La production de déchets en France et en Europe
En 2022, la France a produit 345 millions de tonnes (Mt) de déchets, contre 355 Mt en 2010. Cela représente 5,1 tonnes de déchets par habitant, niveau proche de la moyenne européenne.
Les 10 principaux pays européens producteurs de déchets en 2022
Source : Eurostat, mai 2024
Ces déchets sont répartis en trois catégories. Les déchets minéraux, dont le tonnage s’élève à 240 Mt, sont constitués en quasi-totalité de déchets provenant du secteur de la construction. Les déchets dangereux, nécessitant des installations de traitement spécifiques et présentant un risque pour la santé humaine et l’environnement, pèsent 11 Mt. Les déchets non minéraux non dangereux, dont la production atteint 94 Mt, recouvrent les déchets produits par tous les secteurs d’activité (agriculture, industrie, secteur tertiaire) et les ménages. La quantité de déchets ménagers s’élève à 34,7 Mt, soit 10 % des déchets totaux produits en France.
Production de déchets en France en 2022
En milliers de tonnes
Source : SDES, 2024
L’évolution du recyclage en France
La France s’est fixée comme objectif de porter le taux de recyclage des déchets non minéraux non dangereux à 55 % en 2020 et 65 % en 2025. En 2020, 43 % de ces déchets avaient été recyclés, ils sont 46 % en 2022, ce qui ne permet toujours pas d’atteindre la cible. Parallèlement, 32 % des déchets dangereux et 55 % des déchets minéraux ont été recyclés. Tous déchets confondus, le taux de recyclage est de 52 % (recyclage matière et organique), contre 48 % en 2010.
Traitement par type de déchets en 2022
En %
Source : SDES, 2024
Concernant les déchets du bâtiment, l’Ademe estime que les déchets non dangereux sont actuellement valorisés à hauteur de 69 % : 29 % sont utilisés en remblaiement de carrière, 38 % sont recyclés et 2 % sont valorisés énergétiquement. Le taux de valorisation matières des déchets du bâtiment est ainsi de 67 %, proche de l’objectif réglementaire de 70 % pour 2020 fixé pour l’ensemble de la filière BTP (article L.541-1 du Code de l’environnement).
Les collectivités locales développent la collecte sélective des déchets ménagers et assimilés (porte-à-porte, conteneurs d’apports volontaires et déchèteries) et le nombre de filières à responsabilité élargie du producteur est en forte croissance, ce qui permet un meilleur traitement des déchets municipaux. Ainsi, entre 2016 et 2022, le taux de recyclage matières et organique de ces déchets est passé de 39,7 % à 43,2 %. Dans le même temps, la mise en décharge décroît régulièrement, passant de 28,6 % à 24,3 % des tonnages.
Traitement des déchets municipaux
En millions de tonnes
Note : les déchets municipaux comprennent les déchets ménagers et assimilés, hors déblais et gravats, collectés par le service public de gestion des déchets, les déchets ménagers collectés par d’autres canaux (retour distributeurs, bornes de collecte…) ainsi que les biodéchets compostés à domicile.
Source : Ademe, enquêtes collecte et traitement, filières REP. Traitements : SDES, 2024
Les filières REP
Cette tendance vers une meilleure valorisation des déchets est favorisée par la structuration de filières spécialisées, dites de « responsabilité élargie du producteur » (REP), qui organisent la gestion de certains flux de déchets.
Fin 2022, 18 filières spécialisées étaient en fonction pour des flux de déchets spécifiques en raison de leur quantité ou de leur dangerosité (emballages ménagers, véhicules hors d’usage, équipements électriques et électroniques, ameublement, etc.). En 2022, 10,1 Mt ont ainsi été collectées à destination du recyclage sous la responsabilité des éco-organismes concernés. Ce dispositif est financé par les contributions perçues par les éco-organismes (1,9 milliard d’euros (Md€), dont 826 millions d’euros reversés aux collectivités locales pour l’organisation de la collecte).
Grâce à la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi « AGEC ») ce dispositif est en plein essor : d’ici 2025, 25 filières REP devraient être mises en place. En 2022, les filières pour les lubrifiants, bricolage et jardin, sports et loisirs et jouets ont vu le jour. Le 1er janvier 2023, ce fut celle relative aux produits et matériaux de construction (PMCB). Six nouvelles filières REP sont tout juste lancées ou en préparation : emballages de la restauration, gommes à mâcher, textiles sanitaires (2024), engins de pêche avec plastique, emballages industriels et commerciaux, aides techniques (2025).
Concernant les déchets du bâtiment, la filière PMCB devra gérer des tonnages très importants (plus de 40 Mt/an). L’instauration de cette filière devrait entraîner la diminution des dépôts sauvages, composés en grande partie de déchets du bâtiment, grâce à un principe de reprise gratuite des déchets financée par les éco-organismes agréés. Le cahier des charges comporte des objectifs de collecte, de valorisation et de recyclage. Ainsi, le taux de valorisation des déchets inertes devra progresser pour atteindre 88 % en 2027, celui de l’ensemble des déchets (hors métaux) 57 %.
La dépense de gestion des déchets
En 2022, la dépense de gestion des déchets (investissements et frais de fonctionnement de la collecte, du tri et du traitement des déchets des ménages et des entreprises, ainsi que le nettoyage des rues) atteint 21,6 Md€. Les entreprises sont les principaux financeurs de cette dépense avec 8,5 Md€ (soit 39 % de la dépense totale), devant les ménages avec 7,1 Md€ (33 %) et les administrations publiques avec 6 Md€ (28 %).
Entre 2000 et 2022, les dépenses de gestion des déchets ont été financées par une progression de près de 4,7 % en moyenne annuelle de la taxe et de la redevance sur l’enlèvement des ordures ménagères (TEOM/REOM) qui ont été multipliées par 2,8. La part des différents financeurs est restée globalement stable au cours des années malgré un léger retrait des administrations (25 % en 2022 au lieu de 30 % en 2000).
Évolution du financement de la dépense de gestion des déchets
En milliards d’euros courants
Note : les financements de l’Europe n’apparaissent pas sur ce graphique du fait de leur faible part (2 à 3 millions d’euros).
Champ : France.
Source : SDES, compte satellite de l’environnement, 2024
Données
Données associées à la publication
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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