Une ressource fluctuante et sous tension en période estivale
La ressource en eau douce se trouve dans les eaux de surface (cours d’eau, lacs) et dans les nappes d’eau souterraine. Un volume moyen de près de 211 milliards de m3 (Mdm3) se renouvelle année après année sur le territoire métropolitain, apporté à la fois par les précipitations et par les fleuves et rivières arrivant des territoires voisins (moyenne 1990-2021).
Seule une fraction de ce volume est prélevable pour les usages humains, une part importante devant être laissée pour la vie des écosystèmes naturels, en particulier aquatiques. Cette part est estimée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à 97 Mdm3 pour la France métropolitaine et la Corse, soit 46 % de la ressource annuelle. Avec des prélèvements totalisant 29,5 Mdm3 en 2021, les besoins en eau semblent donc couverts à ces échelles de temps et d’espace.
Cependant, les plus forts prélèvements d’eau ont lieu en été lorsque la disponibilité de la ressource est la plus faible, ce qui peut provoquer localement de fortes tensions sur cette ressource, ainsi que des pénuries temporaires. En outre, il faut souligner que ces chiffres de prélèvements ne comptabilisent pas les besoins en eau nécessaire à certains usages in situ tels que la production hydroélectrique mais également la navigation fluviale ou les activités de loisirs (pêche, baignade…).
Répartition par saison hydrologique de l’apport d’eau douce renouvelable (moyenne 1990-2021)
En %
Note : par convention, les saisons hydrologiques débutent en septembre. L’automne inclut les mois de septembre à novembre, l’hiver décembre à février, le printemps mars à mai et l’été compte les mois de juin à août.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Météo-France ; Hydroportail. Traitements : SDES, 2024
Plus de 80 % du volume d’eau douce prélevée est puisé dans les eaux de surface (rivières, lacs, canaux, retenues, etc.), compte tenu des quantités nécessaires au refroidissement des centrales électriques et à l’alimentation des canaux. En faisant abstraction de ces deux usages, les prélèvements d’eau douce mobilisent les eaux souterraines et les eaux superficielles dans des proportions comparables à l’échelle nationale, avec respectivement 5,3 et 4,8 Mdm3 prélevés en 2021.
Répartition des volumes d’eau douce prélevés par usage et par milieu, en 2021
En milliards de m3
Note : données déclarées auprès des agences de l'eau, hors prélèvements en mer et en eau saumâtre, hors hydroélectricité.
Champ : France métropolitaine.
Source : OFB, Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE). Traitements : SDES, 2024
Eau prélevée et eau consommée
L’eau consommée correspond à la partie de l’eau prélevée non restituée aux milieux aquatiques (il s’agit ainsi de prélèvements nets). Cette part est très variable selon les utilisations. En moyenne, entre 2010 et 2021, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 4,1 Mdm3 en France métropolitaine (soit environ 15 % des 27,1 Mdm3 d’eau prélevée, hors alimentation des canaux), ce qui représente 62 m3/habitant.
L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 58 % du total, devant l’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les usages industriels (4 %). Cette répartition est variable selon les bassins : l’eau consommée est attribuée majoritairement à l’agriculture dans les bassins Adour-Garonne (80 % du total d’eau consommée), Loire-Bretagne (60 %) et Rhône-Méditerranée (57 %), à l’eau potable en Artois-Picardie (56 %) et en Seine-Normandie (51 %), et à la production d’électricité en Rhin-Meuse (35 %).
Prélèvements et consommation* d'eau douce en France (moyenne 2010-2021)
En millions de m3
Notes : prélèvements d’eau douce, hors hydroélectricité et alimentation des canaux de navigation, les prélèvements en estuaires et en mer sont exclus. L’eau consommée mesure les prélèvements d’eau nets des restitutions aux milieux aquatiques.
Champ : France métropolitaine (hors Corse).
Sources : OFB, Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (volumes prélevés) ; EDF (données de consommation d'eau pour les centrales électriques) ; Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement (taux de rendement des réseaux de distribution d'eau potable). Traitements : SDES, 2024
En été, une ressource moindre et des besoins en hausse
En 2021, la ressource en eau renouvelable sur l’année hydrologique* était de 241 Mdm3, soit 14 % de plus que la moyenne annuelle 1990-2021 de 211 Mdm3. Elle fait suite à une année 2020 bien pourvue en eau douce (289 Mdm3) qui se situait au 4e rang des années les mieux dotées sur la période 1990-2021.
* Année hydrologique : séquence de douze mois qui débute après le mois habituel des plus basses eaux. Par convention, l’année hydrologique débute en septembre de l’année précédente pour se terminer en août de l’année courante.
Évolution de la ressource en eau renouvelable par rapport à la moyenne (année hydrologique)
En %
Notes : la ressource en eau renouvelable considérée est le volume des précipitations diminuées de l’évapotranspiration, auquel sont ajoutés les écoulements arrivant des pays limitrophes.
La ligne à 0 représente la moyenne 1990-2021 de 211 milliards de m3. L'année hydrologique est définie de septembre de l'année précédente à août de l'année courante.
Champ : France métropolitaine.
Sources : Hydroportail (écoulements) ; Météo-France (précipitations, évapotranspiration). Traitements : SDES, 2024
En France métropolitaine, l’impact de l’utilisation de l’eau est plus important en période estivale (de juin à août), principalement du fait des besoins d’irrigation. Les consommations en eau représentent alors environ 60 % du total annuel, tandis que l’eau douce qui transite dans les cours d’eau correspond à seulement 15 % du volume annuel (moyenne 2008-2021). En 2021, les écoulements estivaux étaient 32 % plus forts que la moyenne, en raison notamment d’un début d’été très pluvieux.
La France ne connaît pas actuellement de déficit chronique à l’échelle nationale. Toutefois, l’accès à l’eau n’est pas garanti toute l’année et partout, et des concertations sont menées localement pour adapter les besoins à la ressource. Lorsqu’une pénurie d’eau est prévisible, les préfets déclenchent des restrictions d’eau graduelles et temporaires pour préserver les usages prioritaires. Le niveau de crise entraîne des interdictions partielles ou totales. Sur la période 2012-2023, de telles mesures ont été fréquentes sur certaines zones du territoire, notamment de l’Ouest et du Sud-Ouest, ce qui montre la fragilité de ces secteurs par rapport à la disponibilité de l’eau.
Fréquence des épisodes annuels de restriction de niveau « crise » des usages de l’eau superficielle d’une durée de plus d’un mois, sur la période 2012-2023
Lecture : « 3 à 5 fois » sur la période signifient que des crises durant au moins un mois ont eu lieu 3, 4 ou 5 années sur 12.
Champ : France métropolitaine et Corse.
Source : VigiEau. Ministère en charge de l'écologie. Traitements : SDES, 2024
Méthodologie
La consommation d’eau correspond à la partie de l’eau prélevée et non restituée aux milieux aquatiques après usage : il s’agit principalement de l’eau évaporée ou incorporée dans le sol, les plantes ou les produits.
Pour l'estimation des consommations d'eau par usage à l'échelle nationale, il n’existe pas de base administrative et les estimations sont donc, par nature, plus fragiles.
Les hypothèses et données actuellement utilisées par le SDES pour l’estimation des consommations sont décrites dans la notice méthodologique.
Données
Données associées à l'article sous forme de tableaux et graphiques.
Cet article fait partie de la publication « Bilan environnemental de la France – Édition 2024 » qui propose une vue d'ensemble des dépenses de protection de l’environnement, ainsi qu’un aperçu de l’état des écosystèmes et des interactions entre l’environnement et l’économie.
Ces fiches thématiques abordent les grands enjeux et l’état des connaissances des principaux domaines environnementaux : milieux naturels, exposition aux risques, économie verte, consommation de matières, émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, etc.
Ce panorama, au travers d’indicateurs physiques et monétaires, mobilise de nombreuses sources et met en perspective les évolutions récentes sur ces domaines.
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