifiés au moins une fois. Parmi les pesticides les plus quantifiés, aussi bien en France métropolitaine que dans les DROM, on retrouve des substances (et leurs métabolites) interdites depuis plusieurs années comme l’Atrazine interdit depuis 2003 mais massivement utilisé pendant 40 ans.
Top 15 des pesticides et de leurs métabolites les plus quantifiés dans les eaux souterraines de France métropolitaine sur la période 2019-2021
En %
Note : en bleu, métabolite ; en vert, substance mère herbicide ; en jaune, substance mère fongicide.
Champ : France métropolitaine ; réseau de surveillance RCS/RCO/AEP ; seules les stations de surveillance des masses d'eau les plus proches de la surface sont prises en compte dans ce calcul ; seules les substances présentant un taux de recherche supérieur à 80 % sont retenues.
Source : système d'informations sur l'eau, base de données ADES. Traitements : SDES, 2023
Top 15 des pesticides et de leurs métabolites les plus quantifiés dans les eaux souterraines des DROM sur la période 2019-2021
En %
Note : en bleu, métabolite ; en vert, substance mère herbicide ; en jaune, substance mère fongicide ; en orange, substance mère insecticide.
Champ : DROM ; réseau de surveillance RCS/RCO/AEP ; seules les stations de surveillance des masses d'eau les plus proches de la surface sont prises en compte dans ce calcul ; seules les substances présentant un taux de recherche supérieur à 80 % sont retenues.
Source : système d'informations sur l'eau, base de données ADES. Traitements : SDES, 2023
La surveillance des eaux souterraines porte également sur les micropolluants autres que les pesticides. Les progrès de la métrologie permettent notamment de suivre quelques PFAS (per- et polyfluoroalkylées) et substances pharmaceutiques. Les analyses conduites sur la période 2019-2021 révèlent également leur présence dans les eaux souterraines.
Nombre de substances suivies et quantifiées sur la période 2019-2021 dans les eaux souterraines en France par groupe de substances
Champ : France métropolitaine ; réseau de surveillance RCS/RCO/AEP ; seules les stations de surveillance des masses d'eau les plus proches de la surface sont prises en compte dans ce calcul.
Source : système d'informations sur l'eau, base de données ADES. Traitements : SDES, 2023
Dégradation de la qualité de la ressource en eau et fermeture de captages
En 2023, l’alimentation en eau potable de la population française est assurée par près de 37 600 captages, dont 36 000 ouvrages de prélèvement dans les eaux souterraines. Chaque année, ce patrimoine se réduit du fait de l’abandon de certains équipements. Ainsi, sur la période 1980-2022, environ 13 000 captages d’eau potable ont été fermés.
La première cause d’abandon sur cette période incombe à la dégradation de la qualité de la ressource en eau (32,3 % des situations). Les autres motifs concernent la rationalisation des réseaux de production et de distribution (24,4 %), des problématiques administratives (14,5 %), des débits de production trop faibles (9,1 %), des dégradations trop importantes des équipements (9,4 %) ou l’impossibilité d’assurer la protection de la ressource (5,7 %). La cause de l’abandon n’est pas connue pour 4,6 % des cas.
Parmi les captages abandonnés en raison de la dégradation de la qualité de la ressource, 40,8 % le sont du fait de teneurs excessives en nitrates et/ou pesticides, 24,1 % pour des raisons de microbiologie, 7,6 % du fait de présence d’arsenic, 6,6 % pour des excès de turbidité de l’eau et 20,9 % à cause d’autres paramètres en excès (hydrocarbures, sulfates, solvants, fer, manganèse, sélénium, fluorures et fluor, etc.).
Évolution du nombre de captages d’alimentation en eau potable fermés sur la période 1980-2022 et leurs principaux motifs d’abandon
En nombre de captages
Champ : France métropolitaine. Eaux souterraines.
Source : Système d’information sur l’eau. Traitements : SDES, 2023
Assainissement des eaux usées : 1er poste de dépenses contre la pollution
En France, un large éventail de mesures est financé par les acteurs économiques (ménages, entreprises, administrations publiques, associations) pour lutter contre la pollution des eaux, qu’elles soient de surface ou souterraines. L’assainissement des eaux usées, la prévention et la surveillance des pollutions des sols et des masses d’eaux, ainsi que la dépollution des sites et sols pollués, sont autant d’initiatives visant directement à éviter ou réduire cette pression sur les milieux naturels. En 2021, un montant de 16,3 milliards d’euros a été alloué à ces objectifs, excluant la protection des eaux marines. L’assainissement des eaux usées apparait comme le principal domaine de dépenses dans la lutte contre la pollution des eaux en France, représentant 86 % du montant total alloué à cette cause.
Après la crise sanitaire de 2020, les moyens financiers déployés pour lutter contre la pollution des eaux ont augmenté de 6 %. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des dépenses dans les secteurs de l’assainissement et de la dépollution.
Évolution des dépenses engagées pour lutter contre les pollutions des eaux superficielles et souterraines (hors eaux marines)
En milliards d’euros courants
Note : les données excluent les dépenses consacrées à la surveillance et à la dépollution des eaux marines, à l'exception des efforts déployés pour lutter contre la prolifération des algues vertes, ainsi que les dépenses associées à la connaissance et la surveillance des sols.
Champ : France.
Source : SDES, Compte satellite de l'environnement, 2023
Données
Données associées à l'article
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2023 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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