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La pollution lumineuse en France en 2023

Environnement
Publié le 10/10/2025
En 2023, 72 % de la partie terrestre de la France hexagonale est exposée à un niveau élevé de pollution lumineuse en cœur de nuit. Bien qu’importante, cette valeur est en baisse de 19 % par rapport à 2014 notamment grâce à la mise en place d’une réglementation renforcée depuis 2018 ainsi qu’aux efforts d’économie d’énergie réalisés par les collectivités, les entreprises et les citoyens depuis la crise énergétique de 2021.

72 % du territoire hexagonal concerné par la pollution lumineuse

En 2023, 72 % de la partie terrestre du territoire hexagonal est exposée en cœur de nuit. L’axe rhodanien, les contours littoraux et les abords des grandes métropoles sont les territoires les plus exposés.

Au niveau régional, le territoire de l’Île-de-France est totalement exposé à un niveau élevé de pollution lumineuse tandis que la Corse présente le niveau le plus faible avec seulement 55 % de la surface de l’île exposée.


Exposition de la France hexagonale à la pollution lumineuse en cœur de nuit en 2023

© OFB, SDES

Champ : France entière.
Source : DarkSkyLab, 2025

Une situation très contrastée dans les territoires ultramarins

Caractérisés par une forte densité urbaine, les petits territoires insulaires ultramarins présentent des niveaux de pollution lumineuse globalement plus élevés que l’Hexagone : c’est le cas pour Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Martinique, la Guadeloupe, Mayotte et La Réunion.

À l’inverse, occupée majoritairement par la forêt amazonienne, seuls 2 % de la Guyane sont concernés par un niveau élevé de pollution lumineuse : essentiellement sur le littoral et les centres urbains comme Cayenne, Saint-Laurent-du-Maroni et Kourou.

Si certains territoires ultramarins présentent un faible niveau d’exposition, certaines pollutions lumineuses ponctuelles peuvent être fortement préjudiciable pour l’environnement.

Ainsi, en 2023, en Nouvelle-Calédonie, 17 % du territoire sont exposés à un niveau élevé à très élevé de pollution lumineuse. Cette pression s’exerce principalement sur les pôles urbains comme le Grand Nouméa, la bande littorale ainsi que les complexes industriels et miniers du Nord et du Sud du territoire. Leur incidence affecte les écosystèmes de proximité particulièrement sensibles comme les mangroves, les récifs côtiers ou encore les forêts sèches.


Exposition de la France ultramarine à la pollution lumineuse en cœur de nuit en 2023

© OFB, SDES

Champ : France ultramarine.
Source : DarkSkyLab, 2025

Une baisse significative de la pollution lumineuse en cœur de nuit depuis 2014

Entre 2014 et 2023, l’exposition à un niveau élevé de pollution lumineuse a diminué de 19 % en France hexagonale. Seule l’Île-de-France a conservé le même niveau de pollution lumineuse sur cette période. Cette baisse globale s‘explique par l’évolution du cadre législatif et réglementaire plus contraignant et par les économies d’énergie mises en place suite à la crise énergétique de 2021.


Évolution de la part des territoires exposés à la pollution lumineuse depuis 2014

© OFB, SDES

Champ : France hexagonale.
Source : DarkSkyLab, 2025

Depuis le début des relevés en 2014, les cinq départements et régions d’outre-mer ont conservé le même niveau de pollution lumineuse (sur la Guyane, seule la frange littorale est étudiée). Sur trois territoires de l’outre-mer (Wallis-et-Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon et la Nouvelle-Calédonie), une dégradation de la qualité du ciel est même observée. La dégradation la plus notable est observée à Wallis-et-Futuna où la part de territoire exposée à une pollution lumineuse élevée et très élevée est passée de 20 % à 54 % entre 2014 et 2023.

80 % du territoire hexagonal touché par la pollution en extrémités de nuit

De nombreuses espèces sont plus actives à l’aube et au crépuscule (chauves-souris, insectes, rapaces nocturnes, etc.). Réduire la pollution lumineuse en extrémités de nuit demeure un enjeu majeur puisque la réglementation actuelle impose uniquement une extinction en cœur de nuit des enseignes, panneaux publicitaires et bâtiments professionnels.

En 2023, l’exposition à la pollution lumineuse en extrémités de nuit demeure plus élevée qu’en cœur de nuit : elle concerne 80 % de l’Hexagone.


Exposition de la France hexagonale à la pollution lumineuse aux extrémités de nuit en 2023
En %

© OFB, SDES

Champ : France hexagonale.
Source : DarkSkyLab, 2025

35 % des communes de l’Hexagone pratiquent l’extinction totale en cœur de nuit

En 2025, sur l’ensemble des communes de l’Hexagone, 35 % des communes pratiquent l’extinction totale de leur dispositif d’éclairage public. Parmi ces communes, 30 % ont pris cette mesure en réponse à la crise énergétique de 2021.

La pratique de l’extinction est plus facile à mettre en place pour les petites communes : plus de la moitié des communes comptant entre 1 000 et 5 000 habitants se sont inscrites dans cette démarche contre seulement 23 % des villes de plus de 40 000 habitants.   


Communes pratiquant l’extinction totale depuis 2014


Champ : France hexagonale   Sources : Cerema ; DarkSkyLab, 2025

50 procédures de trames noires en France en 2024

Pour éviter la fragmentation des habitats naturels provoquée par la lumière artificielle nocturne et protéger la biodiversité (en favorisant les déplacements des espèces nocturnes, mais également le repos des espèces diurnes), le réseau de trames noires se développe sur les territoires afin de prendre en compte la biodiversité dans les différents projets d’aménagement.  

En 2025, portés par l’OFB et le Cerema, 50 territoires se sont lancés dans l’élaboration de leur trame noire à des échelles variées, de la commune (Thionville) aux grandes agglomérations (Poitiers) en passant par les parcs nationaux (Pyrénées) ou encore le groupement des parcs naturels régionaux du Massif central.  

En complément de ce réseau, l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN) attribue aux communes le label « Villes et Villages étoilés ». Ce label, valide cinq ans à compter de son attribution, distingue les communes s’étant engagées à améliorer la qualité de la nuit par les pratiques d’extinction totale en cœur de nuit, de gestion de l’éclairage public ou encore de la mise en place d’actions de sensibilisation auprès du grand public sur la qualité du ciel nocturne. En 2025, 1 062 communes bénéficient de ce label sur la période de validité 2019-2025.    


Communes bénéficiant du label « Villes et villages étoilés »


Champ : France.   Source : ANPCEN, 2025


Au niveau international, Dark-Sky Association (IDA) attribue le label « Réserves internationales de ciel étoilé » (RICE) pour des territoires ayant un ciel nocturne exceptionnel associé à la mise en place de mesures de protection. À l’échelle internationale, il existe 22 RICE en 2025. Parmi elles, sept sont localisées en France : le Pic du Midi de Bigorre, le parc national de Cévennes, la réserve Alpes Azur Mercantour, le Parc naturel régional de Millevaches, le Parc naturel régional du Vercors, le Parc naturel régional du Morvan et le Parc naturel régional des Landes de Gascogne.

Auteur : Anthony COULMIN, SDES

Définition

La pollution lumineuse désigne toute émission de lumière artificielle nocturne qui altère l’environnement naturel, provoque des nuisances pour les êtres vivants, entraîne un gaspillage énergétique ou empêche l’observation du ciel étoilé. D’un point de vue environnemental, elle constitue une menace importante pour de nombreuses espèces animales et végétales en perturbant leur cycle de vie, fragmentant leur habitat, impactant leur mobilité et leur comportement dans la reproduction, etc. C’est, par exemple, le cas chez les insectes, où la lumière artificielle représente la seconde cause d’extinction après les pesticides.

Méthodologie

L’indicateur pollution lumineuse est élaboré dans le cadre de l’Observatoire national de la biodiversité par Dark Sky Lab (DSL) avec l'appui de l'Office français de la biodiversité (OFB) et du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère en charge de l’écologie. Il évalue la part du territoire national fortement exposé à la pollution lumineuse, à partir de l’étude du phénomène de diffusion de la lumière dans l'atmosphère, révélée par l’imagerie satellite.

Les images proviennent du détecteur VIIRS-DNB intégré dans le satellite Suomi NPP et opéré par le NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) depuis 2014. Ces images, dont le pixel couvre une zone de 500 mètres, sont traitées pour en réduire le bruit (présence de nuages, d’aérosol ou d’humidité dans l’atmosphère), puis converties en une base de données de radiances géolocalisées qui permet de caractériser les sources de lumière visibles depuis l'espace. À partir d’une estimation de l'effet de diffusion de la lumière dans l'atmosphère, ces données permettent de produire une carte de pollution lumineuse. Celle-ci représente les niveaux de luminosité nocturne moyens sur une année sur une échelle continue graduée en magnitude par seconde d'arc au carré (mag/arcsec2). Pour le calcul de l'indicateur, cette échelle continue est réduite à trois classes de luminosité représentant trois niveaux de pression de la lumière sur l'environnement nocturne : impact très fort, impact fort, impact relativement limité. L’indicateur « cœur de nuit » est calculé à partir des images prises vers 01h30 du matin.

L’indicateur « extrémités de nuit » est construit de la même manière si ce n’est que les données de radiance satellite utilisées en entrée sont complétées par celles sur lesquelles une extinction ou une diminution de puissance est détectée grâce aux données du Cerema.   

Pour le suivi de la pratique des communes en matière d’éclairage nocturne, le Cerema, appuyé de Dark Sky Lab (DSL), a exploité l’imagerie satellite VIIRS de la Nasa recueillie entre 2014 et 2024.

Pour en savoir plus : accéder au document méthode « Mise à jour et extension de l’indicateur national de suivi de la pollution lumineuse ».

Données

Données associées à l'article sous forme de tableaux et cartes.

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